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Par email,

le 1er décembre 2016

Après avoir participé à Expozine, je ne suis resté que quelques jours à Montréal, mais je me suis dit que la scène montréalaise des zines valait la peine d’être creusée et que je devais lui consacrer un numéro d’ARTZINES. J’avais remarqué les articles sur les publications d’artistes sur le blog de Céline Huyghebaert, Fadingpaper, et je l’ai contactée pour entrer en contact avec la scène montréalaise que je n’avais pas eu le temps d’explorer pendant mon court séjour. Je lui ai demandé de m’aider à préparer ce numéro et elle a interviewé plusieurs artistes avec qui elle venait de discuter pendant Expozine.
Propos recueillis par Céline Huyghebaert
Comment définirais-tu ton style ?

Je suis inspiré par les détails, les sons et les textures minuscules qui passent souvent inaperçus dans la vie quotidienne. Je préfère les formes poétiques courtes et j’aime utiliser les contraintes (poésie métrique, symbolique, acrostiche, mésostique, blackout, etc.). J’aime utiliser des mots simples de manière inattendue, souvent avec une tournure absurde et surréaliste.

Comment as-tu commencé à créer ta série de pochettes d’allumettes ? De quoi s’agit-il ?

J’ai commencé la série en 2014 comme un moyen de revenir à l’art après quelques années à me concentrer principalement sur la chanson. Faire des disques est un effort long et ardu, alors j’avais vraiment besoin de travailler sur des projets créatifs à court terme que je pouvais faire moi-même. Et quelle joie ce fut !

J’ai reçu une formation de musicienne, de violoniste et ensuite de musicologue (histoire de la musique). Ma thèse de maîtrise portait sur Andy Warhol et le Velvet Underground. J’ai donc toujours été très intéressée par l’art, mais je n’ai jamais été officiellement formée en tant qu’artiste (bien que je passe la plupart de mon temps à dessiner et à écrire). Je pense que les mots sont ce qui relie tout ce que je fais. Ils sont dans mes chansons, dans mes photos, dans ma poésie.

Qu’en est-il de la forme et du design ?

Le format de la boîte d’allumettes est venu très instinctivement.

Je pense que j’ai aimé l’humour et la simplicité pratique de son design. Je voulais aussi que les pages soient solidement enfermées dans le livre. Maintenant que j’y pense, il a peut-être été inspiré par un prospectus que j’ai ramassé en 2008 et qui présentait une œuvre sur pochette d’allumettes de Jason D’Aquino.

Je voulais faire des zines de poésie visuellement attrayants et colorés. L’aspect de la couverture était donc très important. Le design a été principalement inspiré par les couvertures des romans Sherlock Holmes édités par Robert Laffont dans les années 1960 dont j’ai hérité et que j’ai dévoré quand j’étais adolescente. Elles présentent des photos d’objets en rapport avec les histoires dans une sorte de style nature morte de la Renaissance. Par exemple, sur la couverture de Petits poèmes religieux, mais pas toujours catholiques, j’ai photographié un tas de chapelets. J’ai fabriqué l’un d’entre eux moi-même, avec des pépins de pomme. Il fait référence à un poème coquin sur Ève qui pisse des pépins de pommes liquides (Ève/Fait pipi/En pépin de pommes/Liquides). La fléchette sur le Petit Manuel d’activités saugrenues fait référence à un poème sur le jeu de fléchettes avec des punaises (Joue/Aux fléchettes/Avec les punaises/De lit).

Les poèmes sont toujours courts et centrés sur un thème qui change à chaque fois. Ils doivent être savourés lentement. J’utilise toujours la police Courier New. C’est devenu une signature.

Qu’est-ce qui t’inspire ?

En ville, dans les bois, je trouve toujours des idées en marchant. Je vois ça comme une chasse. Une chasse aux couleurs, aux mots, aux textures et je prends beaucoup de photos (Polaroid et iPhone). Les documentaires sur d’autres artistes m’inspirent et me font travailler. Tumblr et Instagram aussi. Je lis très peu. Il semble que je réagisse davantage aux images. J’écoute une tonne de podcasts. Cette dernière année, j’ai été très inspirée par Welcome To Night Vale.

Qui sont tes artistes préférés ?

Julie Doucet est ma zinester préférée. Pour la poésie, Jean Cocteau, Apollinaire, Sylvie Laliberté, Joséphine Bacon. Je suis toujours inspirée par Van Eyck, Man Ray, Dali, Buñuel, Dora Carrington, John Cage, Grayson Perry, Marcel Gotlib, Dee Dee Cheriel, Banksy, Hugleikur Dagsson et Carissa Potter et Heather Van Winckle, les femmes derrière People I’ve loved (http://peopleiveloved.com/).

Qu’est-ce qui te plaît dans le fait de créer des livres par toi-même ?

Ne pas attendre pendant huit mois, en me rongeant les ongles, qu’un éditeur réponde (généralement négativement) à ma proposition. Et aussi avoir un contrôle total sur chaque aspect de la conception. J’aime vraiment assembler les livres à la main. C’est un moment très Zen pour moi et je le chéris. Enfin, il semble que j’habite une terre mystérieuse entre la poésie et l’art, ce qui fait qu’il m’est difficile de m’intégrer dans le monde de l’édition traditionnelle. J’en ai eu assez d’attendre.

Où achètes-tu des zines à Montréal ?

Monastiraki, Atelier 10, Espace projet et Le port de tête.

Que penses-tu de la scène des zines à Montréal ?

Il semble que ce soit plus une tradition du côté anglophone. J’aimerais parfois être en Europe et avoir accès à ce grand bassin de lecteurs et de marchés de zines francophones. Mais je ne fais pas partie de la scène depuis assez longtemps pour faire des commentaires, j’en ai peur. Et je devrais sortir davantage… redemande-moi dans cinq ans.

By email,

December 1st, 2016

After participating in Expozine, I only stayed a few days in Montreal, but I felt like the zine scene was worth digging into and that I should devote an issue of ARTZINES to it. I had noticed the articles about artists’ publications on Céline Huyghebaert’s blog Fadingpaper, and I contacted her to get in touch with the Montreal scene I hadn’t had enough time to explore during my short stay. I asked her to help me prepare the Montréal issue and she interviewed several zine-makers she had just talked to during Expozine.
Interview by Céline Huyghebaert
How would you define your style?

I am inspired by the minuscule and often unnoticed details, sounds, and textures of daily life. I prefer short poetic forms and love to use constraints (metric, symbolic, acrostic, mesostic, blackout poetry, etc.). I like to use simple words in unexpected ways, often with an absurd and surreal twist.

How do you start to make your matchbook’s series? What is it all about?

I started the series in 2014 as a way to come back to art after a couple of years focusing mostly on songs. Making records is a long and arduous effort, so I really needed to work on some short-term creative projects that I could do by myself. And what a joy it was!

I was trained as a musician, as a violinist, and then as a musicologist (music history). My master’s thesis was about Andy Warhol and the Velvet Underground. So I was always very interested in art but never officially trained as an artist (although I spent most of my time drawing and writing). I think the words are what link everything that I do. They are in my songs, in my pictures, and in my poetry.

What about the shape and the design?

The matchbook format came very instinctively.

I think I liked the humour of it and the practical simplicity of the design. I also wanted the pages to be solidly enclosed in the book. Now that I think of it, it might have been inspired by a flyer I picked up in 2008 featuring some matchbook art by Jason D’Aquino.

I wanted to do visually attractive and colourful poetry zines. So the cover art is very important. The design was mostly inspired by the covers of some 1960s Robert Laffont Sherlock Holmes novels that I inherited and devoured as a teenager. They feature photos of objects that are relevant to the stories in a sort of Renaissance still-life style. For example, on the cover of Petits poèmes religieux mais pas toujours catholiques, I photographed a bunch of rosaries. One of them I actually made myself, with apple seeds. It refers to a naughty poem about Eve peeing liquid apple seeds [Ève/Fait pipi/En pépin de pommes/Liquides]. The dart on the Petit Manuel d’activités saugrenues refers to a poem about playing dart with bedbugs [Joue/Aux fléchettes/Avec les punaises/De lit].

The poems are always short and focused on a theme that changes every time. They need to be slowly savoured. I always use the Courier New font. It has become a signature.

What inspires you?

In the city and through the woods, I always get ideas while I walk. I see it as a hunt. I hunt for colours, words, and textures, and I take a lot of pictures (Polaroid and iPhone). Documentaries about other artists inspire me and keep me working. Tumblr and Instagram, too. I read very little. I seem to respond to images more. I listen to a ton of podcasts. This past year, I have been very inspired by Welcome to Night Vale.

Who are your favourite artists?

Julie Doucet is my favourite zinemaker. For poetry, Jean Cocteau, Apollinaire, Sylvie Laliberté, and Josephine Bacon. I am always inspired by Van Eyck, Man Ray, Dali, Buñuel, Dora Carrington, John Cage, Grayson Perry, Marcel Gotlib, Dee Dee Cheriel, Banksy, Hugleikur Dagsson, Carissa Potter, and Heather Van Winckle, the women behind People I’ve Loved (http://peopleiveloved.com/).

What do you like about making books by yourself?

Not waiting for eight months, biting my fingernails, for an editor to reply (usually negatively) to my submission. Also having total control over every aspect of the design. I really love to assemble the books by hand. It is a very Zen time for me, and I cherish it. Finally, I seem to inhabit a mysterious land in between poetry and art that makes it difficult for me to fit in with the traditional editing world. I got tired of waiting.

Where do you buy zines in Montreal?

Monastiraki, Atelier 10, Espace Projet, and Le Port de tête.

What do you think about the zine scene in Montreal?

It seems to be more of a tradition on the Anglophone side. I wish I was in Europe sometimes and had access to this large basin of francophone readers and zine markets. But I haven’t been part of the scene long enough to comment, I’m afraid. And I should go out more…ask me again in five years.

Prix de consolation
MEB (Marie-Ève Bouchard), *Prix de consolation*, 50 exemplaires. MEB (Marie-Ève Bouchard), *Prix de consolation*, 50 copies.
Petits poèmes religieux mais pas toujours catholiques
MEB (Marie-Ève Bouchard), *Petits poèmes religieux mais pas toujours catholiques*, 50 copies. MEB (Marie-Ève Bouchard), *Petits poèmes religieux mais pas toujours catholiques*, 50 copies.
Petit manuel d'activités saugrenues
MEB (Marie-Ève Bouchard), *Petit manuel d'activités saugrenues*, 50 exemplaires. MEB (Marie-Ève Bouchard), *Petit manuel d'activités saugrenues*, 50 copies.