Paris,
le 30 novembre 2015
Ça fait très longtemps que je suis intéressée par le graffiti, notamment parce que je viens de Toulouse. C’est vrai que quand j’étais adolescente à Toulouse, il y avait énormément de graffiti, il y avait une scène assez importante. Notamment, il y avait un lieu qui s’appelle le Style, qui était un terrain vague avec une ancienne manufacture, et beaucoup de graffeurs venaient là, des graffeurs de la France, de l’Europe. C’était un gros spot, j’y traînais pas mal, du coup j’ai toujours vu des graffitis, je les ai toujours pris en photo et voilà.
De fil en aiguille, je me suis retrouvée à travailler à la galerie du jour grâce au graffiti, parce que j’étais venue présenter le livre d’un graffeur qui m’avait demandé de le distribuer. C’est comme ça que j’ai rencontré l’équipe de la galerie. À ce moment-là, il y avait une exposition de graffiti qui s’appelait Graffs, c’était Jonone le commissaire et il avait invité tous les graffeurs très actifs de l’époque : il y avait O’Clock, André, Zevs, Space Invader, toute cette scène-là. Quand j’ai fait le fanzine, c’est vrai que ça partait vraiment du graffiti. Le graffiti, comme d’autres champs de l’art, comme la photographie, c’est un milieu assez refermé sur lui-même et il ne communique pas trop avec le reste. Du coup, c’était un peu l’idée d’ouvrir le champ du graffiti pour le mélanger à ce qu’on appelle bêtement l’art contemporain. Quand je regarde du graffiti, j’y vois de la peinture, mais j’y vois aussi de la performance, il y a des vidéos, je vois toute la notion de document.
Oui, c’est exactement ça. C’est un mouvement très riche et très intéressant, mais sur lequel on trouve tout le temps le même genre de discours, qu’il soit critique ou sociologique, mais ça parle tout le temps de la même chose, donc c’était un peu l’idée de base.
Oui, ça m’a donné une perspective différente dans le sens où j’ai découvert que le graffiti avait une place sur le marché de l’art. C’était pas une question que je m’étais trop posée jusque là, et justement, ça m’a aussi fait comprendre toutes les contraintes qu’il y avait à exposer le graffiti, c’était extrêmement dur. Le graffiti, c’est dans la rue, et quand il entre dans une galerie, ce n’est plus du graffiti. J’ai pu voir aussi tous les pièges dans lesquels une galerie pouvait tomber justement en exposant des graffitis. C’est vrai que comme ça, j’ai pu l’analyser et justement commencer à penser à comment on pourrait montrer des graffitis un peu autrement. Ça, on va dire que c’est plus le côté intellectuel et, évidemment, ça m’a fait découvrir pas mal d’artistes parce que j’étais chargé du pôle graffiti et du coup, je pouvais contacter pas mal d’artistes pour participer. C’est notamment par ce biais-là que j’ai rencontré Saeio des PAL avec Tomek et Mober avec qui je travaille depuis le début du fanzine.
Oui, oui, il y en a. Il y a beaucoup de fanzines de graffiti. Je pense que, jusqu’à récemment, les principaux fanzines que tu trouvais, c’étaient des fanzines avec des photographies dedans, des photographies de train tagués ou graffés, des photographies de tunnel. C’est plutôt de l’ordre du document, des graffitis qui sont faits dans l’espace public et ce sont des successions d’images et tu as 3000 images dans un fanzine, donc voilà. Il y a tout un mouvement de prendre en photo des œuvres qui sont vouées à disparaître. Jusqu’à récemment, c’est surtout ça qu’on trouvait. Il y a Skill qui est un fanzine assez connu et, par exemple, il y a aussi Rap un graffeur français qui a fait un fanzine qui s’appelle Graffalife qui documente très bien tout le mouvement de graffiti en France. C’est vrai que jusqu’à une certaine date, c’est ce genre de fanzine que tu trouvais, et ensuite, tu as des artistes qui ont commencé à s’emparer du format fanzine plus comme un médium et qui l’expérimentent. Il y a autant de dessins que de photographies, que des images de ce qu’il se passe un peu autour du graffiti.
Il y a par exemple tous les membres des PAL qui font chacun leurs fanzines, donc il y a Saeio, Horphé, Tomek, eux, ils ont une grosse pratique du fanzine.
Moi, le street art, à première vue, ce n’est vraiment pas ce qui me touche. Moi, c’est vraiment le graffiti et encore plus le graffiti vandale. Le graffiti reste toujours dans la marge, les gens s’intéressent au street art, il y a toujours cette espèce d’amalgame qui mélange graffiti et street art, alors que ce sont deux choses qui sont vraiment différentes. Autant, le street art est maintenant devenu un art officiel parce que les politiques publiques l’ont intégré, par exemple à Paris, les peintures de street art que tu vois sur les immeubles dans le 13e, ça, c’est purement une commande du maire, ou encore le projet de la tour 13 qui montre du street art et qui a été hyper visité.
Je ne sais pas si c’est une évolution ou une régression, mais les gens sont de plus en plus attirés par le street art. Les particuliers comme tout le monde s’en emparent un peu, c’était le cas aussi avec le cirque, dans le sens où c’est une pratique populaire qui était regardée de loin et qui finalement s’est retrouvée aspirée. En ce qui concerne le graffiti, on peut dire qu’il reste encore en marge. Maintenant, il y a une nouvelle génération d’artistes qui sont plus ouverts et qui, au travers de leurs expositions, ouvrent de nouvelles perspectives et se posent de nouvelles questions. Ils ont des questionnements qui vont beaucoup plus loin que de faire des toiles de ce qu’ils font dans la rue et de les mettre dans une galerie. Mais ça, on va dire que c’est la dernière génération de graffeurs.
Je vais sortir le deuxième numéro pour le 19 [décembre 2015] parce que justement, je fais l’exposition Honte avec Saeio et Tomek. On a décidé d’organiser des conversations, donc j’ai invité des acteurs du monde de l’art et de Marseille pour discuter avec eux de graffiti, donc j’ai choisi volontairement des personnes qui ne connaissent rien au graffiti, mais qui, par contre, sont très investies et passionnées par l’art. C’était très intéressant, car il y avait plein de nouvelles problématiques qui ont émergé et je pense que ça a ouvert des perspectives très intéressantes. Donc le dernier fanzine sera sur ces conversations.
Il y a eu une exposition qui s’appelait Musique Plastique à la galerie du jour et à ce moment-là, j’ai proposé au commissaire de l’exposition d’inviter Destroy All Monsters parce que l’exposition était sur les artistes plasticiens qui ont une pratique musicale. Évidemment, Destroy All Monster est l’exemple parfait parce qu’à la base, c’est un groupe d’étudiants, donc il y a Cary Loren, Jim Shaw et Mike Kelley. Ils ont un groupe de pop qui s’appelle Destroy All Monsters qui publie en parallèle un fanzine. Un fanzine qui est assez paradigmatique parce que je pense qu’à ce moment-là, c’est vraiment la naissance du fanzine comme médium, comme pratique artistique. Quand il y a eu ce projet d’exposition, j’ai tout de suite pensé à eux. En plus, par chance, Cary Loren a gardé tous les documents pour en faire une archive, c’est donc par lui que l’on passe pour des expositions. Car Mike Kelley, malheureusement, est décédé. À l’époque, il était super occupé par sa pratique, Jim Shaw pareil, donc c’est Cary Loren qui se chargeait de ça. De plus, il est libraire : la création des archives et la diffusion, c’est plus de son domaine. À ce moment-là, il avait une exposition en Grèce. Comme les œuvres étaient en Europe, ce n’était pas loin pour les faire venir. C’est donc à ce moment que Cary Loren est venu, je l’ai donc rencontré et depuis, on est devenu amis.
C’est vrai qu’en voyant d’un côté les fanzines de Destroy All Monsters plutôt des années 1970 et ensuite, quand j’ai découvert ceux de Pat McCarthy qui sont récents, il y avait déjà un lien évident parce que des deux côtés, c’est le fanzine comme médium, pratique artistique. Et tu te rends compte de la force que dégage un fanzine alors qu’à la base, c’est un objet photocopié. Il y a quelque chose de très fort qui s’en dégage.
Le côté fait à la main, tu sens vraiment l’investissement, ce sont deux fanzines qui sont hyper fournis, tu te rends compte de tout le travail qui a quand même été fait et ça finit sur un support un peu cheap, ça a ce côté magique et tu sens que c’est un objet d’expérimentation.
Chaque numéro du Nouvel Esprit du Vandalisme part d’un thème qui est assez ouvert. Je contacte des artistes, beaucoup de mes amis artistes participent, mais je contacte également des artistes que je ne connais pas, mais dont j’apprécie la démarche, tels que Stephen Gill que j’ai contacté pour le dernier numéro, il y a aussi Ricardo Cases. Dans chaque numéro, il y a une personne que je ne connais pas, par exemple dans Seine Saint-Denis Style, il y a Martine Feipel et Jean Bechameil qui ont contacté Hughes Rochette et Nathalie Brevet que je ne connaissais pas.
Oui, mais bizarrement, les gens sont plutôt hyperenthousiastes : pour eux, le fanzine fait partie de la culture underground, c’est un peu en marge et ils sont trop contents.
Là, les artistes que j’ai contactés sont des gens qui sont en galerie et connus.
Je ne sais pas s’ils ont un lien, mais du moins ils apprécient la démarche de quelqu’un qui fait ça et tout d’un coup, ils se retrouvent là-dedans alors qu’ils n’y sont pas nécessairement.
Oui, ils sont plutôt contents de participer à ça et ils savent très bien dès le départ qu’il n’y a aucun but commercial. Je pense qu’ils apprécient quand même le côté expérimental. Tout le monde était toujours très enthousiaste ; je n’ai jamais eu de refus pour le moment, ils sont plutôt même contents.
Non pas du tout, en plus, je pense que même s’ils sont connus, peut-être qu’ils ne sont pas autant publiés que ça dans les magazines.
C’est vrai que tu as raison, ils pourraient être rebutés par le côté un peu vieillot comme tu dis, mais au contraire, ils sont plutôt contents.
D’autant plus que, comme tu le vois, j’ai commencé mon fanzine. C’était d’une part parce qu’il fallait que je lance un peu ma carrière de commissaire indépendante, donc il y avait cette idée-là, et parce que j’ai toujours aimé le fanzine et pour une question de moyens, de liberté avec tous ces paramètres. Mais je ne pensais pas que ce petit objet photocopié d’un format A5 allait finalement m’amener autant de projets.
Oui, complètement, on m’a invitée à faire l’exposition Seine Saint-Denis Style parce qu’il y avait le fanzine et là le projet que je réalise avec le Frac : le salon, la résidence, les conférences, les expositions, ça part du fanzine aussi et c’est ça qui est complètement fou.
Il y a ça, puis après, il y a aussi certaines personnes qui ne connaissaient pas vraiment le fanzine, qui découvrent ce que c’est et cette force les intrigue tout d’un coup. C’est ça qui est complètement fou, c’est un petit objet photocopié qui m’amène plein de projets, alors que peut-être si j’avais essayé de monter la plus grosse exposition du monde dans un lieu, ça ne m’aurait rien ramené du tout. Je sens qu’il y a une écoute et que les gens attendaient le fanzine, car ils ne le connaissaient pas. Ils l’apprécient vraiment. Je pense qu’à travers le fanzine, ils sentent l’énergie qu’a la personne derrière.
Je pense qu’il y a un peu de ça, je pense qu’on peut vraiment sentir l’énergie d’une personne à travers son fanzine. Le mien est un peu particulier parce que j’invite beaucoup d’artistes différents, c’est pas un fanzine solo, mais je pense que les gens ont besoin de voir des choses nouvelles.
Oui, soit je mets les textes des actions curatoriales que j’organise, soit par exemple, pour Seine Saint-Denis Style, j’ai mis le portrait d’un garçon que j’avais photographié. Parfois, j’interviens, mais c’est pas systématique.
Avec mon travail ? Oui, oui complètement, mais je ne sais pas si je le ferais sous le nom du Nouvel esprit du vandalisme.
Non, plutôt en faire une autre série. Mais oui, oui, j’aimerais bien publier des travaux, mais plutôt des travaux à venir, parce que là, je n’ai pas envie de travailler avec ce que j’ai déjà fait.
Oui, et donc, vu que je vais mener des ateliers de fanzine avec des jeunes qui habitent les quartiers nord de Marseille, peut-être que je vais profiter de ce moment pour faire un travail autour de ça.
Disons que quand je me suis dit que j’allais faire des fanzines solo, au départ, je me suis dit que je prendrais des artistes qui ont autant une pratique de l’écriture qu’une pratique artistique.
Oui, c’est ça. Une des caractéristiques de mes fanzines, c’est qu’il y a aussi du texte dedans, tapé à la machine à écrire. L’idée de départ c’était ça, j’ai invité Pauline Fargue et JJ Peet qui écrit pas mal de choses, comme des poèmes, des manifestes. Donc voilà, c’était un peu ça l’idée de départ. Ensuite, je pense que le lien qu’il y a entre les deux et qui sera le vrai leitmotiv, c’est que ce sont des artistes qui ont un univers très fort dans le sens où il est assez complet : ils mélangent l’art et la vie, ils ne font pas de séparation. Je pense que c’est aussi bien le cas de Pauline Fargue que de JJ Peet, comme Olivier Nourisson, il a ce truc très fort.
Quand ils créent, ils ne se disent pas qu’ils sont en train de créer, ça fait partie de leur quotidien, c’est tout le temps. Je pense que ce sera plus des artistes comme ça, avec, comme tu le dis, un côté polymorphe avec un univers.
Oui, voilà des artistes du quotidien, pour lesquels il n’y a pas de frontière entre l’art et la vie. Je pense que ça sera des artistes comme ça et après avec des pratiques très diverses. Moi-même, je m’intéresse à plein de choses différentes et c’est ça aussi que me permet le fanzine : on n’est pas obligé d’avoir une ligne éditoriale, on fait ce qu’on veut.
À un moment, on peut très certainement retrouver un côté adolescent, notamment parce que j’ai fait une maîtrise et un master sur l’adolescence. Dont l’un était Photographier les adolescents pour le mémoire de maîtrise et ensuite, en master, j’ai fait un mémoire sur L’Esthétique Adolescente où je parlais du fanzine justement. Pour moi, le fanzine a un côté très adolescent, c’est une pratique adolescente, car au départ, le fanzine est fait par des fans. C’est vrai que l’adolescence représente le fanclubbing, toutes ces notions-là, c’est l’adolescent. Il y a un grand rapport avec le fanzine, comme pratique adolescente. Même si tu le fais très sérieusement, c’est peut-être le côté où tu joues beaucoup. Même si je pense que tout le monde ne serait pas d’accord avec ce que je dis. Je pense qu’il y a ce côté jeu, expérimentation, il y a un petit côté adolescent.
Mais en même temps, tu vois maintenant que la photocopie est passée à la risographie : il y a quand même de nouvelles techniques. Il y a eu des tentatives de webzines, mais bon, je ne suis pas très convaincue. Pour moi, le fanzine doit être sur papier. Avec le webzine, c’est plus difficile d’avoir ce côté artisanal. Quoi que tu peux faire des sites internet biscornus, mais il faut super bien connaître la programmation et tu ne peux pas faire ce que tu veux, c’est pas évident.
Non, je ne pense pas qu’on ait fait le tour, mais c’est une bonne introduction.
Paris,
November 30th, 2015
I’ve been interested in graffiti for a very long time, especially because I come from Toulouse. When I was a teenager in Toulouse, there was a lot of graffiti; there was a big scene. In particular, there was a place called Le Style, which was a wasteland with an old factory, and a lot of graffiti artists from France and Europe came there. It was a big spot. I used to hang out there quite a lot, so I always saw graffiti. I always took pictures of it, and that’s it.
One thing led to another, and I ended up working at galerie du jour thanks to graffiti because I went there to present the book of a graffiti artist that I was distributing, and that’s how I met the gallery’s team. At that time, there was a graffiti exhibition called Graffs, curated by Jonone, and he had invited all the very active graffiti artists of the time: O’Clock, André, Zevs, Space Invader, all that scene. When I started the fanzine, it’s true that it really came from graffiti. Like other fields of art, such as photography, graffiti is quite closed in on itself and doesn’t communicate too much with the rest, so I wanted to open up the field of graffiti and mix it with what we call contemporary art. When I look at graffiti, I see painting, but I also see performance, I see video art, I see the whole notion of documentation.
Yes, that’s exactly it. It’s a very rich and interesting movement, but you always find the same kind of discourse, whether it’s critical or sociological, but it’s always about the same thing, so that was the basic idea.
Yes, it gave me a different perspective in the sense that I discovered that graffiti had a place on the art market; it was not a question I had asked myself until then, and it also made me understand all the constraints there were to exhibit graffiti; it was extremely hard. Graffiti is on the street, and when it enters a gallery, it is no longer graffiti. I would also see all the traps a gallery could fall into by exhibiting graffiti. I was able to analyse it and start thinking about how to show graffiti in a different way. That’s more the intellectual side, and after that obviously it made me discover a lot of artists because I was in charge of the graffiti section and so I could contact a lot of artists to participate. This is how I met Saeio from PAL with Tomek and Mober, with whom I’ve been working since the beginning of the fanzine.
Yes, yes, there are. There are a lot of graffiti fanzines. I think, until recently, the main fanzines you find are ones with photographs in them—photos of tagged or graffitied trains, photos of tunnels. It’s more of a document, graffiti that’s done in the public space, and it’s a succession of images. You have 3000 images in a fanzine, so there you go. There’s been a whole movement to take photos of works that are destined to disappear; until recently, it’s mainly that which we find. There’s Skills, which is a quite famous fanzine, and for example, there’s also Rap, a French graffiti artist who made a fanzine called Graffalife, which documents very well the whole graffiti movement in France. It’s true that until a certain date, it’s this kind of fanzine that you find, and then you have artists who have started to seize the fanzine format more as a medium and who experiment with it. There are as many drawings as there are photos, as many images of what’s happening around graffiti.
For example, all the members of the PAL crew make their own fanzines, so there is Saeio, Horphé, Tomek; they have a big fanzine practice.
At first sight, street art is not what really moves me; it’s really graffiti, and even more so graffiti vandalism. Graffiti is always on the fringe, and people are always interested in street art. There’s always this kind of amalgam that mixes graffiti and street art, whereas they are two really different things. Street art has now become an official art form because public policies have integrated it. For example, in Paris, the street art paintings that you see on the buildings in the 13th arrondissement are purely commissions from the mayor, or the project Tour 13, which shows street art and has been very popular.
I don’t know if it’s an evolution or a regression, but people are more and more attracted to street art. Individuals, like everyone else, are taking it up a bit, and this was also the case with the circus in the sense that it was a popular practice that was looked at from afar and which finally got sucked in. As far as graffiti is concerned, we can say that it is still on the fringe. Now there is a new generation of artists who are more open and who, through their exhibitions, open up new perspectives and ask themselves new questions. They have questions that go much further than just making canvases of what they do in the street and putting them in a gallery. But we’ll say that this is the latest generation of graffiti artists.
I’m going to release the second issue for the 19th [of December 2015] because I’m doing the exhibition Honte [Shame] with Saeio and Tomek. We decided to organise conversations, so I invited people from the art world and from Marseille to discuss graffiti with them. I deliberately chose people who don’t know anything about graffiti but who, on the other hand, are very invested and passionate about art. It was very interesting because there were a lot of new issues that emerged, and I think it opened up some very interesting perspectives. So the latest fanzine will be about these conversations.
There was an exhibition called Musique Plastique at the galerie du jour, and at that time I suggested the curator invite Destroy All Monsters because the exhibition was about visual artists who also have a musical practice. Obviously, Destroy All Monsters is the perfect example because it’s a group of students (Cary Loren, Jim Shaw, and Mike Kelley) that have a pop group called Destroy All Monsters, which publishes a fanzine in parallel. A fanzine which is quite paradigmatic because I think it really shows the birth of the fanzine as a medium, as an artistic practice. When this exhibition project came up, I immediately thought of them, and by chance, Cary Loren kept all the documents to make an archive, so it’s through him that we had to go to exhibit them. Mike Kelley unfortunately passed away, and he was very busy with his practice at the time, as was Jim Shaw, so it was Cary Loren who took care of archiving and exhibiting DAM. And he’s a bookseller, so the creation of an archive and its distribution are more in his domain. At that time, he had an exhibition in Greece; as the materials were in Europe, it was less far to bring them to Paris, so that’s when Cary Loren came and I met him, and since then we have become friends.
It’s true that when I saw Destroy All Monsters’ fanzines from the 1970s and then I discovered Pat McCarthy’s fanzines, which are recent, there was already an obvious link because on both sides, the fanzine is a medium, an artistic practice. And you realise the strength that a fanzine gives off; even though it’s basically a photocopied object, there’s something very strong that comes out of it.
The handmade side really makes you feel the investment. These are two fanzines that are quite packed; you can see all the work that has been put into them, and they end up on a rather cheap support. They have this magical side, and you feel that they are an object of experimentation.
Each issue of Le Nouvel Esprit du Vandalisme starts with a theme that is quite open. I contact artists, many of my artist friends participate, but I also contact artists I don’t know but whose approach I appreciate, such as Stephen Gill, whom I contacted for the last issue, and Ricardo Cases. In each issue, there is someone I don’t know; for example, in Seine Saint Denis Style, there are Martine Feipel and Jean Bechameil, who contacted Hughes Rochette, and Nathalie Brevet, whom I didn’t know.
Yes, but strangely enough, people are very enthusiastic. For them, the fanzine is part of an underground culture; it’s a bit on the fringe, and they’re very happy.
Here, the artists I contacted are people who are in galleries and well known.
I don’t know if they have a link, but at least they appreciate the approach of someone who does this, and suddenly they find themselves in it when they are not necessarily there.
Yes, they’re quite happy to be involved in this, and they know very well from the start that there’s no commercial purpose. I think they appreciate the experimental side. Everybody was always very enthusiastic; I never had anyone turn me down for the moment; they were rather happy.
No, not at all, and I think that even the famous are maybe not published in magazines as much as they would like.
Especially since, as you can see, I started my fanzine on the one hand because I had to launch my career as an independent curator, so there was this idea, and because I’ve always liked fanzines, and for a question of means, of freedom with all these parameters. But I didn’t think that this little A5 photocopied object would eventually bring me so many projects.
Yes, completely, I was invited to do the Seine Saint Denis Style exhibition because there was the fanzine and the project I’m doing with the FRAC: the fair, the residency, the conferences, the exhibitions, all of this is based on the fanzine, and that’s what’s so crazy.
There’s that, and then there are also people who didn’t really know about fanzines who discover what it is, and this force intrigues them all of a sudden. That’s what’s so crazy; it’s a little photocopied object that brings me a lot of projects, whereas maybe if I had tried to put on the biggest exhibition in the world in one place, it wouldn’t have brought me anything. I feel that there is a listening audience and that people were waiting for the fanzine even if they didn’t know it. They really appreciate it, and I think that through the fanzine, they feel the energy of the person behind it.
I think there’s a bit of that. I think you can really feel the energy of a person through their fanzine. Mine is a bit special because I invite a lot of different artists. It’s not a solo fanzine, but I think people need to see new things.
Yes, either I put the texts of curatorial actions that I organise, or for example, for Seine Saint Denis Style, I put the portrait of a boy that I had photographed. Sometimes I contribute, but it’s not systematic.
With my work? Yes, yes, completely, but I don’t know if I would do it under the name of The New Spirit of Vandalism.
No, I’d rather do another series. But yes, yes, I would like to publish some work, but rather work to come because I don’t want to work with what I’ve already done.
Yes, and since I’m going to conduct fanzine workshops with young people who live in the northern districts of Marseille, maybe I’ll take advantage of this moment to do some work around that.
When I thought I was going to make solo fanzines, the first thing I said to myself was that I would take artists who have both a writing practice and an artistic practice.
Yes, that’s right. One of the characteristics of my fanzines is that there is also text in them, typed on a typewriter. The initial idea was that I invited Pauline Fargue and JJ Peet, who write quite a lot of things, like poems and manifestos. So that was the initial idea. Then, I think that the link between the two, which will be the real leitmotiv, is that they are artists who have very strong creative realms in the sense that they are rather complete, they mix art and life, and they do not make any separation between the two. I think this is the case for Pauline Fargue as well as for JJ Peet; like Olivier Nourisson, he has this very strong thing.
When they create, they don’t consider themselves to be creating; it’s part of their daily lives all of the time. I am looking for artists like that who have a multi-faceted universe.
That’s it, everyday artists, for whom there is no border between art and life. I think it will be artists like that, and then with very different types of practices. I myself am interested in many different things, and this is also what the fanzine allows me to do. I am constrained by an editorial line; I do what I want.
At some point, you can certainly find an adolescent side, especially because I did two master’s thesis on adolescence. One of them was Photographing teenagers and the other was Adolescent Aesthetics in which I talked about fanzines. To me, fanzines have a very adolescent side; it’s a teenage practice because, at the beginning, fanzines are made by fans. It’s true that adolescence represents fanclubbing. There’s an interesting dimension to fanzines as a teenage practice; even if you take it very seriously, it’s always very playful. Although I don’t think everyone would agree with what I’m saying, I think there’s that playfulness and experimentation; there’s a little bit of a teenage spirit.
But at the same time, you see, now that photocopying has moved on to risography, there are still new techniques. There have been attempts at webzines, but I’m not very convinced. For me, the fanzine has to be on paper; with the webzine, it’s more difficult to have the handmade side. Although you can make some weird websites, you have to know the programming really well, and if you can’t do what you want, it’s not easy.
No, I don’t think we’ve covered everything, but it’s a good introduction.