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le 3 janvier 2020
Je m’appelle Forrest Lau, je suis graphiste et créateur de zines à Hong Kong. Nous avons créé ZINE COOP pour démarrer une communauté de zinesters à Hong Kong. À l’époque, on ne se connaissait même pas.
ZINE COOP a commencé en 2017. Il y a parmi nous des designers, des éditeurs et des illustrateurs qui réalisaient déjà nos propres zines auparavant. On voulait combiner le pouvoir de chacun et former un groupe pour promouvoir la culture des zines et de l’autoédition à Hong Kong et à l’étranger. Au début, on n’était que 5 ou 6. Beatrix Pang de Small Tune Press est la personne responsable de mettre en relation plusieurs « zine friends » [zine友] par des rassemblements ou des visites d’ateliers. Forrest Lau est responsable des réseaux sociaux où il présente fréquemment de nouveaux zines locaux à notre public sur Instagram et Facebook. Ranee Ng est responsable de l’administratif et ainsi de suite.
Nos principales activités consistent à organiser des ateliers de zines, à participer à des salons de livre, à promouvoir en ligne les zines des nouveaux zinesters que nous découvrons en ville et, récemment, à organiser l’exposition de protest zines Freedom Hi dans le monde entier.
Depuis juin 2019, Hong Kong est très agitée en raison de l’introduction du projet de loi anti-extradition. Les gens s’y sont opposés, car elle pourrait servir d’outil aux fonctionnaires pour extrader des « criminels politiques » vers la Chine continentale, où le système judiciaire est différent. Mais la manifestation [1 million de personnes étaient présentes] contre ce projet s’est terminée par des violences dues à la brutalité de la police. Par la suite, presque chaque semaine, les protestations et la violence ont continué et créent un sentiment de malaise. Les gens [principalement les jeunes artistes] utilisent toutes sortes de moyens pour exprimer leurs points de vue, leur colère et leur désespoir, notamment beaucoup de moyens artistiques, les zines en font partie.
La plupart d’entre eux sont des artistes/designers et des illustrateurs. C’est pourquoi la plupart des zines qu’ils ont créés ont une esthétique aussi léchée. Mais il y a aussi quelques zines faits par des non-artistes, comme un « zine littéraire » écrit par un Japonais qui est venu à HK pendant les manifestations. Le zine raconte ses souvenirs et ses pensées sur la ligne de front pendant les 3/4 jours qu’il a passés ici.
La plupart d’entre eux faisaient déjà des zines avant le mouvement. Quand ils ont commencé à faire des protest zines, j’ai pu facilement les contacter. Bien sûr, grâce à Internet, il n’est pas difficile de rechercher de nouveaux créateurs de zines, et c’est moi qui les contacte, qui leur achète des œuvres, et qui plus tard présente leur travail sur notre Instagram, et ainsi ils font partie de la collection. J’ai découvert certains zines lorsque j’étais dans des foires de livres d’art à l’étranger.
Hum… C’est une bonne question, je n’y pense jamais [rire]. Je pense que chaque zine est comme une fenêtre qui te permet de voir la perspective personnelle d’un individu, plutôt qu’une vue d’ensemble. Nous voyons tous beaucoup de choses grâce aux informations et à Internet, mais rarement à travers les yeux d’un individu, comme si on lisait un journal intime. On voudrait donc que tu lises les zines comme tu lirais le journal intime de quelqu’un. Ainsi, les personnes extérieures aux zones de manifestations peuvent toujours se connecter à l’esprit des quartiers intérieurs par la compassion et l’humanité.
Je pense qu’ils sont tous uniques et ont le même niveau d’importance. Mais si je dois choisir, je choisirai peut-être celui de Pop & Zebra. Elle a fait 3 zines jusqu’à présent et chacun d’entre eux est si puissant dans sa transmission visuelle et ses messages. Et la façon dont elle utilise le zine comme média est super chouette.
Après avoir présenté un certain nombre de protest zines sur les médias sociaux, Ho Tam Press de Vancouver nous a contactés pour la première exposition Freedom Hi. Par la suite, chaque exposition dans différentes villes est comme organique : elle se développe d’elle-même. Les gens, surtout les personnes ou les amis qui ont des espaces d’art ou des librairies un peu partout, nous ont demandé et invité parce qu’ils sont très concernés par ce qui se passe ici. Plus tard, l’exposition Freedom Hi a été présentée à Taipei, à Tokyo, à Toronto, à Séoul, etc.
Je pense que c’est important de les montrer à l’étranger parce qu’il est préférable de faire circuler les informations à plus de gens dans le monde par de petites voix plutôt que par les grandes voix des journaux télévisés. Et bien sûr, d’utiliser le pouvoir des zines et des publications pour faire ça.
Je pense que c’est bon, merci !
By email
January 3rd, 2020
I am Forrest Lau, a graphic designer and zine maker in Hong Kong. Creating ZINE COOP is like an idea to start a community of zinesters in Hong Kong; at that time, we merely didn’t know each other.
ZINE COOP started in 2017. We are designers, publishers, and illustrators who were making our own zines before. We intended to combine each other’s power and form a group to promote zine-making and self-publishing culture in town as well as overseas. At first, it was just 5 to 6 of us. Beatrix Pang from Small Tune Press is the chief connecting person who linked several zine friends (zine友) together by gathering / studio visiting. Forrest Lau is the chief social media operator and frequently introduces undiscovered local zines to our public on Instagram and Facebook. Ranee Ng is responsible for administration and so on.
Our main activities include organising zine workshops, participating in book fairs, online promoting zines from new zinesters we discover in town, and recently curating the Freedom Hi protest zines exhibition worldwide.
Since June 2019, Hong Kong has been very unpeaceful due to the introduction of the anti-extradition law bill. People objected to it because it could be used as a tool for the officials to extradite “political criminals” to mainland China, which has a different judiciary system. But the protest (1 million people were out) against it ended in violence due to police brutality. Later, nearly every week, the protests and the violence continued and made people feel so bad. People (mainly young artists) use all kinds of ways to express their feelings, their anger, and their despair, including a lot of art materials; zines are just one of them.
Most of them are artists/designers and illustrators. That’s why most of the zines they created have good aesthetics. But there are still some zines made by non-artists, such as a “novel zine” written by a Japanese man who came to HK during protest times. The zine is about his record and thoughts on the frontlines in the 3/4 days he spent here.
Most of them were already zine makers before the movement. When they started making protest zines, I could easily contact them. Of course, thanks to the internet era, it’s not hard to search for new zine makers, and I am the one who contacts them, buys the works from them, and later introduces their work on our Instagram, and thus they become part of the whole collection. Some of the zines I discovered when I was at art book fairs overseas.
Um… It’s a good question; I never thought of this (laugh). I think each zine is like a window for you to look into an individual’s personal perspective rather than the big picture. We all know a lot from the news and the internet, but seldom through individuals’s eyes, like reading each other’s diary. So our wish is that you read the zines like you would read other people’s diaries. Then people outside the protest zones can still connect to the minds of their inner zones through compassion and humanity.
I think they are all unique and have the same level of importance. But if I have to choose, I may choose Pop & Zebra’s. She has made three zines so far, and each of them is so powerful in terms of visual conveying and messages. And how she made use of zine as a media is super nice.
After a certain number of protest zines had been introduced on social media, Ho Tam Press from Vancouver approached us for the first Freedom Hi exhibition. Later on, each exhibition in different cities are like organic—it self-develops. People, especially people or friends from art spaces or bookstores from different places, like to ask and invite because they are very concerned about what’s happening here. So later, the Freedom Hi exhibition toured to Taipei, Tokyo, Toronto, Seoul, etc.
I think the importance of showing them abroad is that it’s better to let more people in the world know through small voices rather than big voices from the news. And, of course, make use of the power of zines and publications.
I think it’s fine. Thank you!