Los Angeles,
le 15 février 2016
Je m’appelle Darin Klein, je vis à Los Angeles, en Californie, et je produis, organise et collectionne des publications d’artistes, des zines et des éphémèras.
Bien sûr. Darin Klein and Friends couvre en fait beaucoup de choses différentes que je fais, notamment la programmation artistique, les expositions et les publications d’artistes.
Oui. Donc, Darin Klein and friends a été imprimé pour la première fois pour le projet Boxes of books qui a vu le jour parce que AA Bronson m’a invité à participer à la New York Art Book Fair de Printed Matter. J’ai raté la première année : je n’étais pas au courant, je n’en ai pas entendu parler, je n’ai pas participé ou je ne suis pas allé. Mais pour la deuxième année, ils m’ont invité à participer et je suis allé à New York avec une valise pleine de mes propres publications et de diverses publications que différentes personnes que je connais, mes amis, avaient faites. J’ai remarqué que les visiteurs du salon étaient vraiment intrigués par toutes les différentes choses que j’avais à ma table. Mais il y a tellement de choses qui se passent, il y a tellement d’exposants, il y a tellement de choses à voir. Je pense qu’avoir beaucoup de choses à ma table créait une surcharge d’information. J’avais des zines de Christopher Russell et Eve Fowler, dont on voit le travail derrière moi ici. J’avais des œuvres de plusieurs personnes différentes, et elles étaient de différentes tailles, de différents prix, donc les gens disaient « Oh bien, combien coûte celui-là ? », « Celui-là est à trois, celui-là est à douze, celui-là est à huit, celui-là est à cinq »… Et ils partaient juste en disant « Merci, à plus tard ». Je pouvais voir qu’ils aimaient vraiment ce que je proposais, mais ce n’était peut-être pas accueillant d’avoir autant de choix différents. Quand je suis revenu à Los Angeles, j’ai immédiatement commencé à travailler sur Box of Books. Dans le premier volume de Box of Books, l’intention était d’avoir toute la variété que j’avais à ma table – mais tu n’aurais pas à décider si tu étais intéressé par l’une des œuvres sur la table, car tu aurais tout dans une seule boîte. 20 artistes différents ont fait des livres pour le projet, et je les ai mis en boîte dans une édition de 100 et je l’ai appelé Darin Klein and Friends present: Box of Books.
Correct. C’est une boîte par an et il y a généralement environ 20 livres ; parfois, il y a plus d’artistes impliqués parce qu’il peut y avoir des duos de collaboration ou autres. J’invite environ 25 personnes à participer ; 23 diront oui, 22 diront non – je balance juste quelques chiffres ici – et puis, à la fin, il y a généralement environ 20 livres dans la boîte. Et puis… quelle était l’autre question ?
Ah, oui. Le format : j’ai cherché le terme technique pour le format de ces livres. Il s’agit d’une seule feuille de papier pliée en quatre, puis dépliée et coupée d’une certaine façon. Grâce à un pliage spécial, ça fait un livre avec des pages qui tournent.
J’ai cherché. J’ai essayé de lui trouver un nom, et différentes personnes l’appellent de différentes manières. Cette année, à la L.A. Art Book Fair 2016 de Printed Matter, quelqu’un l’a appelé un « pli labyrinthe ». C’est comme un labyrinthe : je peux voir comment ça pourrait être un nom adapté. Si quelqu’un a un meilleur nom ou le vrai nom, je serais intéressé de l’entendre, mais c’est juste une feuille de papier qui est pliée, mais qui reste plus ou moins intacte. Et puis les artistes ont la possibilité de mettre quelque chose au dos du papier, de sorte que tu vois la couverture et la quatrième de couverture, puis les pages. Puis tu peux le déplier et il y a quelque chose de l’autre côté.
Oh, oui. Donc, je l’appelle Box of Books juste parce que ça a une belle sonorité onomatopéique. Et j’ai en fait une définition assez mercuriale des différentes sortes de publications – parfois je les appelle zines, parfois je les appelle livres, parfois je les appelle livres d’artistes. Et ça rebondit, ça dépend de… En dehors de ce projet, quand je dois choisir, ça dépend du contenu et de l’esprit du projet. Mais, en tant que terme général, je pense que je qualifierais tous les travaux de Box of Books de zines.
Pourquoi je fais Box of Books… Je suis obligé. Je ne peux pas m’arrêter. J’aime vraiment être l’organisateur et j’aime vraiment rassembler les gens. Il y a un côté éducatif où je guide les gens dans le processus d’apprentissage de ce format de publication. C’est gratifiant. Je dirais que de nombreux projets de publications sur lesquels je travaille sont des projets intérimaires entre des expositions réelles dans des espaces physiques de type galerie pour lesquels il faut avoir beaucoup de ressources. J’ai donc trouvé que faire des publications d’artistes était une version abordable et plus immédiate du commissariat ou de l’organisation d’une exposition d’art. J’aborde une grande partie de mon travail de la même manière que si j’organisais une exposition. Il y a une sorte de fil conducteur conceptuel ; il y a des préoccupations esthétiques ; il y a souvent une intention thématique – pas pour Box of Books. Donc, d’une certaine façon, je dirais que je le fais pour rester actif entre les expositions, mais ensuite, j’ai trouvé ça tellement amusant, délicieux et gratifiant de le faire que maintenant, il m’arrive souvent de concevoir une idée juste pour en faire un livre.
Oui, je dirais que 99% des gens avec qui je travaille, je les connais personnellement – ce qui doit vouloir dire que je connais beaucoup de gens, car il y a 9 volumes de Box of Books, par exemple. Quelques artistes l’ont fait plus d’une fois, mais en général, chaque année, ce sont de nouveaux artistes. Il est assez rare que je contacte quelqu’un que je ne connais pas pour lui demander de participer, mais je l’ai fait parfois. Puis, de temps en temps, je rencontre quelqu’un qui me propose de participer. Les deux options ont plutôt bien fonctionné, mais je connais tellement de personnes créatives… Je n’ai pas l’impression que je manquerai jamais de personnes à impliquer.
Absolument. Il arrive même que les personnes à qui je demande de participer à Box of Books ne soient même pas des artistes. Par exemple, j’ai un très bon ami qui raconte des histoires hilarantes et, après avoir écouté pendant un certain temps toutes ces histoires vraiment hilarantes et fascinantes sur des boulots horribles qu’il a eus. Je lui ai dit : « Hé, tu devrais faire partie de Box of Books, tu devrais écrire des histoires sur ces boulots fous que tu as eus. Tu es un conteur tellement drôle et tu ne te considères peut-être pas comme un écrivain, mais tape-les simplement. Personne ne te critiquera sur ton style – les histoires parlent d’elles-mêmes. »
J’ai publié plus de 100 titres et projets, peut-être même 150. J’ai eu cette exposition en 2010 organisée par Margaret Tedesco, qui dirige 2nd Floor Projects à San Francisco, où tout ce que j’avais publié jusqu’à cette date était exposé. Et je continue à éditer : j’en fais plusieurs par an. Tout est répertorié sur mon site Web.
La seule série que j’ai produite, c’était… c’est Box of Books, dont il y a 9 volumes à ce jour. Et puis j’ai fait une série intitulée 21st Century queer artists identify themselves [Les artistes queer du 21e siècle s’identifient], c’était une publication très amusante, car tous ceux qui m’envoyaient 150 exemplaires physiques d’une œuvre, conçue pour ou représentée de la manière qu’ils voulaient, sur l’espace d’une page, puis je les assemblais et agrafais ensemble. Et il y a eu cinq numéros de celui-là.
En général, non. Je pense que dans tout ce que j’ai produit, j’ai eu l’idée et je suis parti à la recherche de matériel, de contenu.
La première fois ? Eh bien, le premier que j’ai vu, c’était le mien. Je ne savais pas que ça existait à l’époque. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles j’ai tant de mal à mettre le doigt sur ce qu’est un zine, une publication d’artiste ou un livre. Parce que les matériaux, l’énergie, l’esprit et les choses qui composent ces choses peuvent les orienter vers une catégorie plutôt qu’une autre. Tant de ces objets peuvent faire partie de plusieurs de ces catégories. Donc, le premier zine que j’ai fait était plutôt littéraire. J’ai rassemblé des poèmes, des photos et des écrits de mes amis du lycée. Je connaissais un tas de jeunes plus âgés et cools qui avaient déjà quitté le lycée. C’était photocopié, mais il y avait des dépliants de photographie. J’ai aquarellé à la main toutes les couvertures, et il était relié avec de la ficelle. Je n’avais jamais rien vu de ce genre avant. Je viens d’une très petite ville. Alors, après l’avoir fait, je suis allée à San Francisco et à City Lights Bookstore, où il y a une petite pièce sous les escaliers pour les publications laissées en dépôt. Il y a de tout dans cette section, des livres d’artistes faits à la main jusqu’à des trucs imprimés commercialement. Mais ce sont des ouvrages qui n’ont pas de distributeur, donc tu dois parler à la personne chargée des dépôts à City Lights Books et lui dire « Est-ce que vous pourriez vendre mon livre ? » et remplir un bon de dépôt. J’ai trouvé ce coin sous l’escalier : cette niche de publications de niche. J’étais totalement époustouflé : « Oh mon Dieu, je ne suis pas le seul à faire ça ! » Et ça a achevé de me convaincre : je n’ai jamais arrêté.
C’était quelque chose comme ça, c’est sûr. Le véritable déclencheur pour faire ce zine ou cette publication, c’était que je détestais le lycée. Je n’aimais tout simplement pas l’école, et j’étais bizarre, gay et décalé dans une petite ville. Je voulais abandonner le lycée, et mon conseiller d’orientation m’a convaincu de suivre les cours de base dans mon lycée, puis d’aller dans un lycée professionnel pour apprendre un métier. J’ai donc suivi des cours de graphisme dans ce lycée professionnel. Mais les ordinateurs commençaient à peine à cette époque : on est en 1989. Je n’avais jamais utilisé ou même vu un ordinateur. Il n’y avait pas d’ordinateurs dans la classe de graphisme : on était dans ce processus de conception essentiellement analogique. Pour l’un des exercices, chaque personne devait concevoir une page pour un livre. Je me suis dit : « Tiens, un livre qui ne s’achèterait pas en magasin… » Ça a vraiment éveillé mon imagination.
Oui, sans aucun doute. Je suppose que lorsque j’ai réalisé que d’autres personnes le faisaient, je me suis considéré comme faisant partie de ce dialogue contre-culturel. Mon imagination a été tellement stimulée en trouvant ce coin sous l’escalier de City Lights que j’ai su que je faisais partie de quelque chose, sans le savoir, et que je m’y sentais tout simplement chez moi. J’étais tellement excité par le prix des publications, qui était de deux, trois, cinq ou dix dollars, contrairement à un livre commercial que tu achèterais dans la pièce d’à côté. Je savais que le type du contenu de ce genre de publications avait très peu de chances de se retrouver dans les livres ordinaires ; je savais que c’était quelque chose de complètement différent. Donc, oui, définitivement, l’aspect contre-culturel et l’idée de différence et d’idées différentes ; j’ai adoré cette liberté de s’exprimer du plus cérébral, au plus absurde, au plus sexuel, au plus politique et que personne ne peut t’empêcher de le faire et que tu n’aurais pas à attendre qu’un éditeur t’accepte ou soit d’accord avec toi. Et beaucoup de choses ont changé dans l’édition commerciale au fil des ans, mais je suis toujours attiré par ce qui est produit de manière indépendante.
Ce qui est important dans mon travail, c’est que je les traite comme des œuvres d’art. Je les produis comme des œuvres d’art, avec le soin et la passion d’une œuvre d’art. J’aime que les gens sachent qu’ils sont faits à la main. Je ne voudrais pas que quelqu’un confonde quelque chose que j’ai fait avec quelque chose qui a été imprimé commercialement ou distribué à grande échelle. Je ne pense pas qu’ils soient précieux, mais j’aime ce côté underground qu’ils ont. Je pense que même si je ne crée pas le contenu pour celles-ci – il fut un temps où je créais tout le contenu de mes publications – très organiquement, au cours de plusieurs années, j’ai évolué vers le fait de simplement organiser, sélectionner et produire. Mais si tu regardes une publication que j’ai produite et qu’il y a quinze personnes impliquées, du graphiste au photographe à l’auteur, je dis toujours : « Tu peux apprendre à me connaître personnellement si tu plonges le nez dans mes publications ».
Merci, Antoine.
Los Angeles,
February 15th, 2016
My name is Darin Klein, I live in Los Angeles, California, and I produce, organise, and collect artist publications, zines, and ephemera.
Sure. “Darin Klein and Friends” actually covers a lot of different things that I do, including arts programming, exhibitions, and artist publications.
Yes. So, “Darin Klein and Friends” was the first ever printed for the Box of Books project that came about because AA Bronson invited me to participate in Printed Matter’s New York Art Book Fair. Somehow I missed the first year—I didn’t know about it, I didn’t hear about it, and I didn’t participate or go. But for the second year, they invited me to participate, and I went to New York with a suitcase full of my own publications and a variety of publications that different people that I know, my friends, had made. I noticed that, at my table, visitors to the fair would be really intrigued by all the different things that I had at my table. But there’s so much going on at the fair—there’s so many exhibitors, and there’s so much to see. I think that having a lot of stuff at my table was maybe confusing or overwhelming. I had zines by Christopher Russell and Eve Fowler, whose work we see behind me here. I had work by several different people, and they were in different sizes at different prices, so I noticed that people were saying, “Oh well, how much is this one?" “This one’s three; this one’s twelve; this one’s eight; this one’s five.” Like, “How much is that?” And they were just kind of like, “Thanks, I’ll see you later." But I could tell that they were really into the material, but it wasn’t maybe inviting to have so many different choices. So I came back to Los Angeles, and I immediately started working on Box of Books, the first volume of Box of Books, whose intent was to have all of the variety that I had at my table, but you wouldn’t have to make up your mind if you were interested in any of the work on the table because you would get it all in one box. 20 different artists made books for the project, and I boxed them up in an edition of 100, which I called Darin Klein and Friends present: Box of Books.
Correct. It’s one box a year, and it’s usually about 20 books; sometimes there are more artists involved because there might be collaborative duos or something. I invite about 25 people to participate; 23 will say yes, 22 will say no—I’m just throwing out some figures here—and then, in the end, it usually ends up being around 20 books in the box. And then, what was the other question?
Oh, right. The format: I’ve been searching for the technical term for the format of these books. It’s a single piece of paper folded in quarters and then unfolded and cut in such a way that you can actually do an origami trick to make it into a book with pages that turn.
I’ve been looking for it. I’ve been trying to find the name for it, and different people call it different things. Actually, somebody this year, at Printed Matter’s LA Art Book Fair 2016, called it a “maze fold.” It’s like a maze—I can see it; I can see how that could cover it. If any of our listeners have a better or actual name for it, I’ll be interested in hearing it, but it’s just one piece of paper that stays more or less intact but is folded down. And then the artists have the option, and they tend to generally use it, of putting something on the back of the paper, so you see the cover and the back cover, and then the pages. Then you can unfold it, and there’s something on the other side.
Oh, yeah. So, I call it Box of Books just because it has a nice onomatopoeic ring to it. And I actually have a fairly mercurial definition of all different kinds of publications—sometimes I call them zines, sometimes I call them books, and sometimes I call them artists’ books. And it bounces around and depends on… Outside of this project, when I’m evaluating it, it depends on the material and the spirit of it. But, as an overarching term, I guess I would call all of the work in Box of Books zines.
Why do I do Box of Books… I’m compelled. I can’t stop. I really love being the organiser, and I really love gathering people together. There’s an educational process where I’m walking people through the process of actually learning how to make this format of publication. So that’s rewarding. And then, not just Box of Books but, in general, I would say that many publication projects that I work on are kind of interim projects between actual exhibitions that you might find in physical gallery-type spaces, and you have to have a lot of resources to do that. So I found that doing artist publications was an affordable and more immediate version of curating or organising an art show. I would say that a lot of the work is approached in the same way as if I’m organising an exhibition. There’s a sort of conceptual thread; there’s, you know, aesthetic concerns; there’s oftentimes a thematic intent—not for Box of Books. So, in a way, I would say I do it to keep active between exhibitions, but then, as it turned out, it was so fun, delightful, and rewarding to do it that now, a lot of the time, I’ll just conceive an idea just to make the book out of it.
Yes, I would say 99% of the people I work with I know personally, which must mean that I know a lot of people, because there’s 9 volumes in Box of Books, for example. A few artists have done it more than once, but usually every year it’s all new artists. It’s fairly rare for me to reach out to someone that I don’t know to ask them to participate, but I have occasionally. Then, every once in a while, I’ll meet someone who proposes that they participate. Both things have worked out quite well, but I just know so many creative people… I don’t feel like I’ll ever have a shortage of people to involve.
Absolutely. In fact, it happens that people that I’ve asked to participate in Box of Books are not even artists sometimes. For example, I have a really good friend who tells hilarious stories, and, after a while of hearing all of these really hilarious and fascinating stories about horrible jobs that he had, I said, “Hey, you should be in Box of Books; you should write out some stories about these crazy jobs you’ve had. You’re such a funny storyteller, and you may not consider yourself a writer, but just type them out. We’re not critiquing you on your style; the stories hold their own weight.”
I’ve published well over 100 different titles and projects, maybe even 150. I had an exhibition, I think, in 2010 that was curated by Margaret Tedesco, who runs 2nd Floor Projects in San Francisco, where everything that I had published to that date was on view. And I just keep doing it—I do several a year, actually. They’re all listed on my website.
The only series I’ve ever produced was… is Box of Books, which there are 9 volumes at this point. And then I did a series called 21st Century queer artists identify themselves. That was a really fun publication because anyone who sent me 150 physical copies of their artwork, designed or represented in any way they wanted on a piece of paper, then I collated and stapled them together. And there’s five issues with that: 21st century queer artists identify themselves.
Generally no. I think everything that I’ve produced has been: I came up with the idea, and I went out and looked for material, content.
For the first time? Well, I made the first one that I ever saw, I didn’t know they existed at the time. I guess it is part of the reason why I have such trouble putting my finger on what’s a zine, an artist publication, or a book, because the materials, energy, spirit, and other things that go into these things can steer them more into one category than another. So many things could fall into more than one of those categories. So the first zine I ever made was really sort of literary. I got poetry, photography, and writings from my friends in high school. I knew a bunch of older, cool kids who were out of high school. It was photocopied, but it had photography foldouts. I hand-water-coloured all of the covers, and it was bound with twine. I had never seen anything like that before. I’m from a really small town. So then, after I made that, I went to San Francisco and went to City Lights bookstore, where there’s a little room under the stairs called the “consignment section.” They have everything in the consignment section, from handmade artist books to commercially printed stuff. But it’s works that do not have a distributor, so you would have to talk to the consignment person at City Lights Books and say, “Would you carry my book?” and do some paperwork. I found a whole—I wouldn’t call it a room; it’s under the stairs—niche of this niche market publications. I was totally blown away, “Oh my god, I’m not the only person that ever did this!” And then that totally sealed the deal—I just never stopped.
It was a combination of that, for sure. The real impetus for making a zine or a publication was that I hated high school. I just didn’t like school, and I was awkward, gay, and out of place in a small town. So I wanted to drop out of high school, and my guidance counsellor convinced me to take some basic courses at my high school and then go to a vocational school to learn a skill. So I took graphic design at this vocational high school. But computers barely existed at that time—this is 1989. I had never used or looked at a computer. There were no computers in the graphic design class; it was all, you know, basically an analogue design process. One of the projects was that each person had to design a page for a book. I was like, “Oh, a book that you wouldn’t buy at the store.” So that really sparked my imagination.
Yes. I mean, definitely. I guess when I realised that other people were doing it, I considered myself a part of that dialogue of the counterculture. My imagination was sparked so much by finding this room under the stairs at City Lights that I knew that I had become a part of something, even unknowing, and that I just felt right at home there. I was so excited by the price point of the publications being two, three, five, or ten dollars, as opposed to a commercially printed book that you would buy on the shelves, just in the next room. I knew that the spirit of the content of those kinds of publications was very unlikely to be found in regular books; I knew that it was just something completely different. So, yeah, definitely the counter-cultural aspect, and the idea of difference and different ideas; I loved the freedom to express just from the most intellectual, to the most absurd, to the most sexual, to the most political work that no one can tell you not to that you wouldn’t have to wait for a publisher to accept you or agree with you. And a lot has changed in commercial publishing over the years, but I’m still attracted to what’s being produced independently.
The important thing about my work is that I treat them like artworks. I produce them like artworks, with the care and passion of an artwork. I like for people to know that they’re handmade. I would hate for someone to mistake something that I made for something that was commercially printed or widely distributed. I don’t think that they’re precious, but I like their underground quality. I think that even though I’m not creating content for these, there was a time where I was creating all the content for my publications, and I just, very organically, over the course of several years, moved to just organising, curating, and producing. But if you look at a publication that I produced and there are fifteen people involved with it, from the graphic designer to the writer and photographer, I’m still saying, “You can get to know me personally if you engage with my publications.”
Thank you, Antoine.