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New York,

le 17 janvier 2015

Lorsque j’ai rédigé ma thèse en recherche création sur l’édition comme pratique artistique alternative, je suis parti de ma propre expérience pour travailler sur une définition de l’artiste éditeur. En prenant un certain nombre d’œuvres d’art et d’artistes comme exemple, il y avait une figure historique que je considérais comme le paradigme de ce que pouvait être un artiste éditeur : Dick Higgins et sa maison d’édition Something Else Press. Le 17 janvier 2015 [l’anniversaire de l’art selon Robert Filliou], j’ai eu la chance de rendre visite à sa veuve, la légendaire artiste et performeuse Alison Knowles dans son appartement de Soho. Dans un beau rayon de soleil d’hiver, elle m’a montré l’édition des Cœurs Volants qu’elle a réalisée en collaboration avec Marcel Duchamp. Elle m’a fait écouter des sons produits par des jouets de sa collection et par les œuvres en lin qu’elle réalise. Puis nous nous sommes assis pour que je puisse la filmer et l’interroger sur l’histoire de Something Else Press, de son point de vue.

Eh bien, de mon point de vue, j’étais une peintre. Je me suis lentement rendu compte que, peut-être comme je connaissais Dick, j’étais plus intéressée par la publication de livres et d’idées que par l’expressionnisme abstrait. Pour moi, ce que Dick a fait, c’est d’avoir l’audace et le culot de prendre l’argent de sa famille et de publier les livres d’artistes totalement inconnus. Dick a pu se maintenir pendant cinq ans, sans aucune subvention, grâce au soutien de sa famille, jusqu’à ce qu’ils disent : « Ça suffit, ces livres n’ont aucun sens pour nous. » Maintenant, tout le monde connait Robert Filliou ou Emmett Williams, mais à l’époque, ces personnes avaient notre âge ou un peu plus. Il a donc décidé d’écrire, mais aussi de soutenir la culture telle qu’il souhaitait qu’elle soit guidée, c’est-à-dire dans une direction essentiellement antagoniste à l’expressionnisme abstrait qui, comme on sait, avait complètement pris le dessus non seulement sur la peinture et l’art, mais aussi sur le monde de l’écrit. Si vous déversiez vos tripes, sang et eau sur le papier, vous étiez un artiste. Il se présentait comme un jeune intellectuel prêt à s’opposer à la culture de l’époque.

Vous avez mentionné précédemment que lorsque vous organisiez les événements Fluxus et publiiez ces livres, vous ne pensiez pas nécessairement à cela comme à de l’art ? Ou était-ce différent pour les livres ?

Je pense que c’était secondaire par rapport à mon désir de communiquer par n’importe quel médium. Je regardais autour de moi et je trouvais très peu de choses qui m’intéressaient. C’est à travers les gens que je connaissais que j’ai été intéressée par l’art de la performance, qui était considéré comme une sorte d’option du théâtre, qui n’avait pas sa propre colonne vertébrale. Peut-être que la performance n’est plus aussi dynamique aujourd’hui, peut-être parce que nous avons tellement de médias disponibles sur Internet. Pour moi, il s’agissait d’un véritable contexte séparé de la peinture, et aussi grâce à mon père, qui était enseignant, qui m’a encouragée à m’exprimer en tant que femme, à une époque où pour une femme d’une quarantaine d’années, ce n’était pas tout à fait compris. J’ai le sentiment d’avoir eu une impulsion importante dans l’art de la performance ; j’étais à l’aise sur scène, je donnais des idées, je travaillais avec des gens. J’ai eu cette première impulsion quand j’ai pensé que des idées pouvaient être communiquées directement à des gens assis juste là. C’était bon pour un talk-show ou du théâtre, pas pour du « vrai art ». Alors quand je me tenais sur scène, que j’enlevais mes chaussures, que je décrivais tout à leur sujet et pourquoi je les aimais, c’était totalement hors sujet, les gens partaient ! Même chose pour la nourriture, on ne fait pas de soupe sur scène !

Y a-t-il quelque chose de féminin dans le type de nourriture que vous avez cuisiné ? Un artiste masculin aurait pu faire un barbecue sur scène, c’est beaucoup plus spectaculaire. Alors qu’une soupe ou une salade, c’est moins spectaculaire, vous ne pensez pas ?

Je pense que si un commissaire d’exposition acceptait que je fasse à manger sur scène, je proposais de faire une salade. Je travaillais avec ce qui était là ; parfois, il n’y avait pas de cuisine, juste un endroit où les gens prenaient le café. Il fallait tout apporter. Parfois, il y avait une cuisine complète pour se faire à déjeuner ; c’était toujours différent. Ce que je rencontrais avec l’idée de nourriture et d’art, parce que ce n’était pas considéré comme approprié.

Vous vous êtes donc concentrée sur des plats que vous pouviez faire sans cuisine ? Les gens les mangeaient-ils après ?

Toujours ! Je l’ai toujours fait pour le public. Je n’ai jamais fait deux ou trois bols pour les gens sur scène. Si je savais à l’avance qu’il y aurait 100 personnes, on trouvait de la laitue et des tomates. Le public devait s’asseoir là pendant qu’on découpait. Il y avait généralement un micro pour que je puisse annoncer ce qu’on faisait, avec quels aliments et pourquoi : que les tomates étaient un peu vertes, alors on n’en utiliserait qu’une partie. On commentait ce qui se passait.

Alors, que contient votre salade préférée ?

Ma salade préférée, c’est celle qui est endémique de la région. Dans certains endroits, vous n’avez que de la laitue iceberg, mais dans d’autres, vous avez toutes sortes de légumes verts merveilleux, des concombres, des scaroles… Vous seriez surpris, pour certaines personnes, une salade est juste une laitue iceberg avec un peu de vinaigrette. Pas pour moi. Alors j’essaie d’utiliser le public autant que possible. Pour se servir, ils devaient venir à l’avant, je la servais et ils prenaient le saladier. Ou bien ils se servaient individuellement, pour briser la distance entre le public et l’action, qui, je pense, avait été établie par des années de théâtre. J’étais intéressée par le fait que les gens prennent part à ce qui se passe, c’est une chose que Fluxus m’a apporté.

Le plus important pour vous à l’époque était donc de communiquer de nouvelles idées et de les expérimenter ?

Oh oui, pour communiquer, mais j’ai essayé de les laisser dire ce qu’ils faisaient. C’est pourquoi j’aime aussi le terme action artistique. Elle implique qu’on pourrait faire quelque chose qui n’est pas une performance, comme aller chercher un café. L’effort consiste à amener les gens à se préoccuper de ce qu’ils font, plutôt que de ce que fait un artiste. Que faites-vous dans votre cuisine ? Que faites-vous pour que votre maison soit belle ou que votre corps soit intéressant ? Il s’agit de vous et de votre façon d’être au monde. Pas de la façon dont le monde se retourne contre vous.

Si l’idée était de communiquer, les livres que Dick éditait étaient le véhicule parfait pour cela ?

Dick n’était pas un communicant ou un performeur. C’était un merveilleux penseur, écrivain, mais face aux gens, il devenait soudainement étroit et dictatorial. Il pensait qu’il devait vous apprendre quelque chose. Je pense que ça a à voir avec cette terrible école privée qu’il a fréquentée. Avec une ou deux personnes, il était bien, mais en tant que professeur, ça n’a pas marché. On était à CalArts ensemble, mais il a fini par avoir très peu de cours là où il vivait. Je vivais avec quelqu’un d’autre à l’époque et j’allais à CalArts pour rencontrer quarante, cinquante personnes, mais il ne pouvait pas gérer cela. C’est normal, chacun a des capacités différentes. Il était beaucoup plus intellectuel que moi et avait lu tellement de choses merveilleuses.

Il y avait donc une culture du livre qu’il exprimait à travers les livres magnifiquement réalisés qu’il publiait ?

Quelque chose comme Internet ou une affiche ne lui suffirait pas. Il fallait qu’il y ait un livre. Vous ne pouvez pas imaginer ce qu’il a dû endurer avec sa famille pour pouvoir faire de l’édition son métier. Son père dirigeait une entreprise sidérurgique et il n’allait pas soutenir ça. C’était un peu le mouton noir de la famille.

Il a donc financé les livres avec l’argent de la famille jusqu’à…

…ce que sa part de l’argent de la famille ait disparu. Puis il y a eu de bonnes années, je travaillais dans une entreprise de graphisme, et il travaillait dans une imprimerie dans le même bâtiment sur Broadway. C’était bien, on avait un petit revenu. On avait deux filles à l’école. En ce qui me concerne, s’éloigner de la famille a été une bonne chose. J’ai compris qu’il n’allait pas reprendre l’entreprise sidérurgique ; il n’allait pas être celui qu’ils pensaient. Il a continué sa route.

À ce moment-là, la fabrication des livres était sa principale activité ?

Oui, j’ai une douzaine de tableaux de Dick Higgins rangés au-dessus de mon lit, je ne sais pas quoi en faire ! Ma fille trouvera bien une solution. Nous avons tous essayé d’écrire et de peindre, les portes étaient ouvertes pour la performance à cette époque.

Ses activités d’édition étaient-elles considérées comme une pratique artistique par lui ou par d’autres artistes à l’époque ?

Je pense que la peinture et la sculpture étaient encore les activités artistiques dominantes, alors que l’édition était réservée aux écrivains et aux penseurs, mais elles commençaient à se chevaucher beaucoup. Vous pouviez être une peintre qui écrit aussi un journal intime. Maintenant, bien sûr, c’est un champ ouvert. Si j’ai une idée en tant que peintre, je trouverai probablement un endroit pour mettre des peintures. [Rires]

Cette superposition de différents médiums est ce qu’il a théorisé par la suite, avec le diagramme Intermedia ?

Pour moi, c’est sa plus grande contribution. Pas seulement en créant le concept, mais en l’appuyant avec différents artistes et son propre travail. Parce que quand nous sommes arrivés, le grand artiste faisait une seule chose, pas une variété.

Considérerait-il son activité éditoriale comme intermedia ? Comme c’était imprimé, distribué et même performé…

Comme une partie de son intermedia, oui. Comme je l’ai dit, il peignait aussi, mais il faisait aussi des interviews ; c’était un homme très intelligent. Il aimait beaucoup parler, mais lorsqu’il a essayé d’enseigner, ça n’a pas vraiment fonctionné pour lui. Je pense que son relationnel avec les gens n’était pas aussi facile qu’il ne l’est pour beaucoup de gens.

Qu’est-ce que ça signifiait pour vous de publier un livre chez Something Else Press, quels étaient les retours ?

Il avait toujours une table au salon du livre, il parlait aux gens toute la journée. Il avait toujours une chaise pour les gens qui voulaient parler à Dick Higgins. Les livres se vendaient sur la table, les foires du livre étaient merveilleuses.

C’était à quel salon du livre ?

Le Salon du livre de New York, ça s’est passé dans différents endroits de la ville au fil des ans. Je ne sais pas si ça existe encore.

Contrairement à la New York Art Book Fair, il s’agissait donc d’une foire de livre généraliste ?

Je dirais que la nature de ses livres n’était pas ordinaire, vous ne pouviez pas les avoir sur une table à côté d’un roman par exemple. Les gens en entendaient parler dans la presse, trouvaient ça intéressant pour le côté avant-garde, de Kaprow ou d’autres personnes que nous publiions. Des personnes spécifiques qui en avaient entendu parler venaient nous voir. Ce n’était pas une maison d’édition à grand succès, mais on s’en sortait.

Mais les visiteurs de ce salon de livre généraliste devaient trouver ces livres plutôt étranges ?

Parfois, je m’asseyais au salon du livre. Il aimait que je sois là parce que j’aimais parler aux gens, je pouvais lire un extrait d’un livre par exemple. J’aimais vendre des livres à la table. Je me demande si ce genre de foires aux livres existe encore.

En tant qu’artiste éditeur, c’est le moyen que je préfère pour diffuser mon travail.

Petit à petit, il a pu s’éloigner de la famille et de la pression familiale, pour être sa propre personne, son propre éditeur.

Mais cela signifiait-il la fin de l’édition pour lui ?

Il avait dépensé tout l’argent, mais quel meilleur moyen de dépenser l’argent de sa famille que de faire ce qu’on veut faire ? C’est ce que je pense.

Pouvez-vous me parler de la Great Bear Pamphlet Series et de la façon dont elle peut être publiée ?

Oui, je pense qu’une chose, c’était la capacité financière de faire ces petits pamphlets. Je ne pense pas qu’ils soient sortis en tant que série complète au début. Peut-être que ceux d’Allen ou les miens ont été publiés individuellement, mais lorsqu’il y a eu suffisamment d’intérêt, Dick a publié la série complète. Je pense que c’est l’une de ses principales contributions. Certains d’entre eux sont géniaux. Quand je vais dans une école, par exemple, je m’assois avec des gens qui veulent faire des performances, alors je leur donne ma brochure, ils regardent les différentes idées et trouvent ce qui pourrait être fait dans les deux prochains jours et qui serait intéressant.

Ils ont donc été conçus comme des partitions de musique que les gens peuvent activer ?

Il y avait des gens autour de nous qui avaient des idées et pour Dick, son rôle d’éditeur était de faire en sorte que leurs idées soient imprimées. C’était aussi simple que ça. Il invitait quelqu’un à rassembler 12 ou 15 idées, et il les publiait. Mais encore une fois, c’est grâce à sa famille qu’il pouvait faire cela. Nous avions chacun un emploi, mais c’était des emplois à temps partiel, 10$ de l’heure environ. C’était suffisant pour payer le loyer. Je pense qu’un travail à plein temps, pour un artiste, c’est très difficile.

New York,

January 17th, 2015

When I wrote my practice-based PhD dissertation on Publishing as an Alternative Artistic Practice, I started with my own experience to work on a definition of the artist publisher. Taking a number of artworks and artists as an example, there was an historical figure that I considered to be the paradigm of what an artist publisher could be: Dick Higgins and his imprint Something Else Press. On January 17th, 2015 [Art’s birthday, according to Robert Filliou], I had the privilege to visit his widow and amazing performance artist Alison Knowles in her Soho apartment. In a beautiful ray of winter sunlight, she showed me the edition of “Les Cœurs Volants” that she did in collaboration with Marcel Duchamp. She made me listen to sounds produced by toys from her collection and flax works that she made. But eventually we sat down so I could film her and ask her about the history of Something Else Press, from her point of view.

Well, from my point of view, I was a painter. I slowly realised that, perhaps as I knew Dick, I was more interested in publishing books and ideas than in painting abstract expressionist works. What Dick did, for me, was to have the chutzpah and the nerve to take his family money and publish the books of artists that were completely unknown. Dick was able to maintain it for five years, without any grants, with the support of his family, until they said, “This is enough; these books don’t make any sense to us.” Now we all know Robert Filliou or Emmett Williams, but back then those people were our age or a little older. So he decided to do his writing, but also to support culture as he wished to have it guided, that meant essentially antagonistic to abstract expressionism, which, as one could only understand, had completely taken over not only painting and art but also the world of writing. If you would pour your heart out, blood and water all over the paper, you were an artist. He stood as a young intellectual willing to stake his points against the culture of the time.

You mentioned earlier that while you were doing the Fluxus events and publishing these books, you weren’t necessarily thinking of this as art? Or was it different for the books?

I think that was secondary to my desire to communicate through whatever medium. I looked around, and I found very little that was engaging me. It was through the people that I knew that I was interested in, say performance art, which was considered to be some sort of option of theatre that didn’t have its own backbone. Maybe performance art is not so vibrant today, maybe because we have so much media available on the internet. For me, it was a real context apart from painting, and also because of my background with my father, who was a teacher, that encouraged me to speak as a woman. In these times, in her forties, it was not quite understood. I feel I had an important push in performance art; I was comfortable on stage, giving ideas, and working with people. I had that early impetus to think of ideas as being directly communicated to people sitting right there. This was for a talk show or theatre; it wasn’t for “real art.” So when I would stand on the stage, take off my shoes, and describe all about them and why I loved them—it was totally off the wall—people would leave! Same with food; you don’t make a soup on stage!

Is there something feminine in the type of food that you cooked? A male artist might have done a barbecue on stage; it’s much more spectacular when a soup or a salad might be less spectacular, don’t you think?

I think if a curator agreed to have me make the food on the stage, I would suggest that I make a salad. I worked with whatever was there; sometimes there was no kitchen, just a place where people had coffee. Everything had to be brought in. Sometimes there was a full luncheon kitchen; it was always different. What I would meet with the idea of food and art, because it was not considered appropriate.

So you concentrated on meals that you could make without a kitchen? Would people eat it after?

Always! I always made it for the audience. I never made two or three bowls for the people on the stage. If I found out beforehand that there would be 100 people, we would find lettuce and tomatoes, and the audience had to sit there while we chopped. There is usually a microphone so I could announce what we were doing, with what food, and why: that tomatoes were a little green, so we would only use part of them. We would discuss what was going on.

So what does your favourite salad contain?

The favourite salad was the indigenous food of the area. Some places you have only iceberg lettuce, but in other places you have all kinds of wonderful greens, cucumbers, escaroles… You would be surprised. For some people, a salad is just iceberg lettuce with a little dressing. Not for me. Then I would try to use the audience as much as possible. To serve it, they would have to come to the front; I would dish it out, and they would take the bowl. Or they would take it individually to break down the distance between the audience and the action, which I think had been so set up by years of theatre. I was interested in people taking part in what is going on, which is something Fluxus gave me.

So what was most important for you at the time was to communicate new ideas and experiment with them?

Oh yes, to communicate, but I tried to let them say what they were doing. That is why I also like the phrase “action art.” It implies that you might do something that is not a performance, like get your coffee. The effort is to get people to be concerned about what they are doing, instead of what an artist is doing. What are you doing in your kitchen? What are you doing to make your house look good or your body look interesting? It is about you and how you are in the world. Not how the world kicks back on you so much.

If the idea was to communicate, were the books that Dick published the perfect vessel for that?

Dick was not a communicator or a performer. He was a wonderful thinker, writer, but when faced with people, he suddenly became tight and dictatorial. He felt he had to teach you something. I think it had to do with that terrible private school he went to. With one or two people, he was ok, but as a teacher, it didn’t work out very well. We were at CalArts together, but he finally ended up having very few classes where he was living. I was living with someone else at the time and going to CalArts to meet forty, fifty people, but he couldn’t manage that. It’s fine; everybody has a different ability. He was far more of an intellectual than I was and had such a wonderful background in his reading.

So there was a culture of books that he expressed through the beautifully made books that he published?

Something like the Internet or putting ideas out as a broadside wouldn’t be enough for him. He had to have a book. You can’t believe what he had to go through with his family to put out books as his endeavour. His father ran a steel company, and he wasn’t gonna do that. He was sort of the black sheep of the family.

So he financed the books with the family money until…

…his part of the family money was gone. Then there were good years; I worked at a graphics company, and he worked for an offset company in the same building on Broadway. It was nice; we had a little income. We had two girls in school. As far as I am concerned, the departure from the family was a good thing. I realised he wasn’t going to take over the steel company; he was not going to be who they thought. He sort of left them behind.

At that moment, making the books was his main activity?

Yes, I have about a dozen paintings by Dick Higgins stored above my bed, I don’t know what to do with them! My daughter will figure something out. We all tried writing and painting, performing; doors were open at that time

Was his publishing activity considered an art practice by him or other artists at that time?

I think painting and sculpting were still the dominant art endeavours when publishing was for writers and thinkers, but it was starting to overlap a lot. You could be a painter who also writes a diary. Now of course, it is an open field pretty much. If I had an idea as a painter, I would probably find a place to put my paintings. (Laughter)

This overlapping of different mediums is what he theorised afterwards with the Intermedia chart?

To me, it is his greatest contribution. Not just creating the concept but backing it up with different artists and his own work. Because when we came in, the great artist did one thing, not any variety.

Would he consider his publishing as intermedia? As it was printed and distributed, even performed…

Part of his intermedia, yes. As I said, he was also painting but also doing interviews; he was a very smart man. He liked to talk a lot, but when he tried teaching, it didn’t really work very well for him. I think his engagement with people was not as easy as it is for many people.

What did it mean for you to publish a book with Something Else Press? What was the feedback?

He always had a table at the book fair, talking to people all day. He always had a chair for people who wanted to talk to Dick Higgins. Books were selling over the table, and the book fairs were wonderful.

Which book fair was that?

The New York Book Fair was held in different places in the city over the years. I don’t know if it still exists.

So unlike the New York Art Book Fair, it was a general book fair?

I would say the nature of the books wasn’t everyday, you couldn’t have them on the table next to a novel, for example. People would hear about the press and find it interesting because of the avant-garde, Kaprow or other people that we were publishing. Specific people who heard about it came to us. It was never a hugely successful press, but we did okay.

But the visitors to this generalist book fair must have found those books rather intriguing?

Sometimes, I would sit at the book fairs. He liked to have me there because I enjoyed talking to people, so I could read part of a book, for example. I enjoyed selling books off the table. I wonder if those kinds of book fairs still exist.

As an artist publisher, it is my favourite way to distribute my work.

Gradually, he was able to depart from the family and the pressure of the family, to be his own person, his own publisher.

But did it mean the end of publishing for him?

He spent all the money, but what better way to spend your family money than doing what you want to do? That’s what I think.

Can you tell me a bit about the Great Bear Pamphlet series and how it came to be published?

Right, I think one thing was the financial ability to make these little pamphlets. I don’t think they came out as a full set in the beginning. Maybe Allen’s or mine were published individually, but when there was enough interest, Dick came out with the full set. I think it is one of his major contributions; some of them are great. When I go to a school, for instance, I sit with people that want to do performance, so I hand them out the pamphlet. They look through different ideas and figure out what could be done in the next two days that would be interesting.

So they were really conceived like music scores that people could activate?

There were people involved with the press who had ideas, and for Dick, his role as a publisher was to get their ideas into print. It was as simple as that. He could invite someone to put together 12 or 15 ideas, and he would publish them. But again, it was thanks to his family that he could do this. We each had a job, but they were part-time jobs, 10$ an hour or so. It was enough to pay the rent. I think full-time work for an artist is very difficult.

by Alison Knwoles
Alison Knowles, *by Alison Knwoles*, New York, A Great Bear Pamphlet, 2007 [1965], 14 x 21,5 cm, Offset, 16pp Alison Knowles, *by Alison Knwoles*, New York, A Great Bear Pamphlet, 2007 [1965], 14 x 21,5 cm, Offset, 16pp