Paris,
le 7 février 2016
Salut, ça va bien.
Je m’appelle Mahieddine Bachtarzi, je travaille avec beaucoup d’amis et nous avons créé le collectif artistique appelé Le Gros Monsieur. Ça fait maintenant quelques années que nous publions des zines et des livres d’art.
Au début, c’était un groupe d’amis qui venaient chez moi et nous faisions les zines tous ensemble. Nous avons aussi fait des œuvres d’art qui accompagnent certains livres. C’est un collectif artistique, donc tout le monde est plus que bienvenu et peut nous contacter et faire quelque chose que nous transformerons en zine ou en livre.
On peut trouver tout type de contenu, car nous sommes très ouverts d’esprit. Cela va de très petits zines, généralement sur du papier calque que nous mettons sur les pare-brise des voitures partout dans les rues. Nous faisons aussi des livres plus grands et nous avons eu beaucoup de chance d’être toujours invités à New York Art Book Fair pour montrer notre travail.
Je pense que nous avons commencé simplement parce que nous voulions partager des choses avec les gens qui aiment les zines. Les zines sont comme de petites pièces, très faciles à faire, très faciles à imprimer, à donner à tout le monde. C’était une façon de partager avec les gens.
Le système de distribution que nous utilisons est généralement celui de nos mains, car nous le donnons gratuitement à nos amis, ou bien celui du courrier, car nous envoyons beaucoup de choses par la poste. Nous recevons aussi beaucoup de propositions par courrier, ce qui est très bien, surtout pour échanger des choses.
Je n’en ai aucune idée, beaucoup, je pense. Nous avons plus de 40 zines que nous avons faits et il y a aussi quelques éditions. Nous ne sommes pas vraiment minutieux, parfois nous n’en faisons que quelques-uns.
Cela va de 20 à 100 exemplaires. Cela dépend vraiment de l’endroit où nous pouvons trouver une photocopieuse bon marché ou si nous pouvons tout faire imprimer gratuitement dans nos bureaux, c’est ce que nous faisons habituellement.
Merci à toi.
Non, car il y en a pour lesquels j’ai des fichiers, mais il y en a pour lesquels ce sont vraiment des collages de photocopies déposés à la machine. J’ai des originaux, mais si tu veux, c’était imprimé, par exemple sur du papier calque jaune, et je n’ai plus le papier.
C’est pour ça que je n’en fais plus, ça coûte trop cher. Je trouvais ça en gros chez un imprimeur. J’achetais des boîtes de 1000, des grosses boîtes de papier calque que je trouvais pas trop cher. C’était le double d’un papier blanc mais ça allait, c’était à l’époque où je payais pas la photocopieuse.
Oui, tous ceux qui sont faits en couleur, ils sont faits au boulot, j’ai jamais payé une imprimante. Maintenant que je n’ai plus accès à la photocopieuse, c’est pour ça que l’on fait moins d’exemplaires. Et que maintenant je paye. [Rires]
Que voler, c’était plutôt voler en fait ! [Rires]
J’essaie de réfléchir… Des fois, mes publications, comme celle-là [Sleepers], peuvent devenir une vraie installation, mais au final, c’était quand même un livre.
Non, mais je voudrais bien en refaire. En fait, je me tâte toujours d’en faire une pour la New York Art Book Fair, louer une pièce pour faire une installation pendant 24h. Plutôt que de payer une table, je me dis : « Tiens, je peux louer une salle pour une demi-journée ». Tu vois ? Je ne sais pas comment, mais ça doit bien être faisable de trouver une pièce que tu loues. Au pire je prends une chambre d’hôtel et je fais une expo dans une chambre d’hôtel.
Ah ouais, j’ai pas pensé à ça, mais c’est compliqué, car dans ma tête dernièrement, il y a surtout de la photo après. Au début, c’est surtout des dessins et des collages. Le problème, c’est que ça dépend si tu veux parler de fanzines ou de bouquins ? Mais oui, t’as raison, y a plus de la photo, oui. Enfin regarde, tu considères ça comme de la photo ?
Dans ce cas-là, oui, j’avais pas vraiment pensé à ça. Mais dans ma tête, je le vois pas comme ça, car c’est… Je retravaille tellement la photo que j’ai plus l’impression que c’est de la photo.
Oui, mais c’est pas de la photo, c’est des snapshots d’écran d’internet tu vois ? Et les tous premiers que tu m’as ressortis auxquels je ne pensais plus, c’était les premiers. On était effectivement une dizaine de personnes autour de la table. J’avais des stocks de papier journaux, on découpait, on collait et après on allait le photocopier. Donc c’était vraiment du collage.
Des magazines
Ça, c’est des photos qui viennent d’un magazine. Ce sont des rayons X d’animaux qu’on a découpés, ça par exemple, c’est uniquement des mouchoirs pleins de sang que j’ai mis sur la photocopieuse. Donc je comprends, mais pour moi, tu vois ça, c’est pas de la photo.
Oui, c’est vrai que c’est de la photo. Mais c’est amusant que tu me fasses cette réflexion, car dans ma tête, c’est vraiment des snapshots d’écran d’internet.
Mais tu vois, ça c’est pas de la photo, ça c’est moi qui l’ait écrit.
Ouais c’est ça. Ce n’est pas exactement le vrai poème.
Un tout petit peu. Mais tu vois ça, c’est des jeux que je faisais à l’époque. C’est amusant, car je revois tout ça grâce a toi. Donc ça pour toi ce serait potentiellement de la photo ?
Non, mais tu as raison, tout ça c’est de la photo.
Toi, tu es dans la pensée, mais pour moi, les choses sont vraiment faites à l’instinct. À cette pratique. C’est ça que j’ai envie de te répondre.
Oui, mais j’ai jamais pris le temps de réfléchir à ma pratique. C’est amusant que tu me dises ça, pour moi, c’était même pas évident de me dire que je travaille la photo, alors qu’effectivement, je travaille la photo, mais pas exclusivement.
C’est un jeu aussi, je ne sais pas si t’as noté que c’était un jeu. Il faut trouver l’année et la façon dont la personne est morte. C’est celui-là que tu pensais ?
Dans le premier n°1, tu vois, ce sont des gens qui sont déjà venus une fois chez moi.
Oui, j’en ai deux ou trois comme ça. J’en ai d’autres comme ça où il y avait plus de gens.
Au début, je mettais la photo des gens qui avaient participé. Là, par exemple, ça se voit mal, mais on était 4-5 à l’avoir fait.
Oui, les dates sont à peu près bonnes et le lieu est toujours bon.
Oui.
Tu vois, on était assez nombreux à l’avoir fait. Et là, je vais en refaire des comme ça, j’ai récupéré des stocks de journaux que j’ai eu par un ami et que j’ai commencé à découper. Et du coup, j’empile des pages et j’ai prévu de faire une séance avec des amis lors d’un repas.
Non, mais il y en a des plus petits.
Parce que ça devrait être moins cher ? Là comme ça, j’ai pas d’explications.
Oui, et il y a un Grosse madame que je n’ai pas. C’est quelqu’un qui l’a fait pour moi.
C’était mon adresse e-mail, j’aimais bien l’idée. Mais alors pourquoi mon adresse e-mail, je ne sais pas. C’était à une époque ou je devais m’autoflageller, car je me trouvais trop gros.
En fait, c’était mon adresse e-mail et j’ai utilisé ce nom-là pour le collectif. Je trouvais que c’était bien, car en même temps, avec « Le » on pouvait comprendre qu’il y en avait qu’un. Et en même temps, le « Gros Monsieur », on pouvait comprendre que ça rassemblait plein de gens. Du coup, je trouvais que ça pouvait fonctionner avec l’idée de fait collectif.
Oui, celui-là il a une histoire qui est beaucoup plus justifiée, puisque c’était quand on m’invitait pour faire une expo à New York. Et comme j’adore New York, j’ai pensé à Warhol. J’ai pensé au film Sleep, à l’époque je travaillais dans le cinéma et c’est pour ça que j’ai voulu faire celui-là. C’est pour ça que c’est moi qui dors et ainsi de suite, que je l’ai fait en phosphorescent et tout. Mais c’est vraiment une réponse par rapport à Sleep de Warhol, en fait, à New-York et tout ça.
Oui, j’ai beaucoup aimé. Je vais toujours au palais de Tokyo en me disant : « Est-ce que je vais être content ? » Et puis, dès le départ, j’ai aimé la vidéo d’entrée : je l’ai trouvée super belle. Beaucoup de choses étaient chouettes dans cette expo, le dispositif était chouette.
J’ai déjà dit que j’aimais échanger et partager.
Alors plus trop aux libraires, mais j’ai refait une série il y a pas longtemps, parce que j’en avais ramené de New York de chez Martin et Philip, car ils n’avaient plus trop de place. Et du coup, avec mon pote Jean-Michel, on en a mis sur des pare-brises de voitures.
Probablement, mais moi, je ne souhaite pas que ça arrive à quelqu’un que ça intéresse.
Oui, mais ça me va bien, j’aime assez l’idée de changer ou de surprendre et de partager avec des gens. C’est d’aller vers des gens qui justement n’iraient pas vers toi. Honnêtement, montrer ça à Fanzines Festival ou à la New York Art Book Fair dans la section queer, tu es dans un rapport parfait du produit. Mais moi, ce n’est pas ça qui m’intéresse. Moi, je suis beaucoup plus intéressé d’aller voir quelqu’un qui, justement, ne s’y intéresserait pas et qui, justement parce qu’il y a cette rencontre, à un moment ou à un autre, se posera des questions et un jour peut-être s’y intéressera.
Ah, tu enregistrais depuis tout à l’heure ?
Ah, d’accord.
Paris,
February 7th, 2016
Hi, I’m good.
I’m Mahieddine Bachtarzi; I’m working with a lot of friends, and we made this art collective called Le Gros Monsieur. It’s been a few years now that we have been publishing art zines and books.
At first, it was a bunch of friends coming to my place, and we were like making the zines all together. We also have specific artwork for some books. It’s an art collective, so everybody’s more than welcome to just contact us and make something that we’re gonna turn into a zine or a book.
You can find every kind of content because we’re very open-minded. It goes from very small zines, usually on tracing paper that we put on car windshields everywhere in the streets. We also make larger books, and we’ve been very lucky to always be invited to the New York Art Book Fair to show our stuff.
I think we started just because we wanted to share with people who are into zines. Zines are like small pieces, very easy to make, very easy to print, and easy to give away to everybody. It was a way to share with people.
The distribution we use is usually our hands, because we give it for free to friends or actually mail, because we mail a lot of stuff from the post office. We also get lots of submissions in the mail, which is very nice, mostly to trade things.
I have no idea—like a lot, I think. We have more than 40 zines that we have done, and there are also a few editions. We are not really thorough; sometimes we make just a few.
It goes from 20 to 100 copies. It really depends on where we can find a cheap photocopy machine or if we can get everything printed for free at our offices; that’s what we usually do.
Thank you