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Paris,

le 7 février 2016

Mahieddine Bachtarzi est l’un des nombreux pseudonymes de Vincent P., un artiste français, collectionneur de zines queer et organisateur de foires. Comme son travail alimentaire se situe dans un monde très différent de celui des zines queer, il travaille sous de nombreux pseudonymes et essaie de ne pas faire apparaître son vrai nom dans ses activités liées aux zines. Je le connais depuis longtemps et comme c’est un grand amoureux des zines, c’est une des premières personnes que j’ai contactées pour une interview. Nous n’avons parlé que de ses activités d’édition car, à l’époque, il n’avait pas encore co-créé la Paris Ass Book Fair. Après notre conversation, il a choisi quelques zines dans ses étagères pour me montrer le genre de zines d’art qu’il aime. C’est lui qui m’a montré pour la première fois le travail de Way Wza’s que j’ai interviewé quelques années plus tard.
J’ai découvert les zines du Gros Monsieur à la galerie du jour. Jimmy, la personne qui y tenait la librairie, sachant mon intérêt pour les zines, a plongé la main derrière son comptoir pour m’attraper quelques numéros du Gros Monsieur. En effet, la seule façon d’obtenir des publications du Gros Monsieur est de rencontrer son créateur ou de trouver un des libraires à qui il a demandé de distribuer gratuitement ses publications.
Le Gros Monsieur publie également un zine queer ou plutôt un zine porno gay appelé Cock au Soleil, qui s’inspire « du partage d’expériences, des différentes façons d’aimer et de faire l’amour, et de la scène gay underground new-yorkaise des années 1970 (la meilleure décennie !) ». Ce zine très underground est ouvert aux contributions et distribué lors d’événements secrets sur invitation uniquement. Il prend généralement la forme d’un sac de goodies et de petits zines mettant en scène de nombreuses bites et des mecs tous nus.
Bonjour Mahieddine, comment vas-tu ?

Salut, ça va bien.

Peux-tu nous dire qui tu es et ce qu’est Le Gros Monsieur ?

Je m’appelle Mahieddine Bachtarzi, je travaille avec beaucoup d’amis et nous avons créé le collectif artistique appelé Le Gros Monsieur. Ça fait maintenant quelques années que nous publions des zines et des livres d’art.

Qui sont les artistes du Gros Monsieur ?

Au début, c’était un groupe d’amis qui venaient chez moi et nous faisions les zines tous ensemble. Nous avons aussi fait des œuvres d’art qui accompagnent certains livres. C’est un collectif artistique, donc tout le monde est plus que bienvenu et peut nous contacter et faire quelque chose que nous transformerons en zine ou en livre.

Qu’est-ce que tu publies et quel genre de contenu peut-on trouver dans tes zines et tes livres ?

On peut trouver tout type de contenu, car nous sommes très ouverts d’esprit. Cela va de très petits zines, généralement sur du papier calque que nous mettons sur les pare-brise des voitures partout dans les rues. Nous faisons aussi des livres plus grands et nous avons eu beaucoup de chance d’être toujours invités à New York Art Book Fair pour montrer notre travail.

Pourquoi vous faites ça ?

Je pense que nous avons commencé simplement parce que nous voulions partager des choses avec les gens qui aiment les zines. Les zines sont comme de petites pièces, très faciles à faire, très faciles à imprimer, à donner à tout le monde. C’était une façon de partager avec les gens.

Quel type de système de distribution utilisez-vous ?

Le système de distribution que nous utilisons est généralement celui de nos mains, car nous le donnons gratuitement à nos amis, ou bien celui du courrier, car nous envoyons beaucoup de choses par la poste. Nous recevons aussi beaucoup de propositions par courrier, ce qui est très bien, surtout pour échanger des choses.

As-tu une idée du nombre que vous avez publié jusqu’à présent ?

Je n’en ai aucune idée, beaucoup, je pense. Nous avons plus de 40 zines que nous avons faits et il y a aussi quelques éditions. Nous ne sommes pas vraiment minutieux, parfois nous n’en faisons que quelques-uns.

Combien d’exemplaires en général ?

Cela va de 20 à 100 exemplaires. Cela dépend vraiment de l’endroit où nous pouvons trouver une photocopieuse bon marché ou si nous pouvons tout faire imprimer gratuitement dans nos bureaux, c’est ce que nous faisons habituellement.

Ok, merci Mahieddine.

Merci à toi.

Au début du projet, je pensais que personne ne regarderait une vidéo de plus de 5 min, je continuais donc le dialogue hors caméra en enregistrant juste l’audio. Les échanges s’en trouvaient parfois libérés de la raideur qu’on peut avoir lorsqu’on pointe une caméra sur vous.
Et donc quand tu n’archive pas d’exemplaires et tu n’as pas d’originaux ? Tu n’en réimprimes pas pour toi ?

Non, car il y en a pour lesquels j’ai des fichiers, mais il y en a pour lesquels ce sont vraiment des collages de photocopies déposés à la machine. J’ai des originaux, mais si tu veux, c’était imprimé, par exemple sur du papier calque jaune, et je n’ai plus le papier.

Et tu l’achètes en gros, ton papier calque ? Comment tu fais ?

C’est pour ça que je n’en fais plus, ça coûte trop cher. Je trouvais ça en gros chez un imprimeur. J’achetais des boîtes de 1000, des grosses boîtes de papier calque que je trouvais pas trop cher. C’était le double d’un papier blanc mais ça allait, c’était à l’époque où je payais pas la photocopieuse.

Et tu imprimais ça au travail ?

Oui, tous ceux qui sont faits en couleur, ils sont faits au boulot, j’ai jamais payé une imprimante. Maintenant que je n’ai plus accès à la photocopieuse, c’est pour ça que l’on fait moins d’exemplaires. Et que maintenant je paye. [Rires]

Et payer, c’est toujours plus cher que gratuit.

Que voler, c’était plutôt voler en fait ! [Rires]

Est-ce que tu fais des œuvres qui ne sont pas des publications ? Des dessins, des photos, des sculptures…

J’essaie de réfléchir… Des fois, mes publications, comme celle-là [Sleepers], peuvent devenir une vraie installation, mais au final, c’était quand même un livre.

Et t’as fait ça à d’autres moments ?

Non, mais je voudrais bien en refaire. En fait, je me tâte toujours d’en faire une pour la New York Art Book Fair, louer une pièce pour faire une installation pendant 24h. Plutôt que de payer une table, je me dis : « Tiens, je peux louer une salle pour une demi-journée ». Tu vois ? Je ne sais pas comment, mais ça doit bien être faisable de trouver une pièce que tu loues. Au pire je prends une chambre d’hôtel et je fais une expo dans une chambre d’hôtel.

Tu ne m’as pas tellement répondu en terme de contenu, tu disais un peu de tout, mais y a quand même surtout de la photo, non ?

Ah ouais, j’ai pas pensé à ça, mais c’est compliqué, car dans ma tête dernièrement, il y a surtout de la photo après. Au début, c’est surtout des dessins et des collages. Le problème, c’est que ça dépend si tu veux parler de fanzines ou de bouquins ? Mais oui, t’as raison, y a plus de la photo, oui. Enfin regarde, tu considères ça comme de la photo ?

Ouais, ouais, c’est de la photo.

Dans ce cas-là, oui, j’avais pas vraiment pensé à ça. Mais dans ma tête, je le vois pas comme ça, car c’est… Je retravaille tellement la photo que j’ai plus l’impression que c’est de la photo.

Ouais, mais tu vois, au début, il y avait tout un truc autour de l’image trouvée, des espèces de clip-art, des trucs signalétiques…

Oui, mais c’est pas de la photo, c’est des snapshots d’écran d’internet tu vois ? Et les tous premiers que tu m’as ressortis auxquels je ne pensais plus, c’était les premiers. On était effectivement une dizaine de personnes autour de la table. J’avais des stocks de papier journaux, on découpait, on collait et après on allait le photocopier. Donc c’était vraiment du collage.

Mais c’était des images qui venaient d’où à la base ?

Des magazines

Comme ça par exemple ? C’est Le Gros Monsieur n°28 – Illusions – Juillet 2011 – Bogota.

Ça, c’est des photos qui viennent d’un magazine. Ce sont des rayons X d’animaux qu’on a découpés, ça par exemple, c’est uniquement des mouchoirs pleins de sang que j’ai mis sur la photocopieuse. Donc je comprends, mais pour moi, tu vois ça, c’est pas de la photo.

Je pensais plutôt au livre, car c’est plutôt photo

Oui, c’est vrai que c’est de la photo. Mais c’est amusant que tu me fasses cette réflexion, car dans ma tête, c’est vraiment des snapshots d’écran d’internet.

Après ce que j’appelle peut-être photo à tort, c’est ce procédé de scan de la photocopie. Ça fait que quand tu vas mettre un mouchoir ensanglanté dans une photocopieuse, bah le résultat, c’est ce qu’on appelle de la photographie sans appareil. C’est à dire que ça n’implique pas un appareil photo mais le résultat que ça nous propose c’est quand même une impression faite avec de la lumière. Tu vois comme dans la photographie.

Mais tu vois, ça c’est pas de la photo, ça c’est moi qui l’ait écrit.

D’accord, c’est quoi celui ci ? Le Gros Monsieur 12 – Faire un beau voyage – Novembre 2009 – TGV 6753. Donc c’est vraiment fait dans le TGV ?

Ouais c’est ça. Ce n’est pas exactement le vrai poème.

Ah d’accord, tu as remixé le poème de Joachim Du Bellay.

Un tout petit peu. Mais tu vois ça, c’est des jeux que je faisais à l’époque. C’est amusant, car je revois tout ça grâce a toi. Donc ça pour toi ce serait potentiellement de la photo ?

Non, non, quand je disais ça c’était vraiment plus les livres, qui font vraiment livres d’artistes.

Non, mais tu as raison, tout ça c’est de la photo.

Oui, c’est de la photo ça, mais c’est pour ça que je voulais t’interroger sur la question de la nature de ces images, parce qu’effectivement, quand tu les sors, y a plein de formes différentes. Mais il y a quand même à chaque fois l’idée que ce sont des images trouvées ou quelque chose dans ce genre-là ou des ready-mades.

Toi, tu es dans la pensée, mais pour moi, les choses sont vraiment faites à l’instinct. À cette pratique. C’est ça que j’ai envie de te répondre.

Oui, mais ce qui, selon moi, n’empêche pas de pouvoir y réfléchir a posteriori.

Oui, mais j’ai jamais pris le temps de réfléchir à ma pratique. C’est amusant que tu me dises ça, pour moi, c’était même pas évident de me dire que je travaille la photo, alors qu’effectivement, je travaille la photo, mais pas exclusivement.

La photo oui et non, oui car quand tu vas produire une image, ça va être quelque chose de l’ordre de la photographie. Mais il y a quand même tout ce truc d’image trouvée que je trouve assez intéressant. Je te parlais d’images clip art, de logotypes.

C’est un jeu aussi, je ne sais pas si t’as noté que c’était un jeu. Il faut trouver l’année et la façon dont la personne est morte. C’est celui-là que tu pensais ?

Oui, c’est celui-là. Et donc oui, il y a toutes sortes d’auteurs. Donc Le gros monsieur c’est fait par tous les gens qui sont dans le collectif ?

Dans le premier n°1, tu vois, ce sont des gens qui sont déjà venus une fois chez moi.

Ah d’accord, et ça c’est vraiment du collage. Parce qu’autant, il y a vraiment un esprit collage dans les autres, mais c’est là, c’est du vrai collage.

Oui, j’en ai deux ou trois comme ça. J’en ai d’autres comme ça où il y avait plus de gens.

Donc c’est 2008.

Au début, je mettais la photo des gens qui avaient participé. Là, par exemple, ça se voit mal, mais on était 4-5 à l’avoir fait.

Et donc, parfois, certains auteurs sont plus ou moins fictifs. Et par contre les lieux, quand il y a marqué le lieu où ça a été fait, c’est toujours le bon lieu ou c’est fictif ?

Oui, les dates sont à peu près bonnes et le lieu est toujours bon.

Donc Bogota c’est vraiment fait à Bogota ?

Oui.

D’accord. Donc là, c’est Brighton, numéro 5

Tu vois, on était assez nombreux à l’avoir fait. Et là, je vais en refaire des comme ça, j’ai récupéré des stocks de journaux que j’ai eu par un ami et que j’ai commencé à découper. Et du coup, j’empile des pages et j’ai prévu de faire une séance avec des amis lors d’un repas.

Il n’y a pas de Le Gros Monsieur plus grand que du A6 ?

Non, mais il y en a des plus petits.

Il y en a des plus petits, mais pourquoi est-ce qu’ils sont plus petits ?

Parce que ça devrait être moins cher ? Là comme ça, j’ai pas d’explications.

Ah oui, et il y a le mini-monsieur aussi.

Oui, et il y a un Grosse madame que je n’ai pas. C’est quelqu’un qui l’a fait pour moi.

D’accord, et pourquoi Le gros monsieur alors ?

C’était mon adresse e-mail, j’aimais bien l’idée. Mais alors pourquoi mon adresse e-mail, je ne sais pas. C’était à une époque ou je devais m’autoflageller, car je me trouvais trop gros.

D’accord, donc il y a quand même une histoire derrière.

En fait, c’était mon adresse e-mail et j’ai utilisé ce nom-là pour le collectif. Je trouvais que c’était bien, car en même temps, avec « Le » on pouvait comprendre qu’il y en avait qu’un. Et en même temps, le « Gros Monsieur », on pouvait comprendre que ça rassemblait plein de gens. Du coup, je trouvais que ça pouvait fonctionner avec l’idée de fait collectif.

D’accord, et tu peux un peu nous raconter celui-là qui est édité par Vincent P. et donc qui était une exposition à New-York ?

Oui, celui-là il a une histoire qui est beaucoup plus justifiée, puisque c’était quand on m’invitait pour faire une expo à New York. Et comme j’adore New York, j’ai pensé à Warhol. J’ai pensé au film Sleep, à l’époque je travaillais dans le cinéma et c’est pour ça que j’ai voulu faire celui-là. C’est pour ça que c’est moi qui dors et ainsi de suite, que je l’ai fait en phosphorescent et tout. Mais c’est vraiment une réponse par rapport à Sleep de Warhol, en fait, à New-York et tout ça.

Dis-moi que tu as été voir l’exposition de John Giorno ?

Oui, j’ai beaucoup aimé. Je vais toujours au palais de Tokyo en me disant : « Est-ce que je vais être content ? » Et puis, dès le départ, j’ai aimé la vidéo d’entrée : je l’ai trouvée super belle. Beaucoup de choses étaient chouettes dans cette expo, le dispositif était chouette.

Et j’ai une dernière question à te poser : Qu’est-ce que tu aurais aimé que je te pose comme question et que je ne t’ai pas posé ? Ou un aspect de ce travail que t’aimes bien mettre en avant.

J’ai déjà dit que j’aimais échanger et partager.

Tu en déposes toujours aux libraires pour qu’ils les donnent ?

Alors plus trop aux libraires, mais j’ai refait une série il y a pas longtemps, parce que j’en avais ramené de New York de chez Martin et Philip, car ils n’avaient plus trop de place. Et du coup, avec mon pote Jean-Michel, on en a mis sur des pare-brises de voitures.

Ah oui, je ne savais pas que tu diffusais comme ça aussi. C’est vrai que c’est risqué, car ça doit pas souvent arriver à quelqu’un que ça intéresse.

Probablement, mais moi, je ne souhaite pas que ça arrive à quelqu’un que ça intéresse.

D’accord, mais t’as pas peur que les gens pensent que c’est de la pub sans même le regarder ? C’est un risque.

Oui, mais ça me va bien, j’aime assez l’idée de changer ou de surprendre et de partager avec des gens. C’est d’aller vers des gens qui justement n’iraient pas vers toi. Honnêtement, montrer ça à Fanzines Festival ou à la New York Art Book Fair dans la section queer, tu es dans un rapport parfait du produit. Mais moi, ce n’est pas ça qui m’intéresse. Moi, je suis beaucoup plus intéressé d’aller voir quelqu’un qui, justement, ne s’y intéresserait pas et qui, justement parce qu’il y a cette rencontre, à un moment ou à un autre, se posera des questions et un jour peut-être s’y intéressera.

Ah, tu enregistrais depuis tout à l’heure ?

Oui, je l’ai mis en évidence au milieu de la table pour que tu vois.

Ah, d’accord.

Paris,

February 7th, 2016

Mahieddine Bachtarzi is one of the many aliases of Vincent P. a French artist, queer zine collector, and fair organizer. As his day job is in a very different world from the queer zines world, he works under aliases and tries to keep his real name clear from his zine activities. I have known him for a long time, and as he is a huge zine lover, he’s one of the first person I went to for an interview. We only talked about his publishing activities since, at that time, he hadn’t co-created the Paris Ass Book Fair yet. After we talked, he hand-picked a couple of zines from his shelves to show me what kind of art zines he’s into. He’s the one who showed me for the first time the work of Way Wza’s, which I interviewed a couple of years later.
I came across the zines of Le Gros Monsieur (The Fat Man) at the galerie du jour. Jimmy, the guy who runs the bookshop there, knows I am interested in zines and reached behind the counter to get some issues of Le Gros Monsieur. Indeed, the only way to get publications from Le Gros Monsieur is to meet its creator, or to find one of the booksellers he asked to distribute his publications for free.
Le Gros Monsieur also publishes a queer zine or gay porn zine called Cock au Soleil, which draws its inspiration “by sharing experiences, different ways to love and make love, and the underground gay scene (NYC 1970s, the best decade!)”. This very underground zine is open to contributions and distributed through secret events by invitation only. It usually takes the form of a bag of goodies and small zines featuring many cocks and naked dudes.
Hello Mahieddine, how are you?

Hi, I’m good.

Can you tell us who you are and what Le Gros Monsieur is?

I’m Mahieddine Bachtarzi; I’m working with a lot of friends, and we made this art collective called Le Gros Monsieur. It’s been a few years now that we have been publishing art zines and books.

Who are the artists in Le Gros Monsieur?

At first, it was a bunch of friends coming to my place, and we were like making the zines all together. We also have specific artwork for some books. It’s an art collective, so everybody’s more than welcome to just contact us and make something that we’re gonna turn into a zine or a book.

What do you publish, and what kind of content can we find in your zines and books?

You can find every kind of content because we’re very open-minded. It goes from very small zines, usually on tracing paper that we put on car windshields everywhere in the streets. We also make larger books, and we’ve been very lucky to always be invited to the New York Art Book Fair to show our stuff.

Why do you do that?

I think we started just because we wanted to share with people who are into zines. Zines are like small pieces, very easy to make, very easy to print, and easy to give away to everybody. It was a way to share with people.

What kind of distribution system do you use?

The distribution we use is usually our hands, because we give it for free to friends or actually mail, because we mail a lot of stuff from the post office. We also get lots of submissions in the mail, which is very nice, mostly to trade things.

Do you have any idea how many of them you have published so far?

I have no idea—like a lot, I think. We have more than 40 zines that we have done, and there are also a few editions. We are not really thorough; sometimes we make just a few.

How many copies are there usually?

It goes from 20 to 100 copies. It really depends on where we can find a cheap photocopy machine or if we can get everything printed for free at our offices; that’s what we usually do.

Okay, thank you Mahieddine.

Thank you

Costa Rica
Mahieddine Batcharzi, *Costa Rica*, Paris, Le Gros Monsieur, 2012, 14,8 x 21 cm, Photocopie sur calque et papier, 16 pp. Mahieddine Batcharzi, *Costa Rica*, Paris, Le Gros Monsieur, 2012, 14,8 x 21 cm, Photocopy on tracing paper and office paper, 16 pp.
Cock au Soleil #1
Davy Mahon, *Cock au Soleil #1*, Paris, Le Gros Monsieur, sans date, 14,8 x 21 cm, jet d'encre sur papier d'école, 16 pp. Davy Mahon, *Cock au Soleil #1*, Paris, Le Gros Monsieur, no date, 14,8 x 21 cm, inkjet on school paper, 16 pp.
Le Gros Monsieur n°31 - Brighton
Mahieddine Batcharzi, *Le Gros Monsieur n°31 - Brighton*, Paris, Le Gros Monsieur, Mars 2012, 10,5 x 14,8 cm, Photocopie sur calque, 16 pp. Mahieddine Batcharzi, *Le Gros Monsieur n°31 - Brighton*, Paris, Le Gros Monsieur, March 2012, 10,5 x 14,8 cm, Photocopy on tracing paper, 16 pp.
Le Gros Monsieur n°29 - Bretagne
Mahieddine Batcharzi, *Le Gros Monsieur n°29 - Bretagne*, Paris, Le Gros Monsieur, Mars 2011, 10,5 x 14,8 cm, Photocopie sur papier calque, 16 pp. Mahieddine Batcharzi, *Le Gros Monsieur n°29 - Bretagne*, Paris, Le Gros Monsieur, March 2011, 10,5 x 14,8 cm, Photocopy on tracing paper, 16 pp.
Le Gros Monsieur n°28 - Bogota
Mahieddine Batcharzi, *Le Gros Monsieur n°28 - Bogota*, Paris, Le Gros Monsieur, Juillet 2011, 10,5 x 14,8 cm, Photocopie sur papier calque, 16 pp. Mahieddine Batcharzi, *Le Gros Monsieur n°28 - Bogota*, Paris, Le Gros Monsieur, July 2011, 10,5 x 14,8 cm, Photocopy on tracing paper, 16 pp.
Le Gros Monsieur n°19 ter
Mahieddine Batcharzi, *Le Gros Monsieur n°19 ter*, Paris, Le Gros Monsieur, Novembre 2010, Format A8, Photocopie sur papier calque, 12 pp. Mahieddine Batcharzi, *Le Gros Monsieur n°19 ter*, Paris, Le Gros Monsieur, November 2010, A8 format, Photocopy on tracing paper, 12 pp.
Le Gros mini Monsieur n°17
Vincent P., *Le Gros mini Monsieur n°17*, Paris, Le Gros Monsieur, Juillet 2010, Format A7, Photocopie sur papier fluo, 16 pp. Vincent P., *Le Gros mini Monsieur n°17*, Paris, Le Gros Monsieur, July 2010, A7 format, Photocopy on fluo paper, 16 pp.
Le Gros Monsieur n°16 - Lyon
Mahieddine Batcharzi, *Le Gros Monsieur n°16 - Lyon*, Paris, Le Gros Monsieur, Mai 2010, 10,5 x 14,8 cm, Photocopie sur papier calque, 16 pp. Mahieddine Batcharzi, *Le Gros Monsieur n°16 - Lyon*, Paris, Le Gros Monsieur, May 2010, 10,5 x 14,8 cm,Photocopy on tracing paper, 16 pp.
Le Gros Monsieur n°14 - Space
Mahieddine Batcharzi, *Le Gros Monsieur n°14 - Space*, Paris, Le Gros Monsieur, Avril 2010, 10,5 x 14,8 cm, Photocopie sur papier claque fluo, 16 pp. Mahieddine Batcharzi, *Le Gros Monsieur n°14 - Space*, Paris, Le Gros Monsieur, April 2010, 10,5 x 14,8 cm, Photocopy on fluo tracing paper, 16 pp.
Le Gros Monsieur n°6 - Bogota
Mahieddine Batcharzi, *Le Gros Monsieur n°6 - Bogota*, Paris, Le Gros Monsieur, Decembre 2008, 10,5 x 14,8 cm, Photocopie sur papier calque, 16 pp. + 1 insert. Mahieddine Batcharzi, *Le Gros Monsieur n°6 - Bogota*, Paris, Le Gros Monsieur, December 2008, 10,5 x 14,8 cm, Photocopy on tracing paper, 16 pp. + 1 insert.