New York,
Le 21 février 2017
Alors, je pense que c’est ma plus ancienne publication. Elle provient d’une exposition appelée 1969 que j’ai faite en 1991. Il n’y avait pas vraiment d’argent, de galerie pour faire un catalogue, alors j’ai pensé que je pouvais le faire à la boutique de photocopie et faire juste 100 exemplaires. Et tu peux voir que j’ai tout fait à la machine à écrire, donc… [Il feuillette le catalogue et commente ce qu’il voit.] J’ai tout tapé, j’ai photocopié les photos et je les ai apportées au magasin de photocopie. Mais je voulais quelque chose, en 1991, qui ait l’air de dater de 1969, et c’est le cas. Donc, il s’agissait vraiment de faire quelque chose qui semblait correspondre à l’exposition, parce que toutes les œuvres étaient de 1969.
Peut-être. On l’utilisait pour produire à peu de frais. Mais, dans l’exposition, il y avait une vitrine, et je la changeais chaque semaine avec des documents collectés depuis mon adolescence, de l’année en 1969. Donc ça, c’est le premier pas sur la lune dans le New York Times. Les choses qui étaient dans la vitrine devenaient donc une sorte d’introduction visuelle ; là, c’est un petit collage que j’ai fait, celui-là vient du Vietnam ; c’est le ball noir et blanc. Évidemment, des drogues. Du LSD.
Oui, et un écrivain
Eh bien, tu sais, la critique d’art, si elle n’est pas seulement une critique de ton point de vue, est une forme d’art. Oscar Wilde l’a dit à l’origine. C’est aussi intéressant de penser à une histoire sur le campus de Berkeley en Californie, car cela [“Embattled Berkeley : What The Violence is All About”] pourrait être un titre d’il y a un mois, après l’élection [de Trump en 2016]. Et puis ici, un festival de rock et ensuite, des manifestants contre la guerre du Vietnam, il y a en quelque sorte l’idée que s’ils sont divertis et qu’ils prennent de la drogue, ils ne vont pas causer de problèmes. Je ne pense pas que les gens réalisent qu’une partie de la culture du rock et de la drogue était un moyen de contrôler les jeunes. Qu’est-ce qu’il y a d’autre là-dedans… [Il continue à feuilleter]
Je ne pense pas avoir entendu le mot zine en 1991, je ne savais pas ce que cela signifiait et aussi dans l’art conceptuel, il y avait des choses comme le Xerox Book de Seth Siegelaub qui est en fait imprimé en offset, cela aurait coûté plus cher. [Il continue à feuilleter le catalogue] Voici une image du film Easy Rider. Là, il s’agit encore une fois de mettre une image provenant d’un festival de rock à côté d’une manifestation contre la guerre, Les deux personnes ont donc toutes les deux le corps et le visage éclaboussés de boue pour l’un et l’autre de sang. Je me souviens de quelque chose quand j’étais jeune, dans ce numéro du magazine Life, ils ont reproduit les photos de tous ceux qui ont été tués en une semaine, je veux dire pas tout le monde, juste les Américains.
Ces choses étaient dans la vitrine, en fait, comme un disque, un article de journal ou un exemplaire du magazine Life. C’est drôle aussi de voir comment les choses reviennent, parce qu’ici, c’est tiré du film d’Emile De Antonio Make War Not Love, puis notre génération connaissait très bien la pochette du disque de Smith Meat Is Murder, le film Bonny and Clyde… Puis tu as le catalogue à proprement parler avec Vito Acconci, Richard Artschwager, Larry Clark, Dan Graham.
Il avait créé des actions comme s’il était une entreprise et que tu achetais des actions de l’artiste. Dix dollars par action. Je ne pense pas qu’il en ait vendu. [Il continue à feuilleter le catalogue] Hans Haacke, Eva Hesse, Douglas Huebler et Jasper Johns : tout le monde connaît la peinture du drapeau, mais le bas-relief en plomb est beaucoup plus noueux et beaucoup plus lourd. On Kawara…
Oui, celle-ci provient d’une exposition à San Francisco en 1994. C’est plus ou moins une idée similaire, chaque artiste a une page. Il y a SEX LUV de Christopher Wool, Raymond Pettibon, Steven Parrino… De toute façon, c’était une galerie à San Francisco qui n’avait pas d’argent pour un catalogue, alors j’ai fait une publication très similaire.
Puis vraiment rien jusqu’en 2000. Dans l’intervalle, j’ai eu beaucoup d’expositions dont les catalogues ont été produits par des galeries et des musées. Ensuite, White Columns fait cette grande exposition annuelle que j’ai organisée il y a six ou sept ans. Nous avons fait cette petite publication. As-tu parlé à Matthew Higgs pour ton projet ?
Parce que White Columns a fait ces choses-là avec le W.C. Look, ils avaient déjà fait 32 publications au moment où j’ai fait ça, et c’était déjà il y a 7 ans. Il y avait toutes sortes de choses pour s’amuser. C’est moi à Paris au Musée de la chasse. Ensuite, ce sont des conseils intéressants, c’est une pièce de Justin Matherly, c’est la première œuvre que tu voyais en entrant dans l’exposition, IF YOU PLEASE, LET US PUT A LITTLE ORDER IN THESE REVELS; MEASURE IS REQUIRED EVEN IN THE DEPTHS OF INFAMY AND DELIRIUM [« Mettons, s’il vous plait, un peu d’ordre à ces orgies. Il en faut même au sein du délire et de l’infamie. »] C’est de Sade, donc c’est juste une liste d’œuvres avec les images, ce qui, je pense, est une excellente chose à faire pour un catalogue. Tu vois tout, toutes les informations.
Oui, comme ici, j’ai pensé que ma liste complète d’expositions n’avait jamais été publiée. Donc, c’est toutes les expositions depuis 1984.
L’une des raisons pour lesquelles j’ai fait cette exposition, c’était de vraiment mettre en avant l’idée qu’il est important d’écrire ou de publier des livres, des catalogues, des zines, etc. Parce que tout tourne de plus en plus autour du marché de l’art et de l’argent et il semble que des choses comme l’écriture ou la critique d’art n’aient plus aucune importance. Alors, je me suis dit que j’allais tout mettre sur la table et dire : « Voilà tout ce que j’ai écrit et publié, tout ce que j’ai fait depuis trente ans, et ça représente quelque chose et ça veut dire quelque chose. » C’était le moment de le faire.
Pas exactement, je sais que maintenant l’idée d’une archive est un sujet vraiment important, pour les curateurs ou les jeunes qui deviendront des historiens de l’art.
Mais c’est différent d’une archive. Une archive n’est pas quelque chose que je montrerais en public. [Il montre une autre publication à la caméra] Celle-là date donc de 2010, juste après cela, que j’ai eu l’idée de réécrire une fois par an un livre que j’ai aimé ou qui me pose problème. C’est l’autobiographie de Paul Bowles, son livre s’appelle Without Stopping [Sans s’arrêter], et il utilise beaucoup le mot « soudainement » [suddenly] pour commencer une phrase, c’est horrible, c’est vraiment ennuyeux. J’ai donc changé le titre du livre de Without Stopping à Suddenly Without Stopping. Et aussi, il passe son temps à faire du name-dropping, il ne parle que de lui et des personnes qu’il a rencontrées. En d’autres termes, c’est une personne qui a rencontré beaucoup de gens intéressants dans sa vie, alors on pourrait penser que son livre serait rempli de toutes sortes de rencontres et d’idées brillantes de ces gens. Mais non ! Il fait en sorte que chaque chose soit à propos de lui. Alors, ce que j’ai décidé de faire, c’est de réécrire complètement le livre, et j’ai pris toutes les meilleures parties et les parties drôles et je les ai rassemblées. Et toutes les parties les plus intenses où il parle vraiment de lui, je les ai accentuées. Et sur la couverture, il y a un gribouillis de tous les numéros des pages que j’ai extraites du livre. J’ai donc réécrit le livre et j’en ai fait 30 exemplaires.
Après cela, j’ai fait Locus Solus de Raymond Roussel, également en 2010. J’ai donc réécrit Locus Solus, ce qui ressemble en fait à quelque chose que Roussel aurait pu faire, réécrire le livre de quelqu’un d’autre. Dans Locus Solus, il y a tellement de choses fantastiques qui se passent et des machines incroyables, et tu ne sais pas à quoi elles ressemblent. Mais Roussel crée ce monde incroyable, puis il explique chaque chose à son sujet et brise l’illusion. J’ai réécrit le livre et j’ai enlevé toutes les explications. J’ai en quelque sorte remis de la magie.
Puis le premier grand livre que j’ai fait avec White Columns, je l’ai appelé Scrapbook. C’est moi qui regarde en arrière sur tout ce qui s’est passé pendant cette période [1984-2008] et en fait, certains des trucs qui s’y trouvent sont en quelque sorte des archives. Je pense que lorsque les gens regardent en arrière, ils ont tendance à mettre en avant tous leurs grands moments. J’ai pensé que ce livre devait inclure des choses comme des critiques pour des expos que j’ai faites et qui étaient vraiment bonnes, et qu’il devrait aussi y avoir des critiques négatives, mauvaises. Des choses que tu pourrais cacher, j’ai décidé de les mettre en avant. Matthew Higgs, le directeur de White Columns, m’a interviewé. Puis un texte que j’ai écrit, et ensuite ça commence avec cette exposition en 1984, c’est la première fois qu’une de mes expositions a été mentionnée dans la presse, dans le Village Voice. [Il feuillette les livres] Tu vois que je travaillais vraiment directement à partir de ma machine à écrire, ça c’est un communiqué de presse de l’exposition, c’est mon interview avec Andy Warhol, c’est l’une des dernières interviews qu’il a données avant de mourir. Ma première grande exposition en France à Dijon, au Consortium, etc.
Une centaine, je crois. [Il feuillette une autre publication] Tu vois, c’est l’exposition de San Francisco, des cartes postales que Felix Gonzalez Torres m’a envoyées. C’était l’exposition à Juste Seguin, qui est maintenant la galerie Patrick Seguin, une exposition que j’ai faite d’artistes travaillant avec les meubles de Jean Prouvé et Charlotte Perriand. J’avais l’habitude d’écrire à la main tous mes calendriers et ce qui est intéressant, c’est que tu peux voir plus ou moins toutes les personnes en réunion, les groupes que je vais voir, les films que je vais voir. Même les calendriers sont des archives en soi.
Ça date de 2012 et s’intitule A Child’s Guide to Good and Evil. Il a été réalisé par un très bon ami à moi, musicien et artiste. Il faisait partie d’un groupe avec un ami. Il s’est suicidé et donc la femme avec qui il était dans le groupe et moi avons travaillé sur cette expo, avec tous les clips musicaux qu’il a réalisés.
Je ne l’ai probablement pas dit. C’est là [Brendan Majewski] et le groupe s’appelait Orphanage. C’est donc ses œuvres d’art et ses photos. Je ne me souviens pas combien ont été imprimés, pas beaucoup, c’était juste pour le donner à tous les artistes qui ont participé à l’exposition. Donc, c’est un peu comme un vrai zine, alors que les autres sont des sortes de catalogues photocopiés.
Celui-ci s’appelle Surf’s Up. J’ai donné un cours à la New York University sur les artistes qui disparaissent, les artistes qui ont arrêté de travailler. Je voulais faire un projet avec toute la classe, alors nous avons fait Aesthetics of Disappearances Vol. 1 N° 1, il n’y a jamais eu de Vol. 2. Il y a différentes couvertures, donc sur celle-là, c’est Howard Hugues, je crois qu’il a 14 ans, il était déjà brillant, il pose à côté d’un vélo motorisé qu’il a fait à 14 ans. C’est quelqu’un qui a vraiment disparu. Sur cette couverture, ce sont les photos de l’arrestation de Patty Hearst en 1975. Nous avons fait une troisième couverture, avec Paul Thek et sa sculpture qui est devenue connue sous le nom de Dead Hippie [Hippie mort]. La dernière est Greta Garbo qui a disparu sous les yeux de tout le monde.
Tous les différents projets réalisés par les étudiants de la classe. Nous avons fait une centaine d’exemplaires et nous les avons vendus tout de suite. Nous avons fait une deuxième impression de cent exemplaires qui ont également été vendus.
Non, je considère que c’est de la critique visuelle. Tu sais, c’est un peu la mode, les gens spéculent sur les jeunes artistes, achètent des œuvres et les mettent aux enchères. La seule maison de vente aux enchères qui vendait principalement de jeunes artistes était Phillips et lorsque les gens achetaient et vendaient très rapidement, ils disaient qu’ils allaient « retourner » [to flip] les œuvres. J’ai donc changé « Phillips » en « Phlips » avec un cochon de Paul McCarthy, c’était facile, car l’oreille couvrait. Je disais en gros que les gens qui prétendaient être des collectionneurs, qui achetaient des œuvres d’art et les revendaient, étaient en fait des cochons. C’est pour cela que c’est de la critique visuelle. Nous en avons fait beaucoup, beaucoup ont été vendus, beaucoup ont été donnés. Par la suite, j’ai fait 20 ou 30 copies qui comportaient beaucoup de dessins à la main et de tampons pour que Ryan [Foerster] puisse les vendre un peu plus cher.
C’est la seule fois que je l’ai fait et je ne le referai jamais…
J’étais en colère et j’avais cette énergie. Il y a certainement ici des artistes que je respecte et des choses que j’aime, mais je me suis dit que c’était juste légitime. On dirait que je critique les artistes, et parfois, je suppose que c’est un peu méchant et que je critique l’artiste. Mais je critique vraiment tout ce côté du marché de l’art, qui utilise simplement les jeunes artistes et leur travail, les transforme en argent et les jette ensuite. Je critique le système de vente aux enchères de ces gens qui se disent collectionneurs, mais ne collectionnent pas.
J’ai fait celui-ci pour une exposition à Anton Kern en 2015, tu connais le diagramme d’Alfred Barr dont il est inspiré. Il y a différentes versions de ce diagramme. J’ai décidé de le refaire et donc, en sortant du « Conceptualisme » il y a « Dandys et chefs de bureau », « Esthétique relationnelle » devient « Éthique relationnelle » parce que je pense qu’il y a tellement de comportements non éthiques. Je n’aime pas les arts post-internet où cela est devenu « Pose-Internet ». Il y a le « Conceptuel Vampire » et le « Déformalisme Zombie ». J’ai plutôt pensé aux dessins humoristiques et aux satires d’Ad Reinhardt. À un moment donné, je ne savais pas quoi mettre dans cette boîte, alors j’ai simplement écrit : « Espace disponible ». C’est ma conversation avec moi-même, mais je l’ai écrite comme si j’étais Charles Baudelaire.
Il y avait eu une exposition de peintures au MoMA et je ne l’ai vraiment pas aimée, alors la publication est née du fait de prendre l’énergie négative et de la transformer en autre chose.
Oui, et j’ai parlé de Napoléon en Égypte. L’exposition au MoMA s’appelait Forever Now, alors cette publication s’appelle Forever Nevermore. Si tu connais cette peinture de Mark Tansey, elle s’appelle Purity Test, c’est le Grand Lac Salé et il y a la Spiral Jetty de Robert Smithson, alors Mark Tansey dit que Spiral Jetty a toujours été là parce que ce sont des Amérindiens.
J’ai eu un projet de 2006 à 2015, j’ai acheté une peinture par an ou une œuvre d’art par an de Richard Aldrich et je lui ai dit qu’au bout de dix ans, comme j’en aurais dix, je les montrerais et je ferais une petite publication. Il a ensuite écrit une petite note sur chaque œuvre et nous avons fait 100 copies.
Oui, ça nous amène aujourd’hui, avec l’exposition à White Columns sur mes livres et catalogues. Des œuvres de ma collection aussi. Cette image a été réalisée par Wayne Gonzalez avec un livre qui est en fait le mien et une grande statue africaine tirée d’une photographie de Walker Evans de la fin des années 1930. C’est une œuvre de ma collection. J’ai demandé à six ou sept artistes de faire des affiches et Wayne a fait cette affiche où la sculpture africaine lit un de mes livres. Il s’agit depuis le début d’une bibliographie complète, et j’ai aussi écrit tout cela en deux semaines environ. J’ai juste pris tous les livres de mon étagère l’un après l’autre, et j’ai écrit de façon très directe, à la première personne, mes impressions sur ce que c’était de repenser à ces livres, ces expositions, ces moments dans le temps.
Quand tu regardes en arrière, ce n’est pas vraiment académique, ce n’est pas vraiment un texte, c’est presque comme la voix dans ta tête que tu veux partager et préserver cela. Comme des mémoires, ce serait un équivalent littéraire. Je ne suis pas quelqu’un qui écrira un jour des mémoires. Je pense que j’ai fini maintenant ; il y a le Scrapbook le livre de toutes les expositions, le livre de tous les livres, c’est tout. Le livre de toutes mes expositions est déjà périmé, car il date d’il y a six ans.
Mais ce n’est pas mon choix. Je pense que je peux te donner celui-là aussi, j’ai des exemplaires.
New York,
February 21st, 2017
So, I think this is the earliest publication. It’s from a show called 1969. This is a show I did in 1991. There wasn’t really money, gallery to do a catalogue, so I thought I could do it at the copy shop and just make 100 copies. But also, and you can see, I did everything in the typewriter, so… [He flips through the catalogue, commenting on what he sees.] I just did everything on my typewriter, xeroxed the pictures, and brought it to the copy shop. But I wanted something, in 1991 that looked like it was from 1969, and it does. So really it was a matter of doing something that seemed like it fit with the show because all of the works were from 1969.
Maybe. It was used to do it inexpensively. But, in the show, there was a vitrine, and I changed it every week with materials that I’ve collected from when I was a teenager, which would be 1969. So that’s the walk on the moon in the New York Times. So the things that were in the vitrine became a kind of visual introduction; that is a little collage that I made; that’s from Vietnam; that’s the black and white ball. Obviously drugs. LSD.
Yeah, and a writer.
Well, you know, art criticism if it isn’t just reviews in your opinion is a form of art. Oscar Wilde said that originally. It’s interesting to think about a story about the campus in Berkeley, California, because this [“Embattled Berkeley: What the Violence is All About”] could be a headline from one month ago, after the [2016 Trump] election. And then here the rock festival and then protesters against the Vietnam War, having some sort of idea that if they’re entertained and they’re on drugs, they’re not going to cause trouble. I don’t think people realise that part of rock and drug culture was a way to control younger people. What else is in here… [He continues to flip through.]
I don’t think I heard the word zine in 1991; I didn’t know what that meant, and also, out of conceptual art, there were things like Seth Siegelaub’s Xerox Book, which is actually printed in offset; this would have cost more money. [continues to flip through the catalogue] Here is an image of the movie Easy Rider. This was again putting image from a rock festival next to a protest against the war, so they have both of their bodies and faces splattered, one with mud and the other with blood. Something I remember from when I was young: in this issue of Life magazine, they reproduced pictures of everyone who was killed in a week—I mean, not everyone, just Americans.
These things were actually in the vitrine, like a record, newspaper article, or copy of Life magazine. It’s funny also how things came back, because here this is from the movie by Emile De Antonio, Make War Not Love, then our generation knew very well the cover of The Smith’s record, which says Meat Is Murder, the Bonny and Clyde movie… Then you have the actual catalogue, so Vito Acconci, Richard Artschwager, Larry Clark, and Dan Graham.
He had shares as if he were a company, and you would be buying stock from the artist. Ten dollars per share. I don’t think he sold any of them. [continues to flip through the catalogue] Hans Haacke, Eva Hesse, Douglas Huebler, and Jasper Johns. Everyone knows the painting of the flag, but the lead relief is much more gnarly and much more heavy. On Kawara…
Yes, this one is from a show in San Francisco in 1994. It is more or less a similar idea, every artist has a page. There’s SEX LUV by Christopher Wool, Raymond Pettibon, Steven Parrino… Anyway, that was a gallery in San Francisco; they didn’t have money for catalogues, so I did a very similar publication.
Then really nothing until 2000. I mean, in the interim, I had a lot of shows that actually had catalogues produced by galleries and museums. But then White Columns does a big annual show, and I organised that show six or seven years ago. We made this small publication. Did you talk to Matthew Higgs for your project?
Because White Columns has been doing these things the W.C. Look, they had already done 32 publications by the time I did this, and this is already 7 years ago. This had all sorts of things for fun. That’s me in Paris at Musée de la chasse. Then this is interesting too; this is a piece by Justin Matherly; this was the first work you saw when you ran into the show IF YOU PLEASE, LET US PUT A LITTLE ORDER IN THESE REVELS; MEASURE IS REQUIRED EVEN IN THE DEPTHS OF INFAMY AND DELIRIUM. It’s de Sade so this is just an illustrated checklist, which I think is a great thing to do for a catalogue. You see everything, all the information.
Yeah, like here, I felt that my complete list of exhibitions had never been published. So that’s all the shows since 1984.
One of the reasons I did that show was to really put forward the idea that writing about or publishing books, catalogues, and zines—all of that is important. Because it is more and more all about the art market and money, and it seems that things like writing or art criticism are just irrelevant. So I thought I’m just gonna put it all out there and say, “Well, this is all the writing and publishing, everything I’ve been doing for thirty years, and it amounts to something and it means something.” This was the time to do that.
Not exactly; I know that now the idea of an archive is a really big subject, with curators or young people who will become art historians.
But that’s different from an archive. An archive is not something I would show in public. [shows another publication to the camera] So this is 2010, and just after that, I had this idea that once a year I would rewrite a book that I liked or that I had a problem with, so this is the autobiography of Paul Bowles. His book is called Without Stopping, and he uses the word “suddenly” a lot to begin a sentence. It’s terrible; it’s really annoying. So I changed the title of the book from Without Stopping to Suddenly Without Stopping. Then also, he’s a terrible name-dropper; it’s all about him and who he met. So in other words, he’s a person who met so many interesting people in his life, so you would think that his book would be full of all sorts of encounters and insights with those people. But no! He makes every single thing about him. So what I decided to do was completely rewrite the book, and I took all of the best and funny parts and put them together. And all of the most intense parts where he’s just really talking about himself, I emphasise those. And on the cover is a doodle of the page numbers of all the pages I excerpted from the book. So I rewrote the book, and I did 30 copies.
After that, I did Locus Solus by Raymond Roussel, also in 2010. So I rewrote Locus Solus, which actually seems like something that Roussel might have done to rewrite someone else’s book. In Locus Solus, there are so many fantastic things that happen and some incredible machines, and you don’t know how they look. But Roussel creates this incredible world, but then he explains every single thing about it and shatters the illusion. I rewrote the book, and I took all the explanations out. I kind of put the magic back.
Then the first big book I did with White Columns I called it Scrapbook. It’s me looking back on everything over that period [1984-2008] and actually some of the stuff in here is sort of archived. I think when people look back, they tend to put forward all of their bigger moments. I thought if this book should include things like reviews for shows I did that were really good, there should also be negative, bad reviews. A lot of things that you might hide, I decided to put out. Then a piece of my writing, and then it starts with this show in 1984; it’s the first time a show of mine got a mention, that’s in the Village Voice. [He flips through the books.] You see, I was really working directly from my typewriter; that’s a press release from the show; that’s my interview with Andy Warhol; it’s one of the last interviews he gave before he died. My first big show in France, in Dijon, at the Consortium, etc.
I think a 100. [Flipping through the pages of another publication.] See that’s the show from San Francisco, Postcards I was sent by Felix Gonzalez Torres. That was the show at Juste Seguin, which is now the gallery Patrick Seguin. That was a show I did of artists working with the furniture of Jean Prouvé and Charlotte Perriand. I used to hand write out all of my calendars, and what’s interesting is that you can see more or less all the people I’m meeting, the bands I’m going to see, and the movies I’m going to see. Even the calendars are archives in themselves.
This is from 2012, A Child’s Guide to Good and Evil. This was done by a very good friend of mine, a musician and artist. He was in the band with a good friend. He killed himself, and so the woman he was in the band with and I worked on this show, which was all of the music videos that he made.
I probably didn’t say. It’s there [Brendan Majewski] and the band was called Orphanage. So this is his artworks and photos. I don’t remember how many were printed—not many; it was really to give it out to all the artists who participated in the show. So it’s kind of like a real zine when the other ones are sort of Xeroxed catalogues.
This one is Surf’s Up. I had a class at New York University about artists who disappeared—artists who stopped working. I wanted to have a project for the whole class, so we did this Aesthetics of Disappearances, Vol. 1 N° 1, there was never a volume two. There are different covers, so on this first one, it’s Howard Hugues. I think he’s 14, he was already brilliant, and he’s posing next to a motorised bicycle he made at 14. He’s someone who really disappeared. On that cover, it’s Patty Hearst’s arrest photos from 1975. We did a third cover with Paul Thek and his sculpture that became known as the Dead Hippie. The last one is Greta Garbo, who disappeared in front of the whole public eye.
All the different projects by the students in the class. We did a hundred copies and sold them right away. We did a second printing of a hundred its also sold out.
No, I consider this visual criticism. Well, you know, this is kind of the hype: people speculating on young artists, buying works, and putting them up for auction. The one auction house that was selling mostly younger artists was Phillips, and when people were buying and selling very quickly, they said that they would “flip” the artwork. So I was able to change “Phillips” to “Phlips” with a pig by Paul McCarthy; it was easy because the ear would cover. I was basically saying that people who pretended to be collectors, buying art and reselling it, were basically pigs. That’s why its visual criticism. We did a lot of them; some were sold, and a lot of them were given away. I subsequently did 20 or 30 copies that had quite a lot of hand drawing and stamping so that Ryan [Foerster] could sell them for a little more money.
It’s the only time I did it, and I’ll never do it again…
I was angry, and I had this energy. There are certainly some artists I respect and things I like here, but I thought it’s just fair game. It seems like I’m criticising the artists, and sometimes I guess it’s a little bit mean and I am criticising the artist. But I’m really criticising that whole side of the art market, which just uses younger artists and their work, turns it into money, and then throws them away. I’m criticising the system for auctioning these people who call themselves collectors but don’t collect.
I did this one for a show at Anton Kern in 2015. You know the Alfred Barr chart that it is inspired by? There are different versions of this chart. I decided that I would redo it, and so coming out of “Conceptualism” there are “Dandies and office managers,” “Relational aesthetics” becomes “Relational ethics” because I think there’s so much unethical behaviour. I don’t like post-internet arts, so that became “Pose-Internet.” There is “Vampire Conceptual” and “Zombie Deformalism.” I thought more about the art cartoons and satires of Ad Reinhardt, so at one point I didn’t know what to put in this one box so I just wrote, “This Space Available.” This is my conversation with myself, but I wrote it as if I were Charles Baudelaire.
There had been a painting show at MoMA, and I really disliked it, so the publication came out of taking the negative energy and turning it into something else.
Yeah, and I talked about Napoleon in Egypt. The show at MoMA was called Forever Now so this publication is called Forever Nevermore. If you know this Mark Tansey painting, it’s called Purity Test; it’s the Great Salt Lake and there is Robert Smithson’s Spiral Jetty so Mark Tansey says Spiral Jetty was always there because these are Native American.
I had a project from 2006 to 2015. I bought one painting a year or one artwork a year by Richard Aldrich, and I told him that at the end of ten years, as I would have 10, I would show them and I make a small publication. Then he wrote a little note about each work, and we did 100 copies.
Yeah, this brings us today with the show at White Columns about my books and catalogues. Works from my collection also. This image was done by Wayne Gonzalez with a book that’s actually mine and a big African statue from a Walker Evans photograph from the late 1930s; that’s a work in my collection. I commissioned six or seven artists to make posters, and Wayne made this poster where the African sculpture is reading one of my books. This is a complete bibliography from the beginning, and I also wrote the whole thing in about two weeks. I just took all the books off my shelf one after another and wrote in a very direct, first-hand, first-round way about my impressions of what it was like to think back on those books, those shows, and those moments in time.
When you look back, it’s not really academic; it’s not really a text; it’s almost like the voice in your head that you want to share and preserve. Like a memoir, that would be a literary equivalent. I am not someone who would ever write a memoir. I think I am done now; there is the Scrapbook, the book of all the shows, the book of all the books, and that’s it. The book of all my shows is already out of date because it ended six years ago.
But that’s not my choice. I think I can give you this also; I have copies.