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Berlin,

le 14 décembre 2015

Il semblait important de mentionner le travail de Fehras Publishing Practices dans le numéro berlinois d’ARTZINES, même si leurs publications ne sont pas ce que l’on considère habituellement comme des zines. FPP est un collectif d’artistes, une maison d’édition et un artist-run space établi à Berlin en 2015, et leur travail est très représentatif des défis auxquels l’Allemagne et le monde ont été confrontés depuis le début de la guerre syrienne. En effet, les trois fondateurs de FPP, Kenan Darwich, Omar Nicolas et Sami Rustom, sont nés dans les trois grandes villes de Syrie, Damas, Homs et Alep, aujourd’hui tristement célèbres pour les atrocités qui y ont été commises. Cependant, les trois Syriens ne sont pas des réfugiés et ils refusent d’être définis par ce qui se passe dans leur pays. Ils sont venus étudier en Allemagne avant la guerre, et deux d’entre eux ont étudié à l’école d’art Muthesius, dans le meilleur master de typographie et de conception de livres en Allemagne – c’est pourquoi ils en savent beaucoup trop pour faire des zines DIY.
Les deux publications qu’ils avaient produites lorsque je les ai rencontrés en 2015 sont bien trop jolies et design pour être des fanzines d’artistes ou artzines, même s’il s’agit de publications d’artistes autoéditées. La première, intitulée Call for applications (Appel à candidatures), est signée d’une agence fictive appelée The Syrian Association for Cultural Support (Agence syrienne pour le soutien culturel). Elle ressemble à une enquête avec des questions en arabe et en anglais et aborde explicitement les défis auxquels les membres de FPP sont confrontés en tant qu’artistes syriens. “Quel rôle les intellectuels jouent-ils en temps de crise ? Comment les changements politiques et sociaux affectent-ils les pratiques culturelles ? Et comment les situations de crise marquent-elles les identités culturelles ?” Ce sont quelques-unes des questions qu’ils adressent à leurs lecteurs parce qu’ils n’ont pas de réponses et qu’ils veulent ouvrir un débat. Les questions ont été préparées avec huit artistes et producteurs culturels qui composent l’Association syrienne pour le soutien culturel.
La deuxième publication, When the Library Was Stolen est l’ébauche d’un livre qui sera publié en 2018. Elle raconte comment la bibliothèque de l’auteur et romancier Abd Al-Rahman Munif (1933-2004) a été pillée dans sa résidence de Damas. La publication est un début dans le processus de documentation des 10 000 livres restants dans la bibliothèque. Elle replace également le cambriolage dans le contexte culturel dans lequel Munif a écrit et publié son œuvre.
Cette publication fait partie de la série des disparitions (Series of disappearances), l’une des quatre lignes de travail du collectif, avec la série des termes institutionnels (Series of institutional terms), la série des écoutes (Series of listening) et l’Atlas. Chacune d’entre elles documente, par le biais de publications et d’expositions, un aspect différent de la crise culturelle en cours au Moyen-Orient et dans le monde arabe. Mais même s’ils essaient de rester optimistes et de faire ce qu’ils pensent devoir faire, leur tâche est difficile, lorsque la culture considérée comme acquise est constamment menacée, attaquée et détruite.

Berlin,

December 14th, 2015

It felt important to mention the work of Fehras Publishing Practices in the Berlin issue of ARTZINES, even if their publications are not what you would usually consider as zines. FPP is an artist collective, a publishing house, and a project space established in Berlin in 2015, and their work is very representative of the challenges that Germany and the world have faced since the beginning of the Syrian war. Indeed, the three founders of FPP, Kenan Darwich, Omar Nicolas, and Sami Rustom, were born in the three major cities of Syria, Damascus, Homs, and Aleppo, which are now infamous for the atrocities that have been committed there. However, the three Syrians are not refugees, and they refuse to be defined by what is happening in their country. They came to study in Germany before the war; two of them studied at the Muthesius Art School, which has the best typography and book design master’s degree in Germany—that is why they know way too much to make zines.
The two publications they produced when I met them in 2015 are far too pretty and designed to be art zines, even if they are self-published artist publications. The first one, titled “Call for Applications,” is signed by a fictional agency called The Syrian Association for Cultural Support. It is made to look like a survey with questions in Arabic and English and addresses explicitly the challenges they face as Syrian artists. “Which role do intellectuals play in times of crisis? How do political and social changes affect cultural practices? And how do situations of crisis emboss cultural identities?” These are some of the questions they address to their readers because they don’t have any answers and want to open a debate. The questions were prepared with eight artists and cultural producers that compose the Syrian Association for Cultural Support.
The second publication, When the Library Was Stolen is the draft of a book to be published in 2018. It tells how the library of the author and novelist Abd Al-Rahman Munif (1933–2004) was looted in his residence in Damascus. The publication is a start in the process of documenting the 10.000 remaining books in the library. It also replaces the burglary in the cultural context in which Munif wrote and published his work.
This publication is part of the Series of Disappearances, one of the four lines of works of the collective, along with the Series of institutional terms, the Series of listening, and the Atlas. Each of them documents, through publications and exhibitions, a different aspect of the on-going cultural crisis in the Middle East and Arab world. But even if they try to remain optimistic and do what they feel they must do, their task is hard, when the culture that we have taken for granted is constantly threatened, attacked, and destroyed.
When The Library Was Stolen (Draft)
Fehras Publishing Practices, *When The Library Was Stolen (Draft)*, Berlin, autoédité, 2015, 14,8 x 21 cm, Offset, 70 pp., 250 copies. Fehras Publishing Practices, *When The Library Was Stolen (Draft)*, Berlin, Self-Published, 2015, 14,8 x 21 cm, Offset, 70 pp., 250 copies.