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Par email,

le 29 janvier 2020

Jose Quintanar est mon héros. Du moins, c’est ce que j’ai ressenti lorsqu’il est apparu à ma table pendant le vernissage d’une foire où il faisait une chaleur à crever en me tendant deux bières alors même que nous ne nous étions jamais rencontrés. J’aurais pu jurer qu’il était une apparition divine. Il connaissait déjà mon travail, et lorsqu’il s’est présenté, j’ai réalisé que je connaissais aussi ce qu’il faisait sous le pseudonyme de Jose Jajaja. Il travaille maintenant sous son propre nom et avec sa partenaire Ruohong Wu, il et elle publient sous le nom Ruja Press. Ils ont eu la gentillesse de répondre à quelques questions par e-mail.
Qui êtes-vous ? Quel est votre parcours ?

Nous sommes deux artistes multidisciplinaires qui se concentrent sur l’art contemporain, le design et l’architecture. Au cours des 8 dernières années, nous avons utilisé des zines et d’autres formes d’édition indépendantes comme moyen de recherche, d’auto-organisation et de communication de notre travail. Partant de cette intention, nous avons fondé Ruja Press à Londres en 2012.

Peux-tu nous dire de quelles pratiques vous venez, et ce qui vous a amené à créer Ruja Press ?

Nous faisons beaucoup de choses ensemble et beaucoup de choses séparément.

Ruohong Wu (1985, Chine) travaille en tant qu’artiste, architecte et éditrice. Elle a fait ses études à l’Architectural Association à Londres. Son travail tente de transférer les conflits culturels à travers de nouvelles valeurs esthétiques, sans se limiter à un matériau ou une technique, mais tous sont organisés autour de l’argument de ce qui est considéré comme beau et laid, démodé et nouveau, inutile et précieux.

José Quintanar (Madrid, Espagne, 1984) est un artiste ayant une expérience de la bande dessinée et de l’architecture. Il utilise le livre comme format principal de son travail. José explore et expérimente les possibilités du dessin comme jeu. De cette façon, le dessin apparaît comme une méthode primaire pour établir des processus et des protocoles à partir de règles rudimentaires.

Nous croyons au potentiel du zine en tant que format artistique. Nous avons commencé à publier des zines parce que nous pensons que c’est l’un des formats artistiques les plus démocratiques. Nous ne dépendons pas des institutions. Nous ne dépendons pas des galeries qui vendent nos œuvres. Nous avons la liberté totale de la façon dont nous souhaitons présenter notre travail, car nous sommes aussi nos propres éditeurs. À un moment, Ruja Press est devenu un moyen d’archiver tout ce que nous faisons. Nous avons établi une règle selon laquelle tout, strictement tout ce que nous faisons dans notre travail, d’une manière ou d’une autre, finit par devenir un zine. Ainsi, Ruja Press n’est pas seulement un moyen d’éditer, mais aussi d’organisation et de base de données.

Quelles sont les activités de Ruja Press ? Quel type d’organisation ?

Au début, nous ne faisions que visiter les foires de livre. Depuis quelques années, nous avons également commencé à travailler dans le domaine universitaire avec des enseignements, des ateliers et des conférences. À l’avenir, nous aimerions beaucoup pouvoir travailler dans l’espace et dans la sphère sociale, pouvoir organiser des événements, des conférences, des expositions avec un espace d’exposition… Nous voudrions envisager l’édition à travers un spectre beaucoup plus large.

Est-ce que le mot zine ou art zine recouvre correctement ce que vous faites ? Y a-t-il un autre mot que vous considérez comme plus approprié ?

Nous n’aimons pas beaucoup les étiquettes, car au final, cela génère toujours une controverse, mais art zine serait approprié. Toutes nos publications contiennent des œuvres qui ne peuvent être montrées que sous la forme de publications. Même lorsqu’il s’agit d’œuvres d’autres domaines et formats, nous trouvons un moyen de rééditer et de produire a posteriori l’œuvre d’une manière qui n’est possible qu’à travers les zines. Nous évitons de faire des catalogues, mais nous utilisons uniquement le format des zines pour communiquer notre travail. Par exemple, pour notre dernier zine No Other Kind of Relic de Ruohong, nous voulions faire un zine avec les sculptures en céramique que Ruohong avait faites pour une exposition à Londres. Nous avons donc essayé de créer de nouvelles conditions pour développer une narration qui n’existe que dans le zine. Au final, le zine était un exercice de curation où une conversation s’est établie entre la sculpture, des photographies d’objets trouvés au Rijksmuseum d’Amsterdam et le classique de Karl Blossfeldt Wunder in der Nature.

Quel genre de contenu trouve-t-on dans vos publications ? S’agit-il principalement de dessins ?

Nous sommes ouverts à tous types de contenu. Le contenu actuel est principalement constitué de dessins, peut-être en raison de nos antécédents et de notre expérience personnelle avec le dessin. Mais l’équilibre est en train de changer. L’année dernière, nous avons commencé à publier d’autres types de projets, comme The Smoke Signal Library ou No Other Kind of relic, avec de la photographie, du texte et d’autres éléments visuels. Cette année, nous allons publier un zine sur l’écriture expérimentale, et nous aimerions commencer à éditer des zines autour d’essais et de théorie.

Je ne connais pas très bien la scène espagnole des zines, est-ce que c’est important là-bas ? D’après toi, qui sont les principaux acteurs ? Y a-t-il des personnages ou des moments historiques qui sont importants ?

La scène espagnole des zines est très riche, même si elle est principalement axée sur le domaine de la bande dessinée et de l’illustration. Il y a de nombreuses foires et des artistes qui travaillent sur des publications, des livres et des zines. Bien sûr, tout est très underground et minoritaire si on compare à d’autres pays. Mais il y a des gens qui font des choses très intéressantes comme Nacho García, Raum Press, RV Papers, Ediciones Puré, Caniche Editorial, Belleza Infinita, Pildoras para desayunar, Conxita Herrero, Roberto Massó…

En ce qui concerne les personnages historiques, je pourrais te parler de Jose Luis Castillejo ou de Muntadas, mais ce qu’ils ont produit sont des livres d’artistes plus que des zines. Dans les zines, presque tout ce qui s’est passé en Espagne s’est passé pendant les années 1980 et était lié au monde de la bande dessinée underground. Le plus intéressant pour nous est peut-être le zine sur l’architecture appelé Circo, des années 1990 à aujourd’hui. C’était un zine théorique à but non lucratif sur l’architecture où un groupe d’amis architectes et de professeurs de l’Université faisaient des zines pour partager leurs connaissances et leurs recherches. Ils suivaient toujours le même format, A5 avec 12 pages. Tu peux le télécharger sur leur site car il est gratuit. Ils ont produit plus de 160 zines !

Est-ce que vous collaborez avec d’autres artistes ou est-ce que vous publiez uniquement votre travail ? Si oui, contactes-tu les artistes ou viennent-ils à toi ? Comment travaillez-vous avec eux ?

Jusqu’à présent, nous avons surtout publié notre propre travail. Mais l’année dernière, nous avons commencé à éditer le travail d’autres artistes. La seule exigence que nous avons fixée était de n’éditer que le travail d’artistes qui sont nos amis ou des artistes avec qui nous avons au moins partagé un moment ensemble autour d’une bière ou d’un vin. Nous pensons que si Ruja Press est notre archive, nos amis et les personnes que nous admirons devraient également faire partie de cette archive. C’est pourquoi nous décidons qui contacter et nous travaillons de manière très personnelle avec beaucoup de discussions préalables et de visites à chaque artiste, non seulement pour être proches de leur travail, mais aussi de leur façon de vivre, des choses inattendues qu’ils et elles aiment et ainsi de suite.

Qu’est-ce qui est important pour vous dans vos publications ?

La structure et la logique du livre. Nous n’aimons pas les catalogues. Pour nous, le livre est une œuvre d’art, dont le contenu doit fonctionner avec son format. Il est à la fois objet et savoir.

Combien de zines publiez-vous par an ? En combien d’exemplaires ?

Nous publions environ 8 à 10 publications par an et nous faisons généralement environ 150 exemplaires de chacune.

Y a-t-il un de tes zines qui a eu plus d’impact que les autres ou que tu trouves plus important ?

Nous sommes très enthousiasmés par le projet Smoke Signal Library. Il s’agit d’une publication périodique. Le but est d’archiver, d’organiser et de mettre dans un autre contexte les livres que nous avons dans notre bureau d’une manière différente. Très influencés par Aby Warburg et sa bibliothèque, nous avons pensé que ce serait amusant de faire une organisation de notre propre bibliothèque. Chaque publication est le point de départ d’un livre qui a influencé notre travail, et à partir de là, nous essayons de le connecter avec d’autres livres qui traitent du même sujet mais avec un point de vue et un contexte très différents. L’idée est de créer des connexions étranges et de croiser les connaissances pour découvrir des récits transversaux.

By email,

January 29th, 2020

Jose Quintanar is an angel. At least that’s what I felt when he showed up at my table during the very hot opening of a fair, handing me two beers, although I had never met him. I could have sworn he was a divine apparition. He already knew my work, and when he introduced himself, I realised I also knew what he did under the alias Jose Jajaja. He now works under his own name and with his partner Ruohong Wu under the imprint Ruja Press. They were kind enough to answer a few questions by email.
Who are you? What is your background?

We are two multidisciplinary artists who focus on contemporary art, design, and architecture. In the last 8 years, we have used zines and other forms of independent publishing as a way to research, self-organise, and communicate our work. With the above intention, Ruja Press was founded in London in 2012.

Can you tell me about your backgrounds and what led you to create Ruja Press?

We do many things together and many things separately.

Ruohong Wu (1985, China) is working as an artist, architect, and publisher. She was originally educated at the Architectural Association in London. Her work attempts to transfer cultural conflict into new aesthetic values, not limited to one material or technique, but all are cantered by the argument of what is considered as beauty and ugly, out-of-date and new, useless and valuable.

José Quintanar (Madrid, Spain, 1984) is an artist with a background in comics and architecture. Using the book as the principle format of his work. José explores and experiments with the possibilities of drawing as a game. In the way that drawing appears as a primary method to establish processes and protocols from rudimentary rules.

We believe in the potential of the zine as an art format. We started to publish zines because we believed it is one of the most democratic art formats. We do not depend on institutions. We do not depend on galleries that sell our work. We have total freedom in the way we wish to present our work because we are also our own publishers. At the same time, Ruja Press has become a way to archive everything we do. We have made a rule that everything, strictly everything we do in our work, in one way or another, ends up becoming a zine. Therefore, Ruja Press is not only a means of editing but also of organisation and database.

What are the activities of Ruja Press? What type of organisation?

In the beginning, we only visited book fairs. A few years ago, we also began to work in the academic field with teaching, workshops, and talks. In the future, we would very much like to be able to work in space and in the social sphere, to be able to organise events, talks, exhibitions with a project space, etc. We would like to understand the edition from a much broader spectrum.

Does the word zine or art zine accurately describe what you do? Is there another word that you deem more appropriate?

We don’t like labels very much, because in the end it always generates controversy, but art zine would be appropriate. All our publications contain works that can only be shown in the form of publications. Even when it is about work of other fields and formats, we find a way to re-edit and post-produce the work in the way it can only be seen through zines. We avoid to do catalogues, but to use the only form of zines to find a way of communicating the work. For example, our last zine No Other Kind of Relic by Ruohong, we wanted to make a zine with some ceramic sculptures that Ruohong had made for an exhibition in London. So we tried to create new conditions to narrate a discourse that only existed in the zine. In the end, the zine was a curating exercise where a conversation was established between the sculpture, photographs of objects found in the Rijksmuseum in Amsterdam and the classic Karl Blossfeldt book Wunder in der Nature.

What kind of content do your publications contain? Is it mostly drawing?

We are open to any type of content. The current content is mainly drawing, perhaps because of our background and personal experience with drawing. But the balance is changing. Last year, we started to publish other types of projects, such as The Smoke Signal Library or No Other Kind of Relic, with photography, text, and other visual elements. This year we are going to publish a zine about experimental writing, and we are very interested in starting to edit zines about essays and theory.

I don’t know the Spanish zine scene so much; is it a big thing there? Who do you think are the main actors? Are there some historical figures or moments that are important?

The Spanish zine scene is very rich, although it is mainly focused on the fields of comics and illustration. There are many fairs, and artists working on publications, books, and zines. Of course, everything is very underground and minority if we compare it with other countries. But there are people doing very interesting things like Nacho García, Raum Press, RV Papers, Ediciones Puré, Caniche Editorial, Belleza Infinita, Pildoras para desayunar, Conxita Herrero, Roberto Massó…

In relation to historical figures, I could tell you about Jose Luis Castillejo or Muntadas, but more than zines, what they produced were artist books. In zines, almost everything that happened in Spain happened during the 1980s and was related to the world of underground comics. Maybe, the more interesting for us is the architecture zine called Circo from the 1990s until now. It was a non-profit theory zine about architecture where a group of architects, friends, and teachers of the university made zines as a way to share their knowledge and research. They always followed the same format: A5 with 12 pages. You can download it on their website because it is free. They have produced more than 160 zines!

Do you collaborate with other artists, or do you only publish your work?
If so, did you contact the artists, or did they come to you? How do you work with them?

So far, we have mainly published our own work. But last year, we started to edit the work of other artists. The only requirement we set was that we would only edit the work of artists who are our friends or artists we have at least enjoyed together with a beer or a wine. We think that if Ruja Press is our archive, our friends and people we admire should also be part of this archive. Therefore, we decide who to contact, and we work in a very personal way, with a lot of talks and visits to every artist. We not only wish to be close to their work but also to the way they live, random things they like, and so on.

What is important to you in your publications?

The structure and logic of the book. We do not like catalogues. For us, a book is an artwork, and its content has to work together with its format. It is both an object and knowledge.

How many zines do you publish a year? In how many copies?

We publish about 8–10 publications every year, and we usually make about 150 copies of each.

Is there one of your zine that had more impact than others or that you find more important?

We are very excited about the Smoke Signal Library project. It is a periodic publication. The purpose is to archive, organise, and put in another context the books we have in the study in a different way. We were very influenced by Aby Warburg and his library, so we thought it was fun to organise our own library. Each publication is the starting point of a book that has influenced our work, and from there, we try to connect it with other books that deal with the same subject but from a very different point of view and context. The idea is to create strange connections and cross knowledge to discover transversal narratives.

Mediations on Hunting
Smoke Signal Library, *Mediations on Hunting*, Amsterdam, Ruja Press, 2019, 20 x 27 cm, Risographie, 16 pp. Smoke Signal Library, *Mediations on Hunting*, Amsterdam, Ruja Press, 2019, 20 x 27 cm, Risography, 16 pp.
Un paisaje holandés
José Quintanar, *Un paisaje holandés*, Rotterdam, Ruja Press, 2019, 20 x 27 cm, Risographie, 24 pp. José Quintanar, *Un paisaje holandés*, Rotterdam, Ruja Press, 2019, 20 x 27 cm, Risography, 24 pp.
No other kind of relic
Ruohong Wu, *No other kind of relic*, Amsterdam, Ruja Press, 2019, 20 x 27 cm, Risographie, 24 pp. Ruohong Wu, *No other kind of relic*, Amsterdam, Ruja Press, 2019, 20 x 27 cm, Risography, 24 pp.
Bom Bom Bay
Ruohong Wu, *Bom Bom Bay*, Rotterdam, Ruja Press, 2016, A4, Impression laser, 24 pp. Ruohong Wu, *Bom Bom Bay*, Rotterdam, Ruja Press, 2016, A4, Laser print, 24 pp.
Una Silla Plegada
José Quintanar, *Una Silla Plegada*, [Rotterdam], Ruja Press, 2019, 19 x 29,7 cm, Risographie, 32 pp. José Quintanar, *Una Silla Plegada*, [Rotterdam], Ruja Press, 2019, 19 x 29,7 cm, Risography, 32 pp.