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Berlin,

le 12 décembre, 2015

J’ai été rencontrer AA Bronson chez lui, à Berlin, où il avait déménagé quelques années auparavant au-dessus d’une galerie de premier plan, près du Zoologischer Garten. Au début, son immense appartement – dont la taille est, je suppose, normale à Berlin – m’a semblé assez vide, puis je me suis ensuite rendu compte qu’il y avait les meubles et les œuvres d’art qu’il fallait aux bons endroits : un mur de pilules et une immense peinture de General Idea face à des murs vides, quelques animaux empaillés achetés en ligne pour sa prochaine installation à Bâle, et beaucoup d’espace pour respirer, penser, travailler et profiter de la vie avec son mari, l’architecte Mark Jan Krayenhoff van de Leur. Je lui ai expliqué que je faisais des recherches sur les zines et que son livre Queer Zines était une source d’inspiration pour moi. Je suis donc allé voir le chaman à la barbe blanche pour bénéficier de sa sagesse sur la manière de mener mes recherches, de repérer et de sélectionner les zines sur lesquels je porterai mon attention.
Bonjour AA, comment as-tu découvert les zines ?

Ça dépend de la façon dont on détermine ce qu’est un zine, bien sûr. Si on parle de ce qu’on appelle aujourd’hui un zine, je dirais que la première fois, c’était dans une petite librairie de Camden Town à Londres… je ne me souviens plus de son nom. C’était une boutique où l’on pouvait acheter n’importe quel zine punk, il devait y en avoir des centaines. Ils avaient une énorme sélection de zines punk parce qu’ils avaient pour politique de prendre les zines de tout le monde. Comme c’était aussi un magasin qui vendait des magazines d’art, beaucoup d’artistes avaient vu ces zines et certains d’entre eux ont commencé à en produire et à les vendre dans le même magasin.

C’est donc la première fois que j’ai pris conscience que ça existait, principalement sous la forme d’un format noir et blanc, la plupart du temps photocopié. La photocopie sous sa forme actuelle n’est apparue qu’en 1976-77, avant cela, c’était un système thermique et les impressions s’effaçaient rapidement avec le temps. Avec la nouvelle technologie de ce qu’ils appelaient la photocopie sur papier ordinaire [plain paper photocopy], il était possible de faire ces zines bon marché, c’est pourquoi il y a eu une explosion soudaine à cette époque.

Les premiers étaient photocopiés, comme tu l’as dit. Penses-tu que les zines doivent être photocopiés ?

Il existait une autre technologie à l’époque, à mi-chemin entre l’offset et le miméographe ; au Canada, nous l’appelions Quick Copy. Il s’agissait d’une offset avec une plaque de papier au lieu d’une plaque de métal. On pouvait donc faire environ 300 copies avant que la plaque ne soit abimée. Je pense que beaucoup de zines punks ont été réalisés avec cette technique, mais quand on les regarde, il n’y a aucun moyen de le savoir vraiment. La Quick Copy et la photocopie se ressemblent vraiment, je ne peux pas faire la différence.

Peut-être que c’était même moins cher qu’une photocopie ?

Eh bien, si vous deviez faire plus de cent copies, alors c’était beaucoup moins cher que la photocopie. Donc ça dépend, si quelqu’un devait faire 150 copies, alors c’était plus intéressant, mais s’ils allaient faire 10 copies, alors la photocopie était moins chère.

Les formes des zines étaient donc toujours une conséquence des technologies d’impression disponibles à l’époque ?

Oui, je pense, et aussi avec la photocopie, bien sûr, il est naturel d’utiliser un format A4 ou 8,5" par 11", et de le plier, c’est comme ça que c’est devenu un format standard pour un zine. Avec la Quick Copy, je pense que c’était la même chose. Je pense que la machine était conçue pour des petites feuilles de papier. À ce moment-là, tout était très noir et blanc. Quand on entrait dans ce magasin, tout était en texte noir sur un fond blanc, comme un océan de petits zines noir et blanc qui nous faisaient face. Ils étaient pour la plupart à base de collages, mais toujours noirs sur papier blanc.

Et qu’est-ce qu’on y trouvait alors ? Principalement des fanzines ?

Probablement tous les zines punk produits à Londres à l’époque, beaucoup d’entre eux. Chaque groupe avait son propre petit zine. Et il y avait aussi des artistes qui faisaient des zines, comme Stephen Willats qui avait quelques zines. Il jouait un peu plus avec le format, en utilisant du papier gris au lieu du papier blanc. Il jouait aussi sur les tailles ou les couleurs. À cette époque, il produisait principalement des zines, en plus de son magazine Control. Il y avait un certain nombre d’autres artistes conceptuels britanniques qui faisaient une petite section de zines d’artistes. Mais bien sûr, on ne les appelait pas encore des zines.

Comment on les appelait alors ?

On ne les appelait pas, ils étaient juste là… [Rires] Je pense qu’on appelait ça des publications tout simplement. Lorsque nous avons commencé à vendre Stephen Willats à Art Metropole, en 1976, je pense qu’on les appellerait simplement des brochures, parce qu’elles renvoyaient à la tradition des brochures politiques [pamphleteering], qui est très ancienne et passionnante.

Quand avez-vous commencé à en vendre ?

En 1974, General Idea a créé Art Metropole à Toronto, comme une sorte de centre de distribution et d’archives pour les publications d’artistes. Dès le début, on avait déjà pas mal de choses, comme des petites brochures de Gilbert et George. Le concept de zine n’existait pas encore, mais il s’agissait bien de zines. Quand on pense aux premières publications de Fluxus, il y a beaucoup de petites brochures, comme la série The Great Bear Pamphlets, et aussi beaucoup d’autres qui n’étaient pas en série. Il y avait aussi Beau Geste Press, créé par David Mayor à côté de Londres, qui produisait beaucoup de publications d’artistes, dont environ un tiers sous la forme de brochures. Ils publiaient Schmuck Magazine, et je me souviens que parfois le magazine contenait une brochure d’artiste en insert. On ne les considérerait probablement pas comme des zines, mais ce sont des précurseurs très proches.

Quand as-tu commencé à travailler chez Printed Matter ?

Bien plus tard, je suis entré au conseil d’administration de PM à la fin des années 1990, et j’ai commencé en tant que directeur en 2004.

Et à ce stade, il y avait déjà des zines chez Printed Matter ?

C’est une question intéressante, mais je travaillais à PM 30 ans après la création d’Art Metropole. Je me souviens qu’à mon arrivée à PM, Max Schumann – qui est aujourd’hui le directeur – m’a dit : « Il y a tous ces jeunes qui aimeraient vendre leurs zines, mais jusqu’ici, nous n’avons jamais accepté les zines parce qu’ils ne correspondaient pas à la définition d’un livre d’artiste. » On a donc changé la règle et commencé à accepter les zines, et une fois que nous avons commencé à vendre des zines, cela a changé la dynamique des gens qui venaient à la boutique. La dynamique de nos événements a aussi changé quand nous avons commencé à organiser des lancements de zines. On proposait des événements liés aux zines et une toute nouvelle génération de personnes a commencé à venir au magasin. C’était clairement une très bonne chose, car PM était un peu déconnecté de ce que les artistes vivants faisaient à ce moment-là.

Ce n’est qu’à partir de là que Printed Matted a commencé à considérer les zines comme des publications d’artistes ?

Il y en avait auparavant, mais il devait s’agir de publications d’artistes très clairement conformes aux anciennes directives établies dans les années 1970 lors de la création de PM.

Est-ce qu’ils n’acceptaient pas les zines parce qu’il s’agissait surtout de zines punk et musicaux ?

Ils n’appartenaient pas clairement au « monde de l’art ». Dans le cas des zines queer par exemple, ils étaient surtout liés au sexe… [Rires] PM avait toutes ces règles pour les soumissions depuis les années 1970, et l’une d’entre elles était que l’édition devait être supérieure à cent exemplaires. Et très souvent, les gens qui font des zines les produisent selon leurs besoins. S’ils en ont besoin de plus, ils en photocopient d’autres et ils ne savent même pas quelle est la taille du tirage. Ils nous disaient : « J’en ai imprimé 20 pour l’instant, mais si je les vends, j’en imprimerai d’autres. » PM ne permettait pas cela à l’origine, il fallait qu’il y ait 100 exemplaires existants avant de pouvoir les vendre. Bien sûr, c’est complètement différent maintenant avec l’impression à la demande. Il y a maintenant une case sur le formulaire de soumission que vous pouvez cocher si c’est une édition ouverte.

Donc les zines présentés dans Queer Zines n’ont jamais été vendus à Printed Matter ?

Non, la plupart d’entre eux ne l’étaient pas. Mais en 2006, on a lancé la New York Art Book Fair. C’était l’idée de Max, car c’est lui qui attirait les jeunes dans le magasin. Il a eu l’idée de créer une section de la foire appelée Friendly Fire où toutes les tables seraient gratuites. Pour cette section, il recherchait des personnes faisant des zines ou des publications à caractère politique, et c’est devenu la partie la plus excitante de la foire. La foire a été l’occasion de montrer une quantité incroyable de choses que nous ne pouvions pas avoir dans le magasin faute de place. La majorité de l’activité de PM autour des zines a eu lieu dans les foires de livre. Lorsqu’on a créé la Los Angeles Art Book Fair pour la première fois en 2013, on avait 500 m2 consacrés uniquement aux zines. Les gens voient la foire comme une sorte d’instantané de ce qu’est PM, et les zines ont complètement changé la dynamique des foires et le public de PM. En 2004-2005, on s’est également beaucoup intéressé à la culture skate et aux zines de Mark Gonzales et d’autres personnes issues de cette culture. C’était mon projet de rassembler tout ça ; PM a même vendu et produit des skateboards à cette époque. Pour Art Basel 2005, nous avons tenu un stand consacré aux skateboards et à la culture des zines.

Depuis les années 2000 et la démocratisation d’Internet, on assiste à un retour inattendu des zines. Comment vois-tu l’évolution récente des zines ?

Je vois le zine un peu comme un blog Tumblr. En fait, la plupart des gens qui font des zines sont aussi sur Tumblr. Il y a une mentalité très similaire dans les deux, mais il est agréable d’avoir un objet physique que l’on peut conserver, alors qu’un blog Tumblr va disparaître, il est plus éphémère. Je pense qu’il est intéressant qu’Internet ait provoqué une explosion de l’édition imprimée. Marshall McLuhan a dit que lorsqu’une technologie est morte, les artistes la reprennent. Alors que les grandes entreprises ont du mal à vendre des livres, les artistes n’ont aucun problème. Donc je ne suis donc pas sûr que Marshall McLuhan ait raison.

Comment avez-vous choisi les zines qui sont présentés dans le livre Queer Zines ?

Il y a deux éditions, et dans la deuxième édition, la sélection a été beaucoup étoffée. Dans la deuxième édition, il y a un certain nombre de zines que nous avions exclus de la première édition, puis, avec le temps, on a pensé que c’était une erreur et qu’ils devaient y figurer. On est parti de la collection de Phil Aarons, car elle était très complète, et on a également travaillé avec ma collection, qui est plus petite, mais qui remonte plus loin historiquement. Phil et un petit groupe d’entre nous se réunissaient et regardaient les zines, et on remettait en question chaque zine. C’était un processus très souple ; il n’y avait pas de critères définis.

Le livre donne-t-il une définition par l’exemple ?

J’imagine. On a beaucoup étiré la définition ; il y a beaucoup de choses dans ce livre que tu ne considérerais probablement pas comme des zines. On était surtout intéressé par ceux qui représentent le point de vue d’un individu ou d’un groupe de personnes. Ce qui était important pour nous, c’est que ces personnes se considèrent comme des marginaux et qu’elles ne s’intègrent pas dans la culture dominante. Dans le cas des zines queer, il s’agit de gens qui ne se reconnaissent pas dans la culture gay dominante, et qui pour se retrouver avaient besoin de ce moyen de communication et de partage. Pour moi, ça a commencé avec Straight To Hell, un petit magazine de sexe hardcore que j’ai vu pour la première fois dans un sex-shop de Times Square. Ce qui était particulier, c’était le langage. C’était le langage qui lui donnait son identité, et il avait toujours ces remarques cinglantes sur les politiciens de l’époque. C’était une sorte de voix militante et c’était une voix qui voulait autoriser le sexe sous toutes ses formes. Le rédacteur en chef pensait que la libération gay réduisait l’éventail de ce qui était considéré comme un comportement acceptable par rapport à un comportement inacceptable. Nous avons commencé par celui-ci, mais nous aurions pu aller plus loin, avec ONE, par exemple, qui était une publication très ancienne de la Mattachine Society de Los Angeles. Il y a une très longue histoire de petites publications gays, de toutes petites choses agrafées ; ce ne sont pas vraiment des zines, plutôt des gens qui essaient de faire un produit commercial à la maison. Mais à un certain moment, on pouvait reconnaître un point de vue personnel, c’est pourquoi nous avons choisi Straight to Hell de Boyd MacDonald comme premier exemple de zine queer.

Il y a donc un point de vue créatif et personnel dans les zines qui les rend différents de la presse underground, qui exprime un point de vue collectif ?

Je faisais partie d’une communauté qui produisait un journal underground dans les années 1960, et nous faisions partie d’un réseau de journaux underground dans le monde occidental. Nous recevions donc des centaines de journaux du monde entier chaque semaine. Je suis d’accord pour dire qu’il s’agissait d’une manière collective de voir le monde qui essayait d’idéaliser le futur d’une certaine manière, et créer une image de ce que le futur devrait être ou de ce qu’il pourrait être. Elle a donc pour objectif de changer la société, en quelque sorte. Alors que les zines, quand ils sont apparus, ne faisaient que représenter ce qui est. Ils défendent en quelque sorte ce qui est, plutôt que d’essayer de créer quelque chose de nouveau. Ils sont une affirmation : « C’est ce que nous sommes. Nous avons le droit d’être comme nous sommes ! »

Les journaux underground étaient donc politiques, alors que les zines étaient plutôt activistes ?

Je ne sais pas si les zines étaient des activistes, mais la presse underground était définitivement politique. Il y avait cette idée d’une nouvelle époque, d’une nouvelle culture et c’est toujours intéressant d’une certaine manière, parce que nous sommes toujours dans cette culture. La musique d’aujourd’hui peut encore s’apparenter à la musique des années 1960, alors que la musique des années 1960 ne pouvait pas s’apparenter à la musique des années 1940. Pour en revenir aux zines, il faut souvent les considérer au cas par cas. Wittgenstein parlait de « ressemblances familiales ». Dans une famille, il n’y a pas de caractéristique unique qui relie tout le monde. Vous avez peut-être le même nez que votre père, mais vous avez aussi le sourire de votre mère. Vous ne pouvez pas déterminer une famille par son apparence, car tous auraient les mêmes yeux, par exemple. Cela ne fonctionne pas ainsi. Les ressemblances familiales sont une sorte de faisceau de ressemblances, et je pense que les zines sont comme ça. Il est très difficile de définir exactement ce qui en fait des zines.

J’étais ravi. J’étais venu chercher de la sagesse et je n’étais pas déçu. Non seulement il a vécu ces différents moments clefs de l’histoire des publications d’artistes, mais AA était systématiquement aux meilleurs endroits pour assister à ces changements, quand il n’était pas l’acteur principal de ces changements majeurs, la création de la New York Art Book Fair étant l’un d’eux.
Alors que je cherchais surtout ce lien manquant entre l’histoire des zines punks et la tradition bien établie de l’édition comme pratique artistique, je me demandais alors : La culture queer pourrait-elle être le pont entre ces deux histoires parallèles ? Après tout, les zines queer sont nés de la clandestinité et ont continué à être un moyen sous-culturel de créer des communautés artistiques et créatives, jusqu’à ce qu’ils n’aient plus besoin d’être cachés.
J’étais intrigué et je devais enquêter dans les nombreuses directions qu’il m’avait montrées…

Berlin,

December 12th, 2015

I went to meet AA Bronson at his home in Berlin, where we moved a couple of years before. He lives above a first-tier gallery close to the Zoologischer Garten. At first, the huge apartment—which is, I guess, normal within Berlin standards—struck me as quite empty, but then I realised that there was just the right furniture and artworks in the right places: a wall of pills and a huge painting by General Idea facing empty walls, some stuffed animals shopped on line for his next installation in Basel, and a lot of space to breathe, to think, to work, and to enjoy life with his husband, the architect Mark Jan Krayenhoff van de Leur. I told him that I was researching about zines and that the Queer Zines book was an inspiration for me. So I went to see the white-bearded shaman to get a bit of his wisdom on how to conduct my research and how to spot and select zines.
Hello AA, How did you first come across zines?

It depends how you determine what a zine is, of course. In terms of today’s idea of what a zine is, I would say that the first time was at a little bookshop in Camden Town in London… I can’t remember its name. It was a shop where you could buy any of the punk zines; there must have been hundreds of them. There was so many of them because they had a policy to take anybody’s zine. They had a huge selection of punk zines. Because it was also a shop that carried art magazines, a lot of artists had seen these zines and some of them started to produce zines and to sell them at the same shop.

So that’s the first time I became aware that it was a thing, as a black and white format, mostly photocopied. Photocopy in its current form only arrived in 1976–77; before that, it was a heat system, and the prints would fade quickly over time. With the new technology of what they called the plain paper photocopy, it was possible to make these cheap zines that is why there was a sudden explosion at that time.

The first ones were photocopied. As you said, do you think that zines have to be photocopied?

There was another technology at the time that was half way between offset and mimeograph; in Canada, we called it Quick Copy. It was offset with a paper plate instead of a metal plate. So you could make around 300 copies before the plate was destroyed. I suspect that actually a lot of the punk zines were made using that method, but there is really no way to know when you look at them. The Quick Copy and photocopy really look identical, I can’t tell them apart.

Maybe it was even cheaper than photocopy?

Well, if you were going to do over a hundred copies, then it was much cheaper than photocopy. So it depends, if somebody was to do 150 copies, then it was more interesting, but if they were going to do 10 copies, then photocopy was cheaper.

So the forms of the zines always were a consequence of whatever printing technology was affordable at that time?

Yes, I think so, and also with a photocopy, of course, it is natural to use an A4 or 8,5" by 11" and to fold it; that’s how it became a standard size for a zine. With the quick copy, I think it was the same, I think the machine was designed for small sheets of paper. At that moment, everything was very black and white. So when you would go into that store, everything was black text on a white background, like a sea of little zines standing face out. They were mostly collage-based, but always black on a white paper.

So what would we find there, mostly fanzines?

Probably every punk zines produced in London at the time, really a lot of them. Every band had its own little zine. And there were also artists who were making zines, like Stephen Willats who had some zines. He would play with the format a bit more, using grey paper instead of white paper, playing different sizes or colours. At that time, he would essentially produce zines, in addition to his magazine Control. There were a number of other conceptual British artists that would make a small section of artzines. But of course, we weren’t calling them zines yet.

What were they called then?

They weren’t called anything; they were just there… [Laughter] I guess we would just call them publications. When we first began selling Stephen Willats at Art Metropole, by 1976, I think we would just refer to them as pamphlets, because they also come out of the tradition of pamphleteering, which is very old and very interesting.

When did you start selling them?

In 1974, General Idea set up Art Metropole in Toronto as a kind of distribution centre and archive for artists’ publications. We already had quite a lot of things at the beginning, like Gilbert and George’s little pamphlets. The concept of the zine wasn’t there yet, but they were pretty much zines. When you think about the early Fluxus publications, there are a lot of little pamphlets, like The Great Bear Pamphlets, and also a lot of others that weren’t serial. There was also Beau Geste Press, ran by David Mayor outside of London; he produced a lot of artists’ publications, and probably a third of them were pamphlet format. They published Schmuck Magazine, and I remember sometimes the magazine had a pamphlet by an artist inserted inside of it. You probably wouldn’t think of them as zines, but they were very close forerunners.

When did you start working at Printed Matter?

Much later, I went on to the board of PM in the late 1990’s, and I began as the director in 2004.

And at this point, zines were already everywhere at Printed Matter?

That’s an interesting question, but I was working at PM 30 years after we created Art Metropole. I remember when I first arrived at PM, Max Schumann—who is now the director—saying to me, “There are all these young people who would like to sell their zines, but in the past we never accepted zines because they didn’t quite fit in the definition of an artist book.” So we changed the rule and started accepting zines, and once we were selling zines, it changed the dynamic of who came into the shop. It also changed the dynamics of our events, because we started doing launches for zines. We had zine-related events, and then a completely new generation of people started coming to the store. It was clearly a very good thing, as PM was a bit disconnected of what living, breathing artists were doing right now.

It was only then that Printed Matted started seeing zines as artists’ publications?

There was some before, but they had to be very clearly artist publications within the old guidelines established in the 1970s when PM was first open.

Before that, they wouldn’t accept zines because they were mostly punk and music zines?

They weren’t clearly “art world.” In the case of queer zines, for example, they were mostly related to sex… [Laughter] PM had all these rules for submissions since the seventies, and one of them was that the edition had to be larger than a hundred copies. And very often, people who make zines produce them as they need. If they need some more, they photocopy some more, so they wouldn’t even know what the edition size was. They would say, “I printed 20 so far, but if I sell them, I will print some more.” PM wouldn’t allow that originally; there had to be 100 copies in existence before you could sell them there. Of course, that is completely different now with books on demand; now there is a box on the submission form that you can check if it is an open edition.

So the zines featured in Queer Zines were never sold at Printed Matter?

No, most of them were not. But in 2006, we began the New York Art Book Fair. It was Max’s idea because he was the one bringing the young people into the store. He had the idea of setting up a curated section of the fair called Friendly Fire where all the tables would be free. For this section, he was looking for people doing zines or publications with a political edge, and that turned out to be the most exciting part of the fair. The fair was the occasion to show an incredible amount of stuff that we couldn’t have in the store. The majority of PM’s activity around zines has been in the book fairs. When we did the Los Angeles Art Book Fair for the first time in 2013, we had 5000 square feet devoted only to zines. People see the fair as a sort of picture of what PM is about, and the zines completely changed the dynamics of the fairs and PM’s audience. In 2004–2005, there was also a lot of interest in the skateboarders’ culture and the zines by Mark Gonzales and others coming out of that culture. It was my project to collect that material together; PM even sold and produced skateboards at that time. For Art Basel 2005, we did a stand focused on skateboards and zine culture.

Since the years 2000 and the democratisation of the internet, there has been an unexpected comeback of zines. How do you see the recent evolution of zines?

I think of the zine a bit as a Tumblr blog. In fact, most of the people who make zines also have Tumblr blogs. There is a very similar mentality in the two, but it is nice to have a physical object that you can keep, whereas a Tumblr blog will disappear; it is more ephemeral. I think it is interesting that the internet has set up an explosion in print publishing. Marshall McLuhan has said that when a technology is dead, then the artists take it over. While the major companies are having trouble selling books, the artists are having no trouble at all. So I am not sure that Marshall McLuhan is right.

How did you choose the zines that are featured in the Queer Zines book?

There are two editions, and the second edition has been expanded a lot. In the second edition, there is quite a few zines that we excluded from the first edition, and then as time passed, we thought it was a mistake and that those should be in. We had to start from Phil Aarons’ collection because it was so comprehensive, and we also worked with my collection, which is smaller but went back further historically. Phil and a little group of us would gather and actually look at the zines, and we were questioning every zine. It was a very loose process; there were no defined criteria.

So does the book give a definition by example?

I guess. We stretched the definition a lot; there are a lot of things in it that you probably wouldn’t think of as zines. We were mostly interested in something that would represent the viewpoint of an individual or a group of people. What was important was that these people would see themselves as outsiders, and that they wouldn’t fit in the mainstream culture. In the case of the queer zines, they wouldn’t fit in mainstream gay culture, and in order to reach each other, they needed this way of communicating and sharing. For me, it started with Straight To Hell, a little hardcore sex magazine I first saw in a sex shop in Times Square. What was peculiar about it was the language, it was the language that was putting it together, and he always had those scathing remarks about the politicians of the day. It was a kind of activist voice, and it was a voice that wanted to allow for sex in all its variant forms. The editor thought that gay liberation was narrowing the range of what was considered as an acceptable behaviour versus unacceptable behaviour. We started with this one, but we could have gone further, with ONE, for example, which was a very early publication from the Mattachine Society in Los Angeles. There is a very long history of little gay publications, tiny little stapled things; they are not really zine, more like people trying to make a commercial product from their home. But at a certain point, you can feel this individual voice come through. That is why we chose Boyd MacDonald’s Straight to Hell as the first example of a queer zine.

So there is a creative and individual voice in zines that makes them different from the underground press, which comes from a collective voice?

I was part of a commune that produced an underground newspaper in the sixties, and we were part of a network of underground newspapers in the Western world, so we were receiving hundreds of papers from all around the world every week. I agree that it was a collective voice, and it is a voice, which is trying to idealise the future in a way, to create a picture of what the future should be or what it could be. So it has a goal to change society, somehow. Whereas the zines, when they appeared, only were just representing what is. They are, in a way, defending what is rather than trying to create something new. They are an affirmation: “This is who we are. We have the right to be the way we are!”

So the underground papers were political when the zines were more activists?

I don’t know if the zines were activists, but the underground press was definitely political. There was this idea of a new time, a new culture, and it is still interesting in a way because we still are in that culture. Today’s music can still relate to the music from the sixties, whereas the music in the sixties could not relate to the music from the forties. Coming back to zines, often you have to look at these things on a single basis. Wittgenstein talked about “family resemblances.” In a family, there is no single characteristic that joins everyone together. You may have the same nose as your father, but you also have the smile of your mother. You can’t determine a family by what they look like, because all of them would have the same eyes, for example, it doesn’t work that way. Family resemblances are a kind of cluster of resemblances, and I think the zines are like that. It is very hard to pin down exactly what makes them zines.

I was so pumped, I went for some wisdom, and I wasn’t disappointed. Not only had he lived through those different moments in artists’ publication history, but AA was always in the best position to witness the shift, when he wasn’t the main actor in those major changes, the creation of the New York Art Book Fair.
As I was mostly looking for the missing connection between the history of punk zines and the well established tradition of artists’ publishing, I was wondering: Could queer culture be the bridge between those two parallel histories? After all, queer zines stemmed from clandestinity and continued as a subcultural means to create artistic and creative communities, until there was no need to be hidden anymore.
I was intrigued, and I had to investigate in the many directions he showed me…
Plaid
AA Bronson & Keith Boadwee, *Media Guru 013: PLAID*, Media Guru, 2015, 23 x 31 cm, Offset, 16 pp. AA Bronson & Keith Boadwee, *Media Guru 013: PLAID*, Media Guru, 2015, 23 x 31 cm, Offset, 16 pp.
The Magic Forest
AA Bronson, *The Magic Forest*, autoédité, 2014, 16.5 x 22.5 cm, Offset, 16 pp., 500 exemplaires. AA Bronson, *The Magic Forest*, Self-published, 2014, 16.5 x 22.5 cm, Offset, 16 pp., 500 copies.
The Confessions of AA Bronson
AA Bronson, *The Confessions of AA Bronson*, Paris, Septembre éditions, 2011, A5 format, Photocopy, 20 pp., 500 exemplaires. AA Bronson, *The Confessions of AA Bronson*, Paris, Septembre éditions, 2011, A5 format, Photocopy, 20 pp., 500 copies.
Mixed Metaphors: A Treatise on Glamour
eneral Idea, *Mixed Metaphors: A Treatise on Glamour*, Toronto, General Idea, 14 x 21,5 cm, (1975) 2006, Offset, 36 pp., 800 exemplaires. General Idea, *Mixed Metaphors: A Treatise on Glamour*, Toronto, General Idea, 14 x 21,5 cm, (1975) 2006, Offset, 36 pp., 800 copies.