Tokyo,
le 22 juin 2016
Bien sûr, je m’appelle Futoshi Miyagi, je suis artiste, je travaille aussi dans cette librairie d’art appelée Utrecht. Je suis également membre de l’équipe de la Tokyo Art Book Fair.
Celui-ci s’appelle Ossu. J’ai fait Ossu avec mes amis à Tokyo. Nous sommes trois, Eiko Mori, Kotori Kawashima et moi, et nous invitons aussi des personnes à contribuer à ce zine. Nous en avons fait trois, mais nous espérons en faire un autre cette année.
Absolument, c’est le premier que nous avons fait en 2011. C’est une sorte de zine queer sur la représentation de la sexualité masculine au Japon. Certaines des images sont des dessins, mais la plupart sont des photographies d’hommes japonais.
Je suppose que ça apparait seulement dans ma partie. J’ai toujours du texte et des images. C’est un peu comme un journal intime, mais c’est aussi une fiction.
Une partie l’est.
C’est une autre contribution que j’ai faite pour le 3e numéro. C’est une partie du projet American Boyfriend que j’ai commencé en 2012. Je viens d’Okinawa, la partie la plus au Sud du Japon. Il y a beaucoup de bases américaines là-bas et elles causent beaucoup de problèmes. Beaucoup de gens veulent que les bases disparaissent. J’ai grandi là-bas, mais j’étais en quelque sorte amoureux de la culture américaine, alors je suis allé en Amérique pour y étudier pendant cinq ans. Je suis revenu au Japon et le problème continuait et j’ai commencé à me demander pourquoi j’aime tant l’Amérique alors qu’ils font de mauvaises choses à Okinawa. J’ai commencé à enquêter sur l’histoire d’Okinawa après-guerre et aussi sur la représentation de l’homosexualité à Okinawa. Comment ils ont même souffert dans le contexte de l’après-guerre. Je pense que la présence de l’armée, qui est très masculine, a peut-être contribué au fait qu’il n’y a pas d’histoire sur les relations entre hommes.
[Il sourit]
Je veux dire qu’au début, il était difficile de s’adapter à la culture. Au final, j’ai vraiment apprécié d’être là-bas.
Il s’agit essentiellement d’une compilation de mon travail depuis 2007 jusqu’en 2012. Toutes les images sont accompagnées d’un texte. Parfois elles sont reliées, parfois non. C’est un peu mon autobiographie, en quelque sorte.
Comme pour Ossu, nous avons travaillé à ça, car on ne voyait pas beaucoup de zines queer ici au Japon. Nous voulions donc en sortir un. Et c’est vraiment amusant.
Plutôt comme une déclaration, peut-être.
Ce n’est pas si ouvert que ça. Je dirais que les choses s’améliorent, mais c’est toujours difficile.
Je suppose que oui. De plus, ce n’est pas comme si c’était sérieux à l’intérieur, les gens les apprécient vraiment.
C’est une question difficile. J’aime bien certains d’entre eux.
Des clichés et des fantasmes.
Nous sommes une librairie à Tokyo, à Shibuya. Nous avons emménagé ici en 2014, nous étions à Minami Aoyama avant cela et à Nakameguro avant. Nous avons donc beaucoup déménagé.
Elle a été laissée par un éditeur américain après la Tokyo Art Book Fair.
Il vient de Gagosian.
Il y a une énorme histoire d’auto-publication au Japon. Pas nécessairement du point de vue artistique, mais il y a cette grande foire de livres pour les artistes de manga, les artistes auto-éditeurs. Je ne sais pas comment les appeler, c’est doujinshi en japonais. Ce marché de mangas a lieu deux fois par an. Ces événements attirent des centaines de milliers de personnes.
Je pense que oui, mais je ne suis pas très familier de ce monde.
Peut-être à propos de la Tokyo Art Book Fair ? Nous avons donc lancé la Tokyo Art Book Fair en 2009. Je pense que la New York Art Book Fair a commencé deux ou trois ans avant cela. J’étais stagiaire chez Printed Matter Inc. lorsqu’ils ont lancé la New York Art Book Fair. J’ai donc vécu la première à New York. L’ancien directeur de la foire m’a aussi fait participer avec Utrecht pendant trois ans. Je pense qu’il voulait organiser ce genre de salon au Japon, nous avons commencé à discuter des possibilités. À l’époque, la culture de l’auto-édition et des livres d’art se développait rapidement au Japon. Nous avons pensé que c’était le bon moment pour lancer le salon en 2009. Depuis, ça a grandi assez rapidement.
Nous n’avons pas vraiment de divisions claires. Pour les gens qui font des zines, nous proposons une demi-table.
Merci à toi.
Tokyo,
June 22nd, 2016
Sure, my name is Futoshi Miyagi. I am an artist, and I also work in this art bookshop called Utrecht. I am also a member of the Tokyo Art Book Fair team.
This one is called Ossu. I have been making Ossu with my friends in Tokyo. There are three of us, Eiko Mori, Kotori Kawashima, and myself, and we also invite guests to contribute their work for this zine. We made three of them, but we are hoping to make another one this year.
Absolutely. This is the first we made in 2011. It’s kind of a queer zine about the representation of male sexuality in Japan. Some of the images are drawings, but most of them are photographs of Japanese males.
I guess it is only apparent in my part. I always have text and images. It’s kind of a diary, but it is also fiction.
Some of it is.
This is another contribution I made for the third issue. This is part of the American boyfriend project that I started in 2012. I am from Okinawa, the most southern part of Japan. There are a lot of American bases down there, and they cause a lot of problems. Many people want the bases to be out. I grew up there, but somehow I was in love with American culture, so I went to America, to study there for five years. I came back to Japan, and the problem was still going on. I began to ask myself why I love America so much when they have been doing bad things in Okinawa. I started investigating the history of post-war Okinawa and the representation of homosexuality in Okinawa. How they even suffered in the post-war context. I guess I thought the presence of the military, which is very masculine, may have contributed to the fact that there is no history of male on male relationships.
[He smiles]
I mean, at first, it was hard to adapt to the culture. In the end, I really enjoyed being there.
This is basically a compilation of my work from 2007 until 2012. All the images are accompanied by text. Sometimes they’re connected, sometimes they are not. It’s kind of my autobiography in a way.
As for Ossu, we worked to make this because we don’t see so many queer zines here in Japan. So we wanted to have them out. And it’s really fun.
More like a statement, maybe.
It’s not that open. I would say things are getting better, but it is still hard.
I guess so. Also, it’s not like serious serious inside; people really enjoy them.
That’s a difficult question. I do like some of them.
Clichés and fantasies.
We are a bookshop in Tokyo, in Shibuya. We moved here in 2014; we were in Minami Aoyama before that and in Nakameguro before. So we’ve been moving a lot.
It was left by an American publisher after the Art Book Fair.
It’s from Gagosian.
There is a huge self-publishing history in Japan. Not necessarily art-wise, but there is this big book fair for manga artists and self-publishing artists. I don’t know how to call them; it’s doujinshi in Japanese. This comic market happens twice a year, and those events draw hundreds of thousands of people.
I think so, but I am not that familiar with this world.
Maybe about the book fair? So we started the Tokyo Art Book Fair in 2009. I think the New York Art Book Fair started two or three years before that. I was interning at Printed Matter when they started the book fair. So I experienced the first one in New York. Also, the former director of the fair had me participate as Utrecht for three years. I think he wanted to have that kind of fair in Japan, so we started to discuss the possibilities. At the time, the self-publishing culture and artbook culture in Japan were also growing rapidly. We thought that was the right time to start the fair in 2009. Since then, it has grown pretty quickly.
We don’t really have clear divisions. For zine makers, we offer half a table.
Thank you