Munich,
le 12 juillet 2017
Si je tape le terme de recherche « zines », j’obtiens pour l’instant 935 résultats, et il y en a environ un millier qui attendent d’être catalogués. Les zines continuent d’être une révélation, en particulier pour les jeunes artistes qui utilisent nos collections ; ils leur montrent qu’on n’a pas besoin d’attendre d’être représenté par une galerie pour se faire entendre, qu’on peut à tout moment prendre les choses en main et commencer à éditer. Il n’y a aucune raison pour qu’ils et elles se limitent à un format ou à un support particulier. Il existe de nombreux illustres prédécesseurs dans ce domaine, dont le champ d’action couvre une grande variété de médiums et qui choisissent parmi un nombre assez important de casquettes : la peinture, la photographie, la performance, les installations et aussi les zines.
Ce que je vois souvent associé au format zine, c’est qu’il s’agit d’une autoédition. Ces œuvres autoéditées par un individu doivent être bon marché, ce qui n’est pas un terme très précis, et la dernière fois que j’ai acheté des zines, ils étaient en fait assez chers. Ils se situaient entre 20 et 25 dollars. On s’écarte là d’une esthétique jetable, ou du moins je ne jette pas des publications à 20 $. Un zine doit être autoédité, soit par un individu, soit en collaboration, soit par une petite maison d’édition, mais ce qui est certain, c’est qu’il n’y a pas de supervision éditoriale de la part d’une tierce partie. Idéalement, un zine a des origines un peu obscures. Il doit être simple : on s’attend à une certaine pauvreté des moyens de production. Les images et les textes sont coupés et collés, physiquement ou numériquement. Cependant, je constate que beaucoup de zines d’aujourd’hui sont imprimés et fabriqués de manière assez sophistiquée. Il ne dépasse pas un certain poids et une certaine taille. Dans l’idéal, il ne comporte qu’une seule signature. Il est relié par des agrafes, et pourtant de nombreux zines ne respectent pas cette règle. Leur ton est personnel et passionné, plutôt que littéraire. Ils sont parfois comme des œuvres d’art improvisées, disponibles directement auprès de la personne qui les a créés ou distribués par des canaux indépendants. Enfin, ils s’inspirent largement du vocabulaire du bricolage. Ils font partie d’une contre-culture Do It Yourself et sont rendus possibles par un matériel d’impression facile d’accès et conjugué à une volonté de s’exprimer.
Je m’intéresse à la culture DIY depuis un certain temps. Voici une exposition que j’ai coorganisée [Pass It On : Connecting Contemporary Do-It-Yourself Culture], dont le catalogue se résumait à quelques pochettes de carton pliées et à une clef USB. Toutes les œuvres présentées dans le cadre de l’exposition étaient autoproduites et accompagnées d’un mode d’emploi afin que le public puisse rassembler celles qui l’intéressaient, assembler son propre catalogue, puis recréer les pièces. Il suffisait d’entrer dans l’exposition et de collectionner les feuilles d’instructions qu’on voulait. Une feuille d’instructions expliquait « Comment utiliser la galerie », et il y avait une chronologie de la culture DIY avec des interviews vidéo de personnes importantes dans ce domaine. Il y avait également des instructions sur la manière d’assembler le catalogue, et tout autour se trouvaient des œuvres individuelles. Ces œuvres allaient des instruments de musique fabriqués soi-même jusqu’à une femme qui fabrique des jeans en commençant par filer le fil, puis en teignant le tissu, et enfin en cousant le pantalon. Il y avait aussi un artiste mexicain qui a fabriqué des lampes à partir de cette substance sucrée qu’ils utilisent pour les crânes à l’occasion du Dia de los Muertos. Si vous en avez assez de la lampe, vous la mettez dans votre jardin et elle fond.
Les termes s’entremêlent ; ce qui ne change pas, c’est l’idée de contrôler les moyens de production. À Chicago, il y a une librairie appelée Quimby’s qui vend des zines et voici comment elle les définit :
« Qu’est-ce qu’un zine (comme dans “cuisine”) ? Un zine est un périodique publié de manière indépendante, avec peu ou pas de publicité ou de profit. En règle générale, les zines sont moins bien distribués que les magazines sur papier glacé et leur tirage est limité. Les sujets traités dans les zines ont tendance à être plus spécialisés que les sujets traités dans les magazines et les journaux grand public. C’est souvent la même personne qui écrit le zine, qui l’édite, le publie et le distribue. Les zines sont souvent agrafés et photocopiés (mais pas toujours). La culture des zines trouve son origine dans les fanzines de science-fiction des années 50, le punk rock, les pamphlets anarchistes appelant à la rébellion, etc. »
Je me suis rendu compte que le diagramme que je vous ai montré tout à l’heure est totalement erroné. Il devrait montrer comment les zines se chevauchent avec une grande variété de formats de publication différents [livres de poésie autoédités, brochures, bulletins d’information, publications éphémères, affiches pliées, mini-bandes dessinées, etc.] Je ne sais pas s’il s’agit d’un sous-ensemble des livres d’artistes ou s’ils sont au même niveau, mais nous les collectionnons tous ; il y a certainement des zones où il y a des chevauchements. Notamment quand on passe de publication littéraire à d’autres plus visuelles ou de certaines qui sont plus produites à d’autres dont la production est plus modeste. Il est clair que tout ce qui est signé par une seule personne ou relié par des agrafes n’est pas un zine.
Certains d’entre eux combinent très bien le visuel et le textuel ; ils sont à la fois passionnés et personnels et, à un moment donné, ils étaient plutôt bon marché. Lorsqu’il diffusait des brochures au début de sa carrière, Boltanski était peut-être un fanzineur sans le savoir ? Il était tout à fait ravi, comme il me l’a dit, d’avoir accès gratuitement à une photocopie dans l’école où il enseignait à l’époque. Le Point d’ironie d’agnès b., que j’ai vu dans la salle de lecture, n’est pas seulement bon marché, il est même distribué gratuitement, mais on pourrait aussi le considérer comme une affiche pliée ou un dépliant. Et puis certaines publications s’appellent « zines » dans leur titre, mais ont plutôt l’apparence d’un livre, comme la série de livres Dot Dot Dot de Dexter Sinister publiée par ce duo de New York, qui n’existe plus en tant que tel.
Raw Fury est une collaboration entre Press Denver et Flatland Studio Chicago qui se définit comme un zine mais qui ressemble plus à un magazine d’art traditionnel et qui présente un mélange de street art et de bandes dessinées contemporaines. Chaque numéro est imprimé à 150 exemplaires et comprend un encart en typographie. La typographie est encore très présente, du moins dans notre ville.
Lorsque les zines sont réédités sous forme de livre, la ligne de démarcation entre eux et les livres d’artistes devient encore plus floue. Voici la réédition 2006 de Printed Matter/Art Metropole de This is the Salivation Army, qui contient tous les numéros de 1996 à 2006, avec des textes et des dessins supplémentaires ; il s’agissait de zines axés sur l’activisme gay.
Hairy Who! est apparu plus tôt et pourrait certainement être considéré comme un zine graphique. Hairy Who! a également fonctionné comme un catalogue d’exposition ; ils ont fait des expositions au High Park Arts Center. La plupart du groupe, si ce n’est l’entièreté, a étudié à la SAIC au milieu des années 1960 et certains y ont ensuite enseigné, ou y enseignent même encore aujourd’hui. Voici une version plus contemporaine de Joe Talarico ; ça s’appelle Hairless Who en référence aux publications Hairy. Il les considère comme une « série de bandes dessinées axées sur l’aspect visuel », car il aborde la bande dessinée comme s’il s’agissait d’un dessin. Voici Gato Saurio d’Ines Estrada ; elle est originaire de Mexico, mais elle travaille actuellement à San Antonio, au Texas. Nous avons une série de ses zines intitulée Alienation et Sixth Mass Extinction. Voici Andrew Holmquist ; c’est une très belle boîte ; elle contient dix zines différents que vous pouvez sortir ; ils sont tous imprimés en Riso, beaucoup de nos étudiants impriment comme ça. Voici deux d’entre eux ; ils traitent de sujets très différents et présentent des qualités narratives indéniables. Il s’agit de Tanaami Keiichi, publié par United Dead Artists, la maison d’édition de Stéphane Blanquet. Je ne savais pas que je verrais le travail de Stéphane Blanquet [la journée d’étude a été organisée en même temps qu’une exposition personnelle du travail de Blanquet au musée de Fürstenfeldbruck] lorsque j’ai assemblé le jeu de diapositives. Voici Sergej Vutuc, un artiste serbe. Non, né en Bosnie, élevé en Croatie, vit à Berlin. Il réalise des installations ; il est très lié au punk et au skateboard. Je crois qu’il y a une image ici ; vous voyez, il superpose ces images de skateboard qui donnent une sorte de sensation de rapidité.
Nous avons des choses qui renvoient au fandom musical. En tant que femme essayant de se faire une place dans le monde de l’art des années 1980, nous avions de nombreuses raisons de nous positionner en dehors de la culture dominante ; certaines ont trouvé des territoires inexplorés dans la performance, la vidéo et les arts du livre. Pourtant, les femmes restent largement invisibles au sein de la scène punk dominée par les hommes, ou sont considérées comme un substrat, au mieux comme une aberration. Les fanzines sont alors venus comme une réponse bruyante, énervée et parfois délibérément vulgaire au sexisme du punk. Il y a Bitch Magazine, qui existe depuis toujours et qui est toujours imprimé, et il y a Bust. Les girl zines ne sont donc pas du tout un à-côté des zines punk, mais plutôt un lieu où le féminisme de la troisième vague a pu se développer. Il s’agissait alors de rompre avec le discours sur les droits des femmes du passé, qui était perçu comme oppressif dans son uniformité de classe, de race et d’identité de genre, et dans les règles strictes de ce qui était considéré comme un comportement féministe adéquat. Si le féminisme de la troisième vague s’est différencié de ses prédécesseurs, il n’en était pas moins inspiré par le type de résistance qui remonte aux bulletins et pamphlets ronéotypés des années 1960 et 1970, et plus loin encore dans le passé, aux publications informelles des premières suffragettes et au scrapbooking. Clairement inspirés par la littérature féministe qui les a précédés, des zines comme celui de Nomy Lamm, le super simple minuscule, petit livret photocopié en format oblong intitulé I’m so Fucking Beautiful. Nomy Lamm est aussi une artiste punk, une musicienne, une poétesse, une riot grrrl et une performeuse.
Si les zines de filles féminines se battent pour résister contre la violence éternelle du sexisme et contre des conceptions de la féminité aussi indésirables qu’inaccessibles, ils ne le font plus de manière monolithique. Elles ne le font plus au sein d’un groupe monolithique et unifié ; au contraire, elles embrassent et mettent en lumière les divisions raciales et les identités de genre dans le but de contrecarrer tous les types d’oppression. Shik is Hi ♥ signifie « mon ami, mon cœur » en navajo, ce sont donc deux femmes d’origine indigène qui créent une série de zines à partir d’un point de vue amérindien. Voici Shotgun Seamstress, qui traite du black queer punk ; trois mots qui ne sont pas souvent liés entre eux ; ça traite des difficultés d’être une personne noire au sein des scènes punk et queer dominées par les blancs. C’est un zine très instructif. Voici OOMK, pour « one of my kind » (une de mon type), qui se définit comme un zine et qui est produit deux fois par an à Londres par Sophia Niazi, Rose Nordin et Heiba Lamara. La publication présente des travaux réalisés par des femmes et explore les thèmes de la foi, de l’activisme et de l’identité, en accordant une attention particulière aux créatrices de zines musulmanes. On y trouve des interviews, de la poésie, des dessins, des photographies et des illustrations… Elles ont également publié un zine sur les zines produits en Malaisie.
On en a quelques-uns de Hardworking Goodlooking, la branche d’édition et de design de l’OCD, l’Office of Culture and Design basé aux Philippines, depuis 2010. Hardworking Goodlooking a commencé trois ans plus tard en tant que leur branche éditoriale qui publie des zines. À droite, Pisau & Timun, qui signifie « couteau et concombre », ça vient de Singapour. Je vais probablement laisser de côté l’ISCA, même si j’aimerais beaucoup en parler, mais il y a un zine dont je veux absolument parler. L’ISCA (International Society of Copy Artists) a créé un périodique, mais aussi des boîtes de zines, des boîtes vraiment géniales. Tout le monde pouvait proposer une contribution ; elle l’éditait à 150 exemplaires et vous receviez ensuite une boîte. Il existe également des zines de développement personnel et des mini-comics, dont je ne parlerai pas non plus. J’ai eu le plaisir de visiter le Zine Fest à Chicago il y a quelques mois. J’y ai vu Temporary Services, c’est Marc Fischer et une autre personne, ils forment un groupe qui mélange beaucoup l’art et la vie, qui produit des brochures et des zines, qui collabore avec des prisonniers, qui met en place une station Riso dans les musées et qui édite. Ils ont un très bon site Web, que vous pouvez consulter.
Voici JAB, le Journal of Artists’ Books, un magazine sur les livres d’artistes qui existe depuis 1994. Nous en sommes au JAB n°41. Il s’agit du dernier numéro, magnifiquement imprimé en offset, par Brad Freeman au Columbia College, en bas de la rue. Au dos de la revue, on trouve une enveloppe dans laquelle se trouvent des livres d’artistes qui accompagnent le magazine. Je voudrais parler de celui de Levi Sherman intitulé Breath ; il s’agit d’une minuscule bande imprimée des deux côtés. Il a la même simplicité que I’m so Fucking Beautiful, que vous avez vu plus tôt : il s’agit d’une seule petite bande de papier avec une image et une phrase imprimées de chaque côté en 11 répétitions successives. Breath fait référence aux 11 phrases prononcées par Eric Garner avant d’être étouffé par la police new-yorkaise, et évoque la saturation médiatique incessante des images de son arrestation.
C’est un zine qui touche manifestement des publics divers. Les derniers mots de M. Garner, “I can’t breath” (« Je ne peux pas respirer »), sont devenus le cri de ralliement d’un mouvement de protestation et de manifestations dans la rue. Quelle est la valeur d’un zine lorsqu’il est aussi insignifiant physiquement que celui-ci, réalisé à une échelle aussi réduite qu’il fait peut-être 2 cm sur 15 cm ? Y a-t-il quelque chose qu’il puisse accomplir ? Il m’aide à entamer une conversation sur les motivations qui les poussent à produire des œuvres, sur leur intérêt pour la politique et l’actualité, sur la mesure dans laquelle ces éléments peuvent devenir des sources d’inspiration et sur leurs responsabilités en tant qu’artistes et citoyens. L’œuvre reproduit-elle la violence en la représentant et en ne fournissant pas de contexte aux personnes qui en souffrent, à la personne qui en est morte ? L’artiste tire-t-il profit de la représentation de la souffrance d’une autre personne ? Dans ce cas, il s’agit d’une personne qui a moins de pouvoir dans la culture américaine contemporaine : l’artiste est blanc, la victime était noire. Les critiques pourraient souligner que Garner n’est pas commémoré ici en tant que personne, avec toutes les complexités de sa vie, mais que le zine se concentre uniquement sur sa mort, le réduisant à une illustration de la violence. C’est une façon de faire fréquemment empruntée par des personnes blanches de gauche bien intentionnées qui, en réalité, ne sont pas en mesure de comprendre pleinement ni de représenter de manière authentique la vie des personnes de couleur. Est-ce que les artistes blancs devraient, et si oui, comment, utiliser le capital culturel à leur disposition, leur visibilité et l’espace que la société leur accorde pour amplifier les voix des personnes de couleur et s’effacer pour leur faire de la place ? Ce petit zine conduit à des discussions, par exemple sur le travail de Kenneth Goldsmith, qui a remixé le rapport d’autopsie de Michael Brown d’une manière très intéressée.
Je n’ai pas le temps de parler des zines en ligne qui peuvent être imprimés, mais je voudrais mentionner BLKGRLSWURLD ; vous pouvez aller sur le site web et ensuite imprimer les zines. Elle fait des zines fantastiques ; c’est aussi une musicienne punk.
Désolé d’avoir dû aller si vite, c’était un peu rapide [Applaudissements].
Munich,
July 12th, 2017
So if I were to put in the search term “zines,” I would get at the moment 935 results, and there’s about a thousand waiting to be catalogued. Zines continue to be revelatory, especially for young artists who use our holdings; it shows them that they do not need to wait for gallery representation to get their voices heard. They can take matters into their own hands at any point and start to publish. There’s no reason why they should have to restrict themselves to one particular format or medium only. There are many well-respected predecessors in the field whose tool kit covers a wide variety of disciplines and who choose from a sizable number of hats: they paint, they photograph, they perform, they make installations, and they make zines.
What I frequently see associated with the format zine includes that it’s self-published. Those self-published works of an individual should be inexpensive, which is not a very precise term, and the last time I bought zines, they were actually quite pricey. They were in the 20-25$ range. Definitely not throwaway aesthetics, or at least I don’t throw away $20 publications. It should be self-published, either by an individual, maybe it could be a collaboration, maybe issued by a small press, but definitely lacking third-party editorial oversight. Ideally a zine is of somewhat obscure origins. It should be simple: there’s an expectation of a certain poverty of production means. Images and texts are cut and pasted, either physically or digitally. However, what I find is that a lot of zines today have been printed and constructed in quite elaborate ways. And they shouldn’t exceed a certain heft and size. Ideally they consist of only one single signature, staple bound, and yet plenty of zines break that through. They’re supposed to be personal and passionate, rather than a literary endeavour. Sometimes they are like an improvised work of art, available directly from the person who created them or distributed through independent channels. And lastly, they draw heavily from a DIY vocabulary. They are part of a Do It Yourself counterculture at the confluence of easy access to printing equipment and a willingness to speak up.
I’ve been interested in DIY culture for quite some time. Here’s an exhibition I co-curated [Pass It On: Connecting Contemporary Do-It-Yourself Culture], where the catalogue consisted of no more than a few folded cardboard sleeves and a drive stick. All entries into the show had to be self-produced and came with an instruction set so that the visitor could collect those that were of interest to them, assemble for themselves their individual catalogue, and then recreate the pieces. So you could just put it in and grab all the instruction sheets you were interested in collecting. An instruction sheet was explaining, “How we use the gallery,” and there was a timeline of DIY culture with video interviews of people who were important in that field. There was also an instruction on how to assemble the catalogue, and then all around were the individual pieces. The pieces range from self-made musical instruments to a woman who makes jeans starting from spinning the thread, dying the fabric, and then sewing the pants, or a Mexican artist who made lamps out of this sugary substance they use for skulls for Dia de los Muertos. So if you’re tired of the lamp, you put it out into your yard, and it just melts away.
The terms intermingle; what stays the same is the concept of controlling the means of production. This is a local zine store in Chicago called Quimby’s, and that’s how they define it.
“What’s a zine? (rhymes with “bean”) A zine is an independently published periodical with little or no advertising or profit. Typically zines have less distribution than glossy magazines and are made in a limited print run. Topics in zines tend to be more idiosyncratic than the types of topics in magazines and newspapers offered by the mainstream media. Often the same person who wrote the zine edits, publishes, and distributes it too. Zines are often stapled and photocopied (but not always). Zine culture is rooted in traditions such as science fiction fanzines of the 50s, punk rock, anarchist pamphlets calling for rebellion, etc.”
I realized that the diagram I showed you earlier is totally wrong. It’s a little more accurate when zines overlap with quite a variety of different publication formats [chap books, pamphlet booklets, newsletters, ephemera, folded posters, mini comics, etc.]. I’m not sure if they are a subset of artists’ books or if they are on the same level, but we collect all of them; they definitely have areas of overlap. There’s definitely this idea of moving from the literary towards the visual and from high production value towards low production value. Clearly, not everything that is single signature and staple bound is a zine.
Some of them very much combine visual and textual work; they are passionate and personal, and at some point anyway, they were quite cheap. Was Boltanski maybe a zinester and didn’t even know it? When he passed around pamphlets early on in his career, he was completely delighted, as he told me, to have free access to a photocopy or the institution where he taught at the time. Those were later compiled and printed into this box set. agnès b.'s Point d’ironie, which I saw in the reading room, is not just cheap but in fact given away for free, but it could also be called a folded poster or a pamphlet. And then some publications call themselves zines in the title but have more or less the appearance of a book, like Dexter Sinister’s Dot Dot Dot series of books by this duo, which no longer exists as two guys in New York.
Raw Fury is a collaboration between Press Denver and Flatland Studio Chicago that calls itself a zine but looks more like a traditional art magazine and features a mix of contemporary street art and comics. Each issue is printed in an edition of 150 and includes a letterpress insert. There’s a lot of letterpress still around, at least in our town.
When zines get reprinted in book form, the line between them and artists’ books becomes even less distinguishable. Here is the 2006 Printed Matter/Art Metropole republication of This is the Salivation Army, which contains all issues from 1996 to 2006, with additional text and drawing; these were zines focused on gay activism. Hairy Who! came up earlier and certainly could be called a graphic zine. Hairy Who! also functioned as an exhibition catalog; they had shows at the High Park Arts Center. Hairy Who! was a group of artists part of the so-called Chicago imagists; many of them, if not all of them, graduated from SAIC in the mid 1960s and then later taught, or some even still teach to this day at the school. They’re quite beautiful. This is a more contemporary version by Joe Talarico; he calls it Hairless Who in reference to the Hairy Publications. He calls it a “visually focused comic series.” He approaches the comic book as if it’s drawing. This Gato Saurio by Ines Estrada; she worked originally from Mexico City, but she currently works in San Antonio, Texas. We have a series of her zines called Alienation and Sixth Mass Extinction. This is Andrew Holmquist; it’s a very beautiful large box; it has ten different zines in it that you might pull out; they’re all Riso printed, which a lot of our students use. These are two of them; they are very different topics, and there’s definitely a narrative quality to them. This is Tanaami Keiichi published by United Dead Artists, Stéphane Blanquet’s imprint. I did not know I would see Stéphane Stéphane’s work [the study day was organised at the same time as a solo show of Blanquet’s work at the FürstenfeldbruckMuseum] when I assembled the slide deck. This is Sergej Vutuc, a Serbian artist, no, born in Bosnia, raised in Croatia, lives in Berlin. He makes installations; he’s very much tied into the punk and skateboard zine. I think there’s one image here; you see, he layers these skateboard images that give it a sort of fast, speedy feel.
We hold work that points to music fandom. As a woman trying to find a space for herself in the 1980s art world, we had plenty of reasons to position ourselves outside of mainstream culture; some found uncharted territory in performance, video, and in the book arts. Yet women remain largely invisible within the male-dominated punk scene, or registered as a substrate at best an aberration. Fanzines came to serve as a loud, angry, sometimes deliberately vulgar response to punk’s sexism. This is Bitch Magazine; it has been around forever and is still in print, and there is Bust. So girl zines are in fact not a side note to punk zines at all, but rather a site where third wave feminism could develop and break from women’s rights discourse of the past, which it perceived to be oppressive in its uniformity of class, race, and gender identity, and the strict rules it set for appropriate feminist behaviour. While third wave feminism separated itself from its predecessors, it nevertheless embodied the type of resistance that traces a continuous arc back to the mimeograph newsletters and pamphlets from the 1960s and 1970s and then further back into the past, for the informal publications of the first suffragists and the scrapbooking. Clearly inspired by feminist literature that came before them are zines like Nomy Lamm’s super simple, photocopied, strip, tiny, little booklet, I’m so Fucking Beautiful. Nomy Lamm is also a punk artist, a musician, a poet, a riot grrrl, and a performance artist.
While feminine girl zines battle to stay against the undying violence of sexism and against concepts of womanhood that are as undesirable as they are unattainable. They no longer do so in a monolithic and unified group; rather, they embrace and shed light on divisions of race and gender identities with a goal to counteract all and any types of oppression. Shik is Hi ♥ means “my friend, my heart” in Navajo, so these are two women of indigenous background who make a series of zines from a Native American lens. This is Shotgun Seamstress, which is about black queer punk; not three words necessarily connected easily. It discusses the difficulties of being a black person within a dominantly white punk and queer scene. It’s a very informative zine. This is OOMK, for “one of my kind.” It calls itself a zine and is produced bi-annually in London by Sophia Niazi, Rose Nordin, and Heiba Lamara. The publication features work by women and explores topics of faith, activism, and identity with particular attention to female Muslim zinesters. They include interviews, poetry, drawings, photography, and illustration… They also published a zine about zines in Malaysia.
We have some by Hardworking Goodlooking, the publishing and design arm of OCD, Office of Culture and Design in the Philippines since 2010. Hardworking Goodlooking came three years later as their publication arm; they make zines. On the right is Pisau & Timun, which means “knife and cucumber.” It comes from Singapore. I’ll probably leave out ISCA, even though I would love to talk about it. But there’s one zine I definitely want to talk about. ISCA was the International Society of Copy Artists who made a periodical but then also made zine boxes, really great boxes. Everyone could submit; she made it in an edition of 150, and then you would get a box. There are also self-help zines and mini-comics, which I will also skip. I had the pleasure to visit the Zine Fest in Chicago like just a few months ago. I saw Temporary Services, that’s Marc Fischer and one other person, they form a group who very much mixes life and art, who produces pamphlets and zines, who collaborate with prisoners, who set up a Riso station in museums and publish. They have a really great website, so you can look at them.
This is JAB, the Journal of Artists’ Books, a regular artist book magazine that has been in existence for 20 years. Right now, we’re at JAB #41, in existence since 1994, printed by Brad Freeman at Columbia College down the street. This is the last one, beautifully offset printed, and on each back of the journal are these envelopes, and within them are artist books that come with the magazine.
I want to talk about Levi Sherman’s one called Breath; it’s a tiny strip printed on both sides. Similar to the simplicity of I’m so Fucking Beautiful, which you saw earlier, it consists of one single small strip of paper with one image and one phrase printed on either side in 11 unfolding repetitions. Breath references Eric Garner’s 11 utterances before he was choked to death by the hands of New York City Police, and it reflects on the relentless media saturation of the footage of his arrest. What could be the value of a zine like this one? It’s one that clearly reaches across diverse audiences. Mr. Garner’s final words, “I can’t breathe,” became a rallying cry for a protest movement and in street demonstrations. What value does a zine have when it is as physically insignificant as this one, made at such a diminished scale it’s maybe 2 cm by 15 cm? Is there anything it can achieve? It helps me start a conversation with students about what motivations they have in general for producing work; how interested they are in current politics and news; how much of that can become the source material; and what responsibilities they have as artists and citizens. Does the work reinscribe violence by depicting it and by failing to provide a context for the person suffering from it, the person who died from it? Does the artist benefit from the depiction of another person’s suffering? In this case someone who has less power in contemporary US culture: the artist is white, the victim was black. Critics might point out that Garner isn’t memorialized here as a person, with all the complexities of the life, but that the zine solely focuses on his death, reducing him to an illustration of violence. A route frequently taken by well-meaning left-leaning white liberals who, in reality, are in no position to fully understand nor authentically portray the lives of people of colour. Should white artists, and if so, how should they, use the cultural capital at their disposal, their visibility, and the space society gives them to amplify the voices of people of colour and step aside to make room for them? This little zine leads to discussions, for example, Kenneth Goldsmith’s work in which he remixed the Michael Brown autopsy report in a very self-serving way.
I don’t have time to talk about online zines that can be printed out, but what I want to mention is BLKGRLSWURLD; you can go to the website and then print out the zines. She makes fantastic zines; she’s also a punk musician.
So sorry I had to rush so quickly; that was a little fast [Applause].