Paris,
le 16 novembre 2015
Sergej Vutuc, je suis né dans un pays qui n’existe plus. Il s’agit maintenant de la Bosnie et de la Croatie. Je vis maintenant à Berlin.
Je pense que beaucoup de mon inspiration et aussi une grande partie de mon éducation sont venues des zines, surtout des zines des années 1990 qui faisaient partie de la scène punk et hardcore. Les zines étaient faits pour communiquer et c’était un support où une scène crée ses mots et échange. Depuis qu’Internet existe, je n’en vois plus le sens, car toutes ces choses que les zines étaient censés exprimer et échanger, c’est maintenant en quelque sorte sur Internet. C’est accessible et rapide, ce qui est ce qu’on a toujours voulu. À l’exception d’un côté, peut-être aussi du point de vue écologique.
Oui, je ne vois plus ça. Pour moi, avec le temps, ils deviennent de plus en plus abstraits. C’est mon récit personnel, mon expression. Surtout aujourd’hui, quand les entreprises s’y intéressent et qu’elles deviennent le point culminant d’une nouvelle identité de marque. Ce que nous voyons aujourd’hui devrait être considéré comme une sorte de mauvaise publicité pour une publication ou une expression faite par des artistes, sans aucun filtre ni rien de commercial. C’est une étiquette et une éducation complètement différentes.
C’est différent et c’est beaucoup de choses. Pour une partie, c’est ma façon personnelle et poétique d’exprimer quelque chose, qui est une préoccupation lors de différents moments d’exploration du monde. Ça correspond à mes origines et à ma façon de dire les choses et les situations. De l’autre côté, il y a aussi la partie où je vais dans des villes ou des lieux symboliques du monde entier. Comme aller à Detroit, en Grèce ou dans les zones de Fukushima trois ans après la tristesse ou aller en Israël et en Palestine et y créer ma propre histoire. C’est peut-être ce qu’on peut relier à l’idée d’un zine. C’est comme si tu créais ton propre média en dessous de l’ensemble des médias de masse. Mais je ne vois plus la raison de mettre une étiquette sur les choses.
Paris,
November 16th, 2015
Sergej Vutuc, I was born in a country that doesn’t exist anymore. Now it is Bosnia and Croatia. I live now in Berlin.
I think lots of my inspiration and also a big part of my education came from the zines, especially the zines from the 1990s, which were part of the punk and hardcore scene. Zines were made to communicate, and it was a medium where a scene creates their words and exchanges them. Since the Internet exists, I don’t see the sense anymore, because all those things the zines were supposed to express and exchange are now, in some ways, on the Internet. It’s accessible and fast, which is what you always wanted. With an exception from one side, maybe from an ecological standpoint.
Yeah, I don’t see that anymore. To me, in time, they get more and more abstract. It’s my personal storytelling of my expression. Especially nowadays, when corporations get interested in them and they become the peak of a new trademark. What we see nowadays should be considered something like poor advertising for artist-made publications or expressions, without any filter or anything commercial. It’s a completely different label and education.
It’s different, and it’s many things. One part is my personal poetical way to express something, which is a concern for different moments of exploring the world. It meets my background and my way of saying things and situations. On the other side, there is also the part where I’m going to symbolic cities or symbolic places around the world. Like going to Detroit, Greece, or the Fukushima area three years after sadness, or going to Israel and Palestine and creating my own story. That’s maybe how you can link it with the idea of a zine. It’s like you create your own media under the whole mass media. But I don’t see the reason anymore to label something.