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Par email,

le 11 février 2016

Au tout début du projet ARTZINES, j’ai participé à une foire de livre d’art intitulée Friends with Books au Hamburger Bahnhof, le musée d’art moderne et contemporain de Berlin dans une ancienne gare. Il y avait une grande variété d’exposant·e·s, allant d’artistes autoédités à des galeries et des maisons d’édition plus établies. Parmi les artistes autoédité·e·s venant de différents endroits d’Europe, j’ai repéré à la toute fin de la foire une table avec des zines au style punk industriel réalisés par un collectif allemand dont je n’arriverais pas à prononcer le nom. J’ai pris un flyer des plus étranges ; il était plié en triangle et imprimé pour ressembler à un vaisseau spatial low-tech, et je leur ai dit que je leur enverrais quelques questions par e-mail pour inclure leur travail dans le numéro de Berlin que j’étais en train de préparer.
Qui êtes-vous ? Pouvez-vous vous présenter ?

T+U (Technologie und das Unheimliche) est un projet éditorial basé à Berlin - Budapest - Leipzig (- et dans le cloud) et un mouvement interdisciplinaire initié par Mark Fridvalszki, Zsolt Miklósvölgyi et Márió Z. Nemes. T+U a pour objectif de mettre en circulation les phénomènes culturels résultant de la confrontation entre la conditio humana et la technologie par des numéros thématiques et des projets annexes. Concernant cette mission, T+U opère une médiation entre les technologies culturelles dans le contexte de la post-digitalité et tente de contaminer la pensée para-académique grâce à des tactiques artistiques.

Pouvez-vous nous parler de vos publications ? Quel genre de contenu peut-on y trouver ?

Le premier numéro de T+U (Bunker, 2014, DIN A4, photocopie, risographie, 100 ex.) parle du bunker fictif de notre subconscient collectif. Les lecteurs y sont confrontés à de possibles scénarios apocalyptiques et à diverses références culturelles aux abris. Ils sont invités à découvrir certains espaces de protection où l’imagination pourrait se réfugier en cas d’urgence. Qu’il s’agisse d’un bunker en béton de la Seconde Guerre mondiale, d’un abri anti-atomique de l’époque de la Guerre froide, de la Hütte de Martin Heidegger dans la Forêt-Noire, de la maison onirique de Gaston Bachelard ou même de la grotte de Batman, ce sont toutes des métaphores spatio-culturelles de l’intimité. Ces lieux existent toujours quelque part dans un monde de possibilités, ou sont en eux-mêmes comme des intérieurs sans extérieurs. Par conséquent, le premier numéro de T+U est un parfait exemple de ce à quoi aurait ressemblé un document fait-main d’une apocalypse personnelle dans notre vision post-numérique de la contre-culture.

La deuxième édition de T+U (Dinosaurs, 2014, DIN A4, photocopie, offset, 100 ex.) est une réflexion sur le paradigme des êtres terrestres qui ouvrent la source inépuisable du « devenir-autre » dans la culture anthropocentrique. C’est pourquoi le deuxième volume de Technologie und das Unheimliche tente de montrer la dimension technologique et post-anthropologique dans laquelle l’autoreprésentation biologique et culturelle de l’humain pourrait être réformée par la super-métaphore des dinosaures.

Notre troisième numéro (Enigma, 2015, DIN A4, photocopie, risographie, 150 ex.) en collaboration avec des résidents de l’Akademie Schloss Solitude, s’est concentré sur la confrontation aux mystères et la paranoïa culturelle. Afin de déployer ce phénomène multi-dimensionnel, nous avons voulu utiliser la célèbre machine de chiffrement Enigma comme super-métaphore de l’étrangeté technologique qui titille constamment la domination de l’humanisme des Lumières et de l’optimisme scientifique. En ce sens, Enigma devient capable, en tant qu’objet discursif, d’ouvrir notre imagination à un nouveau domaine où l’irrationnel, le paranormal et l’extraordinaire ne sont pas colonisés par des calculs inflexibles, mais naissent plutôt au sein même des systèmes informatiques. En dehors de ça, T+U fonctionne aussi comme un collectif d’édition indépendant, publiant donc d’autres documents annexes, comme des numéros tactiques, de la propagande, des manifestes, des mixtapes, etc.

La quatrième édition de T+U (Bunker Revisited, 2015, DIN A4, photocopie, impression numérique, 150 ex.) est une version remixée de Bunker notre premier numéro qui a été réalisée pour une installation sur les fantasmes nucléaires, le subconscient géologique et les stockages souterrains. En plus des zines grand format, nous publions également des documents tactiques, de la propagande et des mini-livrets, etc.

Notre Terror Breviary [Bréviaire de la terreur] (2015, DIN A6, photocopie, 100 ex.) a été publié pour un projet de collaboration avec le collectif de techno-art The Corporations dans le cadre de la OFF Biennale à Budapest en 2015. Le livret de petit format contient des citations appropriées et revisitées sur la terreur et la politique de Giorgio Agamben, Gottfried Benn, Jacques Derrida, Arthur Schopenhauer, et d’autres.

Pourquoi faites-vous des zines ? Pourquoi publier de cette façon ?

Parce que T+U se considère non seulement comme un collectif d’artistes/projet éditorial, mais aussi comme un mouvement, les numéros imprimés sont plutôt des manifestations ou des matérialisations occasionnelles du mouvement en tant que tel. Les zines ne sont pas les produits finis, mais plutôt des incarnations d’un processus intellectuel et artistique continu.

Est-ce qu’il faut considérer vos publications comme futuristes ?

C’est essentiel pour nous de faire quelque chose qui regarde vers l’avant. Nos publications sont plutôt à considérer comme rétrofuturistes, atemporelles ou archéologiques. Nos zines sont des excavations de plaques tectoniques culturelles, de peurs et de fantasmes collectifs, d’histoires non linéaires sur des scénarios futurs possibles et des histoires alternatives du présent.

Comment définissez-vous votre esthétique ?

Rugueuse, sombre, techno-pessimiste, avec une légère touche nostalgique. Elle contient des réminiscences à la fois de l’esthétique des zines punk des années 1970 et 1980, et des publications sur la science et la technologie produite à destination de la jeunesse à l’est de l’ancien rideau de fer.

By email,

February 11th, 2016

At the very beginning of the ARTZINES project, I participated in an art book fair called Friends with Books at the Hamburger Bahnhof, Berlin’s modern and contemporary art museum in a repurposed train station. There was a pretty good variety of exhibitors, ranging from self-publishing artists to galleries and more established publishers. Among the self-publishing artists coming from different places in Europe, I spotted at the very end of the fair a table with zines in an industrial punk style made by a German collective whose name I wouldn’t be able to pronounce. I grabbed the most uncanny contact sheet; it was folded in a triangular shape and printed to look like a low-tech spaceship, and I told them that I would send a few questions by email to include their work in the Berlin issue I was preparing.
Who are you? Can you please introduce yourself?

T+U (Technologie und das Unheimliche) is a Berlin - Budapest - Leipzig (- cloud) based publishing project and cross-disciplinary movement that was initiated by Mark Fridvalszki, Zsolt Miklósvölgyi and Márió Z. Nemes. T+U aims to circulate the cultural phenomena resulting from the confrontation between the conditio humana and technology through thematic issues and related projects. Regarding this mission, T+U mediates between cultural technologies within the context of post-digitality and tries to contaminate para-academic thinking with artistic tactics.

Can you tell us about your publications? What kind of material can we find in them?

The first issue of T+U (Bunker, 2014, DIN A4, photocopy, risograph, ed. 100) is about the fictional bunker of our collective subconscious. Readers are confronted with possible apocalyptic scenarios and various cultural references to shelters. They are invited to certain spaces of protection where the imagination could ensconce in times of emergency. Whether it is a concrete bunker from World War II, a fallout shelter from the Cold War era, Martin Heidegger’s Hütte in the Black Forest, the oneiric house of Gaston Bachelard, or even Batman’s cave, these are all spatio-cultural metaphors of intimacy. They are always somewhere in a world of possibilities, or exist, per se, as an interior without any outward. Therefore, the first T+U issue is a perfect example of what a handcrafted document of personal apocalypse would have looked like in our post-digital vision of counterculture.

The second edition of T+U (Dinosaurs, 2014, DIN A4, photocopy, offset, ed. 100) reflects on the paradigm of terrestrial beings that open up the inexhaustible source of “becoming-other” in anthropocentric culture. Therefore, the second volume of Technologie und das Unheimliche tries to show the technological and post-anthropological dimension in which the biological and cultural self-representation of humans could be reformed by the super-metaphor of dinosaurs.

Our third issue (Enigma, 2015, DIN A4, photocopy, risograph, ed. 150), in collaboration with the fellows of Akademie Schloss Solitude, focused on the confrontation of mysteries and cultural paranoia. In order to unfold this multi-layered phenomenon, we aimed to use the notorious cypher machine Enigma as a super-metaphor for technological uncanny that constantly irritates the dominance of Enlightenment humanism and scientific optimism. In that sense, Enigma as a discursive object becomes capable of opening up our imagination to a new field where the irrational, the paranormal, and the extraordinary are not colonised by rigid calculations but actually stem from the inland of the computational systems. Besides that, T+U also functions as an indie press collective; therefore, we also publish other related materials, such as tactical issues, propaganda, manifestos, mixtapes, etc.

The fourth edition of T+U (Bunker Revisited, 2015, DIN A4, photocopy, digital print, ed. 150) was a remixed version of our first Bunker issue that was made for an installation display about nuclear fantasies, geological subconscious, and subterranean storages. Beside the large format zines, we also publish tactical materials, propaganda, and mini booklets, e.g.

Our Terror Breviary (2015, DIN A6, photocopy, ed. 100), that was published for a collaborative project with techno-art collective “The Corporations” in the context of OFF Biennale Budapest 2015. The small booklet contains appropriated and revisited quotes on terror and politics from Giorgio Agamben, Gottfried Benn, Jacques Derrida, and Arthur Schopenhauer, etc.

Why do you make/made zines? Why do you publish this way?

Since T+U considers itself not only as an art collective/publishing project but also as a movement, therefore printed issues are rather occasional manifestations or materialisations of the movement as such. The zines are not the end products but rather incarnations of a continuous intellectual and artistic process.

Are your publications to be considered futuristic?

It is crucial for us to do something forward-looking; our publications are rather to be considered retrofuturistic, atemporal, or archaeological. Our zines are excavations of cultural tectonic plates, of collective fears and fantasies, of non-linear stories on possible future scenarios, and of alternate histories of the present.

How would you characterise your aesthetic?

Rough, dark, techno-pessimistic, with a slight nostalgic touch. It contains reminiscences both of punk zine aesthetics of the 1970s and 1980s and of promotional issues for youngsters on science and technology from the eastern part of the former Iron Curtain.

Bunker I
Technologie und das Unheimliche (Mark Fridvalszki, Zsolt Miklósvölgyi, Márió Z. Nemes), *vol. I. Bunker*, Budapest-Berlin-Leipzig, 2014. Technologie und das Unheimliche (Mark Fridvalszki, Zsolt Miklósvölgyi, Márió Z. Nemes), *vol. I. Bunker*, Budapest-Berlin-Leipzig, 2014.
Dinosaurs
Technologie und das Unheimliche (Mark Fridvalszki, Zsolt Miklósvölgyi, Márió Z. Nemes), *vol. II. Dinosaurs*, Budapest-Berlin-Leipzig, 2014. Technologie und das Unheimliche (Mark Fridvalszki, Zsolt Miklósvölgyi, Márió Z. Nemes), *vol. II. Dinosaurs*, Budapest-Berlin-Leipzig, 2014.
Enigma
Technologie und das Unheimliche (Mark Fridvalszki, Zsolt Miklósvölgyi, Márió Z. Nemes), *vol. III. Enigma*, Budapest-Berlin-Leipzig, 2015. Technologie und das Unheimliche (Mark Fridvalszki, Zsolt Miklósvölgyi, Márió Z. Nemes), *vol. III. Enigma*, Budapest-Berlin-Leipzig, 2015.
Bunker Revisited
Technologie und das Unheimliche (Mark Fridvalszki, Zsolt Miklósvölgyi, Márió Z. Nemes), *vol. I. Bunker Revisited*, Budapest-Berlin-Leipzig, 2015. Technologie und das Unheimliche (Mark Fridvalszki, Zsolt Miklósvölgyi, Márió Z. Nemes), *vol. I. Bunker Revisited*, Budapest-Berlin-Leipzig, 2015.
Terror Breviary
Technologie und das Unheimliche (Mark Fridvalszki, Zsolt Miklósvölgyi, Márió Z. Nemes), *Terror Breviary 2015*, Budapest-Berlin-Leipzig, 2015. Technologie und das Unheimliche (Mark Fridvalszki, Zsolt Miklósvölgyi, Márió Z. Nemes), *Terror Breviary 2015*, Budapest-Berlin-Leipzig, 2015.