Rotterdam,
le 16 juillet 2022
…on avait été acceptés, mais on n’aimait pas vraiment le concept, car c’était très lisse. L’organisation a ensuite organisé des foires de livre dans d’autres villes, dont Nimègue, et on n’a pas été invités parce qu’il s’agissait officiellement d’une foire réservée aux éditeurs professionnels sérieux. On s’est dit : « C’est notre ville et on n’est pas invités ! On va organiser une foire en même temps et la promouvoir. » Les artistes, les gens qu’on connaissait, ceux qui faisaient des livres d’artistes, c’est-à-dire peut-être trois personnes aux Pays-Bas ne voulaient pas venir. On a donc invité des artistes qu’on connaissait de Londres ou de France et on a payé leur déplacement.
Le Dernier Cri de France, Disinfotainment de Mark Pawson de Londres, un groupe d’Allemagne et beaucoup d’amis hollandais. C’était pas mal et on avait aussi ce type de Brighton. Je ne me souviens plus de son nom, il a arrêté de publier. C’était Slab-O-concrete.
La plupart d’entre eux.
On l’a fait trois fois. Environ 25 la première année, puis 40 par la suite. Après ça, il y a eu un festival de littérature en ville et ils ont aimé ce qu’on avait fait, alors ils nous ont demandé de le refaire avec eux dans ce grand bâtiment temporaire qu’ils avaient. C’était deux ans plus tard, 600 à 800 personnes sont venues, ce qui était incroyable pour nous à l’époque.
Non, la première fois, il y a eu peut-être 150 personnes en un après-midi. On aimait l’idée, mais le festival a également invité des éditeurs de littérature. Il y avait donc un genre de division entre les artistes et les vrais éditeurs. On a recommencé deux ou trois ans plus tard, mais le festival était devenu très prétentieux. Il se déroulait dans différents endroits, pas dans leur bâtiment, et ce n’était pas très bien organisé. On a toujours pensé qu’on pourrait le refaire sans eux, mais ça ne s’est pas produit. On n’est pas vraiment des organisateurs, on publie, on imprime, mais l’organisation d’une foire de livre demande beaucoup de travail. On a essayé d’obtenir des subventions pour en faire une plus grande, mais on ne les a pas obtenues. Mais on ne l’appelait pas art book fair [foire de livre d’art], simplement book fair [foire de livre]. Il y a quelques photos dans un livre qui nous est consacré. Cinq ans plus tard, la première New York Art Book Fair a eu lieu, et tout le monde a été stupéfait. La troisième fois qu’on a organisé le festival, c’était dans un centre culturel très proche de notre bâtiment. On avait dit qu’on organisait tout, mais c’était le festival qui était censé trouver les tables. Quand on est arrivés, il n’y avait pas de tables. On a dû improviser, on était dans l’arrière-salle de cette grande institution culturelle, mais ils s’en fichaient, c’est de ça qu’on parlait collectivement hier. Les institutions s’en fichent, ils considèrent que c’est un genre de marché où ils peuvent aussi vendre du café.
On appelait ça des salons de micro-éditions [small press fairs].
On est allés au Paradiso Small Press Fair et à celui de Londres.
Depuis 2012, je crois, il s’appelle Salon des éditeurs spécialisés [Beurs van bijzondere uitgevers], avant, c’était Salon des petits éditeurs [Beurs van keline uitgevers]. Il existe depuis les années 1970 et il est toujours en activité. On a aussi participé à un salon en Allemagne dans les années 1990, où il y avait beaucoup d’éditeurs politiques.
Oui, on vendait assez bien. Je me souviens qu’en 1991, il y a eu une grande foire à Amsterdam organisée par un type, qu’Alan [Smart] connaît également, qui faisait partie de ces groupes politiques. On y est allés et on a vendu beaucoup de livres. Je me souviens que quelqu’un avait écrit une critique dans d’un journal alternatif où il disait que ce n’était pas vraiment une foire politique parce que les gens n’achetaient que de beaux livres. Cette personne était assise en face de nous et ne vendait aucun livre. Je ne sais pas pourquoi, c’était pas une foire de livre d’art, mais ça en avait toutes les caractéristiques. Alan pourrait probablement t’en parler, ça s’appelait Europe Against the Current [L’Europe à contre-courant]. C’était presque une foire de livres d’art, mais il y avait aussi beaucoup de musique. Si on remonte aux origines des foires de livre d’art, je pense que les foires de microédition [small press book fairs] ont commencé dans les années 1970. Il en existe encore une à Londres, On y est allés il y a dix ans, mais c’était très petit comparé aux foires de livre d’art.
Un peu, mais les fanzines n’étaient pas très populaires à l’époque. Dans les années 1980, les fanzines étaient populaires dans le milieu punk, mais plus tard, personne ne les appelait « zines ».
À un moment, les zines sont devenus un terme plus populaire en tant que média. Dans les années 1980, les gens les appelaient des zines.
Les zines étaient aussi plus journalistiques. [Il montre les informations sur son téléphone.] C’est le salon auquel on a participé à Londres il y a dix ans. On n’a pas vendu grand-chose.
Je crois qu’il y en a eu un dans les années 1990, c’était une sorte de collectif, mais il y a eu beaucoup de dissensions en interne et quelqu’un l’a repris plus tard.
Je ne sais pas, peut-être que Joyce le sait, il avait une barbe. En Angleterre, il y a beaucoup de foires, pour les artisans aussi. À Mayence, en Allemagne, il y en a une qui existe toujours depuis les années 1970, comme celle de Paradiso, qui était très bien, mais maintenant il n’y a plus que des imprimeurs amateurs qui font de la typographie et des choses comme ça. Il s’agit de l’Internationalen Buchmesse der Kleinverlage und künstlerischen Handpressen. Après l’an 2000, le salon n’était plus intéressant parce que tous les éditeurs professionnels ont disparu. Ils n’ont jamais fait le lien avec la culture des zines.
Au tout début, oui.
Le simple fait d’être indépendant, de faire son propre travail, de pouvoir l’imprimer et le distribuer.
Non. Bien sûr, il y a eu des influences, mais pas un en particulier. Dans les années 1990, il y a également eu une foire à Gand, en Belgique, mais elle n’a eu lieu que trois fois, la dernière fois en 2000. Elle était très petite, pas comme une vraie foire de livres d’art. Elle s’appelait Drucksel. C’est comme ça qu’on l’a vécu dans les années 1990.
Non, ils n’étaient pas vraiment conscients de l’existence d’une scène ou d’un groupe. C’était presque comme des expositions.
Knust est notre maison d’édition et notre atelier d’impression, et Extrapool est le bâtiment qui accueille une trentaine de résidents et propose un programme artistique et d’autres activités qui n’ont pas nécessairement à voir avec nous.
Beaucoup de gens ne voient pas la différence et on fait parfois des projets dans le cadre du programme Extrapool. L’atelier d’impression est là. Il aurait peut-être été préférable d’avoir un seul nom, mais au début, il y avait le bâtiment des artistes avec de nombreux ateliers qui avait son propre nom. Aujourd’hui, il s’agit plutôt d’une organisation avec moins d’ateliers, mais avec un bureau, une imprimerie, un atelier de reliure et un espace d’exposition.
Peut-être pour faire des déclarations ou exprimer une position. J’ai travaillé dans le journal de squatters de Nijmegen, Nijmeggse Kraakkrant. C’est là que j’ai appris toute l’infrastructure de l’édition dans un atelier d’impression. Je ne faisais pas de Riso à l’époque. J’ai fait quelques bandes dessinées et j’ai écrit quelques textes. C’était très politique et très direct et je voulais quelque chose de plus indirect.
Je pense qu’Unfold à Shanghai était la plus sympa et Plana à São Paulo en 2017 était également très bien. Shanghai était plus grande, plus étrange et plus exotique.
Oui, et dans la façon d’interagir avec le public, on était très exotiques.
Rotterdam,
July 16th, 2022
…and then they had an external organisation, and we were accepted, but we didn’t really like the concept, because it was very slick. And then the organisation went on to organise book fairs in other towns, so Nijmegen was the first town, and then we were not invited because it was officially for professional serious publishers. Then we thought, “This is our town and we are not invited! We’re going to organise a fair at the same time and make publicity about it.” Artists wouldn’t go their, people we know, people making artists books, that was maybe three people in the Netherlands. So we invited artists we knew from London or France and paid for their trip.
Le Dernier Cri from France, Disinfotainment by Mark Pawson from London, a group from Germany, and then a lot of Dutch friends. It was quite good, and we also had this guy from Brighton; I can’t remember his name; he stopped publishing. Slab-O-concrete it was.
Most of them.
We did it three times. Something like 25 the first year, 40 after. After that, there was a literature festival in town, and they liked what we did, so they asked us to do it again with them in this big temporary building they had. That was two years later; maybe 600–800 people came, and that was unbelievable for us at that time.
No, the first time was maybe 150 people in one afternoon. We liked the concept, but the festival also put some literature publishers there. So there was a little bit of a division between the artists and the real publishers. We did it again two or three years later, but then the festival was very pretentious. They did it in different locations, not in their own building; it was not so well organised. So we always thought we could do it again without them, but it did not happen. We are not really organisers; we publish and we print, but organising a book fair is a lot of work. We tried to get subsidies to make it a bigger organisation, but we didn’t get them. But we wouldn’t call it an art book fair; we would just call it a book fair. There are some photos in a book that is about us. Then, just five years later, the first New York Art Book Fair happened, and everybody was amazed. The third time we did it with the festival, it was in a cultural centre very close to our building. We said we would organise everything, but then the festival was supposed to get the tables. When we got there, there were no tables. We had to improvise; we were in the backroom of this big cultural institution, but they didn’t care; that’s what we were discussing yesterday collectively. They don’t really care; they see it as some kind of market where they can also sell coffee.
They would be called small press fairs.
We went to the Paradiso small press fair and the one in London.
Since 2012, I think, it is called Special Publishers Fair [Beurs van bijzondere uitgevers], and then it was called Small Publishers Fair [Beurs van keline uitgevers]. It has existed since the 1970s, and it is still active. We also went to one in Germany in the nineties where there was a lot of political publishers.
Yeah, we would sell pretty good. I remember in 1991, there was a big fair in Amsterdam organised by a guy that Alan [Smart] also knows, who was in those political groups. We went there and sold a lot of books. And I remember someone writing in a review in an alternative newspaper that it wasn’t really a political fair because people were only buying nice-looking books. This person was sitting across from us and not selling any books. I don’t know why this happened, because it was not an art book fair, but it had all the properties of an art book fair. Probably Alan could talk to you about this; it was called Europe Against the Current. It was almost like an art book fair; there was also a lot of music. If you go back to the origins of art book fairs, I think the small press book fairs started somewhere in the seventies. In London, there is still one; we went there just ten years ago, but it is very small compared to art book fairs.
A little bit, but fanzines were not popular at that time. In the 1980s fanzines were popular in the punk scene but later, nobody called them zines.
At one point, zines became a more popular term as a medium. In the 1980s people were calling them zines.
Zines were also more journalistic. [He shows the info on his phone] See, that’s the one we went to in London ten years ago. We didn’t sell that much.
I think there was one in the 1990s; it was sort of a collective, but they had a lot of brawls internally, and somebody picked it up later.
I don’t know; maybe Joyce knows; he had a beard. In England they have a lot of fairs for craftspeople also. In Mainz, Germany, there is one that has existed since the 1970s like the one at Paradiso, it used to be very good, but now it is only hobby printers who do letterpress and things like that. It is Internationalen Buchmesse der Kleinverlage und künstlerischen Handpressen. After the year 2000 it became boring because all the professional publishers disappeared, and it wasn’t interesting anymore. They never made the connection with zine culture.
In the very beginning, yes.
Just to be independent, to make your own thing, that you could print it and distribute it.
No, of course there were of course influences, but not one specifically. In the nineties, there was also a fair in Ghent, Belgium, but it happened only three times; the last one was in 2000. It was very small, not like a real art book fair. It was called Drucksel. That’s how we experienced it in the 1990s.
No, they were not really aware that there was a scene or a group. It was almost like exhibitions.
Knust is our publishing and our printing shop, and Extrapool is the artist building where there are around 30 residents, an art program and other things that don’t necessarily have anything to do with us.
A lot of people don’t see the difference, and we sometimes do projects with the Extrapool program. The printshop is there; maybe it would have been better to have only one name, but in the beginning, there was the artist building with lots of studios that had their own name. Now it is more like one organisation with not so many studios but with an office, a printshop, a binding shop, and a project space.
Maybe to do a statement or express a position. I worked in the squatting newspaper of Nijmegen, Nijmeggse Kraakkrant. That’s where I learned the whole infrastructure of publishing yourself in the printshop. I didn’t do the Riso at the time. I made some comics for it and wrote some texts for it. That was also very political and very direct, and I wanted something more indirect.
I think Unfold in Shanghai was the nicest one, and Plana in São Paulo in 2017 was also very good. Shanghai was bigger, more strange, and more exotic.
Yes, and in the way we interacted with the audience, we were very exotic to them.