New York,
Le 21 février 2017
Je pense qu’il s’agit de la publication la plus ancienne. Elle provient d’une exposition intitulée 1969, que j’ai réalisée en 1991. La galerie n’avait pas vraiment les moyens de faire un catalogue, alors j’ai pensé que je pourrais le faire à peu de frais au magasin de photocopies et en tirer 100 exemplaires. [Il feuillette le catalogue et commente ce qu’il voit.] Comme tu peux le voir, j’ai tout fait à la machine à écrire. Puis j’ai apporté toute la mise en page à la boutique de photocopie où j’avais photocopié les images. Je voulais quelque chose qui ait l’air de dater de 1969, et c’est le cas. Il s’agissait donc d’avoir une publication qui corresponde à l’exposition, car toutes les œuvres datent de 1969.
Peut-être. Dans l’exposition, il y avait une vitrine que je changeais chaque semaine avec des documents collectés depuis mon adolescence. Des journaux et des magazines de 1969. On a donc le New York Times : DES HOMMES MARCHENT SUR LA LUNE. Ce qui se trouvait dans la vitrine servait d’introduction visuelle. Voici un collage que j’ai réalisé : un soldat blessé au Viêt Nam avec les yeux bandés, Frank Sinatra et Mia Farrow portant des masques au Black and White Ball de Truman Capote. Il y a évidemment de nombreuses références aux drogues, au LSD en particulier.
Oui, et écrivain.
Eh bien, la critique d’art - si elle ne se limite pas à des critiques et à ton opinion - peut être une forme d’art. Oscar Wilde a dit que la critique d’art était une forme d’autobiographie. Et les événements s’enchaînent au fil du temps. C’est intéressant de penser aux manifestations sur le campus de Berkeley, en Californie, en 1969, car le titre de cet article - “Embattled Berkeley : What the Violence is All About” - pourrait être daté du mois dernier, après l’élection [de Trump en 2016]. Ou encore l’association d’images d’un festival de rock et de manifestants anti-guerre battus par la police. En noir et blanc, on ne peut presque pas faire la différence entre la boue sur leur visage et le sang sur leur visage. Par ailleurs, le rock, même lorsque le message était la rébellion, comporte un aspect de divertissement pour les masses de jeunes. Les drogues en font partie. Les personnes sous l’emprise de drogues, si elles sont apaisées ou immobilisées, ne risquent pas de causer des problèmes. La culture du rock et de la drogue à la fin des années 1960 et au début des années 1970 a peut-être été encouragée pour contrôler la jeunesse. [Il continue à feuilleter].
Je ne pense pas avoir entendu le mot zine en 1991, je ne savais pas ce que cela signifiait et, dans le domaine de l’art conceptuel, il y avait des choses comme le Xerox Book de Seth Siegelaub qui est en fait imprimé en offset, ça aurait coûté plus d’argent qu’il n’en avait à l’époque. [Il continue à feuilleter le catalogue] Je me souviens très bien, lorsque j’étais adolescent, d’un numéro du magazine Life, dans lequel étaient reproduites les photos de tous ceux qui avaient été tués en une semaine - enfin, pas tous, seulement des soldats américains, la plupart très jeunes. Ils donnaient un visage humain à la guerre. Montrer au pays à quel point la vie est gâchée. C’était très controversé à l’époque.
Ces choses se trouvaient dans la vitrine, un disque, des articles de journaux, cet exemplaire du magazine Life. C’est amusant de voir comment les choses ont traversé le temps. Voici une image tirée du film d’Emile De Antonio, In the Year of the Pig [Vietnam, année du cochon]. Un soldat porte un casque sur lequel il a écrit Make War Not Love. Notre génération connaît la pochette de l’album des Smiths qui s’approprie cette photo et en a changé le texte, qui dit Meat Is Murder. Une fois que l’on a dépassé tous les documents d’archives, on trouve le catalogue proprement dit, avec des reproductions d’œuvres de Vito Acconci, Richard Artschwager, Larry Clark, Dan Graham, Eva Hesse, etc.
Il avait créé des actions comme s’il était une entreprise et que tu achetais des actions de l’artiste. Dix dollars par action. Je ne pense pas qu’il en ait vendu. [Il continue à feuilleter le catalogue] Voici des œuvres de Hans Haacke, Douglas Huebler et Jasper Johns. Tout le monde connaît sa peinture du drapeau. J’ai choisi de montrer le bas-relief en plomb du drapeau. Il est beaucoup plus rugueux et plus lourd, et en temps de guerre, le plomb, pour moi, faisait référence aux balles.
Oui, et celle-ci provient d’une exposition à San Francisco trois ans plus tard. L’usage du plaisir, en référence au livre de Foucault. C’est plus ou moins une idée similaire, tout est fait à la machine à écrire, tout est photocopié, les pages sont reliées en spirale. Chaque artiste a sa page. Christopher Wool, Raymond Pettibon, Lutz Bacher, Steven Parrino… C’était une galerie à San Francisco, et même s’ils n’avaient pas d’argent pour les catalogues, je voulais faire quelque chose, alors je me suis débrouillé tout seul à peu de frais.
Puis vraiment rien jusqu’en 2000. Dans l’intervalle, j’ai eu beaucoup d’expositions dont les catalogues ont été produits par des galeries et des musées. Mais jusqu’en 2000, je n’ai rien fait moi-même, ou principalement de manière indépendante. White Columns organise chaque année une grande exposition avec un commissaire invité, The White Columns Annual. J’ai organisé cette exposition il y a six ou sept ans, et nous avons réalisé cette petite publication. As-tu parlé à Matthew Higgs pour ton projet ?
Parce que White Columns a fait ces choses-là avec le W.C., depuis longtemps. Ils en avaient déjà publié trente-deux quand j’ai fait la mienne. Et ils en ont fait beaucoup plus depuis. L’exposition commençait, comme le catalogue, par une gravure de Justin Matherly qui dit : IF YOU PLEASE, LET US PUT A LITTLE ORDER IN THESE REVELS; MEASURE IS REQUIRED EVEN IN THE DEPTHS OF INFAMY AND DELIRIUM. [« Mettons, s’il vous plait, un peu d’ordre à ces orgies. Il en faut même au sein du délire et de l’infamie. »] C’est de Sade, donc c’est juste une liste d’œuvres avec les images, ce qui, je pense, est une excellente chose à faire pour un catalogue. Tu vois tout, toutes les informations.
Oui, comme ici, j’ai pensé que ma liste complète d’expositions n’avait jamais été publiée. Donc, c’est toutes les expositions depuis 1984.
30/130 Trente ans de livres et de catalogues, 1985-2015. Une rétrospective de toutes mes publications. Je travaillais dans le monde de l’art depuis trente ans et j’ai réalisé que j’avais écrit ou contribué à 130 livres, catalogues et zines. L’une des raisons pour lesquelles j’ai fait cette exposition était de mettre en avant l’importance de l’écriture. De plus en plus, l’art est une affaire de marché et d’argent, et l’écriture et la critique sont devenues pratiquement inutiles au système marchand d’achat et de vente, sans parler de la collection et de la conservation. J’ai donc pensé que, compte tenu de la diminution de son statut, c’était le bon moment pour le faire.
Pas exactement, je sais que maintenant l’idée d’une archive est un sujet populaire, pour les curateurs ou les jeunes qui deviendront des historiens de l’art.
Mais c’est différent d’une archive. Une archive n’est pas quelque chose que je montrerais en public. [Il montre une autre publication à la caméra] Celle-là date donc de 2010, juste après cela, que j’ai eu l’idée de réécrire une fois par an un livre que j’ai aimé ou qui me pose problème. C’est l’autobiographie de Paul Bowles, son livre s’appelle Without Stopping [Sans s’arrêter], et il utilise beaucoup le mot « soudainement » [suddenly] pour commencer une phrase, c’est horrible, c’est vraiment ennuyeux. J’ai donc changé le titre du livre de Without Stopping à Suddenly Without Stopping. Et aussi, il passe son temps à faire du name-dropping, il ne parle que de lui et des personnes qu’il a rencontrées. En d’autres termes, c’est une personne qui a rencontré beaucoup de gens intéressants dans sa vie, alors on pourrait penser que son livre serait rempli de toutes sortes de rencontres et d’idées brillantes de ces gens. Mais non ! Il fait en sorte que chaque chose soit à propos de lui. Alors, ce que j’ai décidé de faire, c’est de réécrire complètement le livre, et j’ai pris toutes les meilleures parties et les parties drôles et je les ai rassemblées. Et toutes les parties les plus intenses où il parle vraiment de lui, je les ai accentuées. Et sur la couverture, il y a un gribouillis de tous les numéros des pages que j’ai extraites du livre. J’ai donc réécrit le livre et j’en ai fait 30 exemplaires.
Après, j’ai réécrit Locus Solus de Raymond Roussel, également en 2010. On dirait quelque chose que Roussel aurait pu faire, réécrire le livre de quelqu’un d’autre. Dans Locus Solus, il y a tellement de choses fantastiques qui se passent et des machines incroyables, et tu ne sais pas à quoi elles ressemblent. Mais Roussel crée ce monde incroyable, puis il explique chaque chose à son sujet et brise l’illusion. En réécrivant le livre, j’ai enlevé toutes les explications, pour rétablir la magie.
Le grand livre que j’ai réalisé avec White Columns s’intitule Exhibiton Scrapbook. Il s’agit d’une rétrospective de tout ce qui s’est passé entre 1984 et 2008, et une partie de ce qui s’y trouve a été archivée. Je pense que lorsque les gens regardent en arrière, ils ont tendance à mettre en avant tous leurs grands moments. Mais j’ai pensé que ce livre devrait inclure des choses comme les critiques de mes expositions y compris les négatives, les mauvaises critiques. J’ai décidé d’inclure beaucoup de choses que l’on pourrait autrement cacher. Le livre commence par une petite mention d’une exposition de 1984, c’est la première fois qu’une de mes expositions a été mentionnée dans la presse, dans le Village Voice. [Il feuillette le livre.] Voici mon interview d’Andy Warhol de l’été 1986. Il n’a donné qu’une seule autre interview avant de mourir.
Une centaine, je crois. [Il feuillette une autre publication.] Ce sont des cartes postales que Felix Gonzalez Torres m’a envoyées. Il s’agit de la carte d’annonce d’une exposition chez Jousse Seguin à Paris, qui est aujourd’hui la galerie Patrick Seguin. Pour cette exposition, j’ai fait travailler des artistes sur des meubles de Jean Prouvé et de Charlotte Perriand. J’écrivais à la main tous mes calendriers, et ce qui est intéressant, c’est qu’on peut y voir plus ou moins toutes les personnes que je rencontre, les groupes et les films que je vais voir, mes voyages. Même les calendriers sont des archives en soi.
Ça date de 2012 et s’intitule A Child’s Guide to Good and Evil [Guide du bien et du mal à l’usage des enfants]. Il a été réalisé par un très bon ami à moi, musicien et artiste. Il s’est suicidé et donc la femme avec qui il était dans le groupe et moi avons travaillé sur cette expo, avec tous les clips musicaux qu’il a réalisés.
Je ne l’ai pas dit. C’est là [Brendan Majewski] et le groupe s’appelait Orphan. C’est donc ses œuvres d’art et ses photos. Je ne me souviens pas combien ont été imprimés, pas beaucoup, c’était juste pour le donner à tous les artistes qui ont participé à l’exposition. Ils n’ont jamais été mis en vente.
Celui-ci s’appelle Surf’s Up. J’ai donné un séminaire à la New York University sur les artistes qui disparaissent, les artistes qui ont cessé de travailler. Je voulais faire un projet avec toute la classe, alors nous avons fait Aesthetics of Disappearances Vol. 1 N° 1, il n’y a jamais eu de Vol. 2. Il y a quatre couvertures différentes, donc sur celle-là, c’est Howard Hugues, je crois qu’il a 14 ans, il était déjà brillant, il pose à côté d’un vélo motorisé qu’il a fait à 14 ans. C’est quelqu’un qui a vraiment disparu. Sur cette couverture, ce sont les photos de l’arrestation de Patty Hearst en 1975. Nous avons fait une troisième couverture, avec Paul Thek et sa sculpture qui est devenue connue sous le nom de Dead Hippie [Hippie mort]. La dernière est Greta Garbo, bien qu’on ne puisse pas la reconnaître.
Tous les différents projets réalisés par les étudiants de la classe. Nous avons fait une centaine d’exemplaires et nous les avons vendus tout de suite. Nous avons fait une deuxième impression de cent exemplaires qui ont également été vendus.
Non, je considère qu’il s’agit de critique visuelle. À l’époque, en 2014, il y avait beaucoup de spéculation sur les jeunes artistes, dont on achetait les œuvres pour les mettre immédiatement aux enchères. La seule maison de vente aux enchères qui vendait surtout des jeunes artistes était Phillips. Avec tous ces achats et ventes rapides d’œuvres d’art, qui étaient très abusifs pour les artistes en début de carrière, il était courant de dire que ces personnes “retournaient” [to flip] les œuvres d’art. J’ai donc transformé Phillips en Phlips en recouvrant certaines lettres avec les oreilles avec un masque de cochon de Paul McCarthy. On pourrait penser que je disais que les gens qui prétendaient être des collectionneurs, qui retournaient les œuvres d’art, étaient en fait des porcs. C’est pourquoi il s’agit d’une critique visuelle. Nous en avons imprimé beaucoup. Certains ont été vendus, mais beaucoup ont été donnés, surtout lorsque je suis allé parler dans des écoles d’art. Mon message était le suivant : Ne laissez pas cela vous arriver. Par la suite, j’ai fait vingt ou trente copies uniques qui comportaient beaucoup d’annotations et de tampons à la main, afin que Ryan [Foerster] puisse les vendre n peu plus cher pour récupérer une partie de l’argent dépensé pour l’impression.
C’est la seule fois que je l’ai fait, et je ne pense pas que je le referai un jour…
J’étais en colère et j’avais cette énergie. Il y a certainement des artistes que je respecte et des choses que j’aime là-dedans, mais je me suis dit que tout était juste. On dirait que je critique les artistes, et parfois je pense que c’est un peu méchant et, pour être honnête, je le suis. Mais je critique en réalité toute cette partie du marché qui utilise les jeunes artistes et leur travail, en fait de l’argent, puis les jette à la poubelle. Je critique le système de vente aux enchères d’œuvres pour des gens qui se disent collectionneurs, mais ne collectionnent pas.
J’ai fait celui-ci pour une exposition à Anton Kern en 2015, tu connais le diagramme d’Alfred Barr dont il est inspiré. Il y a différentes versions de ce diagramme. J’ai décidé de le refaire et donc, à partir de « Conceptualisme » il y a « Dandys et managers », « Esthétique relationnelle » devient « Éthique relationnelle » parce qu’il y a tellement de comportements contraires à l’éthique de nos jours. Je n’aime pas l’art post-internet, alors c’est devenu « Poseur-Internet ». Il y a « Vampire conceptuel » et « Zombie déformaliste ». J’avais en tête les bandes dessinées et les satires d’Ad Reinhardt, qui ont toujours été importantes pour moi. À un moment donné, je ne savais pas quoi mettre dans la dernière case vide, alors j’ai écrit « Cet espace est disponible ». Le texte de cette publication est une conversation que j’ai imaginée avec Charles Baudelaire.
Il y avait eu une exposition de peintures au MoMA que je n’ai vraiment pas aimée, alors la publication est née du fait de prendre l’énergie négative et de la transformer en autre chose.
Pas de liste, ni de reproduction d’œuvres. L’exposition au MoMA s’appelait Forever Now, alors cette publication s’appelle Forever Nevermore. Il s’agit d’une peinture de Mark Tansey, elle s’appelle Purity Test, c’est le Grand Lac Salé observé par des Amérindiens à cheval. Mark Tansey suggère que la Spiral Jetty de Robert Smithson a toujours été là.
Voici quelque chose d’autre que j’ai édité moi-même. J’avais un projet : de 2006 à 2015, j’ai acheté une peinture par an ou une œuvre d’art par an de Richard Aldrich et je lui ai dit qu’au bout de dix ans, comme j’en aurais dix, je les montrerais et je ferais une petite publication. Il a ensuite écrit une petite note sur chaque œuvre et nous avons fait 100 exemplaires.
Oui, ça nous amène à l’exposition à White Columns sur mes livres et catalogues, ainsi que des œuvres de ma collection aussi. Cette image a été réalisée par Wayne Gonzalez avec un livre qui est en fait le mien et une grande statue africaine tirée d’une photographie de Walker Evans de la fin des années 1930. C’est une œuvre de ma collection. J’ai demandé à six ou sept artistes de faire des affiches et Wayne a fait cette affiche où la sculpture africaine lit un de mes livres. Il s’agit d’une bibliographie complète, j’ai aussi écrit tout cela en deux semaines environ, une note pour chaque livre et pour chaque catalogue. J’ai pris tous les livres de mon étagère l’un après l’autre, et j’ai écrit de façon très directe, à la première personne, mes impressions sur ce que c’était de repenser à ces livres, ces expositions, ces moments dans le temps.
Avec le recul, ce n’est pas vraiment académique. Ce n’est pas vraiment un texte. C’est la voix dans ta tête que tu veux partager et préserver. Comme des mémoires, écrit d’un seul jet, ce serait ça l’équivalent littéraire. Je ne suis pas quelqu’un qui écrira un jour ses mémoires. Tous ces retours en arrière, pour l’instant, je pense que j’en ai fini. Il y a le Exhibition Scrapbook, le livre de toutes les expositions, le livre de tous les livres, et c’est tout. Le livre de toutes mes expositions et de tous mes livres est déjà périmé parce qu’il a été fait il y a six ans.
Je pense que je peux te donner celui-là aussi, j’en ai des exemplaires.
New York,
February 21st, 2017
So, I think this is the earliest publication. It’s from a show called 1969, which is a show I did in 1991. There wasn’t really money for the gallery to do a catalogue, so I thought I could do it inexpensively at the copy shop and just make 100 copies. [He flips through the catalogue, commenting on what he sees.] As you can see, I just did everything on my typewriter. Then I brought all the laid-out pages back to the copy shop where I had xeroxed the pictures. I wanted something that looked like it was from 1969, and it does. So it was a matter of having a publication that fit with the show because all of the works were from 1969.
Maybe. In the show, there was a vitrine, which I changed every week with materials that I’ve collected from when I was a teenager. Newspapers and magazines from 1969. So you have the New York Times: MEN WALK ON MOON. What was in the vitrine served as a visual introduction. This is a collage that I made—a wounded soldier in Vietnam with his eyes bandaged, Frank Sinatra, and Mia Farrow wearing masks at Truman Capote’s Black and White Ball. There are obviously many references to drugs, LSD in particular.
And a writer.
Well, art criticism—if it isn’t just reviews and your opinion—can be a form of art. Oscar Wilde said that art criticism is a form of autobiography. And events line up across time. It’s interesting to think about the campus protests in Berkeley, California, in 1969 because the headline of this story—“Embattled Berkeley: What the Violence is All About”—could be from one month ago, after the [2016 Trump] election. Or pairing images from a rock festival with anti-war protesters being beaten by the police. In black-and-white, you almost can’t tell the difference between mud on their faces and blood on their faces. Also, the whole rock thing, even when the message was rebellion, there’s an aspect of distraction, masses of young people being entertained. Drugs are part of that. People on drugs, if they’re pacified or immobilized, they’re not likely to be causing trouble. The rock and drug culture in the late ‘60s/early ‘70s may well have been encouraged as a way to control young people. [He continues to flip through.]
I don’t think I heard the word zine in 1991. I didn’t know what that meant, and also, out of conceptual art, there were things like Seth Siegelaub’s Xerox Book, which was actually offset printed. It wasn’t xeroxed at all. That would have cost more money than he had at the time. [continues to flip through the catalogue] Something I remember very well from when I was a teenager—this issue of Life magazine, where they reproduced pictures of everyone who was killed in a week—well, not everyone, just American soldiers, most of them very young. Putting a human face on the war. Showing the country how life was being wasted. It was very controversial at the time.
These things were actually in the vitrine, a record, newspaper articles, that copy of Life magazine. It’s funny how things came back across time. Here’s a still from the movie by Emile De Antonio, In the Year of the Pig. A soldier is wearing a helmet on which he’s written Make War Not Love. Our generation knows the cover of The Smiths’ album, which appropriates that photo and has changed the text, which says Meat Is Murder. Once you get past all the archival material, you have the actual catalogue with reproductions of works by Vito Acconci, Richard Artschwager, Larry Clark, Dan Graham, Eva Hesse, and so on.
He offered shares, as if he were a company, in himself. You would be buying stock in the artist. Ten dollars per share. But I don’t think he sold any of them. [continuing to flip through the catalogue] Here are works by Hans Haacke, Douglas Huebler, and Jasper Johns. Everyone knows his painting of the flag. I chose to show the lead relief of the flag. It’s much more gnarly and heavier, and in a time of war, the lead, to me, referred to bullets.
Yes, and this one is from a show in San Francisco three years later. The Use of Pleasure, referring to Foucault’s book. A similar idea: everything done on my typewriter, everything xeroxed, the pages spiral bound. Every artist has a page. Christopher Wool, Raymond Pettibon, Lutz Bacher, Steven Parrino … That was a gallery in San Francisco, and even though they didn’t have money for catalogues, I wanted to do something, so I managed cheaply on my own.
Yes. And then really nothing until 2000. I mean, in the interim, I had a lot of shows that had catalogues produced by galleries and museums. But nothing until 2000 that I did myself, or mostly independently. White Columns does a big show every year with a guest curator, the White Columns Annual. I organised that show six or seven years ago, and we made this small publication. Did you talk to Matthew Higgs for your project?
You should, because White Columns has been doing these publications, the W.C., for a long time. Look, they had already done thirty-two by the time I did mine. And they have done many more since. The show opened as the catalog does, with a print by Justin Matherly, which says*, IF YOU PLEASE, LET US PUT A LITTLE ORDER IN THESE REVELS; MEASURE IS REQUIRED EVEN IN THE DEPTHS OF INFAMY AND DELIRIUM.* It’s from de Sade. This publication is mostly an illustrated checklist, which is a great idea for a catalogue. You see all the works; you have all the information.
Yeah, like here. A complete list of exhibitions had never been published, all of my shows since 1984. I wanted that on the record.
30/130 Thirty Years Of Books and Catalogs,1985-2015. A retrospective view of all of my publications. I had been in the art world for thirty years and realized that I had written or contributed to 130 books, and catalogs and zines. One of the reasons I did that show was to put forward the importance of writing. More and more, art is about the market and money, and writing and criticism are made basically irrelevant to the system of buying and selling; forget about collecting and keeping. So I thought, in the face of its diminished status, it was the right time to do that.
Not exactly; I know that the idea of an archive is a popular subject now, with curators or young people who will become art historians.
But an archive isn’t something I would show in public. [He places another publication in front of the camera.] This is from 2010. I had an idea that once a year I would rewrite a book that I admired or that I had a problem with. This one is based on the autobiography of Paul Bowles. His book is called Without Stopping, and he uses the word “suddenly” a lot to begin a sentence. It’s terrible. It’s unbelievably annoying. So I changed the title for my zine to Suddenly Without Stopping. Bowles is also a shameless name-dropper, and the book is all about him and who he met. He’s a someone who met so many interesting people in his life, and you would think that his book would be full of all sorts of great encounters with them and his observatins. But no! We learn nothing about them. He makes every single thing about himself. So what I decided to do was completely rewrite the book, and I took all of the best and funny parts and put them together. And all of the parts where he’s totally preoccupied with himself, I emphasize those. I did it to embarrass him after the fact. I rewrote the book, and I only made thirty copies.
After that, I rewrote Locus Solus by Raymond Roussel, also in 2010. This actually seems like something Roussel might have done—rewrite someone else’s book. In Locus Solus, so many fantastic things happen. You have those incredible reanimating machines. Roussel creates this incredible world, but then he explains every single thing about it and shatters the illusion. So in rewriting the book, I took all the explanations out to put the magic back.
The big book that I did with White Columns is Exhibition Scrapbook. It’s me looking back on everything over the period 1984 to 2008, and some of what’s in there is archived. I think when people look back, they tend to put forward all of their major moments. But I thought this book should include things like reviews for shows of mine that were also negative, the bad reviews. A lot of things that you might otherwise hide, I decided to include them. It begins with a small mention of a show from 1984—the first time anything I did got a mention. That was in the Village Voice. [He flips through the book.] Here’s my interview with Andy Warhol from the summer of 1986. He only gave one other interview before he died.
I think a 100. [Flipping through the pages of another publication.] These are postcards I was sent by Felix Gonzalez Torres. That’s the announcement card for a show at Jousse Seguin in Paris, which is now Gallery Patrick Seguin. For that show I had artists working with various pieces of furniture by Jean Prouvé and Charlotte Perriand. I used to handwrite out all of my calendars, and what’s interesting is that you can see more or less all the people I’m meeting, the bands and movies I’m going to see, and my travels. Even the calendars are archives unto themselves.
This is from 2012, A Child’s Guide to Good and Evil. This was done for a very good friend of mine, a musician and artist. He killed himself, and so the woman he was in the band with, she and I worked on a show of all of the music videos he made.
I didn’t say. It’s there [Brendan Majewski] The band was called Orphan. So this is his artwork, his photos. I don’t remember how many were printed—not many. They were really made to give out to all the artists who participated in the show and to his friends. It was never offered for sale.
This one is Surf’s Up. I taught a seminar at New York University about artists who disappeared, artists who stopped working. I wanted to have a project for the whole class, so we did this publication, subtitled The Aesthetics of Disappearances, Vol. 1 N° 1. There was never a volume two. There are four different covers. This one is Howard Hughes. I think he’s 14 in the photo. He was already brilliant. He’s posing next to a motorized bicycle that he built himself. He really disappeared. This cover is Patty Hearst’s arrest photo from 1975. There was a cover with Paul Thek and his sculpture that became known as the Dead Hippie, and the last one is Greta Garbo, although you can’t tell.
All the different projects by the students in that class. We made a hundred copies and sold them right away. There was a second printing, which also sold out.
No, actually I consider this visual criticism. At that time, 2014, there was so much speculation on young artists buying works and then putting them up for auction right away. The one auction house that was selling mostly younger artists was Phillips. With all this quick buying and selling of art, which was super abusive for artists at the beginning of their careers, it was common to say that these people would “flip” the artwork. So I changed Phillips to Phlips by covering up some of the letters with the ears of a Paul McCarthy pig mask. You might think I was saying that people who pretended to be collectors, who were flipping the art, were basically pigs. That’s why it’s visual criticism. We printed a lot of them. Some were sold, but many were given away, especially when I went to speak at art schools. My message was: Don’t let this happen to you. Subsequently, I made twenty or thirty unique copies that had a lot of hand annotations and stamping so that Ryan [Foerster] could sell them to make back some of the money that went into printing.
It’s the only time I did it, and doubtful I’ll ever do it again…
I was angry, and I had this energy. There are certainly some artists I respect and things I liked in there, but I thought it was all fair game. It may seem that I’m criticizing the artists, and sometimes I guess it’s a little bit mean, and, to be honest, I am. But I’m really criticizing that whole side of the market that just uses younger artists and their work, turns it into money, and then throws them away. I’m criticizing the system for auctioning off works for people who call themselves collectors, but we know they aren’t.
I did this one for a show at Anton Kern in 2015. You know the Alfred Barr chart that it’s inspired by? There are different versions of his hand-drawn chart, Cubism and Abstract Art. I decided that I would redo it to comment on what bothered me at the time. In my version of the chart, coming out of “Conceptualism” you have “Dandies and office managers.” “Relational aesthetics” becomes “Relational ethics” because there’s so much unethical behavior nowadays. I don’t like post-internet art, so that became “Pose-Internet.” There’s “Vampire Conceptual” and “Zombie Deformalism.” I had in mind the art cartoons and satires of Ad Reinhardt, which have always been important to me. At one point I didn’t know what to put in the last empty box, so I wrote, “This Space Available.” The text in this publication is my imagined conversation with Charles Baudelaire.
There had been a painting show at MoMA, which I really disliked it, so the publication came out of taking the negative energy and turning it into something else.
No checklist, no artworks reproduced. The show at MoMA was called Forever Now. My publication was titled Forever Nevermore. This is a Mark Tansey painting, Purity Test, an image of Robert Smithson’s Spiral Jetty on the Great Salt Lake, seen by Native Americans on horseback. Mark Tansey suggests that Spiral Jetty has always been there.
Here’s something else I did myself. I had a project from 2006 to 2015. I bought one artwork a year, mostly paintings, by Richard Aldrich. I told him that at the end of ten years, when I would have 10 works, I would show them and make a small publication. He wrote a little note for each work, and we made 100 copies.
Yeah, this brings us up to date with the show at White Columns of all my books and catalogues, along with works from my collection. This image was done by Wayne Gonzales, with a book of mine and an African statue photographed by Walker Evans in the late 1930s, which is in my collection. For that show, I commissioned six or seven artists to make posters, and Wayne made this poster where the African sculpture is reading one of my books. This has my complete bibliography. I wrote a note for every book and catalog. That took about two weeks, writing non-stop every day. I took all those books off my shelf, one after another, and wrote down in a very direct, firsthand way my impressions of those books, those shows, and those moments in time.
When you look back, it’s not academic. It’s not even a text. It’s the voice in your head that you want to share and preserve. A stream-of-consciousness memoir. That would be a literary equivalent. I’m not someone who would ever write a memoir. All this looking back, for now I think I’m done. There is the Exhibition Scrapbook, the book of all the shows, the book of all the books, and that’s it. The books of all my shows and books are already out of date because they were done six years ago.
I think I can give you this also; I have copies.