New York,
le 3 mars 2016
Je m’appelle Tom Sachs, je suis ici avec Antoine Lefebvre et nous parlons de zines aujourd’hui.
Je fais des zines pour Phil Aarons et je le dis sérieusement, car les zines sont faits pour une communauté. Au fil des années, j’ai fait beaucoup de zines et il y a eu des moments où j’étais un peu sur la corde raide en me demandant : « Est-ce que je vais faire un zine ou pas pour ce projet ? ». Tous mes zines parlent de mes projets, chaque exposition, chaque projet artistique, parfois une seule peinture aura un zine à son sujet. C’est juste une façon d’approfondir l’expérience pour moi et de partager des informations. Les zines sont destinés à être donnés et échangés, il ne s’agit pas vraiment de commerce. Nous vendons les zines sur le site Web parce que c’est notre façon de les donner à des gens que nous ne connaissons pas. On ne peut pas donner des choses gratuitement à des gens qu’on ne connaît pas, ça ne marche pas vraiment. Bien que nous l’ayons fait avec des enveloppes timbrées, c’est une façon de les donner en disant « c’est gratuit », mais les gens doivent mettre un timbre et écrire leur nom et c’est une méthode de distribution légitime, que j’aime beaucoup. Mais je dis Phil, parce que Phil est toujours si enthousiaste. Je me suis dit plus d’une fois : « Même si personne ne s’y intéresse, au moins…
Oui et, parfois, c’est tout ce qu’il faut. Bien sûr, il y en a beaucoup d’autres aussi, mais ce genre d’enthousiasme compte beaucoup. C’est aussi un moyen pour moi de renforcer mon propre enthousiasme pour un projet artistique donné. Une fois, j’ai fait une peinture appelée Guardsman et j’ai trouvé que la peinture était belle, mais qu’elle ressemblait un peu trop à un de ces trucs d’art intelligent où l’art était trop axé sur une idée plutôt que sur la réalisation. Alors j’ai fait un zine sur tous les pourquois. C’était une sorte de zine d’explication.
Je pense que j’ai commencé à faire des zines en tant qu’adulte en 1998, j’ai fait un zine pour une exposition dans une galerie.
Oui, mais probablement une dizaine d’années avant. Au lycée, je faisais des zines, mais ce n’était même pas des zines. Avant de commencer à faire de la sculpture, je faisais des dessins et je faisais une petite bande dessinée appelée Duck Tape Man et j’ai fait quelques séries d’épisodes de Duck Tape Man. C’était juste une feuille pliée en deux, mais ça marchait, c’était un truc auto-édité. J’utilisais la photocopieuse de mon père dans son bureau. Je pouvais y aller après le travail et j’agrandissais, réduisais, manipulais mes dessins en utilisant la photocopieuse comme outil. Je les reproduisais et les épinglais ou les donnais à l’école. C’était ma façon de faire des commentaires sur la société, des caricatures politiques. Ça s’appelait Duck Tape Man et c’était mon alter ego. J’ai donc fait quelques numéros de cette série au lycée. Je pense que j’ai été un peu influencé par les zines punk et hardcore que j’avais vus. J’avais fréquenté activement ce milieu dans le Connecticut, il y avait un club appelé The Anthrax où tous les groupes jouaient sur la route de Boston à New York. J’ai vu d’autres concerts à New Haven et à Rota, Providence et Northampton, ainsi qu’à New York, mais l’Anthrax était assez proche de chez moi. On échangeait des zines entre nous et je pense que c’est là que j’ai été introduit à une sorte d’expérience artistique de type Do It Yourself.
Oui, ça a commencé en 1998 parce que j’ai fait une exposition et c’était clair qu’il n’y aurait pas de publication pour l’événement et j’étais très fier de cette exposition, alors j’ai fait la mienne. Je me souviens d’avoir eu une énorme dispute avec la propriétaire de la galerie qui ne voulait pas faire de publication, alors j’ai fait 72 copies et je ne lui en ai même pas donné une, parce que j’étais tellement frustré par son refus de participer. C’était un super zine et je pense que depuis, j’ai fait un zine pour chaque exposition ou un catalogue en bonne et due forme, mais c’est plus souvent un zine.
La rapidité, mon principal objectif dans la vie est de faire des sculptures, et faire un catalogue correct demande énormément d’énergie, d’argent et de temps. C’est un peu navrant et ingrat. Alors que le zine a un côté sans prétention, il peut se faire très rapidement et même très bon marché. Pas besoin de dépenser beaucoup d’argent, ça peut même être gratuit. Tu peux voler l’accès à une photocopieuse, tu peux voler le papier, il y en a partout dans les bureaux. Pour moi, ça a toujours été une partie importante, la liberté, et les zines ne coûtent rien. Même s’ils coûtent quelque chose, ce n’est pas grand chose, comparé à un catalogue. On n’a pas toujours les ressources, mais ça ne devrait pas nous arrêter. Certains de mes zines sont meilleurs que la plupart des livres chers que j’ai faits. En fait, le livre le plus cher que j’ai fait, je ne l’ai même pas fait, quelqu’un l’a fait sur moi, et il est honteux, horrible. Je le désavoue, c’est le livre le plus grand et le plus complet sur moi, mais il manque d’âme. J’ai eu si peu à voir avec ce livre, comparé au petit zine que j’ai fait sur une seule peinture.
Je n’ai jamais pensé à ça, mais absolument. Bien sûr, et je pense que lorsque tu as un grand projet, c’est impossible de tout faire soi-même. C’est comme ça qu’on peut en faire plus, mais il y a un problème de contrôle à cent pour cent.
On a plusieurs façons de faire différentes. On produit en interne, mais on a une boutique appelée Soho Reprographics ou Best Type juste en dessous de Canal Street à Tribeca. On fait plutôt appel à eux. Mais les temps ont aussi changé. J’ai sorti ceux-là pour pouvoir les présenter [il montre le zine American Paintings] On ne fait plus de photocopies en noir et blanc parce qu’on n’en a plus besoin. On fait des versions « Dollar Cut », par exemple, parce que lorsque nous apportons ce magazine [il montre Bricolage Magazine #2] à Best Type pour le photocopier, celui-ci coûtera peut-être sept dollars ou quelque chose comme ça par exemplaire à produire, alors que le noir et blanc coûtera cinq dollars.
Ce n’est pas beaucoup moins, alors nous utilisons la couleur, parce que la couleur est mieux. Mais quelque chose comme ce zine Moto Trip fonctionne tout aussi bien en noir et blanc, car il s’agit surtout de données. On les coud ici sur la machine à coudre. Celui-ci est plutôt cool, on a mis du ruban adhésif Duck Tape dessus.
Un dollar cut ça veut dire que c’est comme une copie bon marché. C’est un mot jamaïcain ; un dollar cut est comme un pressage final non autorisé ou illégal. Peut-être que ce n’est pas un dollar ou peut-être qu’en Jamaïque c’est un dollar, mais ce n’est pas vingt dollars, ou sept dollars, c’est moins cher.
Ouais, quand l’édition est épuisée, on les tire en édition illimitée. On fera probablement d’autres dollar cut, par exemple le B-Car de Chris Burden. J’adore ce zine, mais il coûte cinq cent dollars, alors nous allons peut-être en faire un dollar cut, car ce sont les informations qu’il contient qui doivent être partagées.
Eh bien, ils sont importants. J’aime Brancusi et Burden, mais ils ne sont pas aussi importants que James Brown ou Fela Kuti, car ce sont les artistes qui m’ont vraiment ému. Quand je pense à quelqu’un comme Brancusi, même si j’aime sa sculpture, je ne peux m’empêcher d’admirer le culte de sa personnalité et l’image publique qu’il a créée. Je ne peux pas simplement ignorer ça, d’autant plus que je me représente dans le monde numérique avec une culture du bricolage publicitaire. Le pouvoir d’Internet est infini. J’ai pu communiquer avec des millions de personnes simplement à travers mon art, d’une certaine manière.
Oui et je pense que les vidéos, que les films que nous faisons sont des moyens de communication et ils fonctionnent très bien comme un zine. En particulier, les vidéos YouTube ont rendu les zines obsolètes. Je pense qu’ils reviennent comme une sorte de réaction à ça. Mais il y a une douzaine d’années, quand Internet a commencé, les zines ont disparu parce que tout le monde avait son propre site web. Un site web est une façon efficace de faire ces choses, mais je pense que l’essor de la culture du zine vient du fait que les gens en ont un peu marre, et que ça manque de personnalité. Il y a des gens qui font des choses à la main et un site web, même s’il est fait à la main, ne le montre pas. En fait, plus il est beau, moins il semble fait à la main. Il y a quelque chose de très beau dans l’échange que tu viens d’avoir avec Maddie, où vous avez échangé deux zines déprimants. C’était très très sympa, ce genre de connexion est humaine et ne disparaîtra jamais. Mais Internet est aussi génial parce qu’il nous aide à diffuser nos zines dans le monde. On a une énorme communauté mondiale ou une petite communauté qui se trouve partout dans le monde. C’est aussi pour ça qu’on fait les dollar cut, pour que les gens du monde entier puissent y avoir accès. On s’assure toujours que les reproductions en noir et blanc seront belles. Je n’aime pas les zines qui sont moches, désordonnés et pas bien produits.
Pat McCarthy est l’une de ces personnes ; j’aimerais que son écriture soit meilleure, car c’est un grand écrivain.
Je pense que c’est vrai que tout le monde peut le faire. Je les en dissuaderais, car c’est une torture. Mais c’est aussi très important pour moi de ne pas faire perdre son temps au spectateur. J’ai une capacité d’attention très courte et quand quelque chose est mal fait, je ne fais pas attention. Je fais donc un effort énorme pour que les montages se fassent sur mon tempo, pas sur le vôtre, pour m’assurer que chaque phrase est nécessaire et que les vidéos sont aussi courtes que possible, mais pas plus courtes qu’elles ne doivent l’être.
Eh bien, je pense que les premières, comme Ten Bullets ou même avant Nazis World, ont commencé comme des vidéos où je voulais démontrer certains aspects de la sculpture qui existaient dans le temps, comme une fonction interactive ou autre. Puis, avec Ten Bullets, c’était plus une expression de : J’en avais assez de raconter les mêmes vieilles histoires encore et encore et je commençais à me sentir sénile. J’ai donc décidé de consacrer un peu d’énergie à la réalisation d’un film que toute personne qui me rencontrerait ou viendrait au studio devrait impérativement regarder. Je sais que vous avez vu Ten Bullets ?
C’est aussi une meilleure visite pour vous parce que vous avez les prérequis. Même si cela peut sembler un peu fasciste, ou parodique ou une blague, au moins vous avez en quelque sorte brisé le choc initial de l’arrivée dans un nouvel espace et vous pouvez ensuite voir plus en profondeur, voir comment les choses ont changé, comment les choses sont bien pires qu’elles ne l’étaient il y a cinq ans, ou meilleures, ou autres. On peut aller plus loin pendant cette période parce qu’on a déjà franchi le premier niveau. J’en ai un peu marre de la superficialité et je préfère la connexion.
J’aimerais bien ! La lutte contre l’entropie est sans fin et nous la combattons jusqu’à notre mort, jusqu’à ce qu’elle prenne le dessus. Nous avons beaucoup de travail à faire, j’ai des exigences très élevées pour les zines et pour la sculpture. Il faut beaucoup de travail, même pour produire un comme ça [il montre un zine]. Donc, je ne sais pas, je pense que ça dépend de qui vous demandez. Je vous encourage à vous renseigner. Je n’ai pas la meilleure perspective à ce sujet. Mais nous avons beaucoup de travail à faire et nous accomplissons beaucoup de choses.
Eh bien, peu importe à quel point j’essaie, je ne pourrais jamais fabriquer un iPhone et Apple ne pourra jamais fabriquer quelque chose d’aussi merdique que ce que je fais. Je construis les choses aussi bien que je peux, jusqu’au moment où les indices qui révèlent la main disparaissent. Si tu ponces et ponces et ponces, ça devient parfaitement lisse et il n’y a aucune preuve qu’un être humain ait jamais été là. Mais si tu fais une marque au crayon, que tu coupes à côté, que tu laisses la marque et que tu ponces un peu pour que ce soit pas dangereux, mais que tu laisses la preuve qu’un être humain était là. Alors cet objet -qu’il s’agisse d’un zine dont on a laissé les ficelles – commence à mieux communiquer. Par exemple, celui-ci a été réalisé par une agrafeuse et il a un dos plat pour donner l’impression d’un dos carré collé. C’est juste une agrafe, c’est un peu cheap, ce qui est cool. Alors que celui-là est fait ici à l’atelier, il a ces fils qui pendent et il a été cousu par dessus le ruban adhésif. C’est ce que j’appelle une valeur ajoutée et ça communique des informations sur ce que c’est, mais c’est un partage aussi. Ça me demanderait plus de travail de les rogner et de rendre le tout parfait, mais on y perdrait quelque chose.
Ouais. C’est une chose terrible. On parle de ça tout le temps parce que Chris Beeston, qui se promène ici, est très précis et je suis toujours frustré avec lui parce qu’il fait les choses beaucoup mieux que je ne pourrais le faire. Donc je lui demande toujours d’aller plus vite pour diminuer sa précision, donc il y a plus de défauts et d’erreurs. Quand on réussit, il fait des erreurs et elles se voient, et ça a une humanité. Il est si bon qu’il est toujours parfait de toute façon, mais j’essaie toujours de le bousculer un peu.
Où regardent-ils, sur YouTube ?
Je suis désolé que mes cheveux sont en bataille. Je dirais que si certains d’entre vous faites des zines, ayez peur et faites-le quand même.
New York,
March 3rd, 2016
My name is Tom Sachs, and I am here with Antoine Lefebvre, and we are talking about zines today.
I make zines for Phil Aarons, and I mean that kind of seriously because zines are made for community. Over the years, I’ve made many, many zines, and there have been times where I was sort of on the fence, asking myself, “Am I gonna make a zine or not about this project?” All of my zines are about projects; every art show, every art project—sometimes an individual painting will have a zine about it. It’s just a way of deepening the experience for me and sharing information. Zines are meant to be given and traded; it’s not really about commerce. We sell the zines on the website because it’s our way of giving them away to people that we don’t know. You can’t give things away for free to people that you don’t know; it doesn’t really work. Although we have done self-addressed stamped envelopes, that’s a way of giving them away, saying, “It’s free,” but then people have to invest in a stamp and write their name, and that’s also a legitimate distribution method, which I like a lot. But I say Phil, because Phil is always so enthusiastic. I’ve thought to myself more than once, "Even if no one cares about this, at least…
Yeah, and sometimes that’s all it takes. Of course, there are many others too, but that kind of enthusiasm means a lot. It’s also a way for me to enhance my own enthusiasm for a given art project. I once made a painting called Guardsman, and I felt that the painting was beautiful, but it was a little bit too much, like one of those smart art things where the art was too much about an idea rather than the making. So I made a zine about all the ideas about why. It was kind of a breakthrough zine.
Well, I think I started my mature career making zines in 1998. I made a zine for a gallery show.
I did, but probably a decade before. In high school, I made zines, but they weren’t even zines. Before I started making sculpture, I did drawings, and I had a little comic book called Duck Tape Man. I made a few series of episodes of Duck Tape Man. They might have been just folded in half, but it worked; it was a self-published thing. I used my dad’s photocopier in his office. I could go after work, and I would enlarge, reduce, and manipulate my drawings using the photocopier as a tool. I would reproduce them, pin them up, or give them away at school. It was my way of doing social commentary and political cartoons. It was called Duck Tape Man and it was my alter ego. So I made a few issues of that in high school. I think that was influenced a little bit by punk and hardcore zines I had seen. I had been exposed to and involved in that community in Connecticut. There was a club called The Anthrax where all the bands would play on their way from Boston to New York. I saw other shows in New Haven, Rota, Providence, and Northampton, Massachusetts, and in New York City, but The Anthrax was pretty close to where I live. Zines were traded in that community, and I think that’s where I was exposed to a sort of do-it-yourself art experience.
Yeah, it started in 1998 because I did an exhibition, and it was clear that there wasn’t going to be a publication for the event. I was very proud of this exhibition, so I just made my own. I remember getting into a huge fight with the gallery owner, who didn’t want to do a publication, so I made 72 copies, and I didn’t even give her one because I was so frustrated with her unwillingness to participate. That was a great zine, and I think since then I’ve done a zine for every exhibition or a proper catalogue, but it usually is more like a zine.
Speed. My main goal in life is making sculptures, and making a proper catalogue takes a tremendous amount of energy, money, and time. It’s kind of heartbreaking, and it feels thankless. Whereas a zine is a kind of casual deal, it can happen very quickly and can be very cheap. You don’t have to spend a lot of money; it can be free. You can steal access to a photocopier; you can steal the paper; there are plenty of offices that it sits in. To me, that’s always been an important part of it—the freedom, and the zines somehow don’t cost a thing. Even if they do cost, it’s not a lot compared to a catalogue. We don’t always have those resources, but that shouldn’t stop you. Some of the zines I’ve made are better than most of the expensive books that I’ve made. In fact, the most expensive book that I made, I didn’t even make it; someone made it about me, and it is embarrassing; it’s terrible. I disavow it; it’s the biggest and most comprehensive book about me, but it lacks soul. I had so little to do with it versus some scrappy little zine that I made about one painting.
I never thought about that, but absolutely. Of course, and I think that when you have a big project, it’s impossible to do it all yourself. That’s how you’re able to achieve more, but there’s a control issue one hundred percent.
We have a couple different ways. We do produce in-house, but we have this place called Soho Reprographics, or Best, just below Canal Street in Tribeca. We use them more. But also, times have changed. I bring these out so I can present them in the [Showing American Paintings zine.] We don’t do black-and-white photocopies anymore because we don’t need to. We do Dollar Cut versions, for example, because when we take this [Showing Bricolage Magazine #2] to Best Type to copy, this one will cost maybe seven dollars or something like that per copy to produce when the black and white will cost five dollars.
Well, it isn’t that much less, so we do colour, because colour is better. Then something like this Moto Trip zine works just as well in black and white because it is very much about data. We saw everything here on the sewing machine. This one is kind of cool; we put duck tape on it.
Yeah, so a dollar cut means that it’s like a cheap copy. It is a Jamaican word; a dollar cut is like an unauthorised or illegal final pressing. Maybe it’s not one dollar, or maybe in Jamaica it is one dollar, but it’s not twenty dollars or seven dollars; it is less.
Yeah, when we run out, now it’s kind of unlimited. We’ll probably do some other dollar cuts, for example, Chris Burden’s B-Car. I love that zine, but it’s five hundred dollars, so we’ll maybe do a dollar cut of that because it’s the information inside that’s meant to be shared.
Well, they’re important. I love Brancusi and Burden, but they are not as important as James Brown or Fela Kuti because these are the artists that really moved my spirit. When I think about someone like Brancusi, as much as I love his sculpture, I can’t help to also admire the cult of his personality and the public image that he created. I can’t simply ignore that, especially as I represent myself in the digital world with a do-it-yourself advertising culture. The power of the Internet is endless. I’ve been able to communicate with millions of people just through my art.
Yeah, and I think that the films that we make are ways of communicating, and they work very much like a zine. Especially a YouTube video has made zines obsolete. I think they’re coming back as a kind of backlash against that. But a dozen years ago, when the Internet started, zines dropped off because everyone had their own website. The web site is a better way of getting this done, but I think the rise of zine culture has come because people are kind of fed up with that and that it lacks personality. Here we have these people who hand-make stuff, and a website, although it is handmade, doesn’t have any indication that it’s. In fact, the better it is, the less it seems handmade. There’s something very beautiful about the exchange that you just had with Maddie, where you traded two depressing zines. It was very, very sweet. That kind of connection is human and will never go away. Yet the Internet’s also great because it helps get our zines out there in the world. We have a huge global community, or a small community, that’s all around the world. That’s also why we do the dollar cuts, so that people from all over can have access to it. We always also make sure that things will look good in black-and-white reproductions. I don’t like zines that are ugly and messy and not well produced.
Pat McCarthy is one of those people. I wish his handwriting was better because he is such a great writer.
I think it’s true that anyone can do it. I would discourage them, because it’s torture. But also, it’s very important to me that I don’t waste your time as a viewer. I have a very short attention span, and when something is badly made, I don’t pay attention. So I make a huge effort to make the edits happen on my time, not your time, to make sure that every sentence is necessary and that the videos are as short as they can possibly be, but no shorter than they need to be.
Well, I think the first ones, like Ten Bullets or even before that Nazi World, started as videos where I wanted to demonstrate the aspects of the sculpture that existed in time, like an interactive feature or whatever. And then with Ten Bullets it was more of an expression of: I was sick of telling the same old stories over and over again and starting to feel senile. So I decided to put a little energy into making a movie so that for anyone meeting me or coming to the studio, it would be a prerequisite that you watch the movie. I know that you’ve seen *Ten Bullets?
It also makes a better visit for you because you have the prerequisites. Although maybe it seemed a little fascistic, a parody, or a joke, at least you’ve kind of broken down the initial shock of coming into a new space, and then you can see deeper, see how things have changed, how things are much worse than they were five years ago, or better, or whatever. We can go farther in that time because we’ve already gone through the first level. I get a little sick of the superficiality, and I prefer the connection.
I wish! Fighting entropy is endless, and we fight it until we die, until it takes over. We have a lot of work to do, and I have very high standards for the zines and for the sculpture. It does take a lot of work even to produce one of these [showing a zine]. So, I don’t know; I think it depends on who you ask. I would encourage you to ask around. I do not have the best perspective on this. But we have a lot of work to do, and we get a lot of work done.
Well, no matter how hard I try, I could never make an iPhone, and Apple can never make anything as shitty as what I do. I build things as well as I can, up until the point where the evidence of the craft is removed. If you sand and sand and sand, it becomes perfectly smooth, and there’s no evidence that human beings were ever there. But if you make a pencil mark, cut next to it, leave the mark and sand a little bit so that it’s safe, but leave the evidence that a human being was there. Then this object—whether it’s a zine with the strings left on—starts to communicate better. For example, this one is done by a staple machine, and it has a fine edge to look like it’s perfect bound. It’s just a staple; it’s kind of cheap, which is cool. Whereas this one is done here in the studio, it has these pending strings, and it was sewn through duck tape. That’s what I call added value, and it communicates information about what it is, but it also shares. It would take me more work to trim these off and make it perfect, but I would be losing something.
Yeah. That’s a terrible thing. We talk about that all the time because Chris Beeston, who’s walking around here, is very precise, and I’m always frustrated with him because he does things much better than I could do them. So I’m always asking him to go faster to decrease his precision, so there are more flaws and errors. When we’re successful, he makes some mistakes, and they get to show humanity. He’s so good that it’s always perfect anyway, but I’m always trying to challenge him a little bit.
Where are they watching this on YouTube?
Well, I’m sorry if my hair is a mess. I would say that if any of you are out there making zines, just be afraid and do it anyway.