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Par email,

le 14 juin 2022

Lucile Olympe Haute est une cybersorcière. En tant que chercheuse, elle s’intéresse depuis un moment à l’édition sous l’angle technologique en faisant notamment partie d’un collectif expérimentant autour de la fiction. Récemment, elle a fait une tournée avec son Manifeste des cybersorcières et chaque fois qu’elle s’arrête quelque part, elle performe ses propres rituels. Dans ce processus, elle a commencé à publier des zines comme des traces laissées après ses performances.
Bonjour Lucile, peux-tu te présenter avec tes propres mots ?

Bonjour, je suis Lucile Olympe Haute, je suis artiste et chercheuse en art & design à l’Université de Nîmes et aux Arts Décoratifs de Paris. Dans mes performances, je cherche à révéler l’intersection entre les espaces tangibles et numériques, en incarnant différentes figures archétypales, comme le Cyborg ou des déesses antiques. Mes recherches rassemblent la spiritualité, les technologies et la politique – le mot « politique » est utilisé ici pour explorer les moyens de vivre ensemble dans le monde contemporain, au-delà des simples préoccupations humaines. Pour partager cette vision, j’ai écrit le Manifeste des cybersorcières qui circule librement depuis 2019, à la fois en ligne et à travers mes expositions et publications.

Quand as-tu commencé à faire des zines et quel genre de contenu peut-on y trouver ?

Comme je fais des performances, la plupart de mes œuvres sont éphémères. La question de la documentation est essentielle dans l’art de la performance et a été traitée par beaucoup de performeurs : notamment Allan Kaprow ou Gina Pane. L’exhaustivité temporelle d’une vidéo ne peut pas porter l’intensité et l’énergie d’un moment partagé. À un autre niveau, la photographie ou le témoignage des participants peut transmettre ou capturer l’intensité, mais négligera certains aspects tels que le contenu, les recherches préliminaires ou la structure de l’événement. J’ai commencé récemment à auto-éditer les scripts de mes performances sous forme de zines comme un moyen de rassembler en quelques pages les textes que j’ai écrits, empruntés et utilisés, accompagnés de quelques images, sources, références. Ce document peut ainsi toucher plus de personnes au-delà du moment même de la performance. Je propose aussi des ateliers pour faire des zines collectifs en web-to-print, comme une initiation pour apprendre cette façon open source de faire des publications imprimées.

Le processus de conception graphique et d’impression est-il important dans ce que tu édites ?

J’utilise une méthode web-to-print pour concevoir mes zines. Ça signifie que j’utilise les langages HTML et CSS pour mettre en page le texte dans la page. C’est très puissant de créer un design qui fonctionnera à la fois à l’écran et à l’impression, en considérant l’impression comme une balise média supplémentaire dans la feuille de style CSS, comme on le fait pour les différentes tailles d’écran. L’autonomisation technologique que propose le Manifeste des Cybersorcières commence ici : apprendre à concevoir avec des outils gratuits et open source. En ce qui concerne l’impression, j’ai un gros coup de cœur pour l’impression Riso. C’est aussi responsabilisant de prendre en charge l’imposition des pages et les couches de couleur et de se rappeler qu’un travail de conception graphique ne se termine pas à l’exportation du fichier PDF. Dans ma pratique, la matérialité compte : la sensualité du papier, la vibration des couleurs.

Peux-tu nous parler de ta contribution pour le numéro #15 d’ARTZINES ?

Les images de couverture proviennent du rituel des cybersorcières réalisé en 2017 avec des amis proches. Chacune d’entre nous a pu se considérer comme une « sorcière », mais pour des raisons très différentes : l’une pour son côté gothique, une autre en raison de la dimension politique queer-féministe, une autre pour le ton versatile de cyber-fantôme, etc. Au lieu de l’exprimer par des mots, nous avons utilisé le rituel pour essayer d’incarner pleinement les sorcières qui sont en nous. Une vidéo et une série de photos témoignent de ce moment.

J’ai choisi de l’encre verte pour le HTML et de l’orange fluo pour le CSS, les deux encadrant le texte original français du Manifeste des cybersorcières (Il est également disponible en allemand et en anglais sur lucilehaute.fr/). L’entretien est composé en caractères Bluu Next conçus par Jean-Baptiste Morizot et distribués par la fonderie Velvetyne.

By email,

June 14th, 2022

Lucile Olympe Haute is a cyberwitch. As a researcher, she has been interested in publishing from a technological aspect for a while, being part of a collective experimenting with fiction. Recently, she has been touring with her “Cyberwitch Manifesto”, and each time she stops somewhere, she likes to perform her own rituals. In this process, she started publishing zines as traces left after her performances.
Hello Lucile, can you please introduce yourself in your own words?

Hello, I’m Lucile Olympe Haute. I’m an artist and a researcher in art and design at the University of Nîmes and the Arts Décoratifs of Paris. In my performances, I aim to reveal the intersection between tangible and digital spaces by embodying different archetypal figures, such as the Cyborg or antic goddesses. My research brings together spirituality, technologies, and politics—this word, “politics”, is used here to explore ways to live together in the contemporary world beyond mere human concerns. To share this vision, I wrote the “Cyberwitches Manifesto” which has been circulating freely since 2019, both online and through my exhibitions and publications.

When did you start making zines, and what kind of content can we find in them?

As I do performances, most of my work is ephemeral. The question of documentation is essential in performance art and has been addressed by a lot of performers, especially Allan Kaprow and Gina Pane. The temporal completeness of a video cannot carry the intensity and energy of the shared moment. On another level, photography or participants’ testimony may transmit or capture the intensity but will overlook certain aspects such as content, preliminary research, or the structure of the event. I started recently to self-publish the scripts of my performances as zines as a way to gather within a couple of pages the texts I wrote, borrowed, and used, with some pictures, sources, and references. This material can then reach more people beyond the very moment of the performance. I also propose workshops to make collective zines in web-to-print as an initiation to learning this open-source way to do print publications.

Is the graphic design and printing process important to what you publish?

I use a web-to-print process to design my zines. It means that I use HTML and CSS languages to layout the text on the page. It’s very powerful to create a design that will work both on screen and in print, considering printing as an additional media query in the CSS stylesheet, like the different screen sizes. The technological empowerment the “Cyberwitches Manifesto” proposes starts here: learning to design with free and open source tools. When it comes to printing, I have a big crush on Riso printing. It’s also empowering to take charge of page imposition and colour layers and to be reminded that a graphic design job doesn’t end at the PDF file export. In my practice, materiality matters: the sensuality of paper, the vibration of colours.

Can you tell us about your contribution to the #15 issue of ARTZINES?

The cover images come from the Cyberwitches ritual performed in 2017 with close friends. Each of us was able to consider herself a “witch,” but for very different reasons: one for her gothic background, another for the queer-feminist political echo, another for the versatile cyber-ghost tone, etc. Instead of expressing it with words, we used the ritual to try to fully embody the witches within ourselves. A video and a series of photographs testify to that moment.

I chose green ink for the HTML and neon orange for the CSS, both framing the original French text of the Cyberwitches Manifesto (It is also available in German and English from lucilehaute.fr/). The interview is typeset in Bluu Next type designed by Jean-Baptiste Morizot and distributed by Velvetyne type foundry.

Cyberwitches Manifesto
Lucile Olympe Haute, *Cyberwitches Manifesto*, Nimes, auto-édité, 2021, 10,5 x 15 cm, Risographie, 16 pp., 50 exemplaires. Lucile Olympe Haute, *Cyberwitches Manifesto*, Nmes, self-published, 2021, 10,5 x 15 cm, Risography, 16 pp., 50 copies.
J’ai vu la sorcière
Lucile Olympe Haute, **, Paris / Nimes, auto-édité, 2021, 12,6 x 19,1 cm, Risographie, 68 pp., 50 exemplaires. Lucile Olympe Haute, *J’ai vu la sorcière*, Paris / Nmes, self-published, 2021, 12,6 x 19,1 cm, Risography, 68 pp., 50 copies.
Cybersorcières
Lucile Olympe Haute, *Cybersorcières*, Cambrai, auto-édité, 2021, A4, Risographie, 20 pp., 100 exemplaires. Lucile Olympe Haute, *Cybersorcières*, Cambrai, self-published, 2021, A4, Risography, 20 pp., 100 copies.