Brooklyn,
le 23 septembre 2016
Hello !
Ça va, et toi ?
Je m’appelle Pam Butler. Je suis artiste. Je fais des peintures et j’imprime des choses ! Je fais des magazines, des livres photocopiés, j’ai publié un livre à partir d’un de mes projets de street art. Je fais des dessins, beaucoup de dessins et je prends beaucoup de photos.
J’ai fait ce projet de street art dans les années 1990. Je l’ai fait pendant deux ans de manière intensive, c’était à peu près tout ce que je faisais en tant qu’artiste. Quand je l’ai terminé, j’ai décidé que je voulais en faire un livre. Parce que j’avais l’impression qu’il existait d’une manière particulière dans la rue, et qu’il parlerait et agirait d’une manière différente en tant que livre. J’ai commencé à le mettre en forme et j’ai fait quelques résidences, j’ai travaillé dessus et quand j’ai commencé à parler avec des gens dans l’édition. J’ai réalisé que je l’avais mal présenté. Je n’avais pas pris en compte toutes sortes de choses concernant l’impression, etc. Je me suis vraiment découragée et je l’ai mis de côté. De temps en temps, je le récupérais et le remettais en question, et la technologie a commencé à évoluer de plus en plus, et j’ai finalement appris à utiliser Quark. J’ai travaillé dessus pendant un moment, puis j’ai été distraite, et Quark est un programme qui a disparu… J’ai donc dû apprendre InDesign. Je n’ai pas eu à tout recommencer complètement, car j’avais tous les fichiers, mais j’ai dû recharger les fichiers dans un nouveau programme. Il y avait des différences, mais j’ai tout compris. C’était bien, j’ai juste dit que je devais le terminer avant qu’InDesign ne disparaisse et avant de dépenser l’argent que j’avais économisé pour le faire. Au début, j’avais un éditeur, et j’étais très excitée, c’était une très bonne maison d’édition, une toute petite maison d’édition littéraire. C’était en 2009, leur budget était vraiment serré, et ils s’accrochaient… Ils faisaient trop de livres d’art. C’était assez clair que nos visions étaient différentes, et même s’il y avait un contrat et que j’étais sur le point de le signer, ils ont décidé qu’ils n’avaient tout simplement pas les moyens de le faire.
J’ai décidé de le publier moi-même, en partie parce que, dans cette expérience, j’ai réalisé que leur vision était vraiment différente de la mienne et que, si je les avais suivis, je n’aurais pas eu le livre que je voulais.
Oui, The Good Girl Book. [Elle le prend sur l’étagère à côté d’elle]
Oui. Donc c’est le livre The Good Girl Book. Je, je ne sais pas si j’ai des Brazen [effrontée] [Elle regarde dans une pile d’affiches] — Oh, là, tu en as deux avec écrit Brazen, ou Nice [gentille], certaines n’ont pas de mots, mais la plupart ont des mots…
… Et il y avait aussi des garçons dedans. C’est à ça que ça ressemblait dans la rue [Elle montre une double page à la caméra]. Le projet porte sur la façon dont nous utilisons les stéréotypes, pour former notre identité et pour parler des autres. L’inspiration est venue lorsque, lors d’une réunion d’un groupe féministe, j’entendais les femmes parler de ces stéréotypes et cela m’a vraiment bouleversée, car j’avais l’impression qu’elles ne les voyaient pas. Je pensais : « Pourquoi se comportent-elles comme ça ? ». J’ai fait un peu d’affichage de rue pour les expos auxquelles je participais et d’autres choses… New York était inondé d’affiches à cette époque, je suis juste rentrée chez moi et je les ai dessinées. J’avais joué avec des mots et des images autour de l’idée d’identité, et le projet a grandi au cours de ces deux années… Au début, cela a commencé par le désir et la contrariété du désir au sein du stéréotype. Il y avait donc beaucoup de mots comme will [volonté], want [vouloir], et à l’inverse good girl [bonne fille], nice [gentille], slut [salope], whore [pute]. Donc, il y avait ce mélange de ces termes, et puis il y avait des choses comme « Faisons comme si j’étais une princesse », dans le genre de niveau de fantasme. Mais l’idée était que nous nous conformons à ces stéréotypes, nous appliquons ces mythes à nous-mêmes et aux autres sans les questionner. Et ils remontent dans la culture comme s’il s’agissait d’un courant sous-jacent qui nous dit qui nous sommes, et cela ne fait généralement l’objet d’aucun questionnement. On retrouve cette question d’identité féminine dans tout ce que je fais en tant qu’artiste, même si ce n’est pas direct. Tout a un rapport avec ça, d’une manière ou d’une autre. C’était le but de ce projet.
Donc, j’ai fait ce livre, et je suis tombée amoureuse de ce genre de choses. Mais je l’ai mis de côté, car ça coûtait vraiment cher de faire tout ce livre, et tu sais, les livres d’art ne se vendent pas beaucoup… Pas mieux que les livres de poésie, ou pareil. Mais ensuite, j’ai eu l’occasion de participer à cet atelier que Printed Matter a mis en place, et j’ai fait ce livre en Riso et photocopie. Certaines pages mélangent la Riso et la photocopie, comme celle-ci. [Elle montre une double page]. Et pendant que je travaillais là-bas, j’ai parlé à différentes personnes impliquées dans différents modes d’édition, et elles m’ont parlé d’un site Web où je pouvais faire des magazines. J’ai pensé : « Ça a l’air cool. »
« Je peux faire mon propre magazine », alors je crée mon propre magazine. Et c’est Lotion.
Il s’appelle Lotion parce que j’ai passé en revue des mots, et des mots, et des mots… Je faisais juste des listes de mots, j’ai réduit la liste, et il y avait une lotion pour les mains sur mon bureau. [Elle regarde autour de lui.] Elle y est toujours. Alors lotion est entré dans la liste. Après, j’ai retiré ceux que je n’aimais pas, je l’ai lu à un ami et il a dit : « Lotion est le seul qui fonctionne. ». C’est pour ça qu’il s’appelle Lotion, et puis je me suis assurée qu’il n’y avait pas d’autres magazines ou zines qui s’appelaient Lotion, et il n’y en avait pas, alors je l’ai pris.
J’ai pris des thèmes différents pour chacun d’entre eux. Le premier a trait à un sujet qui m’a intéressé au cours de la dernière décennie : les concours de beauté. Je suis allée à deux concours de Miss America et à un concours de Miss New York State. Puis j’ai fait des collages de photos. J’ai aussi tiré des images du Web pour qu’il y ait ceci [Elle montre une double page à la caméra]. D’un côté, une photo qui n’a rien à voir avec les concours de beauté et de l’autre, une photo d’un concours de beauté. [À gauche, une tête de renne et une rangée de filles lapins nues agenouillées, à droite, un portrait d’une jeune personne noire]. Cette photo est trouvée en ligne et n’a rien à voir avec les concours de beauté. Je les ai assemblées pour montrer toutes ces idées différentes qui forment ce que nous sommes… C’est ce que j’aime dans le collage et le magazine me permet ce type de collage, parce que je peux aller d’elle [Elle montre une page avec un portrait de femme] à ça [des panneaux lumineux à l’extérieur d’un théâtre ou d’un restaurant] et poser la question : « Comment passer d’elle à ça ? ».
Je le vois plutôt comme de la poésie. Ce n’est pas non-narratif, mais il y a un point de départ. Il y a une idée. Dans celui-ci, l’idée était d’essayer de faire ressortir un certain ton, un endroit psychologique en tirant des photos de concours mélangées à d’autres photos. Je recherche une sorte de pathos. Une façon particulière d’être qui affecte à la fois la culture au sens large et les personnes impliquées dans cette situation particulière. Il ne s’agit donc pas seulement des concours eux-mêmes, mais de la façon dont ils sont liés à la culture en général et de leur pathos sous-jacent, de leur tristesse sous-jacente, et aussi du besoin constant en tant qu’individu d’être quelque chose, d’avoir une identité. Pendant un certain temps, j’ai mélangé l’imagerie des concours de beauté avec – et je le fais encore parfois – certains de ces motifs de papier peint que j’ai réalisés à partir des dépouilles de kamikazes que j’ai récupérées en ligne. L’idée est qu’ils cherchent tous deux la même chose : ils cherchent à se transcender, à se démarquer et à devenir plus que ce qu’ils sont en tant que personne dans la foule. Donc, si tu gagnes un concours de beauté, tu deviens le gagnant dans ta culture, car il y a une culture particulière pour les concours. Si tu es un kamikaze, tu as atteint le plus haut niveau dans cette culture particulière…
Oui, je pense qu’il y a une part de cela dans la création artistique. Je pense que c’est vrai pour tous les artistes, oui. Sans aucun doute. Cela devient ma propre lutte pour me démarquer. Quand on l’observe chez les autres, il y a un côté pathétique à cela.
Eh bien, si je pense à la véritable exagération, je pense à quelqu’un comme Salvador Dalí. Il représente bien cette exagération. Si je pense à un artiste qui se démarque, qui a travaillé pour se démarquer, mais qui l’a fait de manière discrète, je pense à Duchamp, peut-être. Parce que c’était un showman, mais pas un bruyant.
En fait, il travaillait beaucoup.
Oui, il avait gagné de l’argent grâce aux multiples. Duchamp a travaillé très dur pour devenir joueur d’échecs professionnel et il n’a quitté ce milieu que lorsqu’il a réalisé qu’il ne serait jamais aussi grand joueur d’échecs qu’artiste. Il y a donc cette sorte de volonté de se démarquer. Je pense que nous avons tous cette volonté de nous démarquer, c’est juste que certains d’entre nous en ont besoin. Je pense que certains ont d’autres besoins non satisfaits.
Quelqu’un m’a donné cette merveilleuse machine Xerox qui se trouve juste à côté de toi. J’en voulais une depuis longtemps. J’en ai eu une brièvement, puis elle s’est cassée, mais celle-là, je savais qu’elle était en très bon état parce que je savais qui l’avait avant, mais ils ne voulaient pas la céder. Finalement, ils ont déménagé, et ils ont choisi un copieur numérique vraiment moderne, et ils me l’ont donné. Elle fait des choses vraiment magnifiques. Ça ne se voit pas autant ici. Dans I Am Very Beautiful, j’ai utilisé différents mots et images trouvées. J’utilise beaucoup les affirmations dans mon travail. Ça, c’est un autoportrait de moi dans mon costume d’Halloween [Elle montre une double page]. Je te jure que je n’étais pas saoule. Et j’ai fait un tas de peintures à partir de cette image trouvée.
L’histoire de Pam Butler n’est pas toujours une belle histoire. Pam Butler n’a pas eu de bons résultats pendant son adolescence. Elle a abandonné ses études. Je traînais avec les mauvaises personnes et je faisais les mauvaises choses. Je me suis beaucoup mal comportée, j’ai souvent fugué de chez moi. À l’école, j’ai été ostracisée par mes camarades, on s’en est pris à moi. Quand j’étais très jeune, j’ai beaucoup subi ces stéréotypes que j’utilise dans mon travail. En vieillissant, je me rends compte que cela m’a beaucoup plus affecté que je ne le pensais. Je n’avais pas une très bonne relation avec mes parents, alors les choses étaient vraiment pourries. J’ai découvert l’art à la fin de mon adolescence… J’ai beaucoup écrit. J’ai découvert que j’aimais l’art et que c’était une échappatoire bien meilleure que les drogues et l’alcool, même si je continuais à en consommer beaucoup. J’ai fini par aller à l’école, j’ai eu un peu d’attention pour mon travail quand j’en ai eu fini, mais j’étais toujours sauvage et je traînais avec des gens pas très bien, comme des dealers et des gens comme ça. J’ai fini par mettre de l’ordre dans mes affaires parce que j’en avais vraiment assez de vivre comme ça. Je suis retournée à l’école pour obtenir un Master. C’est deux ou trois choses que Judy Pfaff m’a dites dans mon atelier qui m’ont mise sur la voie de ce que je fais maintenant. C’était juste quelques commentaires comme ça sur un croquis dans un coin qui étaient très différents de ce que je faisais. Ça m’a donné l’occasion de poursuivre ces croquis et ce qu’ils représentaient, et tout s’est développé à partir de là.
Je n’y ai jamais pensé aussi directement. Je pense que chaque artiste traite de son histoire personnelle dans son travail. Certains sont plus explicites que d’autres. Si tu travailles dans l’abstraction, il y a peut-être moins de relation directe avec ton histoire personnelle. Mais il n’y a toujours que ton histoire que tu peux apporter au monde, car c’est vraiment tout ce que tu connais. Si je pense à ce que j’apporte de moi-même dans le monde… Comme je viens de le dire, je ne savais pas, quand j’étais plus jeune, à quel point ces choses m’affectaient, car elles ne faisaient pas partie de ma compréhension du monde. Je n’avais pas la perspective que j’ai maintenant que je suis plus âgée, et je ne l’avais pas suffisamment étudié. Je pensais juste : « Peu importe, c’est la vie ». Ces types étaient tous des losers de toute façon, je voulais en sortir. Je voulais sortir de la banlieue, tu sais, la banlieue américaine des petites villes.
Quand nous sommes allés en Irak, j’ai commencé à peindre des photos de victimes de guerre, qui en fait, parce que la presse était si étroitement contrôlée, étaient difficiles à trouver, même sur le Web. J’ai dû passer par plusieurs couches pour obtenir les images vraiment violentes, dont certaines que je n’ai jamais pu utiliser. Mais l’autre raison pour laquelle je ne les ai pas utilisées, c’est qu’il y a une façon de rendre ces images trop esthétiques. Et peu importe à quel point les images étaient horribles, elles étaient aussi esthétiques. Mais c’était toujours la même idée : je voulais faire ressortir ce dont on ne parlait pas. J’étais vraiment bouleversée. Alors, environ trois ou quatre ans après le début de cette guerre – c’est à ce moment-là que j’ai commencé à travailler sur le papier peint des kamikazes – je me suis intéressée aux raisons pour lesquelles nous nous sommes laissé entraîner dans cette guerre. J’ai commencé à travailler avec les astronautes parce que j’ai vu cette conception qui s’était développée au milieu du siècle dernier à partir de « la grande victoire de la Seconde Guerre mondiale » – c’est l’histoire qu’on nous raconte, c’est le mythe – et puis, le chevalier bienveillant qui conquiert la lune. Si tu vas au Musée de l’Air et de l’Espace, ils te montrent tout le chemin, depuis les armures médiévales jusqu’à la combinaison spatiale. Tu as donc cette combinaison spatiale et cette sorte de chevalier scientifique-explorateur-aventurier. On nous vend cette idée de nous-mêmes comme ce personnage bon et victorieux, souillé par la guerre du Vietnam. Alors nous allons tout conquérir et reconquérir ce chevalier vertueux. J’ai vraiment l’impression que c’était très présent dans la façon de penser de cette époque. George W. Bush était de ma génération, et je savais qu’il avait été pris dans ce mythe ; ce n’est pas quelqu’un de très réfléchi, et les gens autour de lui ont été pris dans ce mythe. Et le pays aussi.
Le plus important pour moi, c’est quand j’ai l’impression d’avoir montré à quelqu’un quelque chose qu’il ne savait pas déjà. Quand je faisais les affiches de rue, le Daily News a fait ce petit article sur les personnes influentes de New York. Ils ont mis une ligne ou deux pour chaque personne, et j’étais dedans, et ils écrivaient : « Elle fait réfléchir les gens quand ils marchent dans la rue », et c’est la meilleure chose qu’on puisse dire de moi ou de mon travail.
Brooklyn,
September 23rd, 2016
Hey!
I’m okay. How are you?
I’m Pam Butler. I’m an artist. I make paintings, and I print things! I make magazines and Xerox books. I published a book from a street art project I did. I do drawings, lots of drawings, and I take lots of pictures.
I did this street art project in the 1990s. I did it for two years intensively; it was about all I did as an artist. When I finished this, I decided I wanted to make it into a book. I felt that it spoke in this particular way on the street, and I could speak a different way and do different things with it as a book. I started to put it together, and I did some residencies, worked on it, and started to talk to people in publishing. I realised I had laid it out wrong. I hadn’t taken into account all kinds of things about printing, etc. I got really discouraged and put it on the shelf. I’d occasionally pick it out and pick at it, and technology began to change more and more, and finally I learned how to do Quark. I worked on it for a while, then I got distracted, and Quark is a program that disappeared. So I had to learn InDesign. I didn’t have to completely do it all over again because I had all the files, but I had to reload the files into a new program. There were differences, but I figured it all out. It was fine; I just said that I had to get it finished before InDesign disappeared and before I spent the money I had saved to do it. First, I had a publisher, and I was really excited. It was a really good publishing house, a very small literary publishing house. It was 2009, and money was really tight, and they were barely hanging on… They were doing too many art books. It was pretty clear that our visions were different, and although I had the contract and was about to sign it, they decided they just couldn’t afford to do it.
I decided to publish it myself partly because, in that experience, I realised their vision was really different from mine, and if I had gone with them, I wouldn’t have had the book I wanted.
So that’s this book, yes, the Good Girl book. [She grabs it from the shelf next to her.]
Yes. So there’s the Good Girl book. I, don’t know if I have any “Brazen” [She looks through a stack of posters.] Oh, you have two “Brazen” here, “Nice”, some of them didn’t have words, but most of them have words…
… And there were guys in it too. This is how it would look on the street [She shows a double page to the camera]. The project was really about how we use stereotypes to form our identity and to talk about each other. I had inspiration when I was sitting in a meeting of a feminist group. I was hearing the women talk about these stereotypes, and it really upset me because I didn’t feel like they were seeing them. I was just like, “Why are they behaving like that?” I’ve done a little bit of street posting for shows I was in and stuff. New York was awash in street posters at that time. I just went home and drew them. I had been playing with words and images around the idea of identity, and so it just grew over the course of two years. At first, it started with the desire and the thwarting of the desire within the stereotype, so there were a lot of words like “will,” “want,” and conversely, “good girl,” “nice,” “slut,” and “whore.” So, there was this mixing of these terms, and then there was the mixing of things like “Suppose I was a princess,” in the sort of fantasy level. But the arch was that we apply these stereotypes; we apply these myths to ourselves and to others without any investigation. And they bubble up through the culture like it’s an undercurrent of myths that tells us who we are, and it generally goes uninvestigated. So the point was to investigate it. And that’s in everything I do as an artist, even if it’s not a particularly straightforward female identity thing, it has to do with that in one way or another. So that’s what this project was about.
So, I did this book, and I fell in love with making this stuff happen. But I kind of put it aside because it was really expensive to do this whole book, and you know, art books don’t sell a whole lot… Not any better than poetry books, if as well as poetry books. But then, I had an opportunity to work in this workshop that Printed Matter set up, and I made this Riso and Xerox book. Some pages are Riso and Xerox together, like this one, which is Riso and Xerox together [She shows a double page]. And while I was working there, I talked to different people involved in different ways of publishing, and they told me about a website where I could do magazines. I thought, “that sounds like fun”.
“I can make my own magazine,” so I make my own magazine. And that is Lotion.
It’s called Lotion because I went through words, after words, after words… I narrowed it, and I was just making lists of words, and there was a thing—a hand lotion—on my desk. [Looks around.] Which still is. So “lotion” went onto the list of words. Then, I took off most of the ones I didn’t like. I read it to a friend, and he said, “Lotion is the only one that works.” So that’s why it’s called Lotion, and then I made sure there were no other magazines or zines called Lotion, and there weren’t, so I took it.
I’ve chosen different themes for each one. The first one has to do with the work I did in the last decade. Well, let’s go back a little bit to pageants. I went to two Miss America pageants and a Miss New York State pageant. Then I collaged photographs. I also pulled images from the web so that there’s this [shows a double page to the camera]. This is a photograph of mine that has nothing to do with pageants. This is a photograph of mine from a pageant. [On the left side of these photos are a reindeer head and a row of kneeling naked bunny girls; on the right is a portrait of a young black person.] This is pulled off online, and this is a photograph that has nothing to do with pageants. I collaged them with the same idea of how we have all these different ideas that form who we are. That’s what I love about collage, and the magazine offers me the collage because I can go from her [she shows a page with the portrait of a woman], to this [light signs outside a theatre or a restaurant], and then it leaves the question: “Her to this?”
I think of it more as poetry. So it’s not non-narrative, but there is a starting point. There is an idea. In this one, the idea was trying to pull out a certain feeling tone, a psychological place, by pulling it from the pageant photos and mixing it with other photos. So there’s sort of a pathos that I’m looking at. A particular way of being that affects the broader culture and the people involved in that particular thing. So it’s not just the pageants themselves; it’s the way in which they relate to the overall culture and sort of their underlying pathos, the underlying sadness in them, and also the constant need as an individual to be something, to have an identity. There was a while when I mixed the beauty pageant imagery with—and I still do sometimes—some of these wallpaper patterns I’ve made out of the remains of suicide bombers I’ve pulled off online. The idea is that they’re both reaching for the same thing; they’re reaching for transcendence, a way in which they stand out and become more than who they are as part of the crowd. So if you win a beauty pageant, you become the winner within your culture, because there is a particular culture for pageants. If you are a suicide bomber, you have reached the highest level within that particular…
Yes, I think there is part of that in art-making. I think that’s true for all artists, yeah. Definitely so. It becomes my own struggle to stand out. Looking at other people, there is a pathos to that.
Well, if I think of the real exaggeration, I think about somebody like Salvador Dalí. He is a really good exaggerator. If I think of an artist who stands out, who worked to stand out but did it in a quiet way, I would think of Duchamp, perhaps. Because he was a showman, but not a noisy one.
Actually, he did a lot of work.
Yes, although he did make money from multiples. Duchamp worked really hard to become a professional chess player and only left it when he realised he would never be as big a chess player as he was an artist. So, there is that sort of drive to stand out. I think we all have that drive to stand out; it’s just that some of us have the need. I think some have other unfulfilled needs in order to do it more than others.
Someone gave me this wonderful Xerox machine that’s right next to the camera, which I had wanted for ages. I had one briefly, and then it fell apart on me, but for this one, I knew it was in really good shape because I knew who had it, and they wouldn’t give it up. Finally, they were moving, and they decided they would get—it was an office—a real modern digital copier, and they gave it to me. And it does really beautiful things. It doesn’t show as much in here. This is I Am Very Beautiful, which takes different found images or words that I’ve used. I’ve used affirmations a lot in my work. This is a self-portrait of me in my Halloween costume one year [shows a double page]. I swear, I wasn’t drunk. And I did a bunch of paintings from this found image.
The story of Pam Butler isn’t always a pretty story. Pam Butler did not do well as an adolescent. She was a dropout. I hung out with the wrong crowd, and I did the wrong things. I misbehaved greatly; I ran away from home a lot. In school, I had been ostracised by my peers; I was picked on. When I was really young, I was in fact subjected to a lot of these stereotypes that I use in my work. As I get older, I realise it affected me a lot more than I gave it credit for when I was younger. I didn’t have a great relationship with my parents, so things really stank. I found art in my late teens. I wrote a lot. I found that I loved art and that it was an escape that was much better than drugs and alcohol, even though I kept using a lot of drugs and alcohol. I eventually went through school; I got a little bit of attention for my work when I was done with it, but I was still acting pretty wild and hanging out with not very good people like drug dealers and stuff like that. So, nothing really happened with that. I eventually cleaned my act up because I was really bored with living that way. I went back to school to get my master’s degree. It was the influence of a couple of things that Judy Pfaff said to me in my studio that led me on the path to what I’m doing now. It was just some offhand comments, some sketches in the corner that were very different from what I had been doing. It gave me an opening to explore those sketches and what they were, and it just kind of grew from there.
I never thought about it that directly. I think every artist is dealing with their own personal history in their work. Some are more explicit than others. If you’re working in abstraction, there is perhaps a less direct relationship to your personal history. But it is always only your story that you can bring to the world, because that’s all you really know. If I think about myself, what am I bringing into the world… How is it just my frustration that people don’t even see it? It’s not just you guys who don’t see it—me too! How little do we understand where our understanding of the world and of each other comes from! And how little do we know about how that works. Like I just said, I didn’t know when I was younger how much that stuff affected me because it wasn’t part of my understanding of the world. I didn’t have the perspective I had when I was older, nor had I investigated it enough. It’s just like “whatever, life happens.” Those guys were all losers anyway, and I wanted out. I wanted out of the suburbia, you know, the small town American suburbia.
When we went to Iraq, I started painting pictures of war casualties, which in fact, because the press was so tightly controlled, were hard to find even on the web. I had to go through layers to get the really graphic imagery, some of which I’ve never been able to use. But the other reason I didn’t use them was that there’s a way in which I’m making it too aestheticized. And no matter how horrifying the pictures were, they were also aestheticizing. But it was still the same idea: I wanted to bring out what wasn’t being discussed. I was really upset. So, around three or four years after the beginning of that war—that’s when I started working on the suicide bombers wallpaper—I was interested in why we allowed ourselves to get talked into that war. I started working with astronauts because I saw this conception that had grown up in the mid-century: “You are winning the grand victory of the Second World War”—that’s the story we tell ourselves; that’s the myth—and then the benevolent knight conquering the moon. If you go to the Air and Space Museum, they show you all the way from mediaeval armour to the spacesuit. So you’ve got this spacesuit and this sort of scientist-explorer-adventurer-knight. We have this concept of ourselves as this good, victorious character, stained by the Vietnam War. So we’re gonna go conquer everything and reclaim this virtuous knight. I really felt that was very prominent in the thinking of that period. George W. Bush was my generation, and I knew that he had been caught in this myth; he was not a very self-reflective person, and the people around him got caught in this myth. And so was the country.
The most important thing to me is when I feel I have shown someone something they didn’t already know. When I was doing the street posters, the Daily News did this little piece about influential people in New York. They put a line or two for each person, and I was in that, and what they said was “she makes people think as they walk down the street,” and that’s the best thing anybody could say about me or my work.