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Tokyo,

le 22 juin 2016

En préparant mon voyage au Japon, je suis parvenu à prendre rendez-vous avec Masanao Hirayama, alias Himaa, dont j’avais repéré le travail depuis longtemps grâce à un zine qu’il avait publié chez Nieves. Je le retrouvais dans un café un peu vieillot rempli de vieilles dames qui buvaient du thé et en riant fort. Il a bien voulu que l’interview soit enregistrée, mais ne voulait pas être filmé. Il a répondu à mes questions et m’a même emmenée dans les endroits qu’il aimait à Shimokitazawa, le quartier où nous nous sommes retrouvés. Chaque fois que nous avons parlé d’un projet qu’il avait réalisé au Japon, c’était la plupart du temps en collaboration avec son ami l’artiste Ken Kagami. Lorsque nous nous sommes quittés, il m’a dit : « Tu devrais visiter son magasin, Strange Store. »
Je n’étais pas totalement perdu, car on peut trouver l’adresse en ligne, mais en y arrivant, j’y trouvais un immeuble résidentiel. Sur un poteau, devant l’adresse, je trouve une affichette avec un dessin de Garfield marquée : « Stange Store, Used & Original Clothing —> Room No 301 ». Je suis la fleche, qui me conduit à un autre panneau, je monte deux étages et, au bout d’une coursive, je trouve une porte ouverte, peinte à la bombe avec un autre Garfield. À l’intérieur se trouve le royaume de Ken Kagami. L’espace ressemble à un tout petit appartement dont les murs auraient été abattus. Le plafond semble bas, mais c’est peut-être parce que la décoration va du sol au plafond sans qu’aucun espace ne soit laissé vide. C’est un mélange de tout ce qui représente Ken Kagami : des vêtements vintage comme l’annonçait l’affichette, beaucoup de ses dessins et peintures sur des matériaux très divers (depuis des autocollants, jusqu’à des enjoliveurs), des jouets tirés des dessins animés qui l’inspirent, et bien d’autres choses encore.
Je me suis présenté comme quelqu’un qui s’intéresse aux zines et j’ai demandé si on pouvait faire une interview filmée, en disant que je venais d’en faire une avec Himaa. Il m’a demandé si je l’avais filmé et… j’ai menti, j’ai dit « Ahem », ce qui lui a laissé penser que j’avais filmé son ami. Nous avons convenu que s’il n’était pas à l’aise pour répondre en anglais, il répondrait en japonais. C’était assez idiot, car même si je sais demander mon chemin en japonais, je ne comprends pas ce qu’on me répond !
La vidéo commence par un travelling de tout le bazar scotché derrière son comptoir près de l’entrée et s’arrête sur lui :
Bonjour Ken. Comment vas-tu ?

Bien.

Tu peux commencer par te présenter ?

Je m’appelle Ken Kagami.

Tu es artiste et japonais et nous sommes ici à Tokyo dans ta boutique. Tu peux nous parler de tes zines ?

Zines aaah, Muzukachi dessne

Vraiment, c’est compliqué d’en parler ? Alors peut-être que tu peux dire quelques mots sur la boutique ?

….  [Il répond en japonais, mais je n’ai compris que le mot tomodachi]

Je crois que tu as dit que tu l’as fait pour tes amis, c’est une boutique de vêtements d’occasion. On y trouve des zines et beaucoup beaucoup de choses sur les murs.

Oui, tout ça, c’est ma collection.

Ce n’est pas à vendre ?

Oui.

Quand as-tu commencé à faire des zines ?

Aaah, il y a longtemps, il y a dix ou quinze ans.

Avais-tu vu des zines quelque part ? Des zines musicaux ? Quelle a été ta source d’inspiration ?

La télévision, les informations…

Les mangas ?

Non.

On peut faire une visite de la boutique ?

Avec moi ?

Il montre différents objets, d’abord une veste bombers avec un drapeau américain et l’inscription Strange Store, Kegammi en lettres gothiques. Puis il montre sa collection de goodies Norupi, un personnage du genre de Hello Kitty. Dans un coin de la boutique se trouve une caisse en plastique jaune avec un panneau Tsutaya [Tsutaya étant une chaîne de librairie assez chic à Tokyo]. Lorsque je l’interroge à ce sujet, il m’a répondu qu’il s’agissait de zines de ses amis. Sur la table à côté se trouvent quelques-unes de ses publications, des autocollants dessinés à la main avec des blagues intraduisibles, des mini zines de lui, des petits posters vendus pas cher et des casquettes reprenant le dessin de Garfield vu à l’extérieur. Puis on arrive au coin Supreme™ avec des logos Supreme™ dessinés à la main sur une grande variété d’objets parfois improbables, et on finit le tour pour revenir à notre point de départ. D’une certaine manière, cette interview et cette visite sont à l’image de Ken Kagami, minimalistes, drôles et hyperactifs.

Tokyo,

June 22nd, 2016

When I was preparing my trip to Japan, I managed to schedule an appointment with Masanao Hirayama, aka Himaa, whose work I had spotted for a long time thanks to a zine he published with Nieves. I met him in a tacky coffee shop full of old ladies drinking afternoon tea and laughing loudly. He was okay with the interview being recorded, but he didn’t want to be filmed. He answered my questions and even took me to the places he liked in Shimokitazawa, the neighbourhood where we met. Whenever we told me about a project he had done in Japan, they were most of the time in collaboration with his friend, the artist Ken Kagami. When we said goodbye, he said, “You should visit his shop, Strange Store.”
I wasn’t totally lost, as the address that I found online was a residential building. Taped on a pole was a hand-drawn sign with a drawing of Garfield and written, “Stange Store, Used & Original clothing —> Room No 301." I followed the sign, leading me to another sign. I climbed two flights of stairs, and at the end of the corridor was an open door spray-painted open with another Garfield. Inside was Ken Kagami’s realm. The space looked like a small, one-bedroom apartment whose walls would have been taken down. The ceiling felt low, but it might have been because the decoration went from floor to ceiling without a single space left empty. It was a mix of everything Ken Kagami: vintage clothing as the sign advertised, lots of his drawings and paintings on very various materials (from stickers to wheel covers), toys from all the cartoons that inspire him, and many, many other things.
I introduced myself as someone interested in zines and asked if we could do a video interview, saying that I just did one with Himaa. He asked if I had filmed him, and… I lied; I said "ahem,” which led him to think I had filmed his friend. We agreed that if he wasn’t comfortable answering in English, he would answer in Japanese. That was pretty stupid, because even if I know how to ask my way around in Japanese, I can’t understand what people answer!
The video starts with all the mess taped behind his counter at the entrance until it stops on him:
Hello Ken. How are you?

Good

Can you start by introducing yourself?

My name is Ken Kagami.

You’re a Japanese artist, and we are here in Tokyo in your shop. Can you tell us about your zines?

Zines aaah, Muzukachi dessne

Really, it’s complicated to talk about? Then maybe you can say a few words about the shop?

….  [He answered in Japanese, but I only understood the word tomodachi.]

I think you said you made it for your friends. It’s a second-hand clothing store. We can find zines and lots and lots of stuff on the walls.

Yes, all this stuff is my collection.

It’s not for sale?

Yes

When did you start making zines

Aaah, a long time ago, ten or fifteen years ago.

Did you see zines somewhere? Music zines? What was your inspiration?

TV, news…

Manga?

No

Can you show us your shop?

With me?

He points at different stuff, first a bomber jacket with an American flag and written Strange Store, Kegammi in gothic lettering. Then he shows his collection of items of Norupi, a Hello Kitty-like character. In a corner of the shop sits a yellow plastic crate with a “Tsutaya” sign [Tsutaya being a rather fancy chain of bookshops across Tokyo]. When I asked him about it, he said they were zines by his friends. On the table next to it were some of his publications: hand-drawn stickers with untranslatable jokes, mini-zines of his, small posters sold for quite cheap, and caps featuring the Garfield drawing seen outside. Then we got to the Supreme™ corner with hand-drawn Supreme™ signs on a wide variety of items, and we circled back to where we started. In a way, this interview and visit are like Ken Kagami: minimalist, funny, tongue in cheek, and hyperactive.
デザイン は? (Design?)
Ken Kagami, *デザイン は? (Design?)*, Tokyo, Auto-édité, A4 plié en A7, Photocopie, Sans date, tirage inconnu. Ken Kagami, *デザイン は? (Design?)*, Tokyo, Self Published, A4 folded into A7 format, Photocopy, No date, edition size unknown.
3?B?
Ken Kagami, *3?B?*, Tokyo, Auto-édité, A4 plié en A7, Photocopie, Sans date, tirage inconnu. Ken Kagami, *3?B?*, Tokyo, Self Published, A4 folded into A7 format, Photocopy, No date, edition size unknown.
OKO YONO
King Lee \[Ken Kagami], *OKO YONO*, Tokyo, Auto-édité, Format A4, Photocopie, Sans date, tirage inconnu, 8 pp. King Lee \[Ken Kagami], *OKO YONO*, Tokyo, Self Published, A4 format, Photocopy, No date, edition size unknown, 8 pp.
ホクロ (HOKURO)
King Lee \[Ken Kagami], *ホクロ (HOKURO)*, Tokyo, Auto-édité, Format A4, Photocopie, Sans date, tirage limité, 8 pp. King Lee \[Ken Kagami], *ホクロ (HOKURO)*, Tokyo, Self Published, A4 format, Photocopy, No date, edition size unknown, 8 pp.
Strange Store
Strange Store, Tokyo, 2016. Strange Store, Tokyo, 2016.