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New York,

le 25 septembre 2016

J’ai rendu visite à Ryan Foerster dans son atelier dans le sud de Manhattan, près de Tribeca, au troisième étage d’un immeuble d’habitation très ordinaire. Son atelier est un petit deux pièces rempli d’objets hétéroclites proches du déchet – j’ai compris pendant l’entretien pourquoi j’avais cette impression. Lorsque j’ai expliqué à Ryan ce que je voulais, il m’a dit qu’il ne voulait pas être filmé et a commencé à chercher « quelque chose de dégueu » à mettre devant la caméra. Je lance l’enregistrement alors que nous sommes déjà en train de parler. Étrangement, la conversation porte sur le fait de brûler ses publications.
Tu as donc essayé de le brûler ?

Oui, je l’ai brûlé.

Tu l’as fait ?

C’est la publication la plus balèze que j’ai faite jusqu’à aujourd’hui.

C’est parce que c’est du papier couché ?

Je pense que le papier est du Codex. C’est un papier plus épais, donc ce n’est pas comme le papier journal qui s’enflamme très vite. J’ai dû l’allumer plusieurs fois pour qu’il prenne feu.

Oui, le papier journal c’est que de la pâte à papier.

Une fois que tu en as peut-être quatre ou cinq sur le feu, tu peux en balancer quelques autres et ça crame. Ça tient bien, alors que lorsque le papier journal se consume, il disparaît en deux secondes, mais tu l’allumes du premier coup. Celui-là prend quelques essais.

Et c’est plus lourd, il y a plus de matière à brûler que dans le papier journal.

C’est sûr, oui. Il a un certain poids. C’est donc un bon allume-feu. Pour un feu qui tienne dans la durée, je recommanderais Do you Prefer Sausage ou John Armleder ?

De quand date celui-là ?

C’est la dernière chose que j’ai sortie en 2016, en avril ou mai.

Tu étais en résidence là-bas ?

Je ne sais pas si on peut appeler ça une résidence. J’avais les étudiants du département d’art pour une semaine, alors je suis allé là-bas et je leur ai montré Tom Green. Tu connais Tom Green ?

Non.

C’est le Canadien le plus célèbre de tous les temps. Il a été marié à Drew Barrymore pendant trois mois en 1998 et on lui a retiré un de ses testicules à cause d’un cancer. Il avait une émission appelée le Tom Green Show. C’était d’abord diffusée sur le câble à Ottawa, qui est la capitale du Canada, où se trouve le Premier ministre. Dans son émission sur le câble appelée Tom Green Show, il avait fabriqué un bateau, et il dit : « N’achetez plus de bateaux, vous devriez fabriquer votre propre bateau ! » Puis il dit : « Regardez dans les livres, trouvez de l’inspiration pour vos bateaux. » Il est allé à la bibliothèque, il a vu tous ces livres sur les bateaux et il a dit : « Je vais faire mon propre bateau ». Comme il aimait la cervelle de vache et les sacs en plastique, il a pris de la cervelle de vache et l’a mise avec les sacs en plastique pour faire un bateau.

Est-ce qu’il flottait ?

Ils ont fini par le renforcer avec du polystyrène pour qu’il flotte mieux, puis ils l’ont mis sur le lac Ontario. C’était sa motivation pour savoir comment fabriquer son propre bateau. C’est possible, alors j’ai montré la vidéo à ces enfants et c’est mon projet.

La vidéo est dans le zine ?

La vidéo n’est pas dans le zine, parce que nous voulions que le zine entier devienne encore plus confus.

Je pense que c’est une réussite.

Ils ont vu cette vidéo. La moitié de ces gamins ne parlaient que français, certains parlaient anglais. C’était une sorte de traduction bancale de ceux qui ne parlaient que le français à ceux qui parlaient le français et l’anglais et à moi qui ne parle que l’anglais. Essayer de parler de quoi que ce soit ensemble, c’était l’enfer. Je leur ai montré cette vidéo et leur ai dit : « Voici votre programme pour la semaine ». Personne n’a réagi. Je leur ai montré tous mes zines en même temps. Je leur ai montré mon travail. Je leur ai dit que je publiais le travail d’autres personnes avec Ratstar Press. Et j’ai dit : « Alors allons-y, nous faisons cet exercice. On va rassembler toute la documentation de cette semaine et on va en faire une publication Ratstar. » C’est comme ça qu’on a obtenu ce résultat.

Ils étaient du département d’art ou dans un diplôme lié à l’édition ?

Ces gamins étaient dans le département d’art, mais l’école a des équipements incroyables pour l’impression. Ils ont une presse offset. Comment s’appelle-t-elle ? Une Heidelberg, c’est une énorme machine. Je leur ai montré, car j’ai beaucoup travaillé avec des plaques offset dans mon travail auparavant. On a pu utiliser cette presse. Tu peux voir que les couleurs sont toutes folles là-dedans parce qu’on a mélangé toutes les encres de couleur à la main. On a dessiné sur les plaques. Cette page a une oreille parce que j’ai eu une mauvaise otite quand j’étais là-bas. C’est assez déroutant, mais aussi assez direct. Tout le monde a pris la mission au pied de la lettre. On est allé à la décharge pour trouver des matériaux, car il est difficile de trouver des ordures dans les rues.

C’est trop propre ?

Il n’y a pas de cervelle de vache, pas de sacs en plastique, pas de polystyrène. On a dû y aller tous ensemble. On est tous là. On a tous nos déchets. On l’a fait. On est allé au Lac de Genève. J’ai dit : « Le premier arrivé en France gagne le cours », mais personne n’a réussi à traverser, il faisait trop froid. La plupart des gens ont fini par essayer de fabriquer des bateaux. Alors nous avons fait une course de bateaux, un gamin a fabriqué une caméra sous-marine. C’est comme ça que ça s’est passé, je pense que c’est une super publication.

Alors c’est la plus récente, quelle était la première ?

La première de mes éditions ?

Oui ou la première que tu aies faite ?

J’ai fait beaucoup de zines de mon propre travail, mais celui-ci était la première publication sous le nom de Ratstar. C’est un livre de poésie d’Hannah Buonaguro, qui est aussi ma petite amie, Time does not tick en 2013. J’ai fait beaucoup de zines depuis que je suis adolescent. J’ai commencé à en faire avec une bande d’amis et j’en fais encore. Je suppose que les zines que je faisais quand j’étais adolescent étaient plus collaboratifs, on interviewait des gens, on recevait des contributions d’autres gens.

C’était de l’art ou de la musique, ou peut-être les deux ?

Musique, art, c’était un mélange de tout, parce qu’on était surtout dans une scène punk, donc il y avait beaucoup de choses comme des interviews de groupes. Les gens écrivaient des histoires, on prenait des photos, on faisait des collages, toutes sortes de choses.

C’était au Canada ?

Oui, en 199… je ne sais pas quoi. Ça tombe bien que tu sois là, car je viens de ramener cette merde du Canada.

Wow parfait [Il montre la couverture d’un de ses zines d’adolescent]

En fait, la photo sur la couverture, c’est moi dans un cours d’histoire. On devait prendre ces photos où je suis un soldat de la Seconde Guerre mondiale et je viens de capturer un nazi.

Oh, alors lequel es-tu ?

Je suis celui qui a capturé le nazi.

OK, et tu vas le tuer ?

C’est un devoir de classe, c’était plutôt marrant. Il y a une interview de son père. C’était l’un des premiers. J’ai été renvoyé de l’école pour l’un d’eux, à cause de la pornographie qu’il contenait.

Et tu en faisais 100 exemplaires ?

Oui, on distribuait comme des fous.

Et c’est peut-être l’original qui a été photocopié après, je suppose ?

C’est l’original. Je n’ai aucune des photocopies. Mon père était assez sympa pour nous laisser aller dans son bureau la nuit et faire des photocopies. On allait donc dans la banque où il travaillait et on faisait les photocopies.

Celui-là a une date dessus, c’est 2001.

C’est la dernière chose, c’est après la mode. C’est à ce moment-là que les photos sont devenues mes propres photos, toutes les photos que j’ai prises. Celles-ci ont été faites en collaboration avec des amis.

Tu tagguais déjà Val Kilmer ?

Oui, j’ai commencé en 2000, je crois.

Celle-ci est vraiment mignonne.

Oui, j’aime bien celle-là. C’est la première de Cher Henry Wang. Le titre est venu parce qu’il y avait un Dr. Henry Wang en ville et il avait jeté toutes ses affaires et on les a récupérées. On a pensé que c’était une bonne façon d’avoir un titre pour le zine. J’aime le dos de celui-ci. [il montre le zine à la caméra].

Ce sont tes premiers zines ?

Oui, ils ont tous été faits avec des amis dans les années 1990, on les assemblait tous ensemble. C’est comme ça que Ratstar fonctionne, c’est ce que j’aime, faire ensemble, publier le travail d’autres personnes ou travailler avec d’autres artistes. Celui avec les étudiants de l’ECAL, c’est le projet le plus collaboratif que j’ai fait. Les autres projets sont des projets individuels. J’en ai fait un, en fait j’en ai fait deux avec Michel Auder maintenant. J’ai publié ses archives. C’est vraiment amusant de pouvoir travailler avec quelqu’un d’autre, de parcourir ses archives et de trouver comment assembler le tout. J’ai commencé par le livre de poésie d’Hannah, puis par les poèmes de son père, avec Paul Buonaguro Undead. C’est un processus de collaboration, j’aime aussi publier mon boulot, mais il y a quelque chose de vraiment amusant à le faire avec des gens. Je suppose que c’est la même chose pour faire de l’art et organiser des expos.

Donc maintenant, tu penses à une exposition de ta propre collection de zines et des zines de tes amis aussi ?

Parce que j’ai tellement de zines, et je ne les vois pas tellement parce qu’ils prennent tellement de place sur les étagères. J’en garde beaucoup dans des cartons et, de temps en temps, quand je déménage et que je dois les trier, je me dis : « C’est quoi toute cette merde ? ». Je finis par en garder la plupart. Puis je me retrouve dans un vortex où je dis : « Regarde tout ça ! Oh cool ! » Je suis vraiment à fond dedans, comme un fou, et deux heures plus tard, je me suis débarrassé de cinq zines sur dix cartons. Je me disais que ce serait cool d’avoir une bibliothèque de zines dans une expo ou même une expo entière de zines. C’est le résultat d’un processus très long, je rencontre des gens et je construis et construis. À quel moment est-ce que je peux montrer ça ? Par exemple, si quelqu’un voyait tous tes zines après ta mort, il se dirait : « Oh, c’était leur réseau étendu et tout ce qu’ils en ont collecté ».

Alors tu veux séparer tes œuvres d’art et tes travaux d’édition ?

Oui, ce serait pas nécessaire d’inclure toutes les choses que j’ai faites ou collectionnées, mais je pense que ça pourrait être une super exposition à organiser. L’étagère que je te montrais ici vient de ce parking qu’ils viennent de fermer. Il y avait une étagère en métal que j’ai prise et que j’utilisais pour ranger mes livres uniques. Ça pourrait être une super sculpture dans une exposition, avec tous ces bancs que je mets dans différentes expositions. Ça donnera un espace vraiment cool dans l’exposition où tu pourrais aussi passer du temps et fouiller. J’aime les expositions sur les bibliothèques des gens, il y en avait une à Artists Space. C’est parfois difficile de penser que c’est « juste une bibliothèque », je suis plutôt une personne visuelle, mais j’essaie de penser à un moyen d’introduire ça dans une exposition.

Tu en as fait une sélection ?

Oui, c’est incroyable de les avoir gardés. Ce serait cool de voir les zines de peut-être 200 personnes, d’avoir toutes leurs merdes dans une exposition que tu pourrais lire. Je veux dire que c’est ce que tu fais avec ce projet, commencer à créer une base de données pour certains de ces zines. Mais une grande partie de cette merde, personne ne la verra parce qu’il y a si peu d’exemplaires.

Tu as peut-être le dernier, parce que tous les autres ont été détruits ou mis à la poubelle ou oubliés à jamais.

Je pense qu’il faut qu’il y ait plus d’occasions pour le public de voir les collections des gens. Parce que ça n’arrive que lorsque quelqu’un vient chez toi et que tu lui montres des trucs. « Il faut que tu vois ça, tu dois voir ça. T’as vu ce livre ? » Peut-être que dans le cadre d’une exposition, les gens peuvent le faire d’eux-mêmes pendant le mois de l’exposition.

Peux-tu nous en dire plus sur tes autres œuvres ? Nous sommes dans ton studio, il y a des tas de « merde », comme tu dis, accrochés au plafond et des choses partout. Comment travailles-tu ? Qu’est-ce que c’est ?

Je suis tout le temps en train de récupérer des merdes. Je travaille non-stop sur des trucs, ce qui est à la fois bon et un cauchemar. Je dois trouver par où commencer…

…ton travail porte-t-il sur quelque chose ou est-ce simplement ce que tu fais ?

C’est définitivement ce que je fais.

Peut-être que les zines te forcent à mettre en ordre dans ta merde, tu dois les mettre dans des zines, ça doit avoir un sens d’une manière ou d’une autre. Est-ce que tu travailles aussi de cette façon ?

Définitivement, il y a un certain type d’ordre qui se produit. Le travail sort constamment, c’est donc une documentation de ma vie, des choses auxquelles je pense, des personnes avec lesquelles j’interagis, de ce que je pense de l’environnement dans lequel je me trouve. À l’origine, je sortais… J’essaie de trouver comment le dire en anglais…

Tu peux le dire en français si tu veux !

Je n’y arriverai toujours pas. Dans le format d’un livre, il y a un début et une fin, donc si tu essaies de mettre en place un fil conducteur clair, ça marche ou rien. Il en va de même pour une exposition, où toutes ces choses se retrouvent dans un récit de ce à quoi je pense en ce moment.

Donc, quand on voit tes œuvres d’art, c’est ce qui se passait dans ta tête à un moment donné ?

Oui, comme certaines d’entre elles viennent comme on jardine. Alors évidemment, c’est comme quelque chose que je fais. Ensuite, il y a la réalité de certains éléments qui entrent en jeu, alors je prends des parties de ces éléments que je trouve intéressantes et je me demande comment je peux les présenter au public d’une manière qui les intéresse aussi. Je prends des choses qui se produisent naturellement ou organiquement dans ma vie et quand elles se présentent, je les utilise et les présente à d’autres personnes. J’utilise différents matériaux en raison de mon intérêt pour le recyclage ou du fait de ne pas laisser les choses se gâcher. Pourquoi y a-t-il autant de déchets dans mon atelier ? Parce que je ne veux pas jeter de choses. Alors je recycle les impressions, les matériaux et les trouvailles que je fais dans la rue.

Tu ne jettes jamais rien ?

Je tire une énorme satisfaction à trouver comment faire quelque chose à partir de la merde que tout le monde aurait négligée et jetée.

Apporter ou donner de la valeur à quelque chose qui n’en as plus, c’est ce qui est important pour toi. Pourquoi ?

Pourquoi est-ce que je le fais ? Je suppose que c’est pour ne pas trop m’ennuyer.

C’est aussi pour ça que tu as fait les zines ?

Ça vient définitivement de l’ennui.

Mais si ça vient de l’ennui, n’aurions-nous pas le même sentiment en lisant les zines ?

Ah non, c’est une façon de me divertir. Je le fais parce que je ne sais pas ce que je regarde ou ce que je fais d’autre. Je ne voudrais pas que tu t’ennuies.

Non, non, c’était de la provocation. Commençons par la fin, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Ryan Foerster, de quoi d’autre as-tu besoin ?

New York,

September 25th, 2016

I visited Ryan Foerster in his studio in downtown New York, near Tribeca, on the third floor of a very regular apartment building. The studio looked like a one-bedroom apartment full of very random things that looked like trash. I understood during the interview why I got that feeling. When I explained to Ryan what I wanted, he said he didn’t want to be filmed and proceeded to find “something gross” to put in front of the camera. I start to record as we are already talking. Weirdly, the conversation is about burning his publications.
So you tried to burn it, then?

Well, I did burn it.

You did?

It’s the sturdiest publication I put out today.

Is it because it’s coated paper?

I think the paper is coated. It’s thicker paper, so it’s not like newsprint, which goes up very fast. I had to light it a few times to get it to catch.

Yeah, the newsprint is just pulp.

Once you have maybe four or five of these on fire, you can throw a few more in, and they just keep going. It stays good, whereas when the newsprint burns, it’s gone in two seconds, but you light it up in one try. This one takes a few tries.

And it’s heavier; there’s more material to burn than in the newspaper.

Definitely, yes. It’s got some weight to it. So it’s a good firestarter. For a long-lasting fire, Do you Prefer Sausage or John Armleder? would be the recommendation I would give.

When did you do that?

This one is the last thing I put out in 2016, in April or May.

Were you in a residency there?

I don’t know if you’d call it a residency. I got the students from the art department for one week, so I went there and showed them Tom Green. You know Tom Green?

No.

He is the most famous Canadian of all time. He was married to Drew Barrymore for three months in 1998, and he had one of his testicles removed for cancer. He had a show called the Tom Green Show. First, he had it on cable access in Ottawa, which is the capital of Canada and where the Prime Minister is. He had a show on cable access called The Tom Green Show, and he made a boat. He said, “Don’t buy boats anymore; you should make your own boat.” So he said, “Look in books; get inspiration for boats.” He went to the library, saw all these boat books, and said, “I’m gonna make my own boat.” As he had an interest for cow brains and plastic bags, he took some cow brains out put them together with the plastic bags to make a boat.

Did it float?

They ended up sitting it up on some Styrofoam so it would float better, and then they put it in Lake Ontario. That was his motivation for learning how to make your own boat. Well, it’s out there, so I showed these kids the video, and this is my project.

Is the video in the zine?

The video is not in the zine because we wanted the whole zine to get even more confusing.

I think that’s successful.

They saw this video. Half of these kids just spoke French; some of them spoke English. It was kind of a broken translation from the ones who just spoke French through the ones who spoke French and English and to me, who just talk English. Trying to talk about shit together got confusing as hell. I showed them this video and said, “This is your assignment.” I showed them all my zines at the same time. I showed them my work. I told them I published other people’s work with Ratstar Press. And I said, “So let’s go; we do this assignment. We document the entire documentation of this week, and we make a publication of it under Ratstar.” That’s how we got this.

Were they from the art department or in a publishing program?

These kids were in the art department, but the school has amazing facilities for printing. They have an offset press. What’s it called? A Heidelberg, it’s a huge machine. I showed them, as I’ve worked a lot with printing plates in my work before. So we got to use that press. You can see the colours are all crazy in this because we mixed the colour inks by hand. We drew on the plates. This page has an ear on it cuz I had this bad ear infection when I was there. It’s pretty confusing but also pretty straightforward. Everyone took the assignment pretty literally and went to the dump to get supplies because it’s hard just to find garbage on the streets.

It’s too clean?

There’s no cow brains, there’s no plastic bags, no Styrofoam. We had to go together. Here we all are. We got all the shit. We made it. We went to Lake Geneva. I said, “First person to France wins the class.” No one made it across; it’s too cold. Most people just ended up trying to make boats. So we had a boat race, and one kid made an underwater camera. That’s how it happened, I think it’s a great publication.

So that’s the last one; what was the first one?

The first one of my press?

Yes, or the first one you ever made?

I made lots of zines of my own work, but this one was the first publication under the name Ratstar. It is a book of poetry by Hannah Buonaguro, who’s also my girlfriend. Time does Not Tick made in 2013. I’ve made lots of zines since I was a teenager. I started making them with a bunch of friends, and I am still making them. I guess the zines I was making when I was a teenager were more collaborative; we were interviewing people for them, other people were contributing stuff.

Was it art or music, or maybe both?

Music, art—it was a mix of everything because we were mostly in a punk scene, so there was lots of stuff like interviewing bands. People were writing stories in it, photographs that we took were in it, collages we made, all different stuff.

That was in Canada?

Yes, in 199… I don’t know what. It’s good timing you’re here because I just brought this shit back from Canada.

Wow perfect [He shows the cover of one of his teenage zines.]

Actually, the picture on the cover is me in history class. We had to take these photos where I’m a soldier in World War II and I just captured a Nazi.

Oh, so which one are you?

I’m the one holding the Nazi.

Okay, and you’re going to kill him?

That’s an assignment; it was pretty fun. There’s an interview with her dad. This was one of the early ones. I actually got suspended from school for one of these because of the pornography in it.

And you did 100 copies?

Yeah, we were distributing like crazy.

And maybe that’s the original that was then photocopied after, I guess?

This is the original. I don’t have any of the photocopies. My dad was nice enough to let us go into his office at night and photocopy. So we would go into the bank he worked at and photocopy.

That one has a date on it; that’s 2001.

That’s the last thing; that’s after the fashion. That’s when it just became my straight photos—all the photos I took. These ones were made collaboratively with friends.

You were already tagging Val Kilmer?

Yes, I started, like, in 2000, I guess.

It’s really cute, this one.

Yeah, I like that one. This is the first one that says Dear Henry Wang. The title came because there was a Dr. Henry Wang in town, and he threw out all his belongings, and we got them. We thought that was a good way to have a title for the zine. I like the back of this. [He shows the zine to the camera.]

These are the early ones?

Yeah, they were all done with friends in the 1990s, so we all mix it up together. So that’s saying how Ratstar works, what I like, doing it together, publishing other people’s work, or working with other artists. That was the most collaborative one, which I did with the students at ECAL. The other projects are individual ones. I did one; actually, I’ve done two with Michel Auder now. Publishing his stock. It’s really fun to be able to work with someone else, go through their work, and figure out how to put it all together. I started off with Hannah’s book of poetry and then with her dad’s poems, also Paul Buonaguro Undead. It’s a collaborative process; I also like making my own, but there’s something really fun about doing it with people. I guess the same goes for making art and organising shows.

So now you’re thinking of a show of your own zine collection and friends’ zines as well?

Because I have so much fucking zines, and I don’t keep them really out that much because they just take up so much bookshelves. I keep a lot of them in boxes, and every so often, when I move, I have to go through them and be like, “What is all this shit?” I end up keeping most of it. Then I get stuck in a vortex where I’m like, “Look at it all! Oh cool!” I’m really into it, like crazy, and two hours later I got rid of something like five zines out of ten boxes. I was thinking it would be cool, as an element within the show, to have a library of zines or a show of its own. It is a very long-drawn-out organisation project where I’m meeting with people and building and building. At what point do you ever show that? Like, if someone saw all your zines after you’re dead, they would be like, “Oh, this was their extended scene and everything they collected from it.”

So do you want to draw a line between your artwork and your publishing works?

Yeah, it wouldn’t have to include every single thing I did or collected, but I think it could be a great show to have. The shelf I was showing you here came out of this parking garage; they just closed here. And they had this crazy metal shelf in it that I took and was using just to put my unique books in. That could be a great sculpture within an exhibition, with all these benches I put in different shows. There could be this really cool resource in the show that just looks good on the bookshelves, or you could also spend the time and go through it. I like shows about people’s libraries; there was one at Artists Space. It’s hard sometimes to think of it as “just a library.” I’m a visual person, but then I was trying to think of a way to introduce that into it.

So you selected a couple of them?

Yeah, it’s amazing to have these still. It would be cool to see the zines of maybe 200 people I have, to have all their shit within your show that you could look at. I mean, that’s what you’re doing with this project you do—starting to make a database for some of these zines. But a lot of this shit no one’s gonna see because there’s so few copies.

Maybe you have the last one, because all the rest were destroyed, in the trash, or forever forgotten.

I feel like there need to be more opportunities for people to see this person’s collection. Because it only happens whenever someone comes to your house and you show them stuff, “You gotta check out this; you got to see this. You guys seen this book?” Maybe within an exhibition, people can do it within their own time in that month of the exhibition.

Can you tell us more about your other work? We’re in your studio, and there’s a bunch of “shit,” as you say, hanging from the ceiling and things everywhere. How do you work? What are they?

I mean, I’m constantly getting shit. Non-stop working on stuff, which is good and a nightmare. I have to figure out where to begin…

…is your work about something, or is it just what you make?

It’s definitely what I make.

Maybe the zines have this quality that you have to put an order in your “shit”; you have to put them in zines; it has to make sense somehow. Do you work that way, too?

Definitely, there’s some type of order that happens. The work is coming out constantly, so it’s a documentation of my life, of the things I’m thinking about, of the people I’m interacting with, and of what I think about the environment I’m in. Originally, I was coming out okay. Do you talk about photography? I’m trying to figure out how to put it into English.

You can say it in French if you want!

I still wouldn’t be able to. Within a book format, there’s like a beginning and an end, so if you’re trying to put together a clear train of thought, then you got it or nothing. The same goes for an exhibition, where all these things come together to form a narrative of what I’m thinking about at the moment.

So when we see your artwork, that’s what was happening in your head around you at one moment?

Yes, some of these came out of doing work in the garden. So obviously, that’s something I do. Then there’s the reality of certain elements going into it, so I’m taking parts of those elements that I think are interesting and thinking, “How can I present them to a public in a way that is also interesting to them?” I’m taking things that would happen naturally or organically in my life and, when they come through, using them and presenting them in a way to other people. Different materials are coming in because of my interests in recycling or not letting things go to waste. Why is there so much shit in the studio? Because I don’t want to throw stuff out. So I’m recycling prints, materials, and findings on the street.

Nothing ever goes to waste?

There’s a huge amount of satisfaction in figuring out how to make something from the shit that everyone else would have overlooked and thrown out.

Bringing or giving value to something that you don’t have anymore is important to you. Why do you do it?

Why do I do it? I guess so I don’t get too bored.

Is that why you made the zines too?

It definitely comes out of boredom.

But if it comes from boredom, wouldn’t we have the same feeling while reading the zines?

Ah no, it’s a way just to entertain myself. I’m gonna do it because I don’t know what else I’m looking at or what else I’m doing. I wouldn’t want you to be bored.

No, no, that was provocation. Let’s start at the end. Can you introduce yourself?

I’m Ryan Foerster; what else do you need?

The whole entire region
Ryan Foerster & Cody DeFranco, *The whole entire region that until I on point like kids just how great fun doing something about zombies come visit but not much*, New York, Auto-édité, 2015, 8,5"x 11", Photocopie, 24 pp., 20 exemplaires. Ryan Foerster & Cody DeFranco, *The whole entire region that until I on point like kids just how great fun doing something about zombies come visit but not much*, New York, Self-published, 2015, 8,5"x 11", Photocopy, 24 pp., 20 copies.
It's Over Before i Even Started
Ryan Foerster, *It's Over Before I Even Started*, New York, Auto-édité, 2014, 8"x 10,5", Offset on Newsprint, 16 pp. Ryan Foerster, *It's Over Before I Even Started*, New York, Self-published, 2014, 8"x 10,5", Offset on Newsprint, 16 pp.
Untitled
Ryan Foerster, [Untitled], New York, Auto-édité, 2013, 8"x 10,5", Offset on newsprint, 8 pp. Ryan Foerster, [Untitled], New York, Self-published, 2013, 8"x 10,5", Offset on newsprint, 8 pp.
Untitled
Ryan Foerster, [Untitled], New York, Auto-édité, 2012, 8"x 10,5", Offset on newsprint, 16 pp. Ryan Foerster, [Untitled], New York, Self-published, 2012, 8"x 10,5", Offset on newsprint, 16 pp.
Untitled
Ryan Foerster, [Untitled], New York, Auto-édité, 2011, 8"x 10,5", Offset on newsprint, 16 pp. Ryan Foerster, [Untitled], New York, Self-published, 2011, 8"x 10,5", Offset on newsprint, 16 pp.
Los Angeles Art Book Fair 2016.
Stand de Ryan Foerster sur le trottoir devant la Los Angeles Art Book Fair 2016. Ryan Foerster selling zines from the curb in front of the Los Angeles Art Book Fair 2016.
Studio
Zines dans l'atelier de Ryan Foerster, New York, 2016. Zines in Ryan Foerster's studio, New York, 2016.