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Berlin,

le 12 décembre 2016

Dans le milieu, Motto Distribution et ses premières librairies à Zurich et Berlin se sont fait un nom assez rapidement par la qualité de leur sélection. Ils représentaient toutes les nouvelles tendances du moment et les diffusaient en fournissant en publications pointues les librairies branchées d’Europe et parfois d’ailleurs. Mais quelques années plus tard, son fondateur Alexis Zavialoff a commencé à trainer une mauvaise réputation puisqu’il semblait laisser une grande quantité de personnes mécontentes dans son sillage. Alors que j’étais à Berlin, j’en ai profité pour pousser la porte de sa librairie et lui demander s’il accepterais de répondre à quelques questions. Je ne sais pas s’il voulait se mettre en scène comme un personnage maléfique, mais lorsque je l’ai interviewé, il ne voulait pas qu’on voie son visage. La vidéo est donc tournée sans sa tête, montrant uniquement ses mains qui caressent un chat, comme le méchant d’un film de James Bond.
Bonjour, Alexis. Peux-tu commencer par te présenter ?

Oui. Donc, j’ai une formation en photographie, j’ai commencé en 1993, 1994… mélangé avec du skateboard et du snowboard en Suisse, et de l’art aussi. Je sais de quoi ça a l’air. J’ai tout de suite commencé à publier un zine, qui est ensuite devenu un magazine. En le faisant, j’apprenais tout le processus de la rédaction à la conception, à l’impression et à la compréhension. Il se retrouvait systématiquement détruit quand on essayait de le mettre en kiosque partout en France et en Suisse.

Comment ça s’appelait ?

Flat.

Flat Magazine ?

Oui. Ça n’a pas duré longtemps, quelques numéros. Il y avait de belles choses, mais c’est un peu typique. C’est un peu comme… C’était au même moment où No Doubt a commencé, c’est quelque chose qui m’intéresse un peu moins aujourd’hui. Et puis, pour faire un bond en avant, j’ai commencé à voyager, j’ai vécu à New York — enfin pas vraiment, mais je faisais des allers-retours, en prenant des photos. Et à partir de 2000, j’ai travaillé pour des magazines d’art. Et à partir de 2005, j’ai commencé à conduire ma voiture en Suisse, en essayant de comprendre comment vendre ces choses aux librairies ; comprendre ce qu’est un rabais, un bon de dépôt…

Ton premier magasin était donc ta voiture ?

Je vendais des livres dans ma voiture, sur le parking, devant l’Ecal. Puis des gens de Zurich m’ont invité à faire une librairie pendant une semaine. Et en 2008, ma partenaire a ouvert sa galerie ici à Berlin, et cet espace était vide. À ce moment, c’était urgent de prendre l’espace, car on voulait que cette cour soit jolie. On a ouvert un seul jour par semaine, et c’est ainsi que…

Motto a commencé…

Comme ça, c’est allé assez vite après. Aujourd’hui, nous avons environ une douzaine de librairies dans des institutions et des espaces d’expositions ou des studios de design ; chacune a une économie et une quantité de livres différentes. Nous publions des livres : nous avons publié plus de 20 titres jusqu’à maintenant. Certains d’entre eux sont coédités, ça ressemble plus à des accords de distribution, et d’autres sont vraiment édités et fabriqués par nous et ils ressemblent plus à des objets. Et… Oui, c’est fou.

Et comment es-tu passé à la distribution, alors ?

Eh bien, le truc, c’est que j’ai d’abord commencé en tant que distributeur, pour un éditeur.

Donc, dès le début, tu vendais surtout aux librairies ?

En fait, j’étais comme un libraire clandestin. À Payot, si tu connais, à Lausanne, ils m’ont en quelque sorte donné une carte blanche : je pouvais faire entrer ce que je voulais en dépôt et/ou en vente. Ils fixaient le prix et j’y allais pour l’installer. Ils ont une grande section de magazines. C’était en 2004, 2005 ? 2006 ?

Et donc, dès le début, tu as travaillé en quelque sorte comme un curateur de livres, prenant des décisions et créant des sélections ? Quel domaine couvrent ces sélections ?

Je ne sais pas, c’est assez vaste et ça bouge… Je veux dire, tout est lié, tout est à vendre, en quelque sorte, toujours, parce que, oui, j’achète et je vends des livres. Donc, c’est déjà un cadre, j’imagine. Ensuite, je travaille avec plusieurs personnes - avec des bibliothèques, avec des collectionneurs en fait qui deviennent curateurs, comme, je ne sais pas, Christophe Schifferli ou Gregorio Magnani. Je ne suis pas crédité en tant que curateur parce que ça ne m’intéresse pas vraiment, ou je dis que je n’ai tout simplement pas le temps ce jour-là. Par exemple, on a une exposition en ce moment à Porto que Gregorio a organisée, et il m’a invité dans le cadre du projet à avoir, dans la bibliothèque, une grande table avec les livres qu’il expose. Et, dans le prolongement, on a organisé une librairie, qui reflète ce qui se trouve dans l’exposition. On a donc partagé : il s’agit d’une véritable curation, car on s’est partagé toute la liste et presque tous les livres qui y rentraient.

Et que trouve-t-on dans la librairie Motto ? Par exemple, quels sont les centres d’intérêt de Motto ?

Les livres d’art…

Oui ? Et le design, la mode aussi parfois…

Très peu de mode, en fait. J’ai regardé les chiffres, et j’ai jeté tous les coffee table magazines. J’ai réalisé qu’au cours des trois dernières années, si tu regardes ce mur, là, il n’y a presque plus de mode. Et on a réussi à maintenir les chiffres. Ils n’ont pas baissé parce que, évidemment, ce que nous vendons maintenant est beaucoup plus commercial. Ces trucs de mode ont un public beaucoup plus large et facile, et ces trucs que nous vendons maintenant sont beaucoup plus difficiles.

As-tu beaucoup de publications auto-éditées ?

Je ne sais pas à quel point ça m’intéresse de défendre ça. Parce que je me fiche que le livre soit fait dans une cuisine ou qu’il s’agisse d’un livre industriel produit en masse, tant que c’est bon. Bien sûr, travailler directement avec les artistes, c’est plus compliqué, mais quand ça marche, ça marche vraiment, parce que tu travailles directement avec quelqu’un. Comme ça, tu peux dire « merci » parfois, tu vois ? Si tu travailles avec une distribution mécanique, avec des livres de grandes maisons d’édition, alors tout est automatisé, ce n’est que du commerce, donc… Il y a aussi des gens sympas, mais c’est un peu plus anonyme.

Tu as dit que tu avais commencé en 2005, c’est à peu près au même moment que la New York Art Book Fair a été créée, et il y a eu…

Je pense que ce n’est pas comparable ; de 2005 à 2010, 2011, c’est juste… Et maintenant, c’est, comme un réseau beaucoup plus grand.

Comment caractériserais-tu l’essor récent de l’édition ; il y a de plus en plus de salons, de librairies et de petites maisons d’édition ?

Les salons de livre, il y en a trop. Je ne sais pas s’ils sont intéressants. Bien sûr, c’est intéressant de rencontrer des gens et de feuilleter quelques livres, mais… C’est plus intéressant de travailler spécifiquement avec des gens et d’essayer de travailler à long terme, c’est pourquoi je fais ces librairies. Quand ça marche, c’est tout simplement différent d’une foire. Mais ça dépend, je suppose ; la seule foire de livre qui fonctionne, c’est New York – toutes les autres, tu ne vends pas assez, donc pour moi, ce n’est pas… Si j’y vais juste pour essayer de rentrer dans mes frais, ça n’a pas de sens. Je n’ai pas vraiment le temps de le faire. On a l’impression que des petits nouveaux arrivent toujours ; alors que d’autres ont déjà abandonné. Ils veulent faire 10 livres par an et ils n’en font qu’un, alors ils ne viennent pas aux foires de livres. Je ne sais pas s’ils sont devenus DJ…

…ou s’ils ont commencé à travailler sur autre chose. Juste derrière toi, ce sont des boîtes de zines ? J’imagine que ce sont les artistes qui les ont déposés directement ? Tu peux nous parler de ça ?

On essaie d’être assez inclusif, alors quand quelqu’un vient, on dit simplement « oui » et on en prend cinq. La plupart du temps, il s’agit de dépôts, sauf si la personne vient de loin. On a un peu d’argent liquide, alors on les paie directement sur place, et c’est plus facile à bien des égards. C’est une drôle d’économie aussi, parce que certaines personnes ne reviennent jamais. Ils s’en fichent, c’est une économie presque suicidaire. D’une certaine façon, si tu essaies d’être un peu rationnel, je n’utilise pas du tout de stagiaires. Il faut lire les chiffres pour s’en sortir.

Qu’est-ce que tu appelles une économie suicidaire ? Les zines ?

Les zines. Tu reçois quelque chose, il n’y a que cinq exemplaires, c’est 50€ au total, tu sais que tu n’auras probablement jamais de réassort, mais tu l’indexes quand même dans ta base de données parce que, ensuite, tu dois t’occuper des artistes, leur demander des factures – la moitié d’entre eux ne savent pas ou n’ont jamais fait ça.

C’est important pour toi d’en avoir, tu as dit que tu as commencé par faire un zine ?

À Berlin, je n’y ai pas vraiment pensé, mais j’ai aussi dû définir un positionnement, car il y a vraiment beaucoup de librairies – il y a Walther Koenig, bien sûr, et puis d’autres librairies, qui ont toutes leur positionnement. À côté, il y a b_books, qui est plutôt axé sur la théorie allemande, la politique, etc. Donc ça n’avait pas vraiment de sens d’avoir les mêmes livres. Avec le temps, comme j’aime des choses plus hybrides et étranges, c’était logique d’avoir toutes ces choses étranges au même endroit. C’est pour ça que les gens viennent ici, car nous ne donnons pas sur la rue. Au début, on s’est demandé si on pourrait maintenir la librairie comme ça, et maintenant, c’est plutôt un avantage – à part qu’un type a volé mon ordinateur portable samedi à l’arrière du magasin.

C’est le problème de travailler dans un espace public, où les gens vont et viennent. Tu disais que tu as commencé en tant que photographe, en tant qu’artiste ; comment es-tu devenu homme d’affaires ?

Je ne pense pas qu’il y ait une grande différence d’attitude entre certains artistes avec lesquels je travaille et moi, car les artistes doivent être des hommes d’affaires. Je pense que tout se mélange. Tu peux faire les choses de plusieurs façons, tu n’as pas besoin de le définir ; ce n’est pas comme si j’étais strictement un artiste, un curateur ou un homme d’affaires. Depuis que les curateurs ont remplacé les critiques d’art, les choses ont changé, car les curateurs doivent aussi agir comme des artistes. Ils doivent agir comme des hommes d’affaires. Les directeurs de musée doivent aussi trouver de l’argent, donc tout le monde devient un homme d’affaires d’une certaine façon. C’est une frontière intéressante à traverser.

Dirais-tu qu’il y a un style commun, d’une manière ou d’une autre, entre toutes les publications qu’on peut trouver chez Motto ?

Je pense qu’il y a plusieurs styles. Parce que nous avons des éditions signées et numérotées qui ne sont pas chères, et des trucs qui sont super faciles à produire et que tu pourrais comparer aux livres de Ruscha. Bien sûr, j’ai des archives personnelles et, dans le cadre de l’économie des zines et de toutes ces petites choses, si tu n’en mets pas quelques-uns de côté pour les vendre plus tard, c’est là que ça devient vraiment suicidaire. Si tu ne vends que des trucs à 5 euros et que tu gagnes un euro, tu dois vraiment en vendre beaucoup, et ensuite tu te retrouves avec des millions de transactions. Les coûts cachés ne cessent d’augmenter, alors c’est bien de trouver un équilibre entre faire ça et vendre des ensembles complets, des collections.

Donc tu prépares aussi des collections pour des institutions que tu vas vendre sous forme d’ensembles ?

Oui.

OK. Si je te demande de parler des zines réalisés par des artistes, y a-t-il quelques noms qui te viennent à l’esprit ?

Simon Popper… On avait son exposition ce week-end, j’ai acheté des livres de Sarah MacKillop et Dan Mitchell. Il y en a pas mal aussi qui sont entre les deux. Ils ressemblent à des zines, mais ils ont probablement été produits en mille exemplaires. L’attitude à leur égard est toujours la même. La série de Nieves est, je pense, assez intéressante. C’est toujours le même format et ça marche toujours. Quand tu le fais depuis si longtemps, c’est assez cohérent ; c’est aussi facilement répétitif. Quand c’est tout en noir et blanc, toujours agrafé, toujours le même. Tu en as tellement comme Himaa, par exemple… J’espère qu’il n’entendra pas ça. Il a récemment commencé à changer ses formats, et j’ai trouvé ça bien, parce que son style est toujours le même : il faisait toujours les mêmes zines, j’étais plutôt content qu’il arrête.

Concernant Nieves, j’ai cette question qui me turlupine vraiment. Est-ce que c’est toujours un zine s’il n’est pas produit par l’artiste ou s’il n’est pas auto-édité ?

Oui, ça ne me dérange pas vraiment.

Tu ne vois pas de différence ?

Non, tant que le livre est bon, ça ne me dérange pas qu’il ait un ISBN ou pas. Je pourrais aussi trouver ça problématique dans l’autre sens, quand, par exemple, j’ai eu quelques choses ici qui étaient très artisanales, avec des affiches, et ainsi de suite. Et puis le gars décide qu’il les numérote et les signe lui-même, alors qu’il est en fait l’éditeur. Je trouve ça un peu problématique, car c’est comme signer le travail des autres. Si tu as vu l’affiche de Brian Cannon, où il a demandé à quelqu’un de concevoir une affiche pour lui, en disant que la paternité de l’œuvre est fluide. C’est toujours une de ses œuvres, mais il est écrit « design par Jean-Pascal Flavien ». C’était drôle parce que même entre eux, ce n’était pas clair si c’est lui qui publie une affiche pour Flavien ou autre chose. À la fin, il a dit : « Non, non, non, c’est de moi, je vais le signer, mais c’est toi qui fait le design pour moi ». Donc, je pense que c’est aussi intéressant. Je pense que ce qui compte, c’est ce que les livres déclenchent. L’idée que l’artiste lui-même fasse un zine : bien sûr, je suis d’accord. Mais je pense aussi que lorsque Starbucks et Urban Outfitters commencent à faire des zines, alors tu sais que ça devient autre chose.

Ça peut devenir un problème.

Mais, en attendant, ça ne me dérange pas tant que ça.

Qu’est-ce qui fait un bon livre, pour toi ?

Juste le rapport entre contenu et savoir-faire, notamment le design. Mais quand le designer est trop présent, ça ne fonctionne pas toujours, parfois si. Disons que 70% de ce que nous vendons, je l’achèterai moi-même, donc c’est aussi un critère sans doute. Et ça se vérifie sur le long terme, dans les deux sens, si ça ne me plaît pas vraiment… C’est comme ça que ça a commencé avec la mode. Je n’étais pas vraiment convaincu, alors… J’ai des numéros anciens de LOVE que je vends, mais c’est juste pour nourrir la machine, ce n’est pas notre façade elle-même. Je me sens tout à fait à l’aise de faire ça, parce que je ne fais pas que ça. Les gens qui sont un peu malins et qui veulent un peu d’argent de poche n’ont besoin que d’un compte Instagram, et au lieu d’en acheter un, tu en achètes toujours deux, et tu attends deux, trois ans, et ensuite tu peux simplement le mettre sur Instagram. Tu ouvres un compte PayPal et je pense que c’est la nouvelle forme de vente par correspondance. C’est pareil, mais c’est juste plus rapide.

Et une dernière question : peux-tu nous parler du chat ?

Le chat est là. [Il caresse le chat, le chat miaule.] Elle est aussi vieille que la librairie, et elle est dans tous les magazines de lifestyle.

Elle est célèbre.

Oui. Elle a même eu une séance photo. Des gens sont venus il y a trois jours et ont pris des photos d’elle. C’était… Je ne sais pas… Je ne devrais pas dire ça, je pense.

Merci.

Berlin,

December 12th, 2016

In the circuit, Motto Distribution and its first shops in Zurich and Berlin made a name rather quickly for the quality of their selection. They seem to be there to set a new trend wwhich they fueled through a distribution system which provided cutting edge publications to a lot of trendy bookshops across Europe and sometimes even further. But a few years later, the owner Alexis Zavialoff became infamous for another reason, he seemed to leave a trail of unhappy people everywhere he would do business. As I was in Berlin, I pushed the door to his shop and asked if he would answer a few questions. I don’t know if he wanted to stage himself as an evil character, but when I interviewed him, he didn’t want his face to show. The video is therefore shot without his head, showing only his hands petting a cat, like a James Bond villain.
Hello, Alexis. Can you start by introducing yourself?

Yes. So, I have a background in photography, starting in 1993, 1994,… Skateboarding, snowboarding in Switzerland, mixed with, let’s say, arts too. I know how that sounds. Right away I started publishing a zine, which became a magazine, so I was learning the process of editorial to design, to printing and to figuring out. It would be destroyed systematically, as we try to be in the newsstands all over France, Switzerland.

What was it called?

Flat.

Flat Magazine?

Yeah. That one didn’t really grow old, few issues. They have nice things, but it is a bit typical. It is a bit, like… It was at the same time No Doubt started, which is something I’m a bit less interested in nowadays. And then, to jump ahead, I started travelling, so I lived in New York—not really, but going back and forth, taking pictures. And from 2000 on, I worked for art magazines. And from 2005 on, I started driving my car around Switzerland, just trying to figure out how you sell those things to stores, figuring out what’s a discount, what’s a consignment…

So your first store was your car?

I was selling books out of my car, in the parking lot, in front of Ecal School. Then people in Zurich invited me to do a one-week store. And in 2008, my partner opened her gallery here in Berlin, and this space was empty. At some point, it was kind of urgent to take over, because we wanted this courtyard to look nice. We opened only one day a week, and then that’s how…

Motto started…

That’s how it went pretty fast afterwards. Today we have about a dozen bookstores with institutions and project spaces, or design studios, with each of them a different economy and volume of books. We publish books; we’ve published more than 20 titles now. Some of them are co-published, so they are more like distribution deals, and some of them we really make and edit, and they’re more like objects. And… Yeah, that’s nuts.

And how did you move to distribution, then?

Well, the thing is, I started first as a distributor, coming from a publisher.

So you were mostly selling to bookshops, from the beginning?

I was actually an undercover bookseller. In Payot, if you know, in Lausanne, they sort of gave me a carte-blanche: I could bring in whatever I wanted on commission and/or selling. They would price it, and I would go there and install it. They have a big magazine section; that’s 2004, 2005? 2006?

And so, from the beginning, you worked sort of as a curator of books, making decisions and selections? So, what area does that cover, this curating?

I don’t know; it’s pretty vast, moving in… I mean, it is all related; everything is for sale, sort of, always, because, yeah, I buy and sell books. So, that’s already your frame, I guess. But then I work with several people—with libraries, with actual collectors who will become curators—like, I don’t know Christophe Schifferli, or Gregorio Magnani, where I am not credited as curator because I am not necessarily so interested, or I’d say I just don’t have time that day. We have a show, for example, now in Porto that Gregorio curated, and he invited me as part of the project to have, in the library, a big table with books that he is showing. And, as an extension, we curated a bookshop, which mirrors what’s in the show. So we shared – it is actually really curated, because we shared the entire list and almost everything that goes in.

And what can you find in Motto Bookshop? Like, what are the interests of Motto?

Art books…

Yeah? But design, also fashion sometimes…

Very little fashion, actually. I have looked at numbers, and I discarded all the coffee table magazines. And I realised that, in the last three years, if you look at this wall there, there is almost no fashion anymore. And we managed to maintain the numbers. They didn’t go down because, obviously, what we sell now is much more commercial. Their stuff—this fashion stuff—has a much wider and easy audience, and this stuff we sell now is much more difficult.

Do you have a lot of self-published work?

I don’t know how interested I am in defending this. Because I don’t really mind if the book is made in the kitchen or if it’s a mass production paperback, as long as it’s good. Of course, working directly with the artists is more complicated, but when it works, it really works because you work directly with somebody. Also, sometimes you can say “thank you,”  you know? If you work with mechanic distribution, with all the books with bigger presses, then it’s just all automated; it’s just trade, so… You also have nice people, but it’s a bit more anonymous.

You said you started in 2005, that’s about the same time the New York Art Book Fair was created, and there has been a…

I think it’s not to be compared; from 2005 to 2010, 2011, it’s just… And now it’s, like a much bigger network.

How would you characterise the recent rise in publishing? There’s more and more book fairs, bookshops, and small imprints?

The book fairs—there are too many. I don’t know how interesting they are. It’s, of course, interesting to meet people and browse some books, but… It’s more interesting to work specifically with people and try to work long term, which is why I’m doing these bookshops. When it works, it’s just not a book fair. But it depends, I guess; the only book fair that works is in New York; all other ones, you don’t sell enough, so for me, it’s not… If I just go to try to break even, it doesn’t make sense. I don’t really have time to do it. It seems as though new people are still coming in when some people have already given up. They try to make 10 books a year, and they only do one, so they don’t come to book fairs. I don’t know if they became DJs or…

…or started working on something else. Just behind you, are those zine boxes? I guess that artists came and just dropped them? Can you tell us about them?

We tend to be quite inclusive, so when somebody walks in, we just say "yes, and we take five of these. Mostly it’s consignment, unless somebody is travelling from overseas. We have a bit of cash, so they can just get it on the spot, and it is easier in a lot of ways. It’s a funny economy because, also, I think some people just never come back. They just don’t care, because it’s a pretty suicidal economy. In a way, if you try to be a bit rational, I don’t use any interns at all; you have to read the numbers to come through.

What is a suicidal economy? The zines?

The zines. You get something in, it’s only five copies, it’s 50€ total, you know you will most likely never restock it, but you’re still indexing it in your database because, you have to deal with the artists making invoices; half of them don’t know or have never done it.

Is it important for you, since you said you started by making a zine, to have those?

In Berlin, I didn’t really think about it, but I also had to define a position because there are really quite a few bookshops—there’s Walther Koenig, of course, and then there’s other bookshops, who all have their positions. Next door is b_books, which is more like German theory, politics, etc. So it didn’t really make sense to have the same books. With time, as I like more hybrid and strange things, it made sense to have all these strange things, all in the same place. That’s why people come here, because we are not on the streets. In the beginning, it was quite a question mark, if we could maintain the store like this, and now it’s actually an advantage—except for the guy who stole my laptop on Saturday. It was in the back of the shop.

That’s the problem of working in a public space where people come in and out. So, you said you started as a photographer, as an artist; how did you move to being a businessman?

I don’t think there is much difference with the attitude between some of the artists that I work with and mine, because the artists have to be businessmen. I think everything merges. You can do things many ways; you don’t need to define it; it’s not like I’m strictly an artist or strictly a curator, or strictly a businessman. Since the curator replaced the art critic, things have changed because the curators have to act like artists as well. They have to act like businessmen. The museum directors have to find money as well, so everybody becomes a businessman in a way. It’s a border that’s interesting to cross.

Would you say there’s a style that is somehow common between all the publications that we can find at Motto?

I think there are many styles. We have signed and numbered editions that aren’t expensive, and stuff that is super easily produced and that you could compare to Ruscha’s books. Of course, I have a personal archive, and, within the economy of the zines and all these small things, if you don’t put aside a few of them and sell them later, that’s when it becomes really suicidal. If you just sell stuff for 5 euros and make one euro, you have to really sell a lot, and then you end up with millions of transactions. The hidden costs keep growing, so it’s good to find a balance between doing that and selling full sets, collections.

So you also curate collections for institutions that you will sell as a set?

Yeah.

OK. If I ask you about zines made by artists, are there a couple of names that pop into your head?

Simon Popper… I just had his show this weekend, and I bought books from Sarah MacKillop and Dan Mitchell. There are quite a few as well that are in between. They look like zines, but they were probably produced in a thousand copies. The attitude towards it is still the same. The series from Nieves, I think, is quite interesting; it’s always in the very same format, and it still works. When you do it for so long, it’s quite consistent; it’s also easily repetitive. When it’s all black and white, always stapled, always the same. You have so many, like Himaa, for example… I think he shouldn’t hear that. He recently started changing his formats, and I thought this was good because his style is always the same—he would always make those zines. I was kind of happy that he stopped.

Concerning Nieves, I have this question that is really bothering me. Is it still a zine if it is not produced by the artist, or self-published?

Yeah… I don’t really mind.

You don’t see a difference?

No, as long as the book is good, I don’t mind if it has an ISBN or if it doesn’t. I could also find it problematic the other way around, when, for example, I had a few things here that were very crafty, with posters, and so on. And then the guy decides that he numbers it and signs it himself, but he is, in fact, the editor. This I find a bit problematic because it is like signing other people’s work. If you saw the poster from Brian Cannon, where he asked someone to design a poster for him, saying authorship is fluid, It is still a work of his, but it says, “Designed by Jean-Pascal Flavien.” It was funny because, even between them, it wasn’t clear if it was him publishing a poster for Flavien or something else. In the end, he said, “No, no, no, it’s mine; I’m gonna sign it, but you’re designing it for me.” So, I think this is again interesting. I think it just matters what the book triggers. The idea of the artist himself making a zine—sure, I agree. But I also think that when Starbucks and Urban Outfitters start making zines, then, you know, that’s gonna be something else.

It might become a problem.

But, until then, I don’t really mind so much.

What makes a good book for you?

Just content versus craft, including design. But when the designer is too much there, it doesn’t always work. Sometimes it does. Let’s say 70% of what we stock I will buy myself, so that’s also a criteria, probably. And I also verified it in the long term, in the sense that, if I don’t really like it… That’s how it started with fashion. I wasn’t really convinced, so… I have earlier issues of LOVE that I sell, but that’s just to feed the machine; it is not something that is our façade itself. I feel totally okay about doing that, because it’s not that I only do that. People who are a little clever and want some extra pocket money only need an Instagram account, and instead of buying one, you always get two, and you wait two, three years, and then you can just put it on Instagram. You open a PayPal account, and I think it’s the new form of mail order. It’s still there, but it’s just instant.

And one last question: can you tell about the cat?

The cat is there. [He pets the cat, cat meows.] She is as old as the bookshop, and she is in every style magazine.

She’s famous.

Yeah. She had a photo shoot, actually. Some people came three days ago, took some pictures of her. Which was… I don’t know… I shouldn’t say that, I think.

Thank you.
Motto Books, Berlin, 2016.
Motto Books, Berlin, 2016. Motto Books, Berlin, 2016.