New York,
le 3 mars 2016
J’utilise les zines comme beaucoup de gens feraient des films, peut-être. Ce sont des genres de films fixes.
Oui, en quelque sorte, comme des petites aventures.
Tu peux aussi avoir celui-là. Pour atténuer cette folie [Comme le suggère le titre de l’exposition, il s’agit d’être submergé par les images].
Oui, c’est cool de se rencontrer, je m’appelle Patrick.
Ouais, vas-y ! […] Je ne me suis particulièrement jamais soucié d’avoir mes zines dans les magasins. Quand j’étais gamin, j’envoyais des trucs à Printed Matter, juste pour pouvoir faire une collection de lettres qui disaient : “Non”. Mais ça, c’est tellement mieux, c’est de ça qu’il s’agit : discuter avec les gens et le zine est juste un moyen de communication. Ce n’est pas seulement la vitrine ou la documentation, c’est sa propre forme d’art. Et je pense que le pouvoir des livres est simplement là. Pendant des années et des années et des années, je voulais juste être écrivain ou poète. J’étais obsédé par Mallarmé et Baudelaire, tous tes compatriotes, les maîtres, Lautréamont ! Mais je ne suis pas un si bon poète que ça.
Je suis d’accord, c’est le métier le plus difficile du monde, surtout de nos jours, c’est fou. Je suis OK en poésie, je suis OK en photographie, je pense que je suis assez OK pour construire des trucs, mais si je les mets tous ensemble, alors ça donne quelque chose de vraiment spécial. Je pense que mes zines ont quelque chose de spécial. Je n’aurais pas le courage de dire ça de mes sculptures ou de mes écrits ou de quoi que ce soit, mais je pense que mes zines sont assez réglos, je crois.
J’ai d’abord commencé comme tout le monde, quand j’étais gamin. J’étais au lycée, je devais avoir treize ou quatorze ans. C’est une de ces choses que tu fais quand tu découvres le punk rock. J’ai grandi juste à côté de la ville, donc il y avait cette culture new-yorkaise très forte, une culture punk rock, des zines… C’était facile. Mais c’était juste des zines pour gamins, comme des blagues de cul, du skateboard et des trucs basiques. Et puis j’ai commencé Born to Kill quand j’avais 21 ans, donc c’était il y a sept ans. Je crois que j’en ai fait quatre-vingt-dix numéros. Il y a une blague sur un de mes flyers là-haut, c’est une autre anecdote française : quand j’étais gamin, j’étais à fond dans les auteurs français. Tu vois ce que ça dit ? « Plus de volumes que Balzac ! » C’est ce que je voulais dépasser, parce qu’il a écrit une centaine de livres ou quelque chose comme ça.
Exactement, c’est ça Born to Kill. De la même façon que son écriture raconte toutes ces histoires différentes, mais qui se chevauchent, les personnages se chevauchent, les situations et le temps se chevauchent, j’aime penser qu’il y a beaucoup de chevauchement entre, par exemple, mes zines sur les pigeons et mes zines pornographiques. Parce que c’est mon monde, c’est ma perspective. Mais j’ai essayé de faire des zines et tu peux faire un magazine sur n’importe quoi. Tu peux faire un zine d’aventure, de mode, de sport.
J’ai choisi les pigeons, mais je voulais aussi tout essayer. J’ai essayé la bande dessinée, j’ai essayé la photographie, j’ai essayé la pornographie parce que la pornographie est une énorme partie du business des magazines. Les pigeons, c’est un peu là que j’ai atterri, parce que j’ai trouvé dans cette pratique – l’élevage de pigeons – tout ce que j’ai toujours voulu au monde, en même temps. Alors maintenant, je fais beaucoup de zines sur les pigeons. Avec les pigeons, tu peux étudier ton quartier parce que tu es dehors, donc il y a l’architecture, la communauté, la sculpture, les systèmes vivants comme la gestion des déchets, la gestion de la nourriture, la photographie, tous ces trucs.
Oui, je les dresse. J’habite dans ce quartier de Brooklyn, Bushwick, qui est très populaire auprès des artistes. J’ai emménagé là-bas quand j’étais jeune pour les mêmes raisons que la plupart des gens ; parce qu’ils essaient de trouver une communauté. Et généralement, tu essaies de la trouver dans la musique, les arts ou les graffitis, peu importe ce pour quoi tu emménages à Bushwick. Je suis arrivé là, et en face de ma maison, il y avait un magasin qui vendait des pigeons, juste pour les amateurs. J’y suis entré pour la première fois et je suis ressorti avec un oiseau. Cinq dollars pour un pigeon blanc. Et j’ai appris que Bushwick est aussi la capitale de l’élevage de pigeons dans tout le pays. Les gens se déplacent du monde entier pour faire voler leurs oiseaux à Bushwick. Tu as un pigeonnier dans ce bloc, ce bloc, ce bloc… Tu veux que tes voisins le voient et tu les montres pour le style. Tu rivalises avec tes voisins sur la façon dont tu les entraînes à voler. C’est comme ça que j’ai trouvé un sentiment d’appartenance à une communauté, en étant un étranger et en m’y installant.
Et bien, j’ai installé un poulailler sur mon toit et j’ai commencé avec cinq ou dix, et de plus en plus, et maintenant, je suis juste un des gars du coin. À deux pâtés de maison de chez moi, il y a cinq autres pigeonniers. Et comme j’habite juste à côté du magasin de pigeons, c’est le club : c’est là que tout le monde se retrouve le week-end pour traîner et discuter. C’est comme n’importe quelle autre communauté ou culture. Il y a beaucoup de subtilité, des détails incroyables, des types bizarres et des gens bizarres.
Attends, j’ai essayé ça une fois et c’était la cata. J’ai écrit à ce sujet dans un de mes zines. Je peux peut-être le retrouver. C’était une telle tragédie parce que la pauvre chose – tu as raison – est trop lourde pour un pigeon.
Je sais, comme, un tout mini. Je voulais tellement qu’un pigeon vole jusqu’à la maison de mon amie avec un zine – et j’étais jeune, je n’avais jamais eu de pigeons, j’étais idiot, débutant. Alors j’ai pris mon plus gros pigeon, le plus fort, le plus gras, et j’ai attaché le zine à sa poitrine. Je l’ai tenu et j’ai essayé de m’assurer qu’il allait bien. Il avait l’air d’aller bien, alors je l’ai laissé partir. Il a fait comme ça [il mime la trajectoire du pigeon], ça c’est mon immeuble, on est là-haut, il est [là-haut] et puis il descend comme ça. Je le regardais descendre, et dans la cour à côté, il y a des gros chiens, des gros pitbulls, comme les gens ont à Brooklyn. Alors le pigeon descend comme ça, et les chiens se rapprochent : il a tout juste franchi la clôture, il a tout juste atteint l’autre côté, en sécurité. J’étais à ça de tuer ce pigeon. Il allait bien, il était bien, mais je n’ai jamais réessayé, et j’ai toujours été hypergêné à ce sujet. Je pense que c’est vraiment honteux de ma part. C’est une chose intéressante qu’on apprend : quand on passe autant de temps avec les animaux, on a toujours envie d’anthropomorphiser, je crois que c’est le mot, de projeter des caractéristiques et des traits humains sur les animaux. Les gens font ça de manière très habituelle en ville avec les chiens et les chats : tu les traites comme des petites personnes, mais quand tu vis avec des centaines d’animaux, surtout quand tu es un citadin, il y a tous ces ajustements que tu dois faire parce que tu ne peux pas les traiter comme des petites personnes. Tu ne peux pas les traiter comme tes enfants, ce sont définitivement des animaux. Et tu dois les respecter comme tels.
Comme ça ?
Ça, c’est un pigeon qui nourrit son bébé et puis certains des points forts de ce zine. Donc ça commence avec le texte « Tempête de neige » et ensuite on entre dans les détails : ma mère m’a offert ces bottes pour Noël, pour l’hiver ; aiguiser les grattoirs avec lesquels je nettoie le sol. Ça demande beaucoup d’entretien. Chaque jour, je dois monter là-haut. Il y a donc beaucoup d’histoires à raconter, c’est très facile, le matériel est là. Des caméras de surveillance… Une putain de grosse tempête de neige, pelletage, pelletage… Là, on a un dépliant avec différentes sortes de plumages.
Je fais de la céramique, alors je fabrique tous ces bols pour eux, et ils font leurs nids dans les bols. Celui-là s’appelle Ricky Badlands. C’est lui que j’ai essayé de faire voler avec le zine, le pauvre. Et puis, quand il fait très chaud, je les asperge d’eau pour les rafraîchir. J’essaie que ce soit très éducatif – ou pas éducatif, informatif – je veux raconter l’histoire exactement comme elle est, mais j’essaie aussi de la rendre poétique. Je réfléchis à chaque mot, car je veux que ce soit une véritable expression directe de mon expérience. [Il montre une autre photo] Je leur donnais le bain… Voilà.
C’est la plus belle histoire qui soit arrivée à New York depuis longtemps. Nous sommes au Musée d’Art Moderne dans le cadre de la Nouvelle Biennale de Photographie, et dans une recréation de The Newsstand, qui était un magasin de zines ouvert en 2013, à Brooklyn, dans la station de métro Williamsburg. L’espace était dirigé par Lele Saveri, et il a réuni une vingtaine de personnes qui font des zines et leur a dit : « Je veux ouvrir le magasin pendant un mois. Tu peux y mettre tes zines ? Tu peux tenir la boutique pour une journée ? » Et c’était un vrai magasin où tu pouvais entrer pendant que tu attendais le métro et acheter des livres faits par des artistes. C’était tellement populaire, tellement de gens ont commencé à apporter des zines qu’ils sont restés ouverts un mois de plus, et un mois de plus, et finalement, c’est resté ouvert pendant huit ou neuf mois. C’était devenu un véritable épicentre.
Ce n’est pas devenu l’épicentre d’une scène, ça a créé une scène. Mais pas seulement une scène de vingt ou trente artistes, une scène de mille personnes qui faisaient des zines. Certaines personnes ne font très sérieusement que des zines, et d’autres n’en font qu’une ou deux fois, ou ont commencé à envoyer des zines du monde entier. On parle d’une communauté de création de zines, mais c’est trop de gens pour que ce soit une communauté, c’est comme une ville. Et maintenant, c’est la reconstitution de ce qu’était Newsstand quand il a fermé, avec 1200 zines à l’intérieur, de 1200 artistes différents, tous vivants en ce moment, tu sais, pas des papys. Ce sont tous des jeunes et des vieux qui font des trucs aujourd’hui.
En fait, c’est un peu pareil. Les amis traînaient, et les gens entraient simplement. Il y a des gens avec qui tu commences à parler, d’autres non, certains restent longtemps, d’autres partent vite, certains disent : « Euhh. Je comprends pas, qu’est-ce que c’est ? », et d’autres : « Oh, mon Dieu, j’ai attendu ça toute ma vie ».
C’est sûr, oui. Et parce que nous étions undergrounds – littéralement sous terre – dans le réseau de métro, dans les métros, les téléphones ne fonctionnent pas. Ils ne fonctionnaient pas là-dessous. Donc, quand les gens venaient, ils n’étaient pas distraits, ils regardaient vraiment les trucs. Ils parlaient en fait, ce qui est assez inédit. On est tellement habitués à parler avec nos amis, mais aussi à parler par message avec d’autres personnes en même temps, c’est pourquoi c’est si important. Je pense que les livres font déjà ça, tu prends un livre et tu dois éteindre tout le reste parce que c’est si proche. C’est tellement direct. C’est l’une des choses magiques avec ces livres que nous faisons. Mais je pense que l’emplacement du Newsstand a vraiment souligné cela : il a fait de cette idée une réalité.
Bien sûr, Oui, et c’est pourquoi c’est un peu étrange, parce que nous sommes ici dans un musée, et pas n’importe quel musée, mais LE musée, du moins à New York ou aux États-Unis. Donc, il y a une situation bizarre ici où j’ai l’impression qu’il est plus difficile de faire en sorte que les gens s’intéressent vraiment à ce genre de choses, parce qu’ils sont dans ce bâtiment, avec certaines des plus grandes œuvres d’art du monde contemporain, et ils ne sont là que pour quelques heures, ils ont beaucoup à voir. Il y a Picasso, il y a l’exposition de Broodthaers à l’étage, il y a beaucoup à voir. Donc, c’est difficile parce que les gens entrent, et même s’ils aiment beaucoup le projet, il y a une pression pour continuer à vivre leur vie. À l’époque où nous étions dans la station de métro, les gens oubliaient leur vie.
Exactement ! Et c’est comme ça que la petite balle a roulé et est devenue vraiment grosse, parce que les gens passaient beaucoup de temps ici, et c’est arrivé au point où Lele a lentement commencé à demander aux artistes de faire des expositions d’art ici. Je veux dire dans le métro [rires]. Et c’est arrivé au point où il y avait une exposition d’art tous les soirs. Donc, pendant environ un an, il y avait un endroit où tu pouvais aller tous les soirs, et tu n’avais pas besoin de voir de flyers, tu n’avais pas besoin d’en entendre parler ; tu pouvais juste y aller et savoir qu’il y aurait un événement. Tu pouvais juste te présenter et savoir qu’il y aurait trente personnes, cent personnes qui traînent.
Tu peux voir : il y a une vidéo de l’événement là-bas. Je fais des zines comme celui-ci, et [il baisse la voix] je vais essayer d’en faire un aujourd’hui. C’est une caméra de surveillance activée par le mouvement. Je l’installais et elle prenait des photos automatiques avec l’heure de l’événement. Cette photo a été prise le soir où ils ont fait un grand cercle de rap, comme un cypher, et tu connais le crew de rap Wrecking ? Ce sont ces grands rappeurs de New York d’aujourd’hui, genre, je ne sais pas, mais au milieu de cette fosse de gens, c’est eux qui font du freestyle. Ils sont vraiment géniaux, ils sont vraiment agressifs, ils sont un peu comme un trio des Beastie Boys. Tu peux voir combien de personnes étaient là. C’était toujours un événement, tu rencontrais tellement de gens, tu te faisais tellement d’amis…
Oui, oui. Désolé, c’est beaucoup d’informations.
New York,
March 3rd, 2016
I use zines the way maybe a lot of people would make films. They’re like still films.
Yeah, so to speak, like little adventures.
You can have this one too. To take the edge off that insanity [Like the title of the exhibition suggests, the show is about being overwhelmed by images.]
Yeah, cool meeting you. I’m Patrick.
Yeah, dig it! […] I particularly never cared about having my zines in stores. When I was a kid, I used to send stuff to Printed Matter, just so I could make a collection of letters that said no. But that’s so much better; that’s what it’s about: chatting with people, and the zine is just a communicator. It’s not just the window or documentation; it is its own art form. And I think that’s just the power of books. For years and years and years, I just wanted to be a writer or a poet. I was obsessed with Mallarmé and Baudelaire, all your people, the masters, Lautréamont! But I’m not that good of a poet.
I’m okay; it’s the hardest profession in the world, especially nowadays. It’s insane. I’m okay at poetry, I’m okay at photography, and I think I’m pretty okay at building stuff, but if I put them all together, then it’s something really special. I think my zines are special. I wouldn’t have the courage to say that about my sculpture or about my writing or anything, but I think my zines are fairly legit, I guess.
First, I started like everybody else, when I was a kid. I was in high school, like thirteen or fourteen. It’s one of those things you have to do when you discover punk rock. I grew up just outside the city, so there was a really strong New York culture, punk rock culture, zines… It was easy. But they were just kids’ zines, like dirty jokes, skateboarding, and simple stuff. And then, I started Born to Kill when I was 21, so that was seven years ago. I think I’ve made ninety issues. There’s a joke—there’s a flyer up there; this is just like another French anecdote—when I was a kid, I was still into the French authors. You see what it says? “More issues than Balzac!” That was what I wanted to beat, because he wrote a hundred books or something.
Exactly. That’s Born to Kill. The same way his work tells all these different stories, but they kind of overlap, like characters overlap, or situations and time overlap, I like to think there’s a lot of overlap between, for example, the zine about pigeons and the zine about pornography. Because it’s all my world, it’s all my perspective. But I’ve tried to make zines and you can make a magazine about anything. You can make a magazine about adventure, about fashion, or about sports.
I chose pigeons, but I also wanted to try everything. I tried comic books, I tried photography, and I tried pornography because pornography is such a big part of the magazine business. Pigeons is kind of where I landed, because I found in my practice—keeping pigeons—that it’s everything I ever wanted in the world, all at once. So now I make a lot of pigeon zines. With the pigeons, you get to study your neighbourhood because you’re outside, so there’s architecture, there’s community, there’s sculpture, and there’s living systems like waste management, food management, photography, and all this stuff.
Yeah, I train them. I live in that neighbourhood in Brooklyn that’s really popular for artists called Bushwick. I moved there when I was young for the same reasons most people do: because they’re trying to find community. And usually you’re trying to find it in music, in arts, or in graffiti—whatever you would move to Bushwick for. I moved there, and across the street from my house was a store that sells pigeons, just for pigeon guys. And I went in there, and the first day I went in, I walked out with a bird. Five dollars for a white pigeon. And I learned that Bushwick is also the capital of pigeon-flying in the whole country. People move from all around the world to fly birds in Bushwick. You have a coop on this block, this block, this block… You want your neighbours to see, and you show them off for style. You compete with your neighbours about how well you train them to fly. So it’s how I found a sense of place in my community—being an outsider and moving in.
Yeah, well, I put a coop on my roof, and I started with five or ten, and more and more and more, and now I’m just one of the guys. Within two blocks of me, there are five other pigeon coops. And because I live right next to the pigeon shop, that’s the club—that’s where everyone goes on the weekend to hang out and talk. It’s like any other community or culture. There’s a lot of subtlety to it, awesome details, and weird guys and weird people.
Hang on; I tried that one time, and it was fucked up. I wrote about it in one of my zines. Maybe I can find it. It was such a tragedy because the poor thing—you’re right—it’s too heavy for a pigeon.
I know—like, extra tiny. I wanted so badly for a pigeon to fly to my friend’s house with a zine—and I was young; I was new to keeping pigeons; I was an idiot, a rookie. So I got my biggest, strongest pigeon, like the fattest one, and I tied the zine to his chest. I held him and tried to make sure he’s okay. He seemed okay, so I let him go. He went like this [mimes the trajectory of the pigeon]. This is my building; we are up here, he’s [up there], and then he goes [down] like this, and I was watching him go down. In the other yard, there are big dogs, like big pit bulls, like everyone has in Brooklyn. As the pigeon goes [down] like this and the dogs are [getting closer], it just barely got over the fence; he just barely got to the other side, safe. I was so close to killing that pigeon. He was okay; he was fine, but I never ever tried again, and I’ve always been so embarrassed about that. I think it’s really disgraceful on my part. That’s an interesting thing you learn: when you spend so much time with animals, there’s always the urge—I think the word is anthropomorphize—to project human characteristics and traits on the animals. People do that very casually in the city with dogs and cats; you treat them like little people, but when you live with hundreds of animals, especially when you’re a city guy, there’s all these adjustments you have to make because you can’t treat them like little people. You can’t treat them like your kids; they’re most definitely animals. And you have to respect them as that.
Like this?
That’s a pigeon feeding his baby, and then some of the highlights from it. So “Snowstorm”, an essay, and then it goes into the details: my mom got me these boots for Christmas, for the winter; sharpening the scrapers—the scrapers is how you clean the floor. There’s lots of maintenance. Every single day, I have to go up there. So there’s a lot of stories to tell; it’s very easy; the material is there. Surveillance cameras… A big fucking winter storm, shovelling, shovelling… This is a fold-out. These are different kinds of bird skins.
I make ceramics, so I make all these bowls for them, and they each have their babies in the bowl. This guy is called Ricky Badlands. He was the one I tried to fly with the zine. Poor guy. And then, when it gets really hot, you spritz them with water to cool them down. I try for it to be very educational—or not educational, informative—I want to tell the story exactly how it is, but I also try to make it poetic. I’ve considered every single word because I wanted it to be a real, direct expression of my experience. [Shows another picture] Giving them baths… So, yeah.
This is like the luckiest thing to happen in New York in a long time. We’re in the Museum of Modern Art in the New Photography Biennial and in a recreation of The Newsstand, which was a zine shop that was open in 2013, in Brooklyn, in the Williamsburg subway station. The space was led by Lele Saveri, and he got like twenty of us zine makers together and said, “I want to open the store for one month. Can you contribute zines? Can you come down and be a clerk for the day?” And it was an actual store where you could come in while you were waiting for the train and buy artist-made books. It was so popular that so many people started bringing zines that they stayed open one more month, one more month, and ultimately it was open for eight or nine months. It became just like the real epicentre.
It’s not like it became the epicentre of a scene; it created a scene, but not just a scene of twenty or thirty artists—a scene of a thousand people who were making zines. Some people very seriously only make zines, and some people just make them once or twice, or people zines started coming from all around the world. We talk about a community of zine making, but this is too many people to be a community; it’s like a town. Right now, this is a recreation of how The Newsstand was when it closed, and there are 1,200 zines in there, from 1,200 different artists, all living right now—you know, no grandpas artists. This is all young and old people who are making stuff today.
It’s kind of similar, though. Friends would be hanging out, and people would just come in. Some people, you start talking with, some people not, some people stay a long time, some people leave quick, some are like, “Uhh. I don’t get it, what is it?”, and some people are like, “Oh, my god, I’ve waited all my life for this.”
For sure, yeah. And because we were underground—literally underground, like in the subway system or in the metro—your phones don’t work. They didn’t work down there. So if people came in, they weren’t distracted; they were actually looking at stuff. They were actually talking, which was becoming a novel thing. We’re so used to talking with our friends but also talking with other people while we’re talking, which is why that’s so important. I mean, books already do that, I think, where you pick up a book and you have to shut everything else off because it’s so close. It’s so direct. That’s one of the magical things about these books we make. But I think that the location of The Newsstand really underlined that; it really made that idea a reality.
Sure Yeah, and that’s why this is a little far out, because here we are in a museum, and not just any museum but the museum, at least in New York or in the United States. So, there’s a weird situation here where I feel like it’s tougher to get people to really get into this stuff because they’re in this building with some of the greatest works of art in the frequent world, and they’re only here in the building for a couple hours; they have a lot to see. There’s Picasso, and there’s the Broodthaers’ show upstairs; it’s a lot to see. So, it’s tough because people come in, and even if they really like it, there’s a pressure to keep going with their lives. Back when we were in the subway station, people would forget about their lives.
Exactly! And that’s how the small ball rolled and got really big, because people were spending so much time here, and it got to the point where Lele slowly started asking artists to do art shows here. I mean in the subway [laughs]. And it got to the point where there would be an art show every single night. So, for like a year, there was a place where you could go every night, and you didn’t have to see the flyer; you didn’t have to hear about it; you could just go there and know there would be an event. You could just show up and know there was gonna be thirty people, a hundred people hanging out.
You can see that there’s a video of it down there. I used to make these zines like this one, and [lowers his voice] I’m actually gonna try to make one today. This is a motion-activated surveillance camera. I would set it up, and it would take automatic photos with the time of the event. This was shot the night that they did a big rap circle, like a cypher, and do you know the rap crew Wrecking? They are these great rappers from New York today, like, I don’t know, but in the middle of this pit of people, it’s them freestyling. They’re really great, they’re really aggressive, and they’re kind of like a Beastie Boys trio. You can see how many people were there. It was always a happening; you’d meet so many people and make so many friends.
Sure, sure. Sorry, it’s a lot of information.