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Par email,

le 10 juin 2016

Après avoir participé à Expozine, je ne suis resté que quelques jours à Montréal, mais je me suis dit que la scène montréalaise des zines valait la peine d’être creusée et que je devais lui consacrer un numéro d’ARTZINES. J’avais remarqué les articles sur les publications d’artistes sur le blog de Céline Huyghebaert, Fadingpaper, et je l’ai contactée pour entrer en contact avec la scène montréalaise que je n’avais pas eu le temps d’explorer pendant mon court séjour. Je lui ai demandé de m’aider à préparer ce numéro et elle a interviewé plusieurs artistes avec qui elle venait de discuter pendant Expozine.
Propos recueillis par Céline Huyghebaert
Comment est né le projet des fanzines Shushanna Bikini London?

J’ai toujours aimé les fanzines. J’avais plusieurs textes commencés, mais jamais terminés sur mon ordinateur. J’avais aussi emmagasiné des photos. Je me suis dit que c’est ça que j’allais faire, moi aussi. Mettre mes textes et mes photos en page et faire des petits livres !

Avais-tu prévu de faire plusieurs numéros ou cela est venu par la suite ?

Quand j’ai commencé les histoires de Shushanna Bikini London, j’ai délibérément inscrit « histoire numéro 1 ». Mon but était que ma création de fanzines devienne un atelier d’écriture. Aller au bout d’une histoire. Réussir à lâcher prise, réussir à terminer quelque chose, même si ce n’est pas parfait. De toute façon, ça ne l’est jamais. Les fanzines sont devenus mon petit laboratoire d’expérimentations. Chaque texte est différent dans sa forme. Chaque mise en page aussi. Je m’entraîne, j’essaye, j’expérimente.

Je ne savais pas combien de numéros j’allais faire. Je me suis donné la contrainte de sortir des histoires tous les trois mois. L’histoire numéro 1 est sortie en juin 2012 et l’histoire numéro 9 en septembre 2014.

Chaque fanzine tourne autour d’un thème. Le rapport à la mère, Istanbul, la correspondance, la collection… Comment les thèmes apparaissent-ils ? Décides-tu d’abord du thème ou alors s’impose-t-il de lui-même ?

Mes thèmes arrivent souvent comme un déclic. Je suis très attentive au monde qui m’entoure. J’écoute les conversations, j’observe les gens. Je me nourris des villes que je visite, de celle où je vis, des gens que je croise et de ceux qui m’entourent. Mes lectures et les films que je regarde m’influencent aussi.

Y a-t-il des artistes ou des livres en particulier qui t’ont inspirée pour faire ce projet ?

Oui, bien sûr ! Ma plus grande inspiration reste Miranda July. J’adore ce qu’elle fait, l’énergie qu’elle met à le faire, son côté multidisciplinaire. Elle crée tout le temps, peu importe le médium. C’est la création et l’expérimentation qui sont importantes pour elle. Elle semble tout droit sortie d’un film de Wes Anderson. Chez lui, d’ailleurs, ce sont la fragmentation et l’unité visuelle qui m’inspirent pour mes zines.

Suzanne Jacob et Annie Ernaux sont deux références principales pour se raconter, raconter la famille, sortir le dedans, faire entrer le dehors, observer le réel. Il y a aussi Obom, Julie Doucet, la reine du fanzine, et puis Marie Darsigny, une jeune poète québécoise qui m’inspire beaucoup, depuis longtemps !

Tu travailles avec le texte et avec l’image dans tes fanzines. Comment fonctionne la relation entre les deux ?

Je prends tout le temps des photos. Je me dis souvent : « Oh tiens, ça va finir dans un zine ! » Je prends des notes aussi. Mais, de manière générale, lorsque je commence un nouveau zine, je commence par le texte. Ensuite, je choisis des photos et je commence à travailler sur la mise en page. En général, il reste peu de photographies de ma première sélection lors de la mise en page finale.

Pourquoi as-tu choisi d’imprimer tes fanzines en noir et blanc ?

J’aime beaucoup le noir et blanc à la base. Certains photographes ne travaillent qu’en noir et blanc et le résultat est fabuleux. Je pense tout particulièrement à Sebastião Salgado. Mais le budget est aussi une des raisons. L’idée du fanzine, c’est quand même d’imprimer le moins cher possible pour vendre le moins cher possible ! Après, je m’amuse avec les textures et les couleurs du papier. Je rajoute toujours aussi des ornements : acétate, fil, tissu, dentelle, etc.

Et c’est toi qui t’occupes entièrement de la fabrication du livre ? Est-ce une étape importante pour toi ?

Je fais tout de A à Z, toute seule. Et c’est trippant. Je prends toutes mes décisions toute seule, à mon rythme. J’aime passer de la phase théorique, abstraite, à l’étape de la mise en page sur ordinateur, puis à la dernière étape, manuelle. Je fais toutes sortes de tests. Ensuite, quand je suis presque sûre de moi, je les fais imprimer, puis je coupe les pages, je les plie, je les assemble, je les agrafe, j’ajoute des ornements sur les couvertures.

C’est ce que tu aimes dans l’autoédition ?

J’aime l’idée d’être capable de terminer un projet, même s’il n’est pas parfait. J’aime livrer des fragments de moi sur des bouts de papier. J’aime aussi faire partie de la gang des fanzineux ! J’aime faire des échanges de zines.

Le plus difficile, c’est la diffusion. C’est dur de faire son auto-promotion. J’ai organisé neuf évènements pour les neuf histoires de Shushanna Bikini London. À chaque fois, j’ai invité d’autres artistes et, souvent, des musiciens. Ça demande beaucoup d’énergie. Faire la tournée des librairies aussi. Il faut passer régulièrement, vérifier les stocks, vérifier les abîmés, être assez présente pour qu’ils ne disparaissent pas au fond d’une étagère… Bref, tout faire toute seule est vraiment trippant, mais avoir une équipe de représentants, d’attachés de presse et autres serait pas mal aussi.

En 2017, les Éditions Rodrigol vont publier le recueil des Histoires de Shushanna Bikini London avec une 10e histoire inédite. Je ne réimprime pas mes fanzines plus de 2 fois, car un fanzine doit rester éphémère. Les histoires ont été imprimées en 150 à 300 exemplaires. Je n’en ai presque plus. Maintenant, on les lira dans l’édition de Rodrigol !

Je suis contente parce que je pense que c’est l’éditeur parfait pour transformer un zine en livre, à mon avis, en tant qu’éditeur indépendant et de livres d’artistes. On va faire un travail fabuleux ensemble.

By email,

June 10th, 2016

After participating in Expozine, I only stayed a few days in Montreal, but I felt like the zine scene was worth digging into and that I should devote an issue of ARTZINES to it. I had noticed the articles about artists’ publications on Céline Huyghebaert’s blog Fadingpaper, and I contacted her to get in touch with the Montreal scene I hadn’t had enough time to explore during my short stay. I asked her to help me prepare the Montréal issue and she interviewed several zine-makers she had just talked to during Expozine.
Interview by Céline Huyghebaert
How did the Shushanna Bikini London fanzines project come about?

I’ve always loved fanzines. I had several texts started but never finished on my computer. I also had some photos stored up. I thought that I would do that too. Put my texts and photos on the page and make little books!

Did you plan to do several issues, or did it come later?

When I started the Shushanna Bikini London stories, I deliberately wrote “story number 1.” My aim was for my fanzine creation to become a writing workshop. To get to the end of a story. To succeed in letting go, to succeed in finishing something, even if it’s not perfect. It never is anyway. Fanzines have become my little laboratory for experimentation. Each text is different in its form. Every layout is different, too. I practice, I try, and I experiment.

I didn’t know how many issues I was going to do. I gave myself the constraint of publishing stories every three months. Story number 1 came out in June 2012, and story number 9 came out in September 2014.

Each fanzine revolves around a theme. The relationship with the mother, Istanbul, correspondence, collecting… How do the themes appear? Do you decide on the theme first, or does it impose itself?

My themes often come about as a result of a trigger. I am very attentive to the world around me. I listen to conversations, and I observe people. I am nourished by the cities I visit, the one I live in, the people I meet, and those around me. My reading and the films I watch also influence me.

Were there any particular artists or books that inspired you to do this project?

Yes, of course there are! My biggest inspiration is Miranda July. I love what she does, the energy she puts into it, and her multidisciplinary side. She creates all the time, no matter what the medium. It’s the creation and experimentation that is important to her. She seems to have come straight out of a Wes Anderson film. In his work, it is the fragmentation and the visual unity that inspire my zines.

Suzanne Jacob and Annie Ernaux are two main references for telling stories about oneself, about the family, for bringing out the inside, bringing in the outside, and observing reality. There’s also Obom, Julie Doucet, the queen of fanzines, and Marie Darsigny, a young Quebec poet who has inspired me a lot for a long time!

You work with text and images in your fanzines. How does the relationship between the two work?

I take pictures all the time. I often think, "Oh, this is going to end up in a zine! I take notes too. But generally speaking, when I start a new zine, I start with the text. Then I choose photos and start working on the layout. Usually, there are a few photographs left from my first selection when I make the final layout.

Why did you choose to print your fanzine in black and white?

I like black and white very much to begin with. Some photographers only work in black and white, and the result is fabulous. I’m thinking, in particular, of Sebastiao Salgado. But the budget is also one of the reasons. The idea of a fanzine is to print as cheaply as possible in order to sell as cheaply as possible! Afterwards, I have fun with the textures and colours of the paper. I always add ornaments: acetate, thread, fabric, lace, etc.

And you’re the one who takes care of the entire book production? Is this an important step for you?

I do everything from A to Z, all by myself. And that’s great. I make all my decisions alone, at my own pace. I like to go from the theoretical, abstract phase, to the layout stage on the computer, and then to the final, manual stage. I do all sorts of tests. Then, when I’m almost sure of myself, I have them printed, then I cut the pages, fold them, assemble them, staple them, and add ornaments to the covers.

Is that what you like about self-publishing?

I like the idea of being able to finish a project, even if it’s not perfect. I like delivering fragments of myself on pieces of paper. I also like being part of the fanzine gang! I like to trade zines.

The hardest part is the distribution. It’s hard to promote yourself. I’ve organised nine events for the nine Shushanna Bikini London stories. Each time, I invited other artists, and often musicians. It takes a lot of energy. Going to bookshops too. You have to come in regularly, check the stock, check the damaged ones, and be present enough so that they don’t disappear at the bottom of a shelf… In short, doing it all by yourself is really exciting, but having a team of representatives, press officers, and others would be nice too.

In 2017, Rodrigol Publishing will be publishing the collection of Shushanna Bikini London Stories with a 10th unpublished story. I don’t reprint my fanzines more than twice, as a fanzine should remain ephemeral. The stories were printed in 150–300 copies. I hardly have any more. Now they will be read in the Rodrigol edition!

I’m happy because I think it’s the perfect publisher to turn a zine into a book, in my opinion, as an independent and artist’s book publisher. We’re going to do a fabulous job together.

Ce que je sais de moi
Shushanna Bikini London (Lucile de Pesloüan), *Ce que je sais de moi*, 2017. Shushanna Bikini London (Lucile de Pesloüan), *Ce que je sais de moi*, 2017.