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Way Wza aka Linda Zeb Hang
Yen-Chao Lin

Los Angeles,

le 28 février 2017

J’ai commencé à remarquer Way Wza [ou Linda Zeb Hang] dans les foires organisées par Printed Matter à New York et Los Angeles. Nous avions tous les deux une table dans la section des zines, et chaque fois qu’elle participait aux foires, sa table n’avait rien à voir avec ce que montraient les autres artistes. Dans sa façon de s’habiller et de se comporter, on pouvait dire qu’il y avait quelque chose de différent chez elle, et je voulais absolument en savoir plus. Quelques jours après la foire de LA, nous nous sommes retrouvés pour un café dans le quartier d’Eagle Rock et avons marché un peu plus loin pour parler. Le temps était ensoleillé et agréable, mais malheureusement, la majeure partie de l’interview est inaudible à cause des rafales de vent. Comme je ne pouvais pas la mettre en ligne, j’ai tapé une transcription complète de ce qu’elle m’a dit ce jour-là.
Peux-tu commencer par présenter ce que tu fais ?

Je m’appelle Way Wza, mon atelier et ma maison d’édition s’appellent FIST. J’ai commencé à faire des zines quand j’avais 16 ans. Je suis allée en école d’art, j’ai étudié le design de caractère typographique et la sculpture avant de me décider à faire mon propre truc. Je faisais partie de la communauté Bboy/House Dance/Performance dans les quartiers de Tenderloin et Mission, à San Francisco, depuis le milieu et la fin des années 2000. Mes premiers zines officiels étaient pour mes homies à cette époque. On organisait des fêtes dans des lofts avec des expositions, on créait des flyers et des zines pour ces événements. C’était le moment d’injecter un peu de fun, car l’économie s’effondrait à cette époque.

Pourquoi ton projet éditorial s’appelle FIST ?

FIST est inspiré des gestes de la paume de la main du bouddhisme (ou mudras) ainsi que des exercices des doigts des ninjas. L’identité de FIST a été conçue par mon pote Dante Carlos, exprimant toutes les différentes combinaisons que l’on peut créer en levant ou en refermant un doigt. C’est révélateur de la direction que j’envisage pour FIST : un contact direct avec les gens, avec autant de combinaisons pour t’offrir quelque chose qui t’intrigue.

À la Los Angeles Art Book Fair, tu avais des zines, des livres, d’autres types de livres-objets et aussi des vêtements, comment fais-tu pour rassembler tout cela ?

Je rassemble tout cela dans les structures que j’ai imaginées et les systèmes que je crée, qui permettent mobilité, flexibilité et adaptabilité. C’est une seule et même vision, et toute la vision de l’œuvre se stabilise à travers les projets réalisés. Je m’efforce de modeler ma vie pour accélérer ce flux et ce don vers d’autres avenues et au sein de communautés dont les valeurs fondamentales s’alignent sur les miennes.

Qu’est-ce que ces œuvres disent de toi et de ce que tu veux exprimer ?

Que je partage une attitude sans frontière, avec un désir de connaissance de soi et une envie féroce d’apprentissage. Je parle de la voix et de l’esprit personnel développés par la pratique créative. Je veux transformer en espaces des pensées, des processus et des observations pleinement réalisés. Ces espaces prennent forme sur n’importe quel type de médium.

Ils expriment donc ta vision particulière ?

Oui, les matériaux que j’utilise ne vont généralement pas ensemble, il y a donc beaucoup de recherche pour savoir comment les trouver et les utiliser. J’ai récemment terminé ce livre d’artiste appelé Reliq, en utilisant un logiciel de broderie normalement utilisé par les designers textiles pour dessiner des motifs. J’ai ensuite utilisé les motifs imprimés pour sculpter des espaces négatifs en tissant sur d’épais canevas vierges. J’ai réfléchi à la façon dont ces plaques seraient manipulées ; à la façon dont certains des motifs s’imbriqueraient les uns dans les autres et j’ai dû faire attention à ce que, lorsqu’on le prendrait en entier, le motif tissé conserve sa forme à plat en surface sans onduler. C’est un matériau ordinaire que l’on peut trouver dans un magasin de loisir créatif. Mais en appliquant un concept fort, le matériau investit cet espace créé et devient visible. J’ai imaginé à quoi ressemblerait un ensemble d’anciennes reliques extrapolées et universelles, symboliques de la conscience humaine, sculptées dans ce cadre, liées par le temps et organisées comme des plaques tectoniques. Avec le bon éclairage, ce volume Reliq transmet par l’espace négatif de ses broderies de l’information / du temps / du mouvement.

Je crois que ce goût pour la broderie vient de ta famille, n’est-ce pas ?

Mes parents sont arrivés aux États-Unis en tant que réfugiés politiques. La broderie était pour eux un moyen de traiter ce qui s’était passé et de garder les pieds sur terre. En tissant et en brodant des images de leurs expériences de guerre et de leurs observations personnelles, ma famille a transformé un morceau de tissu ordinaire en une merveilleuse tapisserie, ces anciennes reliques porteuses d’un récit inspirant.

Alors, d’où te vient cette passion de fabriquer des choses ?

J’ai eu de la chance : ma mère, ma grand-mère, mes tantes et mes oncles ont fusionné la création avec la vie. J’ai eu le privilège d’être élevée dans une société où l’on offre des cadeaux et où les chamans sont artistes et guérisseurs. J’adorais les voir en action avec leurs parures symboliques, leurs outils et leurs instruments imprégnés d’une signification et d’une résonance profondes. Ça me mettait en transe. Pour moi, j’ai toujours voulu avoir une passion et un courage comme ceux d’un chaman. Ils sont la colle entre les mondes.

Tu appelles les vêtements [wearable artworks] que tu crées Cradle Regalia, qu’est-ce que ça signifie ?

En rêvassant, j’ai imaginé ce que ce serait d’être bercé [to cradle] par une membrane secondaire. Une membrane héritée dans laquelle on pourrait facilement glisser son corps, parfaite pour voyager, excellente pour performer, facile à nettoyer et à sécher, pour dormir et rêver. Une pièce de ta garde-robe que tu pourrais garder et transmettre. Une pièce dont on ne se débarrasse pas facilement. J’ai imaginé une sculpture douce avec des plis et des plis diagonaux indiquant la silhouette, la poitrine, le côté et le dos ; avec des motifs ornementaux et des images symboliques qui partagent des attitudes sociales et environnementales.

Tu avais déjà fait des vêtements avant ceux-là ?

J’ai fait des tenues de cérémonies avec ma famille quand j’étais jeune, mais c’était différent. Cette fois, j’étais curieuse de créer des tenues [regalia] conceptuelles imprégnées de l’esprit et de l’artisanat des vêtements de couture, fusionnées avec une technologie analogique comme le tampon de caoutchouc, et portées avec fierté et élégance dans les rues et les clubs.

Et tu as utilisé tes signes de main pour les tampons…

Je préfère travailler au sol, donc pour produire ces pièces, j’ai dû utiliser la force de mon corps et appuyer de tout mon poids sur les plus gros tampons. Les signes de la main font partie de tout le système d’identité et de vocabulaire de FIST que mon pote, Dante Carlos, a conçu.

C’est presque comme le langage des signes…

Ou comme une prière. J’aime le fait que lorsque tu voyages, tu peux te perdre entre les langues, mais la façon dont tu bouges tes mains et ton corps, peut exprimer ce que tu as besoin de dire, mieux que des mots. Et quel meilleur moyen d’être direct que d’exprimer ces visuels sur des tenues et par des performances ?

Pour en revenir à tes publications, peux-tu nous dire quelques mots sur ce qu’on peut y trouver ?

Des danses et des rituels de tribus indigènes à travers les États qui utilisent le cosmos et l’architecture naturelle pour former un langage de mouvement dans les lieux de culte ; la contamination, la compression et la distorsion atmosphériques ; des plis et des replis diagonaux réfléchis ; une authenticité elliptique intégrée par des mouvements interceptés, imbriqués et entrelacés ; des déesses de l’odyssée musicale ; une monographie allégorique et dystopique construite sur le culte de la personnalité et imposée par le règne du pouvoir ; des minéraux de silice préservés et desséchés en filtres de demi-teintes et de données informationnelles.

Tu édites uniquement ton travail ?

Non.

Qu’est-ce qui est important dans ton travail ?

D’avoir une perspective. De rendre visible et de se réconcilier avec les mouvements de notre époque.

Los Angeles,

February 28th, 2017

I started noticing Way Wza [aka Linda Zeb Hang] in Printed Matter’s NY and LA Art Book Fair. We both had a table in the zine section, and each time she would participate in the fairs, her table would have nothing to do with what was shown by other artists. In the way she dressed and the way she behaved, you could tell that there was something specific about her, and I definitely wanted to know more. A couple of days after the LA fair, we met for a coffee in Eagle Rock and walked to talk some more. It was sunny and charming, but sadly, most of the interview is inaudible because of the gusts of wind. As I couldn’t put it on line, I typed a full transcript of what she told me that day.
Can you start by introducing what you do?

My name is Way Wza, and I have a studio and imprint called FIST. I started out making zines when I was 16 years old, went to art school, and studied typographic design and sculpture before I decided to do my own thing. I was a part of the Bboy/House Dance/Performance community in the Tenderloin and Mission, San Francisco, from the mid-late 2000’s. The first official zines were for my homies at this time. We would throw loft parties with art shows, making flyers and zines to accompany these events. It was a time to inject some fun, because the economy crashed during this time.

Why is your imprint called FIST?

FIST is inspired by the palm gestures of Buddhism (or mudras) as well as ninja finger exercises. The identity for FIST was designed by my boy, Dante Carlos, expressing all the different combinations one can create by raising or retracting a finger. It’s indicative of the direction I envision FIST to be as: in direct contact with people, with as many combinations to hit you with something to be intrigued about.

At the Los Angeles Art Book Fair, you had zines, books, other types of book objects, and also clothing. How do you bring all of that together?

I bring it all together in the structures that I have imagined and the systems that I create, which allow for mobility, flexibility, and adaptability. It is one vision, and the whole vision of the work stabilises itself through these realised projects. I’m working on moulding my life to accelerate this flow and this gift to other avenues and within communities whose core values align with mine.

What do these works say about you, and what do you want to express?

That I share a borderless attitude, with a desire for knowledge of self and a ferocious aptitude for learning. I am about the personal voice and spirit developed through creative practice. I want to transmit fully realised thoughts, processes, and observances into space. This space can be on any kind of medium.

So it expresses your specific vision?

Yeah, the materials that I use do not usually go together, so there is a lot of research to figure out how to source and use them. I recently completed this artist book called Reliq, using a stitching program normally used by textile artists to form designs. Then I used the printed designs to carve negative space weavings within raised mesh canvas grids. I was conscious of how the plates would be handled; some of the designs interlocked, and I had to be careful so that when it was picked up, the woven design would maintain its shape and keep flat to the surface without billowing under. It is ordinary material that one can find at a craft store. But by applying a strong concept, the material takes on that created space and becomes visible. I imagined what it would look like to have a set of extrapolated and ubiquitous ancient relics—symbolic of human consciousness, carved within a frame, bound by time, and arranged like plate tectonics. With the correct lighting, this Reliq block seeks to transmit these negative space embroideries containing information/time/movement into space.

I think this taste for embroidery runs in your family, doesn’t it?

My parents came to the States as political refugees. Embroidery was a way for them to process what happened and to stay grounded. Embroidered images of ancient relics woven with personal war experiences and observances turned it from an ordinary piece of fabric into a marvellous tapestry with an inspiring narrative.

So where does this passion for making things come from?

I was lucky—my Mom and Grandma and aunts and uncles fused creation with Life. I was very privileged to be raised in a gift-giving society where Shamans are artists and healers. I loved watching them perform with their symbolic regalia, tools, and instruments imbued with deep meaning and resonance. It would put me in a trance. For me, I have always wanted to have passion and courage like that of a shaman. They are the glue between worlds.

You call your wearable artworks Cradle Regalia, what does it mean?

While daydreaming, I imagined what it would be like to be cradled by a secondary membrane. An heirloom membrane that one’s body could be easily slid into, perfect for travelling, excellent for performance, easy to clean and dry, to sleep and dream in. A piece of your wardrobe that one could keep and hand down. A piece is not easily discarded. I pictured a soft sculpture with pleats and diagonal tucks indicating the figure, the bosom, the side, and the back, with the adornment of symbolic patterning and imagery sharing into social and environmental attitudes.

So you didn’t make any clothing before that?

I made regalia with my family when I was young, but it was different. I was curious this time about creating conceptual regalia imbued with the spirit and breathless craftsmanship of couture wear, fused with analogue technology like rubber-stamping, and worn with pride and elegance on the streets and in clubs.

And you applied stamps with your hand signs…

I prefer to work on the ground, so developing these pieces required me to use my core body strength to press my weight for some of the bigger stamps. The hand signs are part of the whole identity and vocabulary system for FIST that my boy, Dante Carlos, designed.

It is almost like sign language…

Or like a prayer. I like that when you travel, you can get lost in translation, but the way that you move your hands and body, might express what you need to say better than words. And what better way to be direct than to express these visuals on regalia and through performance?

Going back to your publications, can you tell us a few words about what we might find in them?

Dances and rituals of indigenous tribes throughout the states using the cosmos and natural architecture to form a language of movement in places of worship; atmospheric contamination, compression, and distortion; reflected diagonal tucks and pleats; elliptical authenticity embedded through intercepted, interlocking, and interweaving movement; musical odyssey goddesses; an allegorical and dystopian monograph built upon a cult of personality and enforced by a reign of power; preserved silica minerals desiccated into filters of halftones and informational datum.

Do you publish only your work?

No.

What is important in your work?

To have a perspective. To make visible and reconcile with the movements of our time.

Bare Toy
Way Wza (Design de couverture : Dante Carlos), *Bare Toy*, FIST,2015, 22,8 × 12,7 cm, 9″ × 5″, offset, piqûre à cheval, 60 pp., édition ouverte. Way Wza (Cover design: Dante Carlos), *Bare Toy*, FIST,2015, 22,8 × 12,7 cm, 9″ × 5″, offset, saddle-stitched, 60 pp., Open edition.
Cycles, Inspiration, Pastiche, Harlequin, Rarities
Way Wza (Design de couverture : Dante Carlos), *Cycles, Inspiration, Pastiche, Harlequin, Rarities*, FIST, 2015, 29,7 × 21 cm, 11.7″ × 8.25″, offset, piqûre à cheval, 28 pp., édition ouverte. Way Wza (Cover design: Dante Carlos), *Cycles, Inspiration, Pastiche, Harlequin, Rarities*, FIST, 2015, 29,7 × 21 cm, 11.7″ × 8.25″, offset, saddle-stitched, 28 pp., Open edition.
Fertile Crescent
Way Wza (Design de couverture : Dante Carlos), *Fertile Crescent*, FIST,2014, 22,8 × 12,7 cm, 9″ × 5″, offset, piqûre à cheval, 64 pp., édition ouverte. Way Wza (Cover design: Dante Carlos), *Fertile Crescent*, FIST, 2014, 22,8 × 12,7 cm, 9″ × 5″, offset, saddle-stitched, 64 pp., Open edition.
A Love Trilogy
Way Wza (Design de couverture : Dante Carlos), *A Love Trilogy*, FIST, 2014, 19 × 12 cm, 7.5″ × 4.75″, offset, piqûre à cheval, 24 pp., édition libre. Way Wza (Cover design: Dante Carlos), *A Love Trilogy*, Published by FIST, 2014, 19 × 12 cm, 7.5″ × 4.75″, offset, saddle-stitched, 24 pp., Open edition.
Scriptures III
Way Wza, *Scriptures III*, FIST, 2014, 17,8 × 12,7 cm, 7″ × 5″, reliure spirale coil, 55 pp. Way Wza, *Scriptures III*, FIST, 2014, 17,8 × 12,7 cm, 7″ × 5″, coil bound, 55 pp.
Mellow Hopes of Paradise
Way Wza, *Mellow Hopes of Paradise*, FIST, 2012, 26,7 cm × 19 cm, 10.5″ × 7.5″, offset, piqûre à cheval, 32 pp., 100 exemplaires. Way Wza, *Mellow Hopes of Paradise*, FIST, 2012, 26,7 cm × 19 cm, 10.5″ × 7.5″, offset, saddle-stitched, 32 pp., 100 copies.