New York,
le 23 septembre 2016
Bonjour
Bien sûr, je m’appelle David Stretell et je suis propriétaire de Dashwood Books depuis onze ans. C’est une librairie au centre-ville de New York, on est spécialisé dans la photographie, bien que nous ayons aussi un peu de dessin. Peut-être que notre spécialité au-delà de la photographie est que nous accueillons beaucoup d’événements, nous éditons aussi, mais les meilleurs livres que nous avons sont importés du monde entier. Nous avons une très bonne sélection de livres japonais, des livres européens, des choses qui ne sont pas généralement distribuées. C’est probablement ça que nous faisons le mieux. J’essaie toujours de faire découvrir à un éventail de clients des choses qu’ils n’ont jamais vues avant, c’est pour ça que j’ai ouvert le magasin, car il n’y avait pas de librairie spécialisée dans la photographie à l’époque. Il y en a quelques autres maintenant. Il y a environ trente ans, peut-être même plus, il y avait un magasin appelé Photographers Place, où je venais quand j’étais enfant. Je suis à New York depuis environ trente ans et il a fermé il y a vingt ans. Il y avait une sorte de vide, quelque chose qui manquait. Les New Yorkais ont tendance à penser qu’ils ont accès à tout.
Exactement, ça fait beaucoup de choses. J’ai eu l’idée d’ouvrir le magasin, pas seulement pour reprendre la place de Photographers Place, mais je suis allé au Japon dans ce genre de magasins très spécialisés. Ils ont toutes sortes d’imprimés incroyables. Il ne s’agit pas tellement de zines, c’était plutôt des livres d’artistes par de très petits éditeurs qui ont fait ces livres vraiment exotiques et extraordinaires. J’ai pensé qu’il y aurait beaucoup de gens à New York qui seraient ravis de voir ça.
Quand tu remontes à la période Provoke, c’est-à-dire entre le milieu et la fin des années 60, Daido Moriyama ou Araki, leurs premiers projets étaient tous autoédités. Je ne sais pas d’où leur est venue cette idée. Peut-être que ça remonte à plus loin que ça. Je crois que je n’ai jamais vu de livres auto-publiés beaucoup plus vieux que les années 1960 au Japon.
Non, pas du tout. Je ne connaissais pas du tout le monde des zines. Et quand j’ai ouvert le magasin, il n’a pas fallu longtemps pour que les gens débarquent et me disent : « Est-ce que je peux vous montrer mon zine ? » C’était une façon vraiment amusante de rencontrer des artistes, de parler de leur travail, mais je me suis rendu compte rapidement que certains d’entre eux étaient définitivement meilleurs que d’autres. Nous avons donc lancé un système où nous prenons les livres en dépôt. Je ne pouvais évidemment pas me permettre de tout acheter. Je n’étais pas sûr de moi, il y en avait tellement. À un moment, je me suis demandé : « Est-ce que je veux vraiment stocker tout ça ? Parce que nous devons le cataloguer et ça va prendre du temps. »
Oui, absolument. Puis j’ai compris que c’était un bon moyen de s’engager auprès des artistes, de cette communauté. C’était un bon moyen d’élargir cette communauté de personnes qui viennent dans le magasin pour découvrir des choses. J’ai lancé un système de dépôt-vente et maintenant j’ai quelqu’un qui gère ça avec moi et nous recevons quelque chose comme 30 livres par semaine que nous examinons et puis nous décidons de ceux que nous allons garder. Puis nous devons changer souvent parce que les gens veulent voir des choses différentes.
Nous avons un système où nous avons un exemplaire de démonstration et les autres sont en sachet plastique. En fait, l’un des premiers projets de zine que j’ai publié, qui m’a fait rentrer dedans peut-être, c’était avec quelqu’un que j’ai rencontré par le biais du magasin : Ari Marcopoulos. C’est devenu un très bon ami, on a beaucoup travaillé ensemble et il est assez connu dans le monde des zines. Il m’a montré beaucoup de zines qu’il avait faits. Et j’ai eu l’idée de faire ce projet qu’on a appelé ANYWAY, où on a publié un zine par semaine pendant un an. Tu pouvais acheter cette boîte à la fin de l’année avec 52 zines. On a fait un 53e zine pour les abonnés. Donc, chaque semaine, tu pouvais venir voir ton nouveau zine et on le mettait dans la boîte. On en a aussi fait quelques-uns en plus. Il y avait pas mal de gamins qui venaient regarder ces trucs qui coûtaient entre 8 et 16 dollars.
On avait un public assez jeune de toute façon, mais c’était vraiment agréable que les gens viennent pour voir ce truc, pour voir le nouveau en date. C’était sur la façon dont, en tant qu’artiste, tu traites toutes ces idées différentes. Un peu comme l’Atlas [de Gerhard Richter] ou autre, mais avec une date butoir, il s’arrachait les cheveux la moitié de l’année, mais il ne s’agissait pas seulement de travail.
Oh non, pas vraiment, c’est plutôt des jeunes. Je vends aussi des livres plus anciens, donc on a une grande variété de choses. On a des livres importés du Japon, d’Allemagne ou de France. Donc, il y a une variété de personnes qui viennent acheter ça, puis il y a des collectionneurs ou des personnes dans la mode et la publicité qui cherchent des livres pour s’inspirer. Puis on a des étudiants, donc d’une certaine manière, on a quelque chose d’abordable pour chacun. Tu peux aussi avoir Richard Prince qui se tient là et qui côtoie quelqu’un qui ne sait pas qui est Richard Prince. Mais ils sont juste enthousiastes. On essaie de faire en sorte que ce soit pour les enthousiastes.
Oui, un peu. J’aimerais qu’elles s’y intéressent davantage. J’ai une institution qui s’y intéresse, oui. Mais j’ai toujours pensé que ce serait vraiment un rêve d’avoir quelqu’un pour qui j’achèterais des livres ou des zines et qui les cataloguerait à la fin de l’année.
C’est ce dont on parlait hier. C’est une histoire que tu es en train d’écrire en ce moment. Peut-être que dans quelques années, tu pourras avoir une sorte d’aperçu des zines dans un sens historique, parce qu’il y a si peu d’exemplaires de certains d’entre eux, donc tu n’y auras pas accès. Donc, c’est vraiment juste une question d’interaction personnelle avec un certain milieu.
Je pense qu’ils sont un peu différents, mais il y en a beaucoup qui sont moins conceptuels. L’un des problèmes lorsqu’on collectionne ces choses ou qu’on les rend accessibles, c’est qu’elles tombent dans ces catégories : tu as des zines de fête où les gens photographient leur copine, il y a le côté pris à la volée, il y a les zines de skate et il y a une vie des jeunes comme si ça suffisait à les rendre intéressants. On tombe là dedans, il y a beaucoup de répétitions, beaucoup de tendances. Parfois, c’est agréable de trouver un très bon exemple de ce genre de zines, mais il faut qu’il ait un autre niveau pour que ça m’intéresse. Soit parce qu’il est vraiment bien produit, parce qu’il y a une utilisation d’éléments graphiques qui est inhabituelle, ou il y a juste une sorte d’amour et d’attention qui l’a emmené un peu plus loin.
Il y a plusieurs choses ici. Voici S.A.D. de Raquel Navé, ce sont juste des photos d’elle, de sa vie avant d’avoir un bébé, c’est une ancienne mannequin. Je le trouve vraiment très bien produit. Celui-ci est un peu abîmé, mais c’est un bon exemple. L’une des raisons pour lesquelles je m’intéresse aux zines c’est que je peux filtrer et trouver ce genre de talents étranges et intéressants. J’ai sympathisé avec Nick Sethi par exemple, ce sont des photos, des autoportraits qu’il a faits. C’est quelqu’un qui venait au magasin, qui travaillait avec Terry Richardson quand je l’ai rencontré. C’est un jeune américain d’origine indienne. Il n’a pas grandi en Inde, il a grandi aux États-Unis. Mais il retourne à New Delhi chaque année et il prend toutes ces photos d’enfants des rues de New Delhi, ce qui ressemble à ce que tous les photojournalistes du monde ont fait. Mais il le fait d’une manière si directe, sans la timidité journalistique. Son travail est vraiment marrant à regarder, il avait des photos de vie, un père qui frappe son fils par terre avec un gros bâton en riant. C’est des photos vraiment scandaleuses, mais il sait qui sont ces gens, il entre en contact avec eux d’une manière vraiment intéressante. J’ai fait un petit zine imprimé en offset, et nous travaillons sur un projet beaucoup plus grand avec tout son travail indien. J’ai publié des livres avec une demi-douzaine de personnes que j’avais juste rencontrées parce qu’elles sont venues me montrer leurs zines. J’en ai fait un avec un jeune appelé Daifu Motoyuki qui est vraiment intéressant. C’est un photographe japonais qui a photographié sa famille et nous en avons fait un livre. J’ai connu son travail à l’origine à travers un zine noir et blanc trouvé chez Zines Mate au Japon. Puis j’ai découvert que c’était en réalité des photos couleurs et nous en avons fait un petit livre.
Il s’agit de 8 EZ STEPS, un brutal de Gusmano Cesaretti. Ça, c’est Sergej Vutuc.
Je ne sais pas si tu définis ça comme un zine, parce que ce n’est pas une auto-édition techniquement. Alors c’est bizarre et c’est quelqu’un d’autre qui édite, je ne sais pas si tu as parlé à Benjamin de Nieves.
Tu le connais ? Donc Nieves est vraiment l’une des entreprises qu’on voyait et qui faisait ces zines vraiment produits. Pas forcément magnifiquement produits, mais très humbles. C’est l’un des plus beaux qu’ils ont fait, c’est une collaboration avec Erik Steinbrecher et ce sont des photos d’un étalage pour vendre ces fausses assiettes de nourriture chinoise de restaurant et il y a des dessins par dessus. C’est vraiment très bien fait. Ça, c’est un zine auto-édité de Stacy Kranitz qui contient toutes ces photographies d’enfants en Virginie occidentale. C’est juste les choses que j’avais dans la boîte en ce moment et que je fais tourner en permanence. Ces deux zines japonais sont intéressants, ils sont juste si nets. C’est des matériaux pauvres, ils n’ont probablement pas dépensé beaucoup d’argent pour les faire, mais il y a un haut niveau de polissage et de finition, c’est une chose que j’apprécie dans les livres en général. Je pense que c’est très important dans les zines. Quand on le voit dans des livres ou des zines, ça représente quelque chose, c’est vraiment emblématique d’une certaine culture et d’une certaine époque ; on reconnaît une certaine esthétique, un design. Quand on voit un livre photo hollandais, il a cette qualité brute et excentrique et ça montre à quel point les Hollandais sont des gens très pratiques, ils ne veulent pas dépenser trop pour la production. Pour moi, c’est intéressant. Ce n’est pas que tu as un aperçu de leur culture, mais il y a une valeur esthétique qui vient d’un autre ensemble de valeurs.
Je peux te montrer ces trois-là. Elles font partie d’une nouvelle série que j’ai publiée ces deux dernières années, comme des nouvelles. Tu as probablement reconnu cette esthétique proprement française inspirée de Gallimard, et je pense que plusieurs personnes ont utilisé cette idée. On a commencé avec ce projet avec Jason Polan. On voulait un livre de dessins, car l’une des choses que j’ai remarquées avec le monde de la photo, c’est qu’il n’y a pas vraiment d’endroit où les gens peuvent aller et balancer un paquet de dessins et d’illustrations. Je voulais avoir non seulement des livres de photos, mais aussi cette communauté, parce que j’aime vraiment la façon dont les illustrateurs s’expriment. J’ai fait du photojournalisme et j’ai l’impression que beaucoup des illustrateurs que j’ai rencontrés ont la même attitude que certains photojournalistes. Ils sont déterminés à faire cela, c’est leur façon d’entrer en relation au monde.
Oui, peu importe ce que c’est, debout au coin d’une rue. Jason est l’une de ces personnes et celui-ci, c’est une petite partie d’un projet qu’il a fait, qui s’est étendu et qui est devenu un plus grand livre cette année sous le titre Everybody in New York City. Il s’est efforcé de dessiner chaque personne de la ville de New York. Je pense qu’il en est à environ 18 000 personnes, mais il n’y arrivera jamais, ce n’est pas l’idée. Dans un mois, en mai, ça fera cinq ans. Et puis on en a fait un autre avec un illustrateur appelé Hugo Guinness où il a dessiné un hiver à partir d’Internet tous ces croquis d’animaux en 20 secondes. Voici Stefan Marx qui aime s’asseoir dans la salle d’observation de l’aéroport de Hambourg et dessiner toutes les compagnies aériennes commerciales. C’est en réalité le premier qu’on ait fait, c’est des photographies de Lele du Newsstand, donc c’est une série et c’est un peu drôle parce que nous les avons faits en risographie et nous avons dû utiliser des profils qui provenaient d’aquarelles pour obtenir un aspect un peu irréel.
Chaque année, je fais deux de ces petits livres et je fais aussi beaucoup de lancements de livres. Et quand nous faisons les lancements de livres, je vais faire un petit zine de cent exemplaires par cet artiste. Il sera disponible uniquement lors du lancement, c’est un projet en cours. En plus de ça, on fait peut-être deux projets plus importants chaque année. Le projet que nous venons de réaliser avec Toby Mott, qui a grandi à Londres et possède probablement la plus grande collection d’ephemera punk, qui s’est déplacée vers des ephemera skinhead et de la street fashion, des pochettes d’album, des boutons, des prospectus, des affiches, il a des milliers et des milliers de pièces. Le livre que nous venons de faire, intitulé Showboat, porte sur la sexualité, les normes sexuelles et la façon dont elles ont influencé le punk et vice versa, de 1972 à aujourd’hui. C’est le plus gros livre que j’ai fait, près de quatre cents pages, et nous l’avons lancé à la Foire du livre d’art de New York.
New York,
September 23rd, 2016
Hello.
Sure, my name is David Stretell, and I have owned Dashwood Books for the past eleven years. It’s a bookstore in downtown New York that specialises in photography, although we have a little bit of drawing as well. I guess the specialty beyond photography is that we host a lot of events and also publish, but the best books we have are imported from around the world. So we have a lot of strong Japanese books, European books, and other things that aren’t generally distributed. That’s probably what we do best. I’m always trying to introduce a range of clients to things that they haven’t seen before, which is why I opened the store because there wasn’t a bookstore specialising in photography back then. There are a few other ones now. There used to be, about thirty years ago, maybe even more, a store in Soho called Photographers Place, which I used to come to when I was a kid. I’ve been in New York for about thirty years, and it closed down twenty years ago. There was a sort of gap, something missing there; a lot of people in New York feel that they have access to everything.
Exactly, there is a lot. I had the idea to open the store, not just from Photographers Place, but I went to Japan to visit these kinds of very specialised stores. They have this incredible printed material; it doesn’t really rate zines so much; it was more about artists’ books by really small publishers that did these really exotic and extraordinary books. I just felt that there are a lot of people in New York who would be excited to see that.
When you go back to the Provoke period, it’s mid-to-late 1960s, and Daido Moriyama or Araki’s first projects were all self-published. I don’t know where they got that idea from. Maybe it goes back further than that. I think I’ve never come across self-published books much older than the 1960s from Japan.
No, not at all. I didn’t really know anything about the zine world at all. And when I opened the store, it wasn’t long until people turned out, saying, “Would you like to look at my zine?” It was a really fun way of meeting artists and talking about their work, but I soon discovered that some of them were definitely better than others. So we started a program where we take the books on consignment. I couldn’t afford to buy everything, obviously. I wasn’t sure; there was so much of it. There became a moment of, “Do I really want to stock this? Because we have to catalogue it, and it’s gonna take time.”
Yeah absolutely. Then I figured out that it was a nice way to engage with artists and that there was a community. It was a nice way of broadening this community of people to come into the store and look for things. I started a program of consigning, and now I have someone who runs that program with me, and we probably get 30 books a week. Thirty zines a week, which we go through and decide what we’re gonna stock. Then we have to turn it over a lot because people want to see different things.
We have a system where we have a sample and the other ones are covered in plastic bags. Actually, one of the first zine projects that I published, which maybe took it to another level, was with someone who I met through the store: Ari Marcopoulos. He’s become a really good friend; I’ve done lots of work with him, and he’s well-known in the zine world. So he introduced me to a lot of the zines that he had done. Then I had the idea to do this project that we called ANYWAY, where we did one zine a week for a year. You could buy this box at the end of the year with 52 zines; we did a 53rd zine, and you’ve got it on subscription. So every week, you would come in and look at your new zine, and we would put it in the box. We also did extra ones. We just had a lot of kids coming in looking at these things that were costing between 8 and 16 dollars.
We had quite a young crowd anyway, but it was just really nice to see people coming in looking at this thing, looking for the new thing. It was about how, as an artist, you process all these different ideas. A bit like [Gerhard Richter’s] Atlas or something, but more under a deadline, he was pulling his hair out half way through the year, but it wasn’t just about work.
Oh no, not really. There are a lot of young people. I also do vintage books, so we have a big variety of things. We’ll have imported books from Japan, Germany, or France. So we have a range of people who come in and buy that, and then there’s collectors or people who are looking for books for inspiration in the fashion and advertising world. Then we have kids in school, so in a way, there’s something that everyone could afford. You also might have Richard Prince standing there, rubbing shoulders with somebody who doesn’t know who Richard Prince is. But they might be just enthusiastic. We try to make the place just for enthusiasts.
Yeah, a little bit. I wish they were more interested in it. I’ve got one institution, and that is, yes. But I always thought it’d be really a dream to have someone who I could buy books or zines for, on a certain level, and at the end of the year, they would catalogue them.
That was something that we touched on when we talked yesterday. It’s a history that you’re writing right now. Maybe in a few years, you could ever have a sort of overview of the historical sense of zines, because there’s so few of some of them but you’d never get them. So it’s really just about your personal interaction with a certain crowd.
I think they tend to be, but there are a lot of less conceptual ones. One of the problems with collecting these things or having them available is that they fall into all these categories. You get party zines where people are photographing their girlfriend, that point and shoot, that skating, and there’s youthful life, as if that alone makes it interesting. There’s a lot of repetition, a lot of patterns. Sometimes it’s nice to find a really great example of this kind of zines, but it needs to have some other level that interests me. Because it’s produced really well, because there’s a use of graphics that’s unusual, or because there’s just some kind of love and attention that’s taken it a little further.
There’s a few things here. This is S.A.D. by Raquel Navé; these are just photographs of her, her life before having a baby, she’s an ex model. It’s really nicely produced, I think. This one’s a bit battered up, but this is a good example. One of the reasons I do the zines is that I get to filter out and find these kinds of odd and interesting talents. I got on with Nick Sethi, for instance; these are photographs—self-portraits he did. He’s someone who used to come into the store; he used to work with Terry Richardson, and I met him then. He’s an American kid from India; he didn’t grow up in India; he grew up in the States, but he goes back to New Delhi every year, and he was taking all these photographs of street kids in New Delhi which sounds like something every photojournalist in the world has always done. But he was doing it in such an in-your-face kind of way and without any sort of journalistic shyness about it. It was really fun to look at that work; he had pictures of life, like some dad poking his son on the ground with a big stick and laughing. It was really outrageous photographs, but he knew who these people were, he was engaging with them in a really interesting way. I did a little offset printed zine, and we are working on a much bigger project with all of his Indian work. I’ve published books with half a dozen people who I’ve just met and who showed me their zines. I was with this kid called Daifu Motoyuki, who was really interesting. He’s a Japanese photographer who photographed his family, and we went on to do a book about that. I found it originally as a black-and-white zine in Japan at Zines Mate. Then I found out what was actually in colour, and we did a little book of that.
This is 8 EZ STEPS, a rude one by Gusmano Cesaretti. This is Sergej Vutuc.
I don’t know if you define something like this as a zine, because it’s not technically self-published. Well, then this is weird, and this is someone else who publishes; I don’t know if you’ve spoken to Benjamin from Nieves.
Do you know him? So Nieves was really one of the companies that you saw that did these really elevated zines. Not necessarily beautifully produced, but very humble. This is one of the nicest they did. This is a collaboration with Erik Steinbrecher and his photographs of the display to sell Chinese fake food plates in a restaurant with drawings on top. It’s really beautifully done. This is a self-published zine from Stacy Kranitz. That’s all these photographs of these kids in West Virginia. So these are just things I have in the box right now, and I kind of turn them over all the time. These two Japanese zines are interesting; they’re just immediately so polished. It’s a very low-fi thing; they probably didn’t spend a lot of money doing it, but there’s a sort of level of polish and finish to them, which is another thing that I like about books in general. I think it’s really very true in zines. When you see books and zines, it represents something; it’s really emblematic of a certain culture and a certain time; that has to do with a certain design aesthetic. If you see a Dutch photobook, they have this rough, quirky quality to them, and that’s about how very practical people the Dutch are; they don’t want to overspend on production, so for me, that’s interesting. Not that you get insights into their culture, but they have the aesthetic value that comes from another set of values.
I can show you these three. These are part of a new series that I’ve been publishing in the last couple of years, like novellas. You probably recognised that Gallimard aesthetic coming from France, and I think a few people have done that. We started with that project with Jason Polan. It was always going to be a drawing book, because one of the things I noticed about the photo world is that there really isn’t any place where people can go and knock on a lot of drawings and illustrations. I wanted to have not just photo books but also that community, because I actually really like the way that illustrators can relate. My background was in photojournalism, and I feel that a lot of the illustrators I met had the same attitude that some of those photojournalists do. They are committed to doing this; it’s the way they engage with the world.
Yeah, whatever it is, standing on some street corner. So Jason’s one of those people, and this is a little part of a project that he did. He expanded and did a bigger book this year, which was called Everybody in New York City where he endeavoured to draw every single person in New York City. I think he’s up to about 18,000 people, but I don’t see him ever getting there, but that’s not the idea. This was just one month, May five years ago. And then we did another one with an illustrator called Hugo Guinness, where he drew all these animals in 20-second sketches that he did from the internet one winter. This is Stefan Marx who likes to sit in the viewing section at Hamburg Airport and draw all the commercial airlines. This is actually the first one we did; it’s photography by Lele from the Newsstand, so this is a series, and we kind of think it’s funny because we did them as risographs, and we actually had to use a set of profiles that came from watercolours to give us a kind of unreal aspect.
Every year, I’ll do a couple of these smaller books, and I’m also doing a lot of book launches, and when we do the book launches, I’m gonna do a little zine of a hundred copies by that artist. It will be available just at the launch; that’s an ongoing thing. In addition to that, we’ll do maybe two bigger projects every year. So the project we just did with Toby Mott, who grew up in London and has probably the biggest collection of punk ephemera, kind of moved over to a lot of skinhead ephemera and street fashion stuff, so it’s album covers, buttons, flyers, posters, or thousands and thousands of pieces. The book we just did called Showboat is about sexuality, sexual norms, and how they influenced punk and vice versa from 1972 to the present. It’s the biggest book I’ve done, with nearly four hundred pages, and we launched it at the New York Art Book Fair.