Brooklyn,
le 24 septembre 2016
Je vais très bien.
Bien sûr, mon nom est Paul Soulellis. Je dirige un projet appelé Library of the Printed Web à travers lequel je publie. C’est aussi une archive physique, une collection de livres d’artistes et de zines. Je dois avoir plus de deux cents ouvrages. Oui, c’est le projet que je dirige, Library of the Printed Web, mais je suis aussi artiste, graphiste et j’enseigne le graphisme.
C’est assez récent, ce qui est difficile à croire, car il s’est passé beaucoup de choses. Ça a commencé en 2013 parce que je faisais des œuvres qui avaient à voir avec Internet – avec le réseau – mais au sein de la page imprimée. Je venais de rejoindre l’ABC [Artists’ Books Cooperative] et beaucoup des artistes qui en faisaient partie produisaient aussi ce genre d’œuvres où ils travaillaient avec le réseau (l’internet, le web…) mais pour la page imprimée. J’étais vraiment intéressé par cette traduction d’une plateforme, d’un état ou d’un média connu à l’autre. J’ai donc commencé à rassembler ces travaux. On m’a demandé de montrer mon travail lors d’une conférence, et j’ai décidé de montrer également les œuvres d’autres artistes qui faisaient ce genre de travail. Ensuite, j’avais une cinquantaine d’éditions, la plupart d’entre elles faites par des amis, et je me suis dit : « Oh, je devrais trouver un nom. Je vais dire que c’est une bibliothèque, la bibliothèque du web imprimé ». Les réactions ont été tellement bonnes, et la collection elle-même était tellement intéressante, tellement plus intéressante que mon propre travail en lui-même. Alors j’ai décidé : « Ceci a une vie. Je vais continuer à l’enrichir et à le faire vivre. » J’ai créé un Tumblr pour ce projet, et c’était il y a seulement trois ans, mais beaucoup de choses se sont passées. J’ai commencé à publier pour le projet. J’ai fait des cours autour du projet, donné des conférences, des entretiens, des ateliers… Ça se passe vraiment bien.
Eh bien, l’archive est un peu dispersée en ce moment, une partie est à l’école. J’enseigne à la RISD [Rhode Island School of Design], et une partie est chez moi. Quand j’ai commencé, j’ai demandé à quelqu’un de me construire une belle boîte en bois, une caisse. Elle ressemblait vraiment à une caisse de transport, mais avec des roues et un couvercle. J’ai tout mis à l’intérieur et elle était pleine à craquer. Maintenant, cette caisse est trop petite. Mais la première conférence où j’ai montré ça, c’était au CUNY Graduate Centre, je poussais cette chose sur la Cinquième Avenue, avec toute la collection à l’intérieur… Bref, je ne l’utilise plus. Tout est un peu éparpillé.
Il y a des artistes comme Joachim Schmid, Mishka Henner, Stephanie Syjuco, Angela Genusa. Il y en a tellement. Ce sont des artistes qui ont décidé de passer de la page web ou de l’écran à la page imprimée, et beaucoup sont imprimés à la demande. Je pense que ce qui est intéressant dans ces œuvres, c’est qu’on se dit : « OK, je vois la fenêtre du navigateur sur une page. Ça vient du web d’une certaine manière. En quoi est-ce que ça modifie mon expérience de ce contenu ? Est-ce plus lent ? Je peux le toucher et le sentir. C’est rassemblé ici dans un livre. Je peux le conserver. Je peux le tenir… » Tout cela, je pense, est évident, mais il y a aussi autre chose. L’Internet change tellement de choses. Tant de choses disparaissent. Nous savons que sur Internet, la conservation est un très gros problème, surtout pour les artistes. Lorsque vous imprimez des documents, vous les mettez en pause, vous les arrêtez et vous dites « OK, ceci est un artefact ». J’aime cette idée de l’artefact et de l’archive, ce qui signifie que nous devons prendre soin de ces documents. Je ne fais pas un très bon travail dans ce domaine. Je commence donc à réfléchir à prendre toute la collection et à la placer dans une institution. Peut-être.
Je veux continuer, et je veux continuer à l’enrichir. Je ne l’ai pas encore annoncé, mais j’ai reçu une offre d’une grande institution qui m’a dit : « On va tout prendre ici, et on va s’en occuper ». C’est très excitant pour moi, car ça signifie que le projet a le potentiel d’être plus grand que moi et quelques livres dans un coin de mon appartement. [Rires] Je montre beaucoup la collection, mais je dois tout fourrer dans une valise et la transporter dans le monde entier. Je ne peux pas continuer comme ça.
Certaines sont uniques, des éditions à un exemplaire. J’ai ce truc incroyable, qui s’appelle juste Mona Lisa’s, et qui a été réalisé par Fraser Clark ; il était étudiant en Écosse à l’époque. C’est un livre-objet fait main, relié à la main, dans un étui. Il est composé de centaines de Joconde provenant d’une recherche sur Google Image, et la façon dont il les a placées sur la page pliée vers l’extérieur crée une sorte de Joconde générique sur la tranche. C’est donc un objet unique. Je ne peux pas en avoir un autre, je pense qu’il n’en a fait que deux. C’est un exemple radical. Il y a peut-être trois types de publications : Il y a les objets uniques, puis il y a les choses qui sont publiées par Aperture ou Jean Boîte Éditions, des éditeurs établis et connus qui s’intéressent à ce genre de travail, qui publient le travail de quelqu’un comme Kenneth Goldsmith, Doug Rickard ou Jon Rafman. Mais ensuite, la troisième partie est ce qui m’intéresse vraiment : ce sont les artistes qui ont décidé de prendre sur eux et de publier, et d’imprimer fréquemment – en impression à la demande – et de prendre le contrôle de tout ce processus de fabrication-conception-distribution. Je dirais que 80 % de la collection est constituée de ce type d’œuvres.
Oui, exactement. D’autres et moi-même parlons d’édition comme pratique artistique. Il s’agit d’artistes dont les publications sont une sorte de pratique. Il s’agit généralement d’une seule personne ou d’une toute petite équipe, et Printed Web est ma publication d’artistes, où je prends certains de ces artistes et leur demande de contribuer. Je considère chaque édition, chaque numéro, comme une petite exposition, comme une exposition collective.
Oui, certains des zines sont des expositions personnelles. J’ai le Printed Web, qui compte quatre numéros et change de format à chaque fois, toujours en impression à la demande, puis j’ai des éditions Printed Web où je demande à un artiste de prendre 72 pages et de les remplir avec une œuvre. J’utilise le format de zine le moins cher et le plus mal imprimé que je puisse trouver sur une plateforme d’impression à la demande. Ils sont super bon marché et je les vends à bas prix. C’est donc important pour moi. Ça rend l’œuvre accessible, elle peut circuler facilement et, d’une certaine manière, elle donne l’impression d’être plus numérique. Je considère l’ensemble du projet comme une sorte d’édition numérique.
C’est assez nouveau pour moi, car j’ai été graphiste avec mon propre studio pendant 15 ans. Je n’avais jamais enseigné, je n’avais pas de pratique artistique, je n’avais jamais publié. Ce n’est donc qu’au cours des cinq dernières années que ces éléments ont commencé à se développer dans ma pratique, et c’était compliqué de les équilibrer. J’y travaille encore, mais je considère que ma propre pratique comporte ces quatre volets : l’enseignement, le travail pour les clients, mes propres projets d’édition et d’écriture et la recherche ; je suis auteur, curateur et éditeur pour Rhizome. Comment est-ce que je fais le lien entre ces quatre éléments ? Parfois, c’est explicite. Il m’arrive de faire un cours d’édition expérimentale à la RISD et de parler de quelque chose avec mes étudiants. Je leur montre une des œuvres, ils font une sorte de variation sur ce travail. Ça nous aide à comprendre ce que c’est, et ça se répercute directement sur la façon dont j’écris sur le sujet ou sur mes recherches, et ça se répercute ensuite dans cette sorte de boucle que j’aime vraiment. C’est pour ça que j’enseigne.
Eh bien, c’est intéressant. Je n’ai remarqué que récemment que la collection n’a que trois ans. À l’époque, quand j’ai commencé, il n’y avait rien de plus vieux que 2010. Donc tout est vraiment récent. Mais ces objets réalisés il y a seulement cinq ou six ans commencent déjà à me sembler datés, à la fois dans la forme de la publication ; elle commence à montrer des signes de manipulation, mais aussi dans le contenu lui-même. La façon dont nos appareils et nos systèmes d’exploitation sont constamment mis à jour. Nous avons cette conscience aiguë de ce qui est actuel, qui s’accélère, qui change… Ça va beaucoup plus vite ! Si je te montre à quoi ressemblait Twitter en 2010 ou à quoi aurait pu ressembler une page web ou comment nous avons choisi de la représenter, tu serais surpris de voir à quelle vitesse on peut commencer à dater les choses. Bref, est-ce de la nostalgie ? Non, je ne pense pas que ce soit ça. Je pense qu’il s’agit plutôt d’essayer de comprendre la culture. Tu sais, c’est ce que font les artistes.
Je pense que ça peut l’être, oui. Je pense que c’est une très bonne remarque. Il y a une façon de faire l’expérience d’Internet qui semble parfois addictive ou compulsive. Je veux dire, je ne pense pas être le seul à le dire. C’est un sentiment commun. Ce sentiment de dépendance : « J’ai besoin de ça, et j’en ai besoin de plus, et je ne peux pas m’arrêter. » Je pense que ça conduit les gens, en particulier les artistes, à collectionner, à accumuler, à créer ces sortes de masses, des accumulations de contenu. Il y a quelque temps, j’ai écrit sur les ramasseurs ou récupérateurs, les chasseurs et les performeurs, trois manières pour les gens de rassembler ces choses. Les artistes – et aussi les gens – font ça sur leurs chaînes YouTube ou leurs collections sur Tumblr ou Pinterest. Donc, je pense que ça a du sens. C’est une manière de documenter cet aspect de la culture actuelle : J’en coupe une tranche et je dis : « Voici comment nous archivons, non seulement la culture et tout ce qui nous entoure, mais nous produisons nous-mêmes, notre propre présence sur les réseaux sociaux, nos propres identités. »
Oui, je pense que le prochain numéro sera consacré aux bots, et à cette idée d’automatisation, dont une grande partie concerne le texte si on regarde les bots Twitter. Et ce n’est qu’une partie. Il y a la poésie et l’idée de la littérature numérique qui connaissent une explosion en ce moment. Tous les autres aspects du design et du langage dont tu parles. Le tout dernier numéro, celui que j’ai exposé au mur à la New York Art Book Fair, était entièrement visuel. Je n’avais pas d’œuvres textuelles, mais j’en ai eu par le passé. Le tout premier numéro comportait une chatroom.
Il y a une autre chose, c’est le web comme une sorte de vernaculaire. Ce n’est pas nécessairement la façon dont les artistes le regardent, mais c’est juste la façon dont nous communiquons avec le langage et les codes (et les signes, et les symboles…) que nous utilisons pour communiquer sur le web. Je ne me suis pas vraiment intéressé à ça, je n’ai pas recueilli ce genre de choses. D’autres personnes étudient ça de manière pertinente, comme Oly, Oly, Oly et d’autres. C’est donc une partie entière de ce territoire. J’ai considéré Printed Web plutôt comme un projet curatorial.
Et comment la pratique et la production artistiques ont changé au cours des deux dernières années.
C’est une bonne question, parce que parfois c’est confus. On me dit souvent : « Ah, c’est le projet de Kenneth Goldsmith ! » Son projet se voulait total à partir d’un appel à contribution pour une galerie à Mexico. C’est intéressant. Il a demandé à tout le monde d’imprimer internet et de l’envoyer à la galerie, et je pense qu’il a reçu environ vingt mille contributions qui ont juste rempli la galerie. Je lui ai envoyé quelque chose. Il a fait une montagne de papier, et je pense que c’était un évènement important qui avait du sens. C’est à ce moment-là que j’ai commencé la collection, et on se parlait, on se donnait des idées. Je pense que mon projet est très, très différent. On a parlé de son projet comme étant démocratique ou inclusif. En fin de compte, je me suis vraiment demandé dans quelle mesure il l’était. On le voit lui sur les photos. Rien n’était visible dans l’espace. Il n’y avait aucun moyen de consulter ces documents, de les étudier ou de les analyser, et il s’agissait vraiment de l’image d’un artiste – un seul artiste et pas vingt mille – reposant sur cette grosse pile de papier.
Et je pense que ça a du sens. C’est important qu’il ait fait ça. L’image de lui allongé sur cette pile de papier, avec la façon dont elle a circulé, et tout le discours, les conversations générées par ce projet, c’est super important. Mon projet est différent dans la mesure où j’essaie d’être inclusif, mais d’une manière curatoriale. En faisant venir ces artistes, ces personnes, en les invitant à participer, en les publiant, en faisant circuler ces contenus et en les diffusant.
J’adore ce projet, car il m’a permis de comprendre qu’imprimer peut être un acte politique. Regarde WikiLeaks et d’autres projets où les archives changent la nature des documents lorsqu’elles sont publiées. Quelque chose passe du privé au public. De caché à visible. De l’archive à l’impression et à la circulation. Lorsque ça se produit, il y a un potentiel pour que ça prenne une charge politique et donc un sens. Comment mon travail s’inscrit dans ce contexte ?
Je ne sais pas, j’essaie plutôt de commenter cela ou d’utiliser ces mêmes techniques afin de les examiner à l’échelle de la pratique d’un artiste. Et c’est une des raisons pour lesquelles je m’intéresse au web-to-print. D’ailleurs, sur Rhizome, il y a un excellent texte d’Orit Gat sur ce sujet, en particulier sur le projet JSTOR.
Oui, c’est possible. Par exemple, Printed Web 3 a été fait avec un appel à contribution et je ne savais pas qui allait répondre. Mais cent cinquante personnes l’ont fait. J’avais donc tous ces JPEG et PDF de personnes, et c’était différent. Pour les autres numéros, j’avais fait un travail curatorial : je demande à neuf ou dix artistes, je sais à peu près quel genre de travail je vais obtenir. Là, c’était complètement ouvert et la plupart des personnes qui ont répondu étaient des artistes du net, mais aussi beaucoup d’autres personnes, qui ne s’identifient peut-être pas comme des artistes. C’était fantastique, parce que j’avais tout ce contenu. J’ai décidé de ne pas faire de sélection. J’ai décidé de tout inclure, et donc tout ce qu’on m’a envoyé est dedans. Il y a des trucs tirés directement de Reddit, c’est des captures d’écran, des conversations de messagerie et des e-mails. Là, on se rapproche un peu plus du langage et de la texture de la culture de réseau.
C’est intéressant de t’entendre dire ça, parce que j’ai tendance à penser à l’inverse. C’est peut-être parce que tu parles du troisième numéro, qui était une sorte d’énorme accumulation de cent cinquante personnes. Ça créait une texture, et l’individu était moins visible. Tu as donc raison. Avec toutes les autres publications que je fais, comme, par exemple, la dernière, le numéro 4, c’est juste neuf artistes dans une grande publication en papier journal. Chaque artiste a une feuille (le recto et le verso) et les images sont très grandes, directes et graphiques. J’ai tendance à penser que c’est plutôt le contraire ou que c’est plutôt ce qui m’intéresse, à cause de la condition dont tu parles : l’anonymat. Ce qui m’intéresse, c’est de mettre en avant le travail d’artistes qui travaillent sur les réseaux.
Ils créent alors de nouvelles choses, c’est vrai. L’autre chose qui se produit lorsque ces choses sont publiées, en particulier en version imprimée : c’est qu’un nom y est attaché, et ça devient une exposition imprimée. Il y a une liste d’artistes et une petite explication : une sorte de cadre formel. C’est ce que je ressens comme étant mon rôle : encadrer le contenu et dire « regardez, voici une présentation : ce sont des œuvres d’art, c’est une exposition collective. Ce n’est pas tout à fait la même chose, ralentissons un peu et regardons cette œuvre comme et ce qu’elle nous dit. »
Ceux dont tu parles sont ceux de Printed Web 3. Je les appelle zines parce qu’il y a quelque chose dans ce mot qui m’intéresse. « Zine », comme tu le sais, a cette charge vraiment politique, punk, démocratique qui remonte à des décennies. Je m’intéresse vraiment à la façon dont ça évolue. Bien sûr, il y a des gens qui font encore des zines avec des collages, qu’ils écrivent, qu’ils photocopient et plient… Et c’est important.
Les miens sont différents, mais je crois que ce qui les différencie des magazines, c’est qu’il y a quelque chose de presque jetable, de très rapide, de très efficace, de très bon marché – presque gratuit, mais pas tout à fait – qui permet aux artistes de mettre ce contenu entre les mains des gens. J’étais dans la tente des zines à la New York Art Book Fair ces deux dernières années, et c’est aussi important pour moi. Je n’ai pas vraiment envie d’être à l’intérieur avec les galeries et les grands éditeurs. Je crois que l’esprit de ce projet vient de cette volonté de « mettre rapidement ce travail entre les mains des gens ».
Oui, exactement. Cette proximité est ce que j’aime dans le salon. Il y a un sentiment de communauté, de conversation de proximité qui est alimenté par les réseaux et les médias sociaux.
Bien ! Merci beaucoup.
Brooklyn,
September 24th, 2016
I’m doing really well.
Sure, my name is Paul Soulellis. I run a project called Library of the Printed Web, and I publish through that, and it’s also a physical archive, a collection of artists’ books and zines. I think I have over two hundred works. Yeah, that’s the project I run, Library of the Printed Web, but I’m also an artist, a graphic designer, and I teach graphic design.
It’s been pretty recent, which is hard to believe because a lot has happened. It started in 2013 because I was making some work that had to do with the internet—with the network—but on the printed page. I had just joined ABC [Artists’ Books Cooperative], and a lot of the artists in there were also doing this kind of work where they were working with the network (the internet, the web…) but for the printed page. I was really interested in this translation from one platform, from one known state or media, to the other. So I started just gathering these works together. I was asked to show my work at a conference, and I decided to actually show the work of other artists as well who were doing this kind of work. Next thing I knew, I had like fifty things; most of them were friends, and I said, “Oh, I should call this something. Let me just call it a library, Library of the Printed Web.” The reaction was so good, and the collection itself was so interesting—so much more interesting than just my own work by itself. So I decided, “This has a life. Let me keep adding to it, and let me keep this alive.” I made a Tumblr for it, and that was just three years ago, but a lot has happened. I’ve started publishing through the project. I’ve been teaching around it, giving lectures, giving talks, workshops… It’s been really great.
Well, the archive is a little spread out right now; a little bit is at school. I teach at RISD, and some of it is at home. When I started it, I actually had somebody build a beautiful wooden case, a crate. It really looked like a crate, but it had wheels and a door. I put everything inside, and it was jammed. So now it’s too big for this crate. But at the first conference where I showed that, it was at the CUNY Graduate Centre. I was pushing this thing up Fifth Avenue, with all the collection inside… Anyway, I don’t use that anymore. It’s a little spread out.
Artists like Joachim Schmid, Mishka Henner, Stephanie Syjuco, and Angela Genusa. There are so many. These are artists who have decided to make that translation from the web page, or the screen, into the printed page, and a lot of it is print on demand. I think what’s interesting about these works is that you think, “Okay, I see the browser on the page. This came from the web in some way. How is my experience with this material different? Is it slower? I’m touching it and feeling it. It’s together here in a book. I can save it. I can hold it.” All of that, I think, is obvious, but it’s also doing something else. The Internet is changing so much. So many things are disappearing. We know that conservation on the Internet is a really big problem, especially for artists. So when you print stuff out, you’re pausing it, you’re putting a hold on it, and you’re saying, “Okay, this right here is an artifact.” I like this idea of the artefact and the archive, which means we have to take care of these materials. I don’t do such a good job of that. So I’ve just started thinking about how to take the whole collection and put it into an institution. Maybe.
I want to continue, and I want to keep adding to it. I haven’t announced it yet, but I’ve had an offer from a major institution to say, “Let’s take this whole thing and put it here; we’ll take care of it.” This is really exciting to me, because that means the project has the potential to be larger than me and some books in the corner of my apartment. [Laughs] I show the collection a lot, but I have to stuff it in a suitcase and carry it around the world. I can’t sustain that.
Some of them are unique, one-off objects. I have this one incredible thing; it’s just called Mona Lisa’s, and it’s by Fraser Clark—he was a student in Scotland at the time. It’s this handmade, handbound, beautifully bound book object in a slipcase. It’s made of hundreds of Mona Lisa’s from a Google Image search, and the way he’s put them on the page makes them face out and creates a sort of generic Mona Lisa on the outside. So that’s a unique object. I can’t get that again; I think he only made a couple of them. So that’s one extreme. Maybe there are three types of publications. There are unique objects, and then there are things that are being published by Aperture or Jean Boîte Éditions, established, well-known publishers who are interested in this kind of work and who are publishing the work of someone like Kenneth Goldsmith, Doug Rickard, or Jon Rafman. But then, the third part is what I’m really interested in, which are artists who have decided to take this upon themselves and publish and print frequently—print on demand—and take control of this whole process of making-designing-distributing. I would say maybe 80% of the collection is that kind of work.
Yes, exactly. I and others talk about this as “publishing as artistic practice.” It’s somebody who has publishing as a kind of practice. It is usually just one person or a very small team, and the Printed Web is my artists’ publication, where I take some of these artists and ask them to contribute. I think of each edition, each issue, like a group show, like a little exhibition.
Yes, some of the zines are solo shows. I have the Printed Web, which has four issues, and it changes format each time, always print-on-demand, and then I have Printed Web editions where I ask one artist to take 72 pages and fill it with one work. I use the cheapest, absolutely most poorly printed zine format that I can find on a print-on-demand platform. They are super cheap, and I sell them cheaply. So this is important to me. It makes the work accessible, it can circulate easily, and it also somehow feels more digital. I consider the whole project to be a kind of digital publishing.
That’s pretty new for me, because I was a graphic designer with my own practice for 15 years. I had never taught, I didn’t have an artist practice, and I had never published. So it’s only in the last five years that these things have started to develop in my practice, and how to balance them has been the trick. I’m still working on that, but I think of my own practice as having these four parts: teaching, client work, writing and research—I’m a writer, a curator, and a contributing editor for Rhizome—and my own publishing projects. So how do I make the link between these four things? Sometimes it’s explicit. Sometimes I’m teaching in the experimental publishing studio at RISD, and I’m talking with my students about something. I’m showing them the work; they’re making some kind of variation on that work. It’s informing our understanding of what that is, and then it goes right back into how I write about it or what I’m researching, and then it feeds back into this kind of loop I really love. This is why I’m teaching.
Well, it’s interesting. I’ve only noticed recently that the collection is only three years old. At the time, when I was starting, there was nothing older than 2010. So the whole thing is really recent. But those things made even just five or six years ago are already starting to feel dated to me, both in the way the publication is feeling; it’s starting to feel handled, but also in the material itself. The way our devices and our operating systems are updating constantly. We have this keen awareness of what’s current, that’s accelerating, that’s changing… It’s getting much faster! So, to show you what Twitter looked like in 2010, what a web page might have looked like, or how we chose to represent it, you would be surprised at how quickly we can start dating these things. So anyway, is it nostalgia? No, I don’t think it’s that. I think it’s more about trying to understand culture. You know, this is what artists are doing.
I think it can be, yeah. I think that’s a really nice point to make. There is a way that we’re experiencing the Internet that sometimes feels addictive or compulsive. I mean, I don’t think I’m alone in saying it. This is a common feeling. This feeling of addiction… “I need this, and I need more of it, and I can’t stop.” I think it is leading people, especially artists, to collect, to accumulate, to create these kinds of masses, these accumulations of material. So, while back, I wrote about grabbers, scrapers, hunters, performers, and people who were just grabbing this stuff. Artists—and also people—are doing this when they have their YouTube channels, their Tumblr collections, or Pinterest. So I think this is significant. This is documenting this aspect of culture right now: I’m taking a slice through it and saying, “Here’s how we’re archiving—not just culture and everything around us, but we’re producing our own selves, our own presence on social media, our identities.”
Yes, I think the next issue is gonna be devoted to bots and this idea of automation, and a lot of that is text-based when you look at Twitter bots. And that’s just one part. There is poetry and the idea of digital literature, which are going through an explosion right now. All the other aspects of design and language that you’re talking about. The very last issue, the one that I had up on the wall at the [New York art] book fair, was completely visual. I didn’t have any text-based work there, but I have had some in the past. The very first issue had a chat room.
There’s another thing too, which is the web as a kind of vernacular. That is not necessarily how artists are looking at it, but it’s just how we are communicating with the language and codes (and signs and symbols) that we’re using to communicate on the web. I haven’t really been doing that, I haven’t been collecting that stuff. Other people study that in a significant way, like Oly, Oly, Oly, and others. So that’s a whole part of the whole territory. I’ve looked at Printed Web as more of a curatorial project.
And how artistic practice and artistic production have changed in the last couple of years.
That’s a good question, because sometimes it’s confused. I’m frequently approached with, “Oh, is this Kenneth Goldsmith’s project?” That was a project that tried to be inclusive, and that was an open call for a gallery in Mexico City. That’s interesting. He asked everyone to print out the internet and send it to the gallery, and I think he received around twenty thousand submissions, and he just filled the gallery. I sent something. It was a mountain of paper, which I think was an important and significant moment. I was starting the collection just at that moment, and we were talking to each other, so we were feeding each other ideas. I do think of my project as being very, very different. His project was talked about as being democratic or inclusive. In the end, I really questioned how much it was. The photographs showed him. Nothing was visible. There was no way to inspect these materials to study them or analyse them, and it was really about the image of the artist—the single artist, not the twenty thousand—resting on this big pile of paper.
And I think that’s significant. It’s important that he did that. The image of him lying on this pile of paper, with the way it has circulated, and all the discourse and conversations generated around this project, are super important. My project is different in the fact that I am actually trying to be inclusive, but in a curatorial way. Let’s bring these artists and these people together; let’s invite them to participate; and then let’s publish this, circulate that material, and put it back out.
I love that project because it enabled me to understand that printing can be a political act. Look at WikiLeaks and other projects where there are archives that are changing the nature of the material when it is published. Something is going from private to public. From hidden to visible. From the archive to being printed out and circulated. When that happens, it has the potential to have a significant political impact. How is my work relating to that?
I don’t know; it’s trying more to comment on that or to use those same techniques in order to look at it at the scale of one artist’s practice. And that’s one of the reasons why I’m interested in web-to-print. By the way, there’s a great essay on that by Orit Gat on Rhizome, specifically about the JSTOR project.
Yes, it can. For instance, Printed Web 3 was an open call, and I didn’t know who would respond. But a hundred and fifty people did. So I had all these JPEGs and PDFs from people, and this was different. The other issues have been highly curated: I ask nine or ten artists, and I know pretty much what kind of work I’m gonna get. This was a free-for-all, and most people who replied were some kind of net artist, but also lots of other people, maybe who don’t identify as artists. This was fantastic, and because I had all of this material, I decided not to curate. I decided to include all of it, and so all of that material is there. There’s stuff pulled right from Reddit; they’re just screengrabs, text messaging threads, and emails. There, we get a little bit closer to the vernacular and to the texture of network culture.
Well, it’s interesting to hear you put it that way, because I tend to think of it almost in the opposite way. Maybe it’s because you’re talking about the third issue, which was this sort of massive accumulation of a hundred and fifty people. There was a texture that was created, and it was less about the individual. So you’re right. With all the other publications that I’m doing, for instance, the last one, number 4, is just nine artists in a big newsprint edition. Each artist got one sheet (the front and the back), and the images are very big, bold, and graphic. I tend to think it’s more the opposite, or that’s more what I’m interested in, because of the condition of anonymity that you’re talking about. I’m interested in elevating the work of the artist who works with the network.
They can make new things; that’s right. So that’s the other thing that happens when these things are published, specifically in print: there’s a name attached to it, and it’s an exhibition in print. There’s a list of artists and a little explanation: a kind of formal framing. That’s what I feel my role is: framing the material and saying, “Look, here’s a presentation: these are artworks; this is a group show. This actually isn’t all the same, and let’s slow down for a second and take a look at this work as being significant.”
The ones you’re talking about are Printed Web 3. I call them zines because there’s something about that word that interests me. “Zine”, as you know, has this really political, punk, democratic charge that goes back decades. I’m really interested in how that’s changing. Of course, there are people who still make zines where they’re collaging, or they’re writing, or they’re photocopying and folding… And that’s important.
These are different, but I believe what makes them different from magazines is that there’s something almost disposable, very quick, very efficient, very cheap—almost free, but not quite—that is enabling artists to get this material right into the hands of people. I was in the zine tent at the New York Art Book Fair the last two years, and that’s also significant for me. I don’t really want to be inside with the galleries and the larger publishers. I believe that the spirit of this project comes from that same place of “let’s get this work out there quickly and directly into the hands of others.”.
Yes, exactly. That proximity is what I love about the fair. There’s a sense of community, of proximity, and of conversation that is fueled by the networks and social media.
Good! Thanks so much.