New York,
le 22 septembre 2016
Bonjour Antoine,
Je m’appelle Max Schumann et je suis le directeur de Printed Matter. Je suis également artiste, mais je n’ai pas fait d’art ces deux ou trois dernières années, car il y a trop de travail à Printed Matter. Et je n’ai pas fait de livres depuis les années 1990, probablement. Je suis à Printed Matter depuis 1989 et j’ai travaillé dans tous les domaines de cette organisation. Je suis essentiellement directeur ou directeur associé depuis une vingtaine d’années environ.
Pour moi, le terme « zine » s’éloigne de plus en plus de ce que fut mon expérience des zines dans les années 1980 avec les zines punk rock. Ce que les gens appellent aujourd’hui zine semble plutôt être une méthode, une esthétique liée à un format et peut-être aussi un état d’esprit ou une éthique. On parle de l’esthétique copié-collé, du format photocopié et agrafé pour la plupart, même si certains sont imprimés numériquement, et on trouve différents types de reliure et des choses comme ça. Mais l’éthique Do It Yourself c’est ce qui distingue ce que les gens appellent zines et c’est ce qu’ils véhiculent en général.
D’après mon expérience, le zine punk et hardcore des années 1980 était un média alternatif, un véhicule d’information fonctionnel pour les communautés sous-représentées et marginalisées. Lorsqu’on n’est pas représenté ou mal représenté dans les médias grand public et que nos formes d’art et de culture sont mal représentées dans les médias, on crée ses propres médias. Les zines étaient donc plus liés à l’activisme vidéo qu’à l’art vidéo, par exemple. Ils s’inscrivaient dans une politique Do It Yourself qui consistait à « créer sa propre culture » et à la représenter en créant ses propres médias. On crée son groupe, son propre label, on organise les tournées, on met en commun nos ressources avec d’autres groupes et communautés, on construit nos propres réseaux underground et on crée ensuite des médias pour le représenter. La plupart des zines étaient comme Maximum Rock’n’roll, qui est comme un protozine : ce n’est pas un livre d’artiste ou une œuvre d’art. On y parle de groupes qui ne sont pas couverts par les médias grand public, avec des critiques de disques, de tournées et de spectacles, ainsi que des essais politiques et sur l’actualité. Ensuite, il y a de très nombreuses petites éditions beaucoup plus artisanales, tout le monde faisait des zines.
Les zines véhiculaient juste des styles de vie, donc pas nécessairement de l’art et de la culture. On pouvait y trouver des carnets de voyage de personnes nomades, des journaux intimes et des choses comme ça ou des sujets intéressants. Beaucoup traitaient d’expérience de classe. Il y avait ce super zine appelé Dishwasher, où les gens envoyaient leurs expériences de travail en cuisine. C’est ce que les gens faisaient à l’époque, quand on faisait partie d’un groupe de punk rock ou autre, on payait ses factures en travaillant chez Howard Johnson comme plongeur ou serveur.
Il y en avait un autre plus établi, imprimé en offset, appelé Processed World qui traitait de l’expérience du salariat et de la manière d’intervenir ou de saboter son lieu de travail par différents moyens, par exemple comment ne pas travailler quand on est au travail ou comment perturber le système du travail salarié. Le zine était rempli de contributions, de témoignages, de manifestes et d’autres choses encore.
Il y a plusieurs trajectoires. Je ne suis pas un universitaire ou un spécialiste des zines, mais d’après mes expériences, il y a la trajectoire des fanzines qui traitent de rock en général ou de musique pop, qui n’était pas non plus représentée par les médias à l’époque. Les premiers fanzines étaient consacrés à ces nouveaux groupes de rock qui émergeaient. Dans l’exposition que Johan Kugelberg a réalisée sur la collection de zines de science-fiction et de fantasy de Lenny Kaye, là encore, il s’agit d’une forme de culture qui n’est pas représentée par les médias grand public et les gens ont donc créé leurs propres médias. La science-fiction et le fantastique étaient des formes de culture populaire peu répandues, mais qui avaient une très grande fanbase, et ces gens créaient leurs propres médias.
Avec une vision élargie des zines ? Je suis d’accord avec le changement de définition du zine, je veux juste en finir avec l’aspect historique.
L’autre trajectoire qui, je pense, est issue des zines punks est aussi celle des brochures politiques. Ça remonte au 17e siècle, au moment où les technologies d’impression sont devenues plus accessibles et où une classe marchande pouvait se les payer, alors qu’auparavant seules la cour et l’église contrôlaient les presses. Pour la première fois, des choses étaient auto-éditées en dehors du centre de pouvoir dominant de la culture. La possibilité de publier des opinions politiques alternatives a joué un rôle important dans la Révolution américaine et la Révolution française. Donc il y a donc toujours eu une tradition de presse politique underground qui a également influencé ce qu’étaient les zines dans les années 1980, qu’il s’agisse de la presse de gauche du 19e siècle ou du début du 20e siècle jusqu’à la presse underground des années 1960 sur laquelle nous venons de faire une exposition. Il y avait l’East Village Other, qui était un peu plus professionnel et tu peux voir que c’était l’ancêtre des journaux hebdomadaires libéraux qu’on trouve dans toutes les villes des États-Unis. Les créateurs de ces magazines voulaient publier ces articles sur les droits civiques, la guerre du Vietnam et le style de vie alternatif et contre-culturel. C’étaient des novices qui ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Ils s’occupaient du graphisme et de la mise en page sans avoir appris. Ils n’ont pas fait d’école d’art commercial pour apprendre le graphisme, ils ont appris en faisant. C’est ce qui les rend si touffus et riches esthétiquement, parce que c’était des expérimentations.
La vision élargie des zines comme quelque chose qui se présente d’une certaine manière va dans le sens de l’idée de l’art en tant qu’information qui intéressait beaucoup les artistes conceptuels. Mais si tu regardes un zine punk rock des années 1980 et un livre d’artiste conceptuel de Lawrence Weiner ou Peter Downsbrough, les deux fonctionnent de manières très différentes, mais sont tous deux des véhicules d’information.
Ouais. La plupart des zines, ou ce que nous appelons zines aujourd’hui, nous ne les aurions pas appelés zines dans les années 1980, nous les aurions appelés livres d’artistes, parce qu’ils n’avaient pas cette dimension utilitaire en tant que véhicule d’information. Bien sûr, certaines esthétiques ont évolué depuis lors et, lorsque Rich Jacobs a organisé l’exposition de zines de skate à l’ancien Printed Matter, les différents styles étaient incroyablement riches. Parmi eux, il y avait Mark Gonzales et Ed Templeton et des gens qui étaient liés à la scène du skate ou qui en faisaient partie.
Il y a également eu une pratique de création de zine avec cette esthétique très riche de style copié-collé, qui dérive de l’esthétique punk précoce.
Peut-être que Pettibon était vraiment le pont, car ses zines étaient distribués par SST Records and Releases. Ils ne fonctionnaient pas comme véhicules d’information ; c’étaient vraiment uniquement des livres d’artistes, le magazine entier étant une œuvre d’art. Il n’y a pas de lignes et de divisions strictes, il y a beaucoup de chevauchements. Mais encore une fois, ce que les gens considèrent comme des zines aujourd’hui n’aurait pas été considéré comme des zines par les communautés des années 1980, qui les considéraient comme des livres d’artistes, des livres d’artistes autoédités.
Bien que l’art de la performance, la musique et les zines faisaient déjà partie de l’activité artistique. Lors du discours d’ouverture que Martha Wilson a prononcé à la Contemporary Artists’ Book Conference, elle a dit une chose vraiment intéressante. Elle a dit qu’elle était un peu consternée de voir qu’au début, à l’époque où Franklin Furnace et Printed Matter ont été fondés en 1976, il n’y avait pas vraiment de terminologie établie. Les livres d’artistes n’existaient pas vraiment en tant que terme reconnu, il y avait eu quelques expositions explorant ce que nous appelons maintenant les livres d’artistes, mais c’était plus tard. Je pense que ce sont peut-être les bibliothécaires qui avaient besoin de trouver une définition pour cette activité, mais Martha a dit à l’époque qu’ils faisaient de la performance, de la vidéo, des projets d’art conceptuel, différents processus et d’autres types d’activités artistiques immatérielles et que tout cela faisait partie de la même dynamique. Je pense que c’est une chose à laquelle nous devrions probablement revenir ou que nous devrions raviver pour informer notre sensibilité. Parce que nous nous occupons de la distribution de livres d’artistes, nous devons nous demander ce qu’est un livre d’artiste, mais il peut s’agir de beaucoup de choses différentes.
Nous avons déjà une définition assez large. Je crois que c’est tout ce que j’ai à dire sur le problème de la définition de ce qu’est un zine ou un livre d’artiste. Il y avait un groupe à la foire, un nouvel ajout à la section Friendly Fire, qui est un collectif de Baltimore et dont le manifeste envisage l’édition comme échange d’idées et communication. Pour ce collectif, il peut s’agir d’un travail médiatique, mais aussi d’un dialogue, d’une interaction humaine, d’une communauté et d’un échange d’informations en dehors des médias. C’est une notion assez large de ce qu’est l’édition.
Lors de la première New York Art Book Fair, lorsque j’ai créé Friendly Fire, l’idée était d’offrir des tables gratuites à un groupe d’éditeurs indépendants, de collectifs et d’individus, pas nécessairement des activistes politiques, qui n’auraient pas pu se les payer. Comme ils n’avaient pas droit aux nappes uniformes et à la signalétique, j’ai dit aux personnes que j’ai sélectionnées et invitées de s’éclater avec leurs stands, de fabriquer leurs propres panneaux et nappes et de considérer leur table comme une installation ou un projet artistique. C’est ce qu’ils ont fait et je pense que c’était très vivant.
Je crois que LTTR avait une table qui proposait des ateliers de création de zine. Les premières années, Dexter Sinister avait une machine à ronéotyper et faisait des publications à partir d’informations recueillies à la foire. Visuellement, c’était très différent du reste de la foire, car tout le reste de la foire avait de jolis petits panneaux et une nappe grise, alors que Friendly Fire était cette section vraiment énergique, chaotique et créative de la foire. Pendant les trois premières années, c’est là que se trouvaient les zines avant qu’il n’y ait une section zine. Puis, il y a eu cette vague de nouveaux projets d’édition indépendants, il est donc devenu nécessaire de proposer des tables pour les zines. Le concept de la table en tant que site d’installation a été repris dans la tente des zines et s’est ensuite répandu dans toute la foire. Ainsi, tout au long de la foire, on voit des stands qui traitent vraiment leurs tables comme des projets in situ. À ce stade, Friendly Fire ne se distinguait plus de la tente des zines, et j’ai donc décidé de l’orienter davantage vers les groupes d’artistes ayant une pratique politique ou militante et une pratique de l’édition. Des gens viennent chaque année, comme Red76, Temporary Services de Chicago, Autonomedia ici à New York, Guerrilla Girls, Press Press de Baltimore… Je veux identifier davantage de collectifs et de groupes d’artistes qui ont une véritable pratique de l’activisme et de l’édition.
Oui, je le pense, mais il ne faut pas les opposer aux autres éditeurs de zines qui le font aussi. Je pense que pour beaucoup d’entre eux, l’activité d’édition underground ou indépendante est militante en soi, dans la mesure où il s’agit d’un contrôle indépendant de votre propre représentation. Au lieu d’être représenté par quelqu’un d’autre, vous vous représentez vous-même. C’est une partie très importante de l’héritage et de la trajectoire des zines queer. C’est donc très politique en soi, l’acte de publier est militant parce qu’on prend le contrôle sur la manière dont on sera représenté.
Nous assistons aujourd’hui à la croissance de la New York Art Book Fair et à une résurgence des artistes et d’autres formes créatives d’édition au milieu de l’avancée technologique numérique et d’une immersion totale dans la communication numérique. Les utopistes de la technologie nous proposent ce nouvel idéal numérique : « Vous aurez des informations libres, vous aurez des marchés libres, vous aurez des sociétés libres. » Mais les marchés libres ne sont pas synonymes de sociétés libres, les soi-disant marchés libres ne sont absolument pas libres du tout, c’est même le contraire. Depuis le développement de cette technologie numérique, nous vivons une guerre néo-impérialiste perpétuelle et le plus grand déplacement de populations dans le monde, la destruction des écosystèmes, le vol des ressources et vraiment une nouvelle vague de colonialisme. Même si nous sommes devenus culturellement et socialement plus éclairés à certains égards, il s’agit toujours d’un système de classes complètement stratifié avec la plus grande aspiration de la richesse et du pouvoir de toute part vers une minuscule et très internationale élite. Et aussi une surveillance d’état qui éblouirait Staline et Mao. La façon dont nous sommes scrutés dépasse le KGB et la Stasi, en terme de surveillance et d’espionnage d’état. À travers notre culture consumériste, nous disposons de moyens de contrôle social beaucoup plus sophistiqués et nuancés que les régimes totalitaires ou autoritaires. Il y a donc un côté sombre de la technologie et je me suis demandé si l’intérêt de la jeune génération pour l’édition n’était pas un effet de mode. Comme si le disque vinyl est la nostalgie d’un passé qu’on n’a jamais connu, ce qui est en fin de compte un fantasme de consommation d’une certaine manière, qui fait partie intégrante d’un fantasme capitaliste.
Je pense que c’est ça qui est important et donne du sens à cette pratique, l’expérience analogique de regarder un livre est quelque chose de différent de celle de regarder son iPhone. Ce que l’on observe dans cette nouvelle génération d’édition, c’est qu’il ne s’agit pas d’un rejet ou d’un mouvement réactionnaire contre la technologie, car celle-ci est vraiment utilisée et déployée de différentes manières pour en tirer le meilleur parti. Mais les interactions virtuelles sont aliénantes et les gens réalisent qu’ils ont besoin de rencontres physiques et réelles, et c’est là que l’édition et le zine sont si pertinents. Qu’il s’agisse d’une grande édition offset fabriquée industriellement ou de l’acquisition d’une machine Risograph et de sa réparation parce qu’elle tombe en panne tout le temps, le fait d’être capable de partager les ressources et de sortir sa publication est un processus de collaboration. Puis le partage final de votre objet, qu’il s’agisse de vendre, de donner, d’échanger ou de commercer, tout cela relève de la communauté et des interactions. Ce n’est pas la même chose, mais le soulèvement [de 2011] sur la place Tahrir en Égypte a été rendu possible en grande partie par les médias sociaux. Les gens ont pleinement profité de la communication qu’ils avaient par le biais des médias sociaux, mais sans l’intervention physique et l’organisation physique, il n’y aurait rien eu. Le gouvernement a censuré les médias sociaux dès qu’il s’est rendu compte de ce qui se passait. Les gens ont utilisé les médias sociaux pour contourner les différentes formes de censure, mais au final, il fallait une occupation et une intervention physique. C’est une combinaison de techniques, de médias sociaux et de tactiques.
Enfin, d’un point de vue plus général et vraiment utilitaire, cette production, cette collaboration et cette communauté attirent littéralement la première génération qui a grandi en apprenant l’informatique en même temps qu’elle apprenait à parler.
C’est l’autre aspect de la chose, c’est que, pour la plupart, c’est une économie du don. Les éditeurs indépendants, pour la plupart d’entre eux, sont subventionnés ailleurs. Red Fox Press, par exemple, le groupe irlandais composé de deux personnes, produit tous ses livres à la main, fait des tournées internationales dans les foires du livre, a une activité de vente par correspondance et peut-être aussi un point de vente au détail, mais c’est une industrie entièrement artisanale et ça marche. C’est beaucoup de travail, mais c’est ce qui fait vivre ces deux éditeurs. Mais il y a très peu d’exemples de ce genre, où c’est vraiment autosuffisant entièrement.
C’est quelque chose que les gens veulent avoir, mais n’ont pas besoin d’avoir, donc ils doivent avoir l’argent pour l’obtenir. Qu’il s’agisse d’un étudiant qui va être criblé de dettes pour les vingt prochaines années, mais qui sait comment jouer ses cartes de crédit les unes contre les autres et qui a un revenu disponible pour acheter des livres. Les diplômés de l’université feront partie de la classe moyenne ou supérieure, mais les autres non. Si tu peux obtenir des informations gratuitement par la communication numérique, pourquoi l’obtenir sous forme imprimée ? Donc c’est un club, il y a une certaine division de classe entre les personnes qui peuvent envisager d’acquérir un livre d’artiste et les personnes pour qui ça n’a aucun sens, aucune utilité. Donc, l’une des choses qui me semble vraiment importante pour Printed Matter, c’est cette notion de distribution, et je pense que c’est tout à fait conforme à ce que les fondateurs Lucy Lippard et d’autres avaient à l’esprit, d’atteindre des personnes en dehors du public de l’art. L’un des points importants que Lucy a fait valoir dans ses premiers écrits était qu’il s’agissait d’un moyen d’amener l’art contemporain aux personnes situées en dehors des centres culturels urbains. Puis, plus tard, elle a dû qualifier l’art contemporain parce que l’art contemporain était un échec, en partie parce qu’il n’était pas compréhensible pour les gens ordinaires. C’est donc peut-être un double projet sur lequel il faut travailler : rendre l’art plus accessible dans son contenu et dans ses systèmes de distribution.
New York,
September 22nd, 2016
Hi Antoine
Okay. I’m Max Schumann, and I’m the director of Printed Matter. I’m also an artist, but I haven’t been making art for the last two or three years because there’s too much work at Printed Matter. And I haven’t made books since the 1990s probably. I’ve been at Printed Matter since 1989 and have worked in all different aspects of the organization. I was basically manager or associate director for the last 20 years or so.
To me, the term zine is becoming further and further removed from what my experience of zines was with 1980s punk rock zines. What people now call zine seems more like a method, an aesthetic of format, and maybe also a spirit or ethos. That is the aesthetic of cut and paste, stapled photocopy format for the most part; some are digitally printed, and there are different types of bindings and stuff like that. But the DIY ethos is the qualifying thing for what people call zines, and that’s what it generally conveys.
In my experience, the punk and hardcore zine in the 1980s was alternative media; it was a functioning information vehicle for underrepresented and marginalised communities. When you’re not represented or misrepresented in the mainstream media and your forms of art and culture are being misrepresented in the media, you make your own media. So zines had more of a relationship to video activism as opposed to video art. It was very much part of a DIY politics of “you make your own culture” and then you represent it through making your own media. You start your own band, you make your own record label, you do your own tour booking, you band your resources together with other bands and communities, you build your own underground network, and then you make media to represent it. For the most part, zines were like Maximum Rock’n’Roll, which is like a protozine; it’s not an artist book or an artwork. It’s about bands that don’t get covered in the mainstream media with record reviews, tour and show reviews, and then also political and news essays. Then there are very many different, much more homespun, smaller editions, everyone was doing zines.
Zines just conveyed lifestyles, not necessarily carrying art and culture. You would find travelogues of people who were nomads, diaries, and things like that, or interesting topics. A lot of it had to do with class experience. There was this great zine called Dishwasher, in which people would submit their experiences of working in kitchens. That’s what people did back in those days, when you were in punk rock bands and stuff like that, and you paid your bills by working at Howard Johnson’s, washing dishes or waiting tables.
There was a more established one, offset-printed, called Processed World. It was about wage labour experience and how to intervene or subvert the workplace through different things, like how to not work while you’re working or how to disrupt the wage labour system. There was a whole zine of contributions, testimonials, manifestos, and other kinds of things.
There are different trajectories; I’m not an academic or scholar of zines, but with my understanding experiences, there’s the trajectory of the fanzine, which is about rock in general or pop music, which was also not represented by the media in the early days. The early fanzines were for these new rock bands that were emerging. In the exhibit that Johan Kugelberg did of Lenny Kaye’s collection of sci-fi and fantasy zines, here again, it’s a form of culture that’s not represented by mainstream media, and so people created their own media around it. The science fiction and fantasy fiction were low culture, but they had a really broad and wide fan base, so people would make their own media about that.
And the expanded version of zines? I’m fine with the zine changing definition; I just want to finish with the historical thing.
The other trajectory that I think came out of the punk zines was also political pamphleteering. That goes all the way back to the 17th century and has to do with the moment when printing technology was becoming more accessible and where a merchant class could afford it, whereas before only the court and the church controlled the presses. So something was self-published outside the mainstream dominant power centre of culture. The ability to publish alternative political views had a big part to do with the American Revolution and the French Revolution. So there’s always been a tradition of underground political press that also informs what zines were in the 1980s, whether it’s the left press of the 19th century or the early 20th century, up until the underground press of the 1960s that we just did a show about. There’s the East Village Other, which was a little bit more professional, and you can see that it was the parent of your typical weekly liberal cultural tabloid newspapers that all cities in the US have. The practitioners in those magazines were people who wanted to publish these civil rights, Vietnam War, and alternative counter-cultural lifestyle things. They were novices; they didn’t know what they were doing. They were doing the graphics and the layout with no training. They didn’t go to commercial art school and learn graphic design; they learned it as they did it in making. That’s what makes them so aesthetically rich and stuffed, because they were experiments.
The expanded notion of zine being the way something looks and feels works with the idea of art as information, which is something that conceptual artists were very interested in. But if you look at a punk rock zine from the 1980s and a conceptual artist book by Lawrence Weiner or Peter Downsbrough, they work in very different ways, but they both are informational vehicles.
Yeah. Most of the zines, or what we call zines now, we would not have called them zines back in the 1980s; we would have called them artist books because they didn’t have that utilitarian aspect of being a news information vehicle. Now, of course, certain aesthetics evolved from then, and when Rich Jacobs did the skate zine show at the old Printed Matter, the different styles were just incredibly rich. Among them were Mark Gonzales and Ed Templeton and people who were connected to the skate scene or very much part of it.
Then there’s also been a zine-making practice with this very rich stylistic cut-and-paste aesthetic, which derives from the early punk aesthetic.
Well, maybe Pettibon was really the bridge because his zines were distributed by SST records and releases. They were not functioning as his news vehicles; they were really purely artist books, with the whole magazine being artwork. There aren’t strict lines and divisions; there’s a lot of overlap. But again, what people consider zines now would not be considered zines by the communities back in the 1980s that would be considered artists’ books, self-published artists’ books.
Though the art of performance, the music and zines were already part of the art making activity. At the keynote address that Martha Wilson gave at the Contemporary Artists’ Book Conference, she said a really interesting thing: she said how she was kind of dismayed when, at first, around the time Franklin Furnace and Printed Matter were founded in 1976, there wasn’t really an established terminology. Artists’ books didn’t really exist as a recognised term; there had been a few exhibitions exploring what we now call artist books, but it was later. I think it might be the librarians who needed to find a definition for this activity, but Martha said at the time that they were doing performance, video, conceptual art projects, different processes, and other kinds of immaterial art activities, and that they were all part of the same thing. I think that’s something that we should probably come back to or revive to inform our sensibility. Because we deal with the distribution of artists’ books, we have to deal with “what the hell is an artist book?” but it really can be many, many different things.
We have a pretty broad definition as it is. I guess that’s all I have to say about the problem of defining what a zine or an artist book is. There was a group at the fair, a new addition to the Friendly Fire section, which is a collective from Baltimore, and they have a manifesto about publishing being the exchange of ideas and communication. For them, it can be media work, but it can also be dialogue, community, and information exchange outside of media in human interaction. That’s a pretty expanded notion of what publishing is.
At the first New York Art Book Fair, when I curated Friendly Fire, the idea was to offer free tables to a group of independent publishers, collectives, and individuals, not necessarily political activists, who wouldn’t be able to afford them. Because they didn’t get the uniform tablecloths and the signage, I told the people I selected and invited to go crazy with their displays, make their own signs and tablecloths, and consider their table as an installation site or an art project. They did that, and it was really lively, I think.
I think LTTR had a table that included zine-making workshops. In the early years, Dexter Sinister would bring a mimeograph machine and was making publications based on information that was gathered at the fair. Visually, it was very striking from the rest of the fair, because all the rest of the fair had nice little signs, and the grey tablecloth and Friendly Fire was this really energetic, chaotic, and creative section of the fair. For the first three years, that’s where the zines were before there was a zine section. Then there’s just been this surge of new independent publishing projects, so it became necessary to have a zine tables. The whole concept of the table as an installation site was taken over by the zine tent and then also spread throughout the entire fair. So you really see booths all throughout the fair that are really treating their tables as project sites. At that point, Friendly Fire was indistinguishable from the zine tent, so I decided to focus it more on artists’ groups with a political or activist practice and a publishing practice. People come in return, like Red76, Temporary Services from Chicago, Autonomedia here in New York, Guerrilla Girls, Press Press from Baltimore… I want to identify more artist collectives and groups that have a real activist as well as publishing practice.
Yeah, I think so, but let’s not take that away from other zine publishers who do that as well. I think for a lot of them, the underground or independent publishing activity is activist in and of itself, in that it is independent control of your own representation; instead of being represented by someone else, you were representing yourself. That’s a really important part of the queer zine’s legacy and trajectory as well. So that is very political in and of itself; the act of publishing is activist because you are taking control of your representations.
We see now the growth of the New York Art Book Fair, a resurgence of artists and other creative forms of publishing in the midst of digital technological advancement, and a complete immersion into digital communication. The tech utopians offer us this new digital utopia: “You’ll have free information, you’ll have free markets, you’ll have free societies.” But free markets don’t equal free societies; so-called free markets are absolutely not free at all; they’re actually the opposite. Since the growth of this digital technology, we’ve had perpetual neoimperialist war, the biggest displacement of populations around the world, the destruction of ecological systems, the theft of resources, and really a new wave of colonialism. Even as we’ve become more culturally and socially enlightened in some ways, it’s still a completely stratified class system with the biggest suction of wealth and power from everywhere to a super minute and very international elite. And also the surveillance state now that Stalin and Mao would be blown away by. With the amount of scrutiny, we blow the KGB and the Stasi out of the water, as far as information and surveillance state goes. Through our consumer culture, we have much more sophisticated and nuanced means of social control than totalitarian or authoritarian regimes. So there is a dark side to technology, and I’ve wondered whether the young generation’s interest in publishing has a fad quality. Like the LP thing, a nostalgia for a past that you never experienced, which is ultimately a consumer fantasy in a way, very much part of a capitalist fantasy.
I think that’s what’s meaningful and substantial about it; the analogue experience of looking at a book is something that’s different than looking at your iPhone. What you see in this new generation of publishing is that it’s not a rejection or a reactionary movement against technology, because the technology is really being used and deployed in different ways to its full advantage. But the virtual community is alienating, and people realise that they need those physical and real communities, and that’s where publishing and zine are so relevant. Whether it’s a large offset edition industrially manufactured or getting that Risograph machine and fixing it because they break out all the goddamn time, being able to share the resources, and then putting out your publication, it’s all collaborative processes. Then the final sharing of your thing, whether it’s selling, gifting, exchanging, or trading, is all community and interaction. It’s not the same, but the [2011] uprising in Egypt in Tahrir Square was enabled in large part by social media. People took full advantage of the communication that they had through social media, but without the physical intervention and the physical organisation, it would be nothing. The government censored social media as soon as they realised what was being done. People used social media to get around the different forms of censorship, but ultimately there had to be a physical occupation and intervention. It’s a combination of techniques, social media, and tactics.
Then, ultimately, in a really utilitarian way, this production, collaboration, and community are attractive to literally the first generation that grew up becoming computer literate at the same time as they learned how to talk.
That’s the other aspect of it; for the most part, it’s a gift economy. Independent publishers, for the most part, are subsidised elsewhere. Say Red Fox Press, for example, the two people Irish group; they hand-produce all of their books; they tour book fairs internationally; they have a mail-order business and maybe a retail outlet as well; but it’s a total home industry, and that works. That’s a lot of work, but it’s what sustains these two publishers. But there’s very few examples of that, where it’s really top to bottom a self-sustaining thing.
They’re something that people would want to get but don’t need to, so they need to have the money to get them. Whether it’s a student who is gonna be saddled with debt for the next twenty years but who knows how to play their credit cards against each other and has expendable income to buy the books. College-educated people will be part of that middle class or more, but other people won’t. If you can get your information for free through digital communication, why get it in print? So it is a club; there is a certain class division between people who would even consider getting an artist book and people for whom it just makes no sense; there’s no use. So one of the things that I think is really important for Printed Matter to do is that this notion of distribution, and I think it’s very much in line with what the founders, Lucy Lippard and others, had in mind, was to reach people outside of the art audience. One of the important points that Lucy made in her early writings was that it was a way to bring contemporary art to people outside of urban cultural centres. Then she later had to qualify contemporary art because contemporary art was a failure, partly because it was not understandable to ordinary people. So maybe that is a double project to work on, making the art more accessible in its content as well as through its distribution systems.