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Brooklyn,

le 2 mars 2016

Lorsque j’ai posé ces questions à Christopher Kardambakis, il venait de m’interviewer pour son podcast Papercuts, qu’il avait créé l’année précédente après une résidence à Pioneer Works à Brooklyn. Ce genre de situation n’est pas surprenant, car les artistes créateurs de zines ont tendance à cumuler beaucoup d’activités différentes pour se soutenir mutuellement et promouvoir la culture zine. Christopher est l’un d’entre eux et il est toujours extraverti et prêt à échanger. Il continue cet esprit de transmission puisqu’il enseigne aussi à l’école d’art George Mason.
Bonjour, Christopher ! Comment vas-tu ? Présente-toi, s’il te plaît.

Je m’appelle Christopher Kardambikis, je suis très heureux de t’accueillir dans mon atelier ici à Brooklyn. C’est ici que je fabrique des livres depuis quelques mois, et je vis à New York depuis un an. Plus d’un an. Avant cela, à Los Angeles. Mais oui, c’est intéressant d’être à New York et d’utiliser cet espace pour faire des livres et des zines.

La plupart de ton travail en tant qu’artiste consiste à créer des livres et des publications. Peux-tu nous dire quel type de publications tu fais et ce que nous pouvons y trouver ?

Je fais – ou j’ai fait – plusieurs projets différents. Je fais des livres d’artistes le plus régulièrement et plus récemment, il s’agit donc principalement de petites éditions et de la recherche de différentes façons de travailler avec la forme du livre, qu’il s’agisse d’un format, d’un procédé d’impression ou de méthodes de reliure. Comme je fais des livres et des zines depuis 10 ou 12 ans, je suis maintenant au cœur de mon propre univers et je laisse chaque projet de livre suivant m’entraîner sur le chemin de mes curiosités. Mais lorsque j’ai commencé à faire des zines à Pittsburgh, j’ai commencé à utiliser la forme du zine comme moyen d’interagir avec cette communauté. Ce qui m’a intéressé dans les zines et les livres, c’est qu’ils s’ouvrent instantanément à un public plus large. Ce que j’ai découvert avec les zines, c’est que c’était un excellent moyen de se présenter à une ville, à un lieu et à une communauté plus large d’artistes, de créateurs et de personnes qui s’intéressent aux arts, mais qui n’ont pas forcément envie d’aller dans des galeries.

Les zines que je viens de montrer [à la caméra] sont les productions les plus récentes, certains sont des livres uniques et d’autres des zines. Peux-tu nous parler des projets que tu as réalisés auparavant ?

Oui. On peut raconter à rebours dans le temps. Ce que tu viens de montrer, ce sont des travaux des deux dernières années que j’ai réalisés dans le cadre d’un projet où je produisais un nouveau livre par mois. Il y avait des contraintes de temps qui ont limité ce que je pouvais faire en termes de tirage. Avant cela, je travaillais sur des zines avec des tirages plus importants et je travaillais avec différentes communautés. Avant de déménager à New York, j’étais en Californie, à LA et à San Diego, et je travaillais sur un projet appelé Gravity and Trajectory. Je faisais ce projet avec mon ami Louis Schmidt, qui est maintenant à Los Angeles. On utilisait notre zine comme un espace d’exposition.

Tu le présentais comme une exposition ?

Exactement. On a présenté à chaque artiste avec lequel nous travaillions ce format strict : il y a X pages, c’est un format réduit, nous l’imprimons avec une seule imprimante… C’est donc la contrainte avec laquelle tu dois travailler, voilà ton espace physique, comment vas-tu montrer ton travail ? Ce qui était bien dans ce projet, c’est que j’étais là à chaque étape. C’était la première fois que ces personnes créaient un livre d’artiste.

Il s’agissait donc d’expositions personnelles ?

Oui, et nous avons ensuite distribué ces livres dans tout le Sud de la Californie. C’était une façon de voir les artistes de Californie du Sud, de distribuer leur travail dans cet espace et de voir comment ils interagissaient avec cet environnement. Avant cela, je vivais à Pittsburgh, en Pennsylvanie, et je travaillais sur un projet appelé Encyclopedia Destructica pendant six ou sept ans. J’avais démarré dans le cadre de mon projet de fin d’études à Carnegie Mellon en 2005, comme un moyen d’apprendre à connaître la ville. Encyclopedia Destructica a été créée pour que je puisse entrer en contact avec d’autres jeunes artistes de la ville et essayer de comprendre ce que nous faisions tous. Je voulais qu’Encyclopedia Destructica soit comme un espace très actif où, si tu voulais savoir ce que les jeunes artistes faisaient à Pittsburgh, il suffisait de trouver un de ces zines. Ça montrait ce qui se passait à cet instant précis. On a distribué les zines dans des bibliothèques, des petites librairies et des cafés… Tu pouvais l’avoir gratuitement en venant à nos fêtes, à nos lancements, et en nous en achetant un. Ce qui est bien avec le projet, c’est qu’il implique toujours beaucoup de personnes, donc moi-même et ma partenaire de l’époque, Jasdeep Khaira, en tant qu’éditeurs – co-éditeurs – du projet. Mais pour chaque livre, nous invitions une personne différente à venir travailler sur l’édition ou à en être le curateur. Ainsi, nous considérons toujours le livre comme un espace d’exposition, et que le livre a un lieu ou une localité spécifique ; mais on l’ouvrait au plus grand nombre de personnes possible, et on jouait avec les formes de production de masse, même si les tirages étaient de 200 exemplaires environ.

Tu ne fais donc pas d’expositions ? Tu fais juste des expositions à l’intérieur des publications ?

Eh bien, je fais aussi des expositions, des expositions individuelles ou des expositions de groupe qui sont soit juste des œuvres sous forme de livre, soit des dessins plus grands et des estampes qui viennent des livres. J’organise aussi des expositions de livres depuis quelques années maintenant. Plus récemment, j’ai invité 12 artistes dans le projet Pulp Atlas, qui est géré un peu comme un réseau d’échange. Les règles étaient que chaque artiste devait produire 12 exemplaires d’un livre et les envoyer par la poste à tout le monde, de sorte que tout le monde se retrouve avec un exemplaire du livre de chacun. Et puis chaque artiste participant était chargé d’organiser une exposition dans sa ville. Cela nous a permis d’être présents dans tout le pays, au Canada et au Royaume-Uni, simultanément.

Donc, même s’ils n’ont pas été produits en série ou vendus, tous ces exemplaires ont été vus et lus par beaucoup de gens, dans beaucoup d’endroits différents.

C’était chouette d’avoir une variété d’événements autour de ces livres. Certains étaient des vernissages en bonne et due forme, et étaient exposés pendant un mois entier dans des espaces plutôt alternatifs. L’une de ces expositions a eu lieu dans la librairie Needles and Pens de San Francisco, qui est un point de repère très important dans la communauté des zines. Il y a eu des expos à la bibliothèque de San Jose ou à la Free Public Library de Philadelphie, où elles restaient pendant un mois environ. On a organisé aussi des soirées, comme ici à New York à la Reanimation Library, où j’ai parlé avec deux autres artistes du projet des œuvres qu’on avait réalisées pour le projet. On a également pu présenter les œuvres de tous les autres et les mettre à la disposition du public pour qu’il puisse les regarder et poser des questions. C’était donc un moment vraiment formidable de voir le public regarder des livres. C’est très différent de se tenir au milieu d’une pièce, de regarder des peintures ou des films. Alors que contre un mur ou une table, ou n’importe quel endroit où se trouve le livre, le nez plongé dedans, c’est une façon très différente de profiter.

Tu travailles maintenant sur un nouveau projet appelé Paper Cuts ?

C’est génial que tu sois là, car nous pouvons alors lancer un enregistrement et je peux te poser quelques questions. Paper Cuts est une émission sur Clocktower Radio, une émission de radio sur Internet, qui se concentre sur l’édition DIY, les zines et les livres d’artistes. C’est une émission de lecture et de discussion, donc souvent les gens participent à l’émission en lisant leurs œuvres, puis nous parlons de ce qu’ils font avec les zines. D’autres fois, il s’agit plus simplement d’une discussion sur les gestes dans le processus et cette dynamique plus large de la façon dont les zines peuvent fonctionner au sein de communautés. Pour moi, c’est une façon vraiment fabuleuse d’explorer New York. Plus récemment, avec la LA Art Book Fair, nous – moi et Taylor Yates, ma complice pour Paper Cuts, avons parcouru et enregistré quelque chose comme sept épisodes à Los Angeles. On a pu parler à beaucoup de personnes, et c’est passionnant de développer ce genre d’archives sur le monde des zines.

Quel futur vois-tu pour ce projet ?

Oh, mec. Pour Paper Cuts, ce serait génial de simplement que ça continue et d’essayer de le développer autant que possible. Donc, l’une des choses qu’on essaie de faire, c’est de ne pas seulement interviewer des gens, mais de les impliquer dans le projet. Donc, si tu es un invité de l’émission, ça signifie aussi que tu es quelqu’un que j’approcherai, plus tard, pour participer à une lecture en direct dans une ville lorsque nous faisons des lectures chaque mois dans différentes librairies, ou pour contribuer à notre newsletter, ou pour animer des épisodes toi-même. J’ai eu beaucoup de plaisir à interviewer des gens et à être l’animateur de l’émission, mais je suis aussi très intéressé d’écouter des conversations entre d’autres personnes. Si un ancien invité veut parler à quelqu’un d’autre dans le studio d’enregistrement, alors je suis tout à fait prêt à abandonner le fauteuil d’animateur et à rester dans le public. Encore une fois, on revient à cette idée que ce qui est passionnant dans les zines et les publications, c’est la communauté qui peut se développer autour. Et tout ce que je peux faire pour favoriser ça, c’est donner une direction à mes projets.

Maintenant, j’ai vraiment envie de t’entendre sur ton propre travail. Quelle est l’inspiration pour tes œuvres ? Il y a beaucoup de choses sur la science-fiction et aussi la science… Et peut-être la relation entre les deux ? Et puis il y a les comics, qui sont… C’est peut-être nouveau dans ton travail ?

Les comics ont en quelque sorte toujours été là. Et ils sont à l’origine de la façon dont j’ai abordé différents projets de publication. Parce qu’avec les premiers comme Marvel Comics, ce qui m’a attiré n’était pas seulement la narration ; et j’ai intégré l’aspect narratif des BD dans mon travail depuis que je fais des œuvres moi-même. Ça m’a donné l’impression que les bandes dessinées étaient réalisées par une communauté de personnes travaillant toutes ensemble pour faire un livre. Et ça m’a donné l’impression que ce projet ou cette chaîne de montage ressemblait à un réseau familial élargi. Donc, si tu travailles sur Spider-Man, c’est la collaboration entre le scénariste et l’artiste, et l’encreur et le coloriste et toutes ces mains qui travaillent ensemble pour faire cette histoire qui était très, très puissante. Participer à cet univers partagé, selon la mythologie de Marvel depuis les années 1960, signifiait que tout le monde était dans le même bateau et s’éclatait comme des dingues à réaliser toutes ces histoires folles. Bien sûr, ce n’est pas vraiment le cas. Mais je voulais prendre cette image d’une famille de collègues et l’appliquer à quelque chose comme Encyclopedia Destructica, quelque chose comme Gravity and Trajectory. On peut créer ce genre d’émulation pour faire des plus grands et meilleurs projets de zines et de livres.  L’autre aspect important de la bande dessinée dans mon travail, c’est la dimension narrative. C’est selon ça que je considère les livres et la façon dont ils peuvent fonctionner tout au long de mon processus de publication. Souvent, je considère les livres et les zines que j’ai réalisés pour le projet « Un livre par mois » presque comme des petites expériences. Il y a au départ, soit un procédé d’impression avec lequel je veux jouer, soit un visuel que je veux voir, que je veux peaufiner, et alors le zine devient comme une expérience. J’ai cette chose, cette idée, et ensuite, je me dis : « Comment est-ce que je peux transformer ça en une histoire ? Comment est-ce que je peux tirer ce fil sur 20 ou 30 pages ? » Il y a donc dans mon travail un intérêt pour le récit narratif, même s’il n’est pas nécessairement axé sur une intrigue ; il s’agit de raconter une histoire grâce au rythme d’un livre. Je m’intéresse vraiment à l’histoire de la science et à l’histoire de la science-fiction ; notamment à l’idée de construire des mondes spéculatifs, ou simplement de construire des mondes en général. Lorsque tu appliques ça à la création artistique, tu ne regardes pas nécessairement les personnages, l’intrigue ou une structure narrative, mais tu regardes la texture, la couleur et le processus, et comment tu les fais fonctionner ensemble dans une seule pièce pour développer un monde. C’est comme ça que je m’amuse souvent.  Mais l’intérêt pour la science-fiction est aussi juste qu’elle a une histoire tellement forte dans le monde de l’imprimé et dans la production imprimée. J’ai fait des livres qui ne sont que des scans page à page de livres anciens et des dessins narratifs de grands formats sur des œuvres de science-fiction plus anciennes. Essayer de développer un monde pour évoquer ce qui te préoccupe, ce à quoi tu penses, est une manière de discuter de l’instant présent. Quand tu regardes des choses comme l’histoire des sciences et l’idée qu’une histoire des sciences est composée d’une histoire d’idées qui ont échoué, et elles étaient vraiment passionnantes ! Pas nécessairement parce que c’est des échecs, parce qu’elles ont échoué, mais parce qu’elles ont encore des choses à dire et fournissent des façons différentes de regarder le monde dans lequel on vit.

Dirais-tu que ton travail consiste à imaginer d’autres mondes possibles ? Et si oui, à quel niveau ces mondes seraient-ils différents du nôtre ?

Ils ne seraient pas nécessairement très différents ; c’est plutôt comme de créer des versions. Si tu considères chaque livre comme son propre système, alors c’est comme si chaque livre était un monde unique avec ses propres règles, son propre système pour y naviguer. La réponse est donc qu’il peut y avoir une infinité de mondes et qu’ils peuvent se rapporter les uns aux autres de différentes manières. Il reste à voir comment ils interagissent. C’est l’une des choses que j’aime : quand tu fermes un livre, tu en ouvres un nouveau et c’est une toute autre façon de travailler. C’est une des choses qui m’a intéressé quand je faisais « un livre par mois », en termes de production de livres et de production artistique. C’est pour ça que je suis très heureux de ne plus le faire, parce qu’au bout de 30 jours, tu es confronté à un terrain vague.

Et ensuite, tu recommences…

Tu recommences et c’est « Putain, je dois construire un nouveau monde ». Et ce n’est pas la chose la plus facile à faire. Cela dit, chaque livre fait naître tant d’autres idées, tant de choses sur lesquelles tu travailles, simplement parce que tu es proche de tes matériaux et de ta pratique. L’un des avantages de cette expérience, c’est qu’elle a créé un rituel quotidien très fort, où tu enchaînes des processus, des idées et des façons de faire. C’est une attention profonde pour les matériaux qui m’intéresse dans ce genre de projet. Mais maintenant, après l’avoir vécu pendant quelques années, il est vraiment intéressant pour moi d’élargir un peu. Parce que je suis ici depuis un peu plus d’un an maintenant et que je veux travailler avec certaines des personnes que j’ai rencontrées – pas seulement dans le cadre de courtes interviews par le biais de Paper Cuts, mais en réalisant des projets d’impression plus importants ou des livres en collaboration. Donc, si tu regardes l’histoire de mon travail presque comme un pendule, il commence à basculer de nouveau vers une direction collaborative, ce qui m’enthousiasme beaucoup.

Merci beaucoup.

Merci.

Brooklyn,

March 2nd, 2016

When I asked these questions to Christopher Kardambikis, he had just interviewed me for his podcast, Papercuts, which he had created the year before after a residency at Pioneer Works in Brooklyn. That kind of situation isn’t surprising since zine making artists tend to have a lot of different activities to support each other and promote zine culture. Christopher is one of them and is always outgoing and ready for a trade. He is all about transmission since he also teaches at the George Mason School of Art.
Hello, Christopher! How are you? Please introduce yourself.

My name is Christopher Kardambikis, and I’m very excited to have you in my studio here in Brooklyn. This is where I’ve been making books for the past few months, and I’ve been living in New York as my home for the past year. Year plus. Before that, in LA, But yeah, it’s been interesting to be in New York and use this as a space to make books and zines.

Most of your work as an artist involves making books and publications. Can you tell us what type of publications you make and what we can find in them?

I do, or have done, a few different projects. I do artist books most regularly and more recently, so that would be largely small editions, and I’m looking at different ways that I can work with the book form, whether that’s a format, printing process, or methods of binding. Since I’ve been making books and zines in the past 10 to 12 years, at this point I’m really deep within my own trip,  allowing each subsequent book project to just lead me down whatever path my curiosities will take me. But when I first started making zines in Pittsburgh, I started coming to the zine form as a way to interact with that community. So what was interesting to me about zines and books is how they just instantly open themselves up to a larger audience. What I found with the zines is that it was a great way to introduce yourself to a city, to a location, and to a larger community of artists, makers, and people who are interested in the arts but who aren’t necessarily interested in going to galleries.

The zines I just showed [to the camera] are the most recent productions, so some of them are unique books, and some of them are zines. And can you tell us about the projects that you did before?

Yeah. So, I guess we can work backwards in time. What you just showed were works from the past two years that I’ve been doing as part of a “Book a Month” project, where I was producing a new book every thirty days. And that had its own time constraints that limited what I could do in terms of the production run. But prior to that, I was working on larger editions with zines and working with different communities. Before I moved to New York, I was in Southern California, in LA, and in San Diego, working on a project called Gravity and Trajectory. I was working on that with my friend Louis Schmidt, who’s now based in Los Angeles. What we were doing with this, as a zine project, is saying that our zine is like our gallery space.

So you presented it like an exhibition?

Exactly. So we would present to each artist that we were working with this strict format: it’s X number of pages, it’s a short size, we’re printing it with one printer… So this is your constraint that you have to work with, and if this is your physical space, how do you show your work? What was nice about this project was that I was there in every instance. It was the first time that the people that we were working with were creating an art book.

They were solo shows?

Yes, they were solo shows, and then we would distribute these books through Southern California. So it was a way to look at Southern California artists, to distribute their work through that space, and to see how they interacted with that environment. Before that, I was living in Pittsburgh, Pennsylvania, and I was working on a project called Encyclopedia Destructica. I did that for about six or seven years. It really sorted out as part of my senior project Carnegie Mellon in 2005 as a way to get to know the city. Encyclopedia Destructica was made so that I could reach out to fellow young artists in the city and try to figure out what we were all doing. I wanted Encyclopedia Destructica to be like a very active space where, if you wanted to know what the young artists were working in Pittsburgh, all you needed to do was find one of these zines. This would show what was happening right that instant. We distributed the zines through libraries, small bookstores, and coffee shops. You’d get one for free just as easily as coming to our parties, our release parties, and buying one from us. What was nice about the project was that it always involved so many people, including myself and my partner at the time, Jasdeep Khaira, as the editors and co-editors of the project. But for each book, we would invite a separate person to come in and edit the book or curate it. So we’re still looking at the book as an exhibition space and the book as a place, or as a specific locality, but we’re opening it up to as many people as possible and trying to play around with pseudo-forms of mass production. These runs were 200 copies or so.

So you don’t make any exhibitions? You just make exhibitions inside of publications?

Well, I do exhibitions as well, so I have my work shown in solo shows or group shows that are either just the book works or larger drawings and print pieces that spill out of the books. I’ve also been organising book shows for a few years now, most recently a project called Pulp Atlas, which is run a little bit more like a print exchange, where I invited 12 artists into the project. The rules were that each artist had to produce 12 copies of a book and then mail it to everyone, so everyone ended up with one copy of everyone’s book. And then each participating artist was responsible for hosting a show in their city. This has allowed us to be all over the country, in Canada, and in the UK simultaneously.

Even if they weren’t mass-produced or sold, all of these copies were seen and read by a lot of people, in a lot of different places.

It was nice to have a variety of events around the books. Some would be proper show openings, really be exhibited for an entire month in largely alternative spaces. One of these shows existed in the San Francisco bookstore called Needles and Pens, which is a really big landmark in the zine community. But they would also be in places like the San Jose Library, or the Free Public Library in Philadelphia, where they existed for a month or so at the time. We would also do one-night events, like we did here in New York at the Reanimation Library, where I talked with two of the other artists in the project about the works that we made specifically for the project. We were also able to introduce everyone else’s book pieces and have them available for the audience to look at and, you know, take questions and everything. So it’s been a really wonderful thing, to see people in public looking through books. It’s a very different thing, you know, standing in the middle of a room, looking out at paintings, at films, or at something like this. You’re right up against the wall, or the table, or wherever the book is nose deep in something, so it’s a very different way of consuming these.

Now you’re working on a new project called Paper Cuts?

It’s great that you’re here, because then we can turn the recording devices around and I can ask you a few questions. Paper Cuts is a program on Clocktower Radio, an internet-based radio program, that focuses on DIY publishing on zines and artist books. It’s a reading and discussing program, so oftentimes people will be on the program reading their works, and then we talk about what they do with zines. Other times, it’s more just a discussion of the craft in the process and this larger dynamic of how zines can work within the community. It has been a really wonderful new way for me to explore New York. More recently, with the LA Art Book Fair, myself and Taylor Yates, my partner in crime for Paper Cuts, went through and recorded, something like seven or so episodes on Los Angeles. So there are a lot of people that we’ve been able to speak to in the past year, and it’s exciting to develop that kind of archive of the zine world.

Where do you see this project going?

Oh, man. With Paper Cuts, it would be great to just keep it running and try to expand it as much as possible. So, one of the things we’ve been trying to do is not just interviewing people; we’re trying to get people involved in it. So, if you’re a guest on the program, that also means that you’re someone that I would be approaching, later, to be part of a live reading in the city when we do readings every month in different bookstores, or to contribute to our newsletter, which you can subscribe to, or to host episodes yourself. I’ve had a great time interviewing people and being the host of the program, but I’m also far more interested in hearing conversations between other people. If someone who was a guest has a proposal to talk to someone else in the recording studio, then I’m all for giving up the host chair and just hanging out in the audience for a little bit. Again: it just goes back to this idea that the thing that’s really exciting to me about zines and publications is the community that can develop around them. And anything that I can do to foster that is the direction that I want these projects to be going in.

Now I really want to ask you about your own work. What’s the inspiration for your work? I mean, there’s a lot of things about science fiction and also science… And maybe the relationship between the two? And then there are the comic books, which are… Maybe it’s new to your work?

The comics have kind of always been there. And the comics have a root source for how I’ve approached different publication projects. Because, with early things like Marvel Comics, what drew me to that was not just the storytelling—and the narrative aspect is something of comics that I have brought into my work ever since I became interested in comics and wanted to make artwork myself. It gave me the impression that the comic books were made by a community of people, all working together to make one book, and it made that assembly line project, or process, also feel like this larger family network. So if you’re working on Spider-Man, it is collaboration between the writer and the artist, and the inker and the colorist, and all these hands working together to make this story very, very powerful. Creating this shared universe, the fiction of the Marvel bullpen in the 1960s, meant that everyone was in it together, making all these crazy stories, and having the time of their lives. Of course, that’s not really the case. But I wanted to take that perceived notion of a family of co-workers and apply that to something like Encyclopedia Destructica, something like Gravity and Trajectory. We can almost dare each other into doing bigger and better things with the zine and book projects.  But the other part of the comic books for me, in terms of my work, is this storytelling aspect. That’s how I’ve looked at books and how they can function throughout my entire publication process. Oftentimes I look at the books and zines I have made for the “Book a Month" project as almost small experiments. There is either a printing process that I want to play around with or a visual that I want to see to tweak and toy around with, and then the zine becomes like an experiment. I have this one thing, this one idea, and then, “How do I turn this into a little story? How do I then spin that yarn for 20 or 30 pages?” So there’s definitely an interest in narrative storytelling, even though it’s not necessarily plot driven; it’s telling a story pacing through a book. I am really interested in the history of science and the history of science fiction; part of that is the idea of building a speculative world – or just world building in general. When you apply that to art making, it’s not looking necessarily at characters, plot, or a narrative structure; you’re looking at texture, colour, and process, and how you work those together within a single piece to develop a world. That’s what I’m trying to play around with, oftentimes.  But the interest in science fiction is also just… It has such a strong history in the printed world and in print production. So I’ve done books that are just one-to-one scans of older books or larger narrative print drawing things that are based off of older works of science fiction. Trying to develop this world in order to discuss what’s on your mind, what you’re thinking of, or how to discuss this current moment—I feel like science fiction as a genre is a really interesting way to do that. When you’re looking at things like a history of science and the idea that a history of science is filled with a history of ideas that failed, they are really interesting! Not necessarily because they’re failures, not necessarily because they have failed, but because they still have things to say and provide different ways to look at the world that we’re living in currently.

Would you say that your work is about imagining other possible worlds? And if so, how different from ours would those worlds be?

It doesn’t have to be very different; it’s almost like creating versions. If you look at each book as having its own unique system, then it’s like each book is one world and has its own rules and its own system of moving through it. So the answer is that there can be infinite worlds, and they can relate to each other in different ways. How it plays around with the other system remains to be seen. That is one of the things I like about it: when you close the book, you open a new one, and it is a whole different way of working. That’s one of the things that has been interesting about this “Book a Month" project that was both really useful, in terms of the book production and art production, and also one of the reasons that I’m very happy I’m not doing anything longer. So this year I’ve stopped doing a book every month. That’s because, at the end of 30 days, you’re confronted with a complete wasteland.

And then you are starting over…

You’re starting again, and it’s, “Fuck, I need to build up a new world. And it’s not the easiest thing to do. That being said, each book spawns so many other ideas and so many things that you’re working on just because of having the closeness to your materials and to your practice. One of the great things about the past couple of years is that they created a very strong, daily ritual where you start to stumble across processes and ideas. So it’s that deep interest in materials that’s really interesting about that kind of project. But now, having gone through it for a couple of years, it’s really interesting for me to press out and expand a little bit. I’ve been here for a little over a year now, and I want to be working with some of the really wonderful people that I’ve met—not just in short interviews through Paper Cuts but doing larger print projects or collaborative books. So if you look at my history of work almost like a pendulum, it’s starting to swing back towards a collaborative direction, which I’m very excited for.

Thank you very much.

Thank you.

Terra Nullius
Christopher Kardambikis, *Terra Nullius*, New York, Auto-édité, 2015, 5,5"x 8", Photocopie, 28 pp. Christopher Kardambikis, *Terra Nullius*, New York, Self-Published, 2015, 5,5"x 8", Photocopy, 28 pp.
It was the end of the world
Christopher Kardambikis, *It was the end of the world*, New York, Auto-édité, 2016, 6,75"x 8", Laser couleur, 48 pp. Christopher Kardambikis, *It was the end of the world*, New York, Self-Published, 2016, 6,75"x 8", color Laser, 48 pp
Over a crumbled Universe
Christopher Kardambikis, *Over a crumbled Universe*, New York, Auto-édité, 2015, 8"x 8", Laser couleur, 28 pp. Christopher Kardambikis, *Over a crumbled Universe*, New York, Self-Published, 2015, 8"x 8", color Laser, 28 pp.